Peuples autochtones de la région subarctique au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Peuples autochtones de la région subarctique au Canada

Le terme « Autochtones de la région subarctique » désigne un certain nombre de groupes ethniques et linguistiques différents, dont les Dénés, les Cris, les Ojibwés, les Atikamekw, les Innus, et les Beothuks. La région subarctique couvre une zone de forêts boréales s’étendant sur cinq millions de kilomètres carrés, de l’ouest du pays jusqu’à la mer de Béring et le Labrador à l’est, et depuis la toundra arctique jusqu’aux montagnes, aux plaines et aux forêts de feuillus au sud. La région subarctique fait partie des six régions culturelles de ce qui est maintenant le Canada. Contrairement aux provinces et aux pays, ces régions culturelles n’ont pas de frontière stricte et désignent un territoire de façon générale.

Géographie

Bien qu’une portion de la région subarctique soit en partie dans l’Arctique, près des trois quarts s’étendent dans les plaines du Bouclier canadien, de la baie d’Hudson et du fleuve Mackenzie. Ponctué de nombreux lacs et rivières, le reste se compose à l’ouest de chaînes de montagnes, de plateaux et de plaines le long du fleuve Yukon.

Ressources

Les Autochtones de la région subarctique utilisent les animaux comme l’orignal, le caribou, l’ ours noir, le mouflon de Dall (montagnes du Nord-Ouest), le castor, le lièvre et la marmotte pour leur subsistance et des matériaux. Le carcajou, la loutre, la martre, le vison, la belette, le rat musqué, le lynx, le loup, le coyote et le renard, entre autres, fournissent les fourrures dont ils font le commerce. (Voir aussi Traite des fourrures au Canada.) Le bœuf musqué, le bison et le wapiti sont également présents même si on en trouve moins dans la région. Le poisson est abondant dans les rivières et les lacs; on compte plusieurs espèces de corégones, de brochets, de truites de lac, d’ombles et de meuniers dans l’Arctique, en plus du saumon dans les régions du Pacifique et, dans une moindre mesure, dans celles de l’Atlantique. La sauvagine migratoire passe également dans la région subarctique de façon saisonnière.

Langues et groupes autochtones principaux

La plupart des peuples de la zone subarctique de l’Est appartiennent à la famille linguistique algonquienne, alors que ceux de l’Ouest font en général partie de la famille athapascane (aussi appelée dénée). Les peuples algonquiens de la zone subarctique du Nord, notamment les Atikamekw et les Innus du Québec et du Labrador, parlent des dialectes cris, alors que ceux au sud s’expriment en dialectes ojibwés. (Voir aussi Langue crie; L’anishinaabemowin : la langue ojibwée.) On ignore encore à quelle famille appartient la langue des Beothuks. En tout, les linguistes ont identifié plus de 20 langues différentes rattachées à l’athapascan du Nord dans la région subarctique occidentale, ce qui comprend l’Alaska. (Voir aussi Langues autochtones au Canada.)

La plupart des peuples subarctiques se regroupent en bandes, soit des groupes parlant une même langue ou étant liées par filiation ou par des traditions communes. Il n’est pas rare, au sein de chacune des deux familles linguistiques, que des groupes voisins partagent des modes de vie similaires. Peut-être en raison de la plus grande variété géographique du territoire occidental, les Dénés sont plus variés sur les plans linguistique et culturel que les peuples algonquiens de l’est. Le mot « déné », qui signifie « les gens », est souvent utilisé pour désigner à la fois les locuteurs athapascans et la nation dénée.

Les groupes dénés dans la région subarctique incluent la nation dénée (les Tlicho, les Chipewyans, les Gwich’in, les Esclaves et les Lièvres), les Tinglits, les Tagish, les Tahltan, les Tutchonis, les Kaskas, les Hans, les Tsetsaut, les Sékanis, les Dane-zaa et les Couteaux-jaunes, alors que les groupes algonquiens comprennent les Ojibwés, les Cris, les Atikamekw, les Innus et les Beothuks.

Pratiques traditionnelles

Les peuples autochtones de la région subarctique vivent de la chasse, de la pêche, du trappage et de la cueillette de plantes sauvages. L’agriculture n’est pas pratique sur le territoire. Il faudra attendre le contact avec les Européens pour que les cultures prospères atteignent le Nord. Les hommes s’occupent surtout de chasser le gros gibier tandis que les femmes piègent le lièvre, pêchent, débitent la viande afin de la faire sécher et tannent les peaux. Certaines techniques, comme le fait de battre les buissons pour emprisonner les animaux dans des corrals temporaires, nécessitent la participation de presque tous les membres adultes d’une bande.

Les outils pour la chasse sont multiples : arcs et flèches, un éventail de pièges, collets et assommoirs, ainsi que la clôture à caribou. Les Autochtones attrapent le poisson à l’aide d’épuisettes et de filets maillants, de pièges, de lances et de cannes à pêche. Les baies sont soit séchées en automne ou entreposées dans des paniers dans des fosses creusées dans la terre. Dans le Nord-Ouest, les baies sont souvent mélangées à de la graisse et du poisson ou alors à de la viande séchée et de la graisse pour en faire du pemmican. Ce sont les femmes qui sont les expertes dans la préparation de la viande à sécher, le tannage des peaux et la couture. Elles s’occupent aussi de la confection de récipients d’entreposage ou de cuisine à partir de peaux, de paniers en écorce de bouleau ou de pin et de filets de pêche à base de babiche et de saule.

Puisque le gibier est disséminé à travers les vastes territoires des forêts boréales ou n’est présent qu’à certains endroits et à certaines périodes de l’année, la densité de la population demeure modérée. Quelques experts estiment que l’ensemble de la région aurait pu accueillir seulement environ 60 000 personnes alors que d’autres prétendent qu’elle atteignait un chiffre supérieur avant l’avènement des maladies d’origine européenne. (Voir aussi Épidémies au Canada.)

Organisation sociale

Les Autochtones de la région subarctique vivent en communautés de 25 à 30 personnes, chaque groupe se déplaçant souvent sur un territoire bien défini en fonction de l’approvisionnement en gibier, qui varie au gré des saisons et d’année en année. La taille du groupe et la nature de son cycle économique annuel dépendent directement de la disponibilité des ressources de la région. Ainsi, les Tutchonis, les Dénés du plateau du Yukon et les autres tribus vivant à l’ouest des Rocheuses se rassemblent le long des cours d’eau pendant l’été pour pêcher le saumon et le sécher, alors que les Chipewyans et les Dénés vivant au nord du lac Athabasca se déplacent jusqu’aux abords des terres dénudées pour y suivre les troupeaux de caribous. Les Innus, quant à eux, passent l’été le long des côtes de l’Atlantique, du golfe du Saint-Laurent ou de la baie James, puis battent en retraite à l’intérieur des terres une fois l’hiver venu. Les Dane-zaa chassent le bison dans l’espace vert adjacent à la rivière de la Paix, où ils utilisent le brûlage dirigé à des fins d’aménagement faunique.

L’accès à un territoire n’est pas réservé à l’usage exclusif d’une seule bande. En effet, des bandes voisines partagent les mêmes ressources pour la chasse, en particulier en période de pénurie alimentaire. Le partage des ressources, plutôt que son accumulation, est privilégié par les individus autant qu’au sein des communautés parce qu’il constitue une assurance collective contre les pénuries. Toutefois, certains sites riches, comme les lacs et les cours d’eau où la pêche est régulièrement bonne, sont en général exploités par la même bande année après année. Pendant l’été, la nourriture abonde et il n’est pas rare que plusieurs bandes vivent ensemble.

Avant l’arrivée des Européens, la plupart des bandes subarctiques n’ont pas de chef officiel. Les membres se rassemblent autour des individus qui manifestent du leadership et prennent sur eux la responsabilité de certaines tâches spécifiques, comme le commerce, la guerre ou la chasse communale. L’autorité de ces leaders ne s’étend généralement pas au-delà de ces tâches même si elle leur apporte du prestige et du respect. Les commerçants de fourrure européens, par contre, tentent de mettre en place des chefs et de les doter de pouvoirs considérables afin de mieux contrôler la population autochtone liée aux postes de traite.

La plupart des femmes et des hommes adultes participent à la prise de décisions pour ce qui concerne la bande. Les familles ou les particuliers en désaccord avec une décision peuvent, à leur guise, choisir de se joindre à une autre bande ou à un autre camp ou encore de s’isoler pendant un certain temps. Les peuples de la région subarctique se distinguent autant par la valeur qu’ils attachent à l’autonomie personnelle que par la souplesse de leur organisation sociale, caractéristiques qui les aident à s’adapter aux possibilités offertes par leur environnement et aux restrictions que celui-ci leur impose.

Chez les peuples subarctiques, les liens de parenté sont passés de façon matrilinéaire, comme chez les Dénés de la côte du Pacifique; bilatérale, comme c’est le cas de ceux habitant la région du fleuve Mackenzie; ou encore bilatérale et patrilinéaire, comme du côté des locuteurs algonquiens. En général, ceux et celles qui entretiennent des contacts réguliers ont recours à des titres de parenté hiérarchisés selon la génération (par exemple, un aîné est appelé grand-père ou grand-mère). Les relations de parenté déterminent souvent l’appartenance à un groupe en plus de régir les mariages. Certains peuples à l’ouest du fleuve Mackenzie suivent l’exemple des peuples autochtones de la côte nord-ouest et s’organisent en clans selon une double division (en moitiés) qui sert principalement à assurer l’accueil et la protection des membres en visite d’autres camps ou bandes, à remplir certaines obligations cérémonielles (la crémation ou l’inhumation des défunts ou des festins réciproques) et à réguler les mariages en respectant l’exigence selon laquelle un membre doit se marier à l’extérieur de son clan.

Contraints de se déplacer pour se nourrir, les Autochtones de la région subarctique vivent avec peu de moyens. Ils voyagent léger et préfèrent fabriquer des outils volumineux au besoin plutôt que de les traîner avec eux. Leur succès à la chasse dépend de leur connaissance du comportement animal. On enseigne donc aux enfants à être autonomes, observateurs et ingénieux, en plus d’attendre d’eux qu’ils sachent se retrouver en environnement hostile et qu’ils étudient le comportement du gibier. Cet enseignement vient principalement de longues heures à écouter des récits pratiques et des histoires mythologiques, ainsi qu’à apprendre les chants de chasse et de trappage et à résoudre des énigmes. Dans beaucoup de tribus, on envoie les enfants, garçons et filles, en quête de visions pour obtenir des pouvoirs d’aides animaux ou d’esprits de sites naturels. On dit d’ailleurs des meilleurs chasseurs qu’ils ont obtenu le respect et la confiance des animaux.

Montagnais, peuples autochtones

Culture matérielle

L’été, les Autochtones des forêts septentrionales confectionnent des mocassins, des jambières, des chemises et des manteaux à partir d’un cuir souple. Unique aux Dénés du Pacifique, la courte tunique d’été en V en peau de caribou richement décorée de piquants de porc-épic teints, de dents d’animaux et de perles faites à partir de graines (et plus tard, en verre européen) est portée avec des jambières et des mocassins. De façon plus générale, les Autochtones de la région subarctique s’habillent de façon légère et allument des feux à chacune de leurs haltes. En hiver, ils dorment dans des manteaux tressés en peaux de lapin coupées en lanières puis torsadées et tissées ensemble.

Les hommes fabriquent les raquettes, les toboggans, les canots, les traîneaux et les outils de chasse. Comme la survie dépend de la capacité à voyager sur de longues distances, les raquettes sont indispensables pour les déplacements hivernaux. Les lourds chargements sont transportés sur des toboggans et, dans l’extrême Nord-Ouest, les traîneaux sont tirés par des chiens et des personnes. Durant l’été, on voyage en canot sur les rivières et les lacs.

En raison de leur mode de vie nomade, les peuples des forêts du Nord construisent des abris faciles à transporter à partir de peaux et de matériaux facilement trouvables, comme l’écorce. Les habitations varient considérablement selon l’endroit et la tradition, mais elles sont toujours conçues de façon à être chauffées et éclairées par un seul feu, en plus de n’accueillir généralement pas plus de deux familles. Chez les Ojibwés du Nord, les habitations sont coniques ou à perches faîtières et couvertes d’écorce de bouleau, alors que le wigwam est commun chez les peuples algonquiens. Les Dénés du bassin de l’Arctique, pour leur part, construisent des abris coniques recouverts de peaux similaires au tipi, abri typique des Autochtones des Plaines. Chez les Gwich’in et les Hans du Yukon et du nord de l’Alaska, la tente conique est remplacée par l’abri en forme de dôme ou hémisphérique. À l’intérieur de la région arctique (région du Mackenzie) et dans les montagnes et plateaux du Nord-Ouest, on utilise des structures à pans doubles qu’on recouvre de peaux et de broussailles.

Dans les camps de pêche de la Cordillère, on retrouve des fumoirs non isolés qui ressemblent à des cabanes en bois rond grossières. Pour mieux isoler les abris d’hiver, on n’enlève pas les poils sur les peaux qui couvrent les tentes coniques ou en dôme qui, bien qu’encombrantes, sont transportables. Certains peuples dénés de la Cordillère et du district du Mackenzie ainsi que ceux habitant l’Est subarctique passent l’hiver dans des constructions coniques en bois rond dont ils isolent les interstices avec de la mousse et qu’ils couvrent partiellement de terre et de neige. Les Hans de la région de Dawson, ainsi que de nombreux groupes en Alaska, construisent des maisons rectangulaires semi-souterraines abondamment recouvertes de tourbe pour résister au froid, alors qu’au sud de la Colombie-Britannique, les Tsilhgot’in, entre autres, privilégient des maisons creusées similaires à celles des peuples du Plateau.

On déploie des efforts considérables pour entreposer la nourriture et les outils destinés à un futur emploi saisonnier dans des fosses spéciales, des structures coniques aux fondations solides, des cairns, ou des tablettes et des plateformes aménagées dans les arbres.

Spiritualité

Les histoires orales décrivent un temps où les animaux possédaient de grands pouvoirs et pouvaient prendre forme humaine. Beaucoup d’histoires parlent d’un « héros culturel » comme étant le premier à avoir ces pouvoirs. Pour les peuples subarctiques, le pouvoir et la connaissance ne font qu’un; ainsi, une personne puissante en est une qui « sait quelque chose ». Le héros culturel montre que les connaissances personnelles et l’autonomie sont les outils de survie par excellence et peut déjouer les personnes connaissant la médecine maléfique. Il peut aussi vaincre les animaux dangereux et rend ainsi le monde plus sécuritaire pour les humains. Chez les peuples algonquiens, les figures de héros culturel et de filou sont connues sous les noms Nanabozo et Wisakedjak. Le héros culturel des Dénés, quant à lui, porte d’innombrables noms, mais est souvent associé aux oiseaux migrateurs aquatiques et au soleil, qui volent dans les cieux. Les croyances sur l’interdépendance des humains et de la nature véhiculées dans les histoires orales aident les Autochtones subarctiques à interpréter leur environnement.

Les chefs spirituels utilisent leurs pouvoirs au profit des autres, mais pas toujours. Dans plusieurs peuples algonquiens, ces chamans, ou sorciers, dirigent la cérémonie de la tente tremblante, durant laquelle on se réunit sous un tipi spécial pour implorer les esprits éloignés d’individus et d’animaux d’apporter la guérison ou des prophéties. Ailleurs, les chamans accomplissent leurs célébrations sous une couverture ou vêtus d’une tunique spéciale qui reflète leur importance au sein de la communauté. Les sorciers dénés de l’Ouest offrent leurs services à grand prix et jouissent de privilèges et libertés particuliers qui en font des personnes aussi respectées que craintes. Chez les Innus, certains hommes et femmes prédisent les sentiers de chasse par scapulomancie, art divinatoire visant à interpréter les motifs et rainures sur une omoplate de caribou chauffée sur le feu.

Les Dane-zaa de la région de la rivière de la Paix, dans l’Ouest, ont des prophètes qu’ils appellent les Rêveurs. Il s’agit de gens qui auraient fait l’expérience de la mort et volé comme des cygnes vers la terre des esprits au-delà du ciel. Ils servent de soignants et mènent des danses religieuses basées sur des chants racontant leurs périples. Comme la plupart des autres peuples subarctiques, ils rythment leurs chants à l’aide de tambours à peau unique. La plupart des soignants, toutefois, obtiennent leurs pouvoirs de guérison jeunes, durant leur quête de vision. Outre le chamanisme, la divination et la guérison, il existe un ensemble de croyances et de pratiques, de tabous, d’obligations et de rituels mineurs.

Contacts avec les Européens : changements culturels et environnementaux

Le contact avec les Européens perturbe de façon irrévocable et intense la vie des Autochtones de la région subarctique. Beaucoup commencent vite à dépendre de la traite des fourrures pour obtenir des biens comme des fusils, des couteaux, des haches, des chaudrons et des vêtements. Ils finissent par dépendre aussi du commerce pour se nourrir, s’étant détournés des animaux de subsistance pour chasser les animaux à fourrure prisés par les marchés européens. Les bandes s’installent plus près des postes de traite et les commerçants commencent à exercer un contrôle indéniable sur les peuples autochtones. Les chefs de commerce qui négocient avec les Européens tiennent une place aussi primordiale que les chefs de chasse d’autrefois.

La traite des fourrures a des conséquences sans précédent sur l’écologie subarctique. De nombreuses espèces de gibiers et d’animaux à fourrure se raréfient. De plus, des maladies d’origine européenne, comme la variole, la tuberculose, la rougeole et la grippe, déciment un grand nombre de peuples autochtones. (Voir aussi Santé des Autochtones au Canada.) D’autres meurent de faim durant les périodes de maladies et de pénuries de gibier.

Les premiers contacts au 17e siècle causent la migration en masse des peuples subarctiques, notamment des Cris, en plus de créer de nouveaux liens entre des peuples qui ne s’étaient jamais croisés auparavant.

Le 19e siècle est caractérisé par un contact direct entre les Autochtones et les Européens faisant la traite des fourrures. Les conséquences de ce contact diffèrent en gravité selon les bandes en question. À Terre-Neuve, par exemple, l’envahissement du territoire et les tueries organisées par les Européens mènent à la dispersion complète des Beothuks en 1829.

En revanche, leurs voisins, les Innus, développent une économie de trappage et des relations commerciales systématiques avec les Européens. Ils s’adaptent initialement avec succès au contact avec les Européens parce que ceux-ci ont besoin des fourrures et ne réclament pas immédiatement les territoires de chasse innus. Plus tard, le gouvernement fédéral relocalisera les Innus de force dans des peuplements permanents pour les assimiler à l’ensemble d’une économie basée sur les salaires, une mesure qui a souvent de désastreux effets sociaux.

D’autres groupes autochtones, comme les Cris, deviennent des intermédiaires pour la traite des fourrures entre la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) et les Dénés à l’Ouest. Après les voyages d’exploration d’Alexander Mackenzie le long de la rivière de la Paix dès 1789, la Compagnie du Nord-Ouest (CNO), rivale, installe des postes de traite qui donnent aux commerçants un contact direct avec les Dénés. En 1821, ces postes sont repris par la CBH, qui devient une influence importante dans la région.

Les missionnaires européens ainsi que la participation forcée au programme assimilateur, destructeur et abusif des pensionnats indiens font en sorte que beaucoup d’Autochtones de la région subarctique sont forcés d’adopter des éléments du christianisme. Certains arrivent toutefois à conserver certaines de leurs croyances spirituelles, mélangeant parfois les deux.

Vie contemporaine : revendications territoriales et développement

Durant le 20e siècle, le développement des ressources et l’arrivée des peuples non autochtones dans la région subarctique s’accélèrent de façon considérable. Ces conditions motivent les Autochtones à réclamer un règlement des revendications territoriales et un contrôle accru de leurs communautés, de leur culture et de leur avenir. Après des décennies de marginalisation et d’exclusion du processus de gouvernance, beaucoup de groupes obtiennent avec succès leur territoire et une autonomie gouvernementale en contexte national canadien. Toutefois, plusieurs communautés souffrent encore de nombreux problèmes, notamment de mauvaises conditions sociales. (Voir aussi Condition sociale des Autochtones au Canada.)

L’exploitation à grande échelle des ressources du Nord et la colonisation qui y est rattachée menacent l’économie traditionnelle de trappage et de chasse de subsistance des Autochtones. En 1975, le Grand Conseil des Cris signe la Convention de la baie James et du Nord québécois en échange d’indemnités atténuant les impacts sociaux et écologiques du Projet de la baie James. Beaucoup d’Autochtones continuent à chasser et à trapper sur leur territoire, utilisant leurs droits à des prestations gouvernementales pour subvenir aux coûts du transport et des systèmes de communication modernes.

L’exploration pétrolière et gazière bouleverse grandement l’écosystème de la rivière de la Paix en Colombie-Britannique et en Alberta. L’exploitation en masse des sables bitumineux dans la région de Fort McMurray entraîne des conséquences encore plus marquées pour les Cris du nord de l’Alberta. Certains peuples autochtones profitent d’indemnités et d’emplois de la part des exploitants, mais il reste que les opérations dévisagent à jamais l’environnement et portent sévèrement atteinte aux activités traditionnelles comme la pêche, la chasse et le trappage. Cela suscite des manifestations et crée un climat politique tendu. Ainsi, les Premières Nations des Chipewyans d’Athabasca et des Cris Mikisew, toutes deux installées à Fort Chipewyan en Alberta, luttent contre le développement des sables bitumineux, arguant que cela enfreint des droits ancestraux autochtones et détruit l’environnement.

En savoir plus

Liens externes