Art Association of Montréal | l'Encyclopédie Canadienne

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Art Association of Montréal

​La Art Association of Montréal, précurseure du Musée des beaux-arts de Montréal, est fondée en 1860. Elle est aussi désignée, de nos jours, par le nom « Société des Arts de Montréal ».

La Art Association of Montréal, précurseure du Musée des beaux-arts de Montréal, est fondée en 1860. Elle est aussi désignée, de nos jours, par le nom « Société des Arts de Montréal ». L’évêque Francis Fulford (1803-1868) occupe un rôle très important dans l’établissement de l’organisation, bien que les amateurs d’art et les collectionneurs montréalais, désireux d’avoir un espace dédié à l’art et à la culture, ne soient pas en reste. L’un des premiers objectifs de la Société des Arts de Montréal est d’encourager les gens à regarder et à apprécier l’art. À l’époque, Montréal est en pleine croissance tant sur le plan industriel que démographique, et est considérée comme la capitale économique du Canada.

Architecture et collections

Dès ses premières années d’existence et pendant longtemps, la Société des Arts de Montréal ne dispose d’aucun endroit permanent pour y entreposer une collection. L’acquisition d’œuvres, donc, est inconcevable. L’organisation se contente donc d’organiser des expositions dans un éventail de salles à Montréal.

L’année 1877 apporte un grand changement grâce à l’homme d’affaires et collectionneur montréalais Benaiah Bigg. En effet, M. Bigg fait non seulement le don généreux de sa collection d’art, comprenant quelque 72 tableaux et 4 bronzes, mais lègue également à l’organisation un terrain à bâtir au coin nord-est du Square Phillips, dans le centre-ville de Montréal. À ces dons est assortie une somme de 8 000 $, accordée sous la condition qu’un nouveau musée soit construit d’ici les trois prochaines années à l’emplacement légué.

Le 26 mai 1879, le gouverneur général du Canada, sir John Douglas Sutherland Campbell, inaugure la Art Gallery of the Art Association of Montreal [Galerie d’art de la Société des Arts de Montréal]. Il s’agit du premier édifice construit pour y abriter une collection d’art au Canada. La galerie d’art du Square Phillips comprend une salle d’exposition, une autre petite salle, appelée « Salle de lecture », réservée à l’art graphique, ainsi qu’une salle de conférences et des locaux réservés aux étudiants en beaux-arts.

En 1880, la Société des Arts de Montréal présente sa première exposition annuelle d’art contemporain canadien, nommée « Salon du printemps », une tradition et un nom qui dureront jusqu’en 1965.

L’édifice du Square Phillips devient néanmoins rapidement trop petit pour les besoins de la Société des Arts de Montréal. Il est ainsi décidé qu’une nouvelle structure serait construite sur le site de la vieille maison Holton, sur la rue Sherbrooke Ouest. Le comité du musée sélectionne la proposition des frères architectes Edward Maxwell et William Sutherland Maxwell, qui détiennent tous deux une éducation suivant la tradition des beaux-arts. Les travaux commencent dès l’été 1910 et arrivent à terme à l’automne 1912.

En 1917, une section sur l’art décoratif est créée sous la tutelle de F. Cleveland Morgan, conservateur bénévole de la Société des Arts de Montréal de 1917 jusqu’à sa mort, en 1962. Grâce à ce dernier, le musée ajoute près de 7 000 nouveaux objets d’art à sa collection, soit par acquisition, par legs ou par dons.

En septembre 1947, la Société des Arts de Montréal embauche pour la première fois un directeur de profession, l’administrateur de musée et historien Robert Tyler David. Cette nomination fait contraste avec le directeur précédent, William Brymner, qui était avant tout artiste et professeur d’arts. Deux ans plus tard, la Société des Arts de Montréal devient le Musée des beaux-arts de Montréal, adoptant ce faisant un nom qui convient mieux à la nature de son mandat.

William Brymner et l’école d’art de la Société des Arts de Montréal

Le conseil de la Société des Arts de Montréal crée en 1880 une série de cours d’art pour artistes avancés dans ses nouveaux locaux, au coin de Square Phillips et Sainte-Catherine. Ces cours sont donnés par le portraitiste William Raphael, le peintre paysagiste Aaron Allan Edson et le sculpteur François Van Luppen. Cette première série de cours ne dure que deux ans avant d’être annulée, apparemment à cause de problèmes financiers. Les cours recommencent toutefois en octobre 1883, après que le conseil ait embauché un nouveau directeur, l’artiste Robert Harris (1849-1919).

Les nouveaux cours de 1883 sont marqués par le congédiement de tous les anciens professeurs au profit d’artistes plus jeunes, dont Robert Harris. L’objectif derrière ce roulement de personnel est d’émuler le modèle d’atelier à la parisienne, qui mise énormément sur l’étude anatomique et qui installe des bases solides sur lesquelles les étudiants peuvent s’épanouir. Robert Harris dirige l’école pendant trois ans avant de démissionner. À son départ, il recommande chaudement la nomination de William Brymner comme remplaçant.

L’artiste et enseignant William Brymner, fort de son éducation à l’Académie Julian, à Paris (il arrive à Montréal en mars 1878), suit le modèle universitaire français au pied de la lettre. Ainsi, le dessin est au cœur de son curriculum. Artistiquement, il est influencé par le modernisme français, dont l’impressionnisme et le postimpressionnisme, et encourage ses élèves à trouver leur style. Cette stratégie d’enseignement donne aux étudiants la liberté de se concentrer sur la peinture figurative à un moment où le Musée des beaux-arts du Canada n’a d’yeux que pour les paysages et le Groupe des sept.

William Brymner reste en poste à la Société des Arts de Montréal de 1886 à 1921. Malgré ce fait, il n’en sera jamais membre. Durant ses 35 années passées à titre d’enseignant et de directeur, il contribue grandement à ses activités, notamment en siégeant à trois de ses comités : le Comité d’art décoratif et industriel (1887-1901), le Comité de la galerie d’art (1902-1911) et le Comité des installations (approximativement 1914-1921). William Brymner participe également régulièrement aux Salons du printemps entre 1883 et 1921, année où il prend sa retraite comme directeur.

William Brymner accepte de nombreuses invitations de la section montréalaise de la Women’s Art Association of Canada, y donnant un certain nombre de conférences et participant à ses annuelles journées portes ouvertes.

Au début des années 1900, l’école de la Société des Arts de Montréal offre aux étudiants avancés un atelier de modèle nu cinq matins par semaine, ainsi qu’un atelier de modèle drapé deux après-midi par semaine. Cependant, à en croire les communiqués de presse envoyés à l’époque, les ateliers de modèles vivants commandités par l’Académie royale des arts du Canada et tenus à la Société des Arts de Montréal entre 1904 et 1905 sont organisés à l’intention exclusive des hommes, malgré le fait que la majorité des élèves de William Brymner sont des femmes venant de familles anglophones.

Diplômés notables

Bon nombre des étudiants de William Brymner auront de fructueuses carrières d’artistes, notamment Lilias Torrance Newton et Edwin Holgate (1892-1977), qui ont fondé l’éphémère collectif d’artistes montréalais Groupe de Beaver Hall. D’autres étudiants dignes de mention sont Mabel May, Mabel Lockerby, Emily Coonan, Prudence Heward et Anne Savage. Lilias Torrance Newton et Edwin Holgate enseignent tous deux à la Société des Arts de Montréal entre 1934 et 1936, puis à nouveau entre 1938 et 1940.

Anne Savage étudie à la Société des Arts de Montréal de 1914 à 1918. En 1930, elle enseigne les cours du samedi matin; en 1937, elle est invitée par Charles F. Martin, alors directeur de la Société des Arts de Montréal, à mettre sur pied le programme d’enseignement pour les enfants. Elle décide d’adapter le modèle qu’Arthur Lismer, membre du Groupe des sept, avait introduit dès 1917 dans les cours pour enfants de la Victoria School of Art and Design, à Halifax. Elle donne également une foule de conférences à la Société des Arts de Montréal, dont des présentations sur les femmes artistes Rosa Bonheur (1822-1899), Mary Cassatt (1844-1926) et Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842) en 1939.