Inuits de l'île Baffin | l'Encyclopédie Canadienne

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Inuits de l'île Baffin

Les Inuits de l’île de Baffin vivent sur l’île de Baffin, la plus grande des îles de l’archipel Arctique et du territoire du Nunavut.
Iqaluit
Iqaluit se situe près d'un camp de pêche traditionnelle inuit au sud de l'île de Baffin : tous les ans, les Inuits y installaient un camp d'été pour aller pêcher (photo de Barbara Brundege et Eugene Fisher).
Vue aérienne d'iqaluit (nunavut)
Image: © Nick Newbery

Territoire et population

Les Inuits de l’île de Baffin vivent sur l’île de Baffin, la plus grande des îles de l’archipel Arctique et du territoire du Nunavut. L’île de Baffin fait partie de la région de Qikiqtaaluk, au Nunavut, et abrite un certain nombre de collectivités inuites, notamment celles d’Iqaluit, de Pangnirtung, de Pond Inlet, de Clyde River, d’Arctic Bay, de Kimmirut et de Nanisivik. Selon le recensement de 2016, la population inuite totale dans la région de Baffin est de 14 875 personnes. Le total de la population non inuite est nettement plus petit : 5 440 personnes.

Histoire

L’île de Baffin est habitée par des Inuits depuis des milliers d’années. Les Inuits de l’île de Baffin descendent des gens de Thulé, qui ont étendu leur territoire vers l’est du Canada, à partir de l’Alaska, aux 12e et 13e siècles. Comme les autres Inuits modernes, ils partagent des caractéristiques biologiques et culturelles avec leurs ancêtres de Thulé.

Culture et société

On constate une grande diversité régionale pour ce qui est des langues et de la culture des Inuits de l’île de Baffin. Ceux qui habitent le Grand Nord font partie des Inuits Iglulik (ou Igluligmiuts), qui vivent également sur le continent. Les autres groupes – qu’on englobe souvent sous l’appellation « Inuits du sud de l’île de Baffin » – sont concentrés le long des rivages accidentés de la côte est, notamment autour de la baie Cumberland et de la baie Frobisher, ainsi que le long de la côte nord du détroit d’Hudson. Ces derniers partagent de nombreux traits culturels avec les Inuits du Labrador, de l’autre côté du détroit d’Hudson que les Inuits franchissaient souvent pour aller commercer.

L’histoire orale et les connaissances traditionnelles maintenues par les différents groupes inuits et leurs aïeux ont permis de mieux comprendre le mode de vie qu’ils ont entretenu jusqu’à l’arrivée des Européens. (Voir aussi Mythes et légendes des Inuits; Déesse de la mer : histoire de Sedna.)

Stéatite, ours polaire en
Les Inuits utilisent la stéatite depuis 7500 ans (Corel Professional Photos).

Cape Dorset est l’une des collectivités les mieux connues à quelques encablures de l’île de Baffin. Elle a acquis une réputation mondiale pour les remarquables sculptures en stéatite, les gravures et les dessins produits par ses artistes inuits. (Voir aussi Art inuit; Art inuit contemporain.)

Langue

L’inuktitut est une langue largement parlée par de nombreux Inuits de l’île de Baffin. Elle comprend plusieurs sous-dialectes, incluant le Baffin du nord et le Baffin du sud. Lors du recensement de 2016, 36 015 membres de la population autochtone ont déclaré avoir l’inuktitut comme langue maternelle. (Voir aussi Langues autochtones au Canada.)

Contact avec les Européens

La Dre Patricia Sutherland a proposé l’hypothèse selon laquelle les restes archéologiques de masques sculptés, de fils, de rats européens et de bâtons de comptage indiquent que des Européens sont entrés en contact avec les Inuits de l’île de Baffin dès l’an 1000 de notre ère. En 2012, elle a également annoncé que la présence d’alliages utilisés par les Vikings dans les pierres à aiguiser sur l’île de Baffin suggère l’existence d’échanges commerciaux entre les Inuits de l’île de Baffin et ces derniers.

En 1576, les Inuits de l’île de Baffin entrent en contact avec des explorateurs européens lorsque Martin Frobisher vient commercer avec eux et, selon plusieurs comptes rendus, en kidnappe un petit nombre dans la baie qui porte aujourd’hui son nom. L’expédition qu’il mène en 1577 donne lieu à de nouveaux conflits. Lorsqu’il revient sur l’île de Baffin entre juillet et août, des conflits rejaillissent avec les Inuits, ce qui pousse l’explorateur à retourner en Angleterre. Il ramène avec lui quatre prisonniers inuits qui ne survivront pas plus de deux mois.

Tout au long du 18e et au début du 19e siècle, les Inuits qui vivent le long de la côte sud commercent occasionnellement avec les navires européens d’exploration et de ravitaillement qui font brièvement escale, en route pour la baie d’Hudson. Plus au nord, les Inuits du détroit de Davis ne rencontrent aucun groupe d’étrangers jusqu’en 1820, lorsque les baleiniers écossais et américains commencent à se rendre une fois par an sur l’île de Baffin en traversant la glace flottante qui encombre l’ouest de la baie de Baffin.

Les échanges commerciaux croissants modifient la nature des biens que possèdent les Inuits, et leur apportent notamment des armes à feu, mais aussi du bois, prélevé sur les épaves que les naufrages fréquents laissent sur les rivages. Les contacts avec les Européens s’intensifient à la fin du 19e siècle, lorsque les baleiniers commencent à installer des postes permanents sur la côte. Les Inuits ont probablement vu d’un bon œil l’établissement d’un commerce régulier et les emplois occasionnels, mais on pense que leur nombre a rapidement décliné en raison des perturbations imposées à leur régime alimentaire (voir Nourriture traditionnelle au Canada) et de leur exposition aux maladies européennes. Après le déclin de la chasse commerciale à la baleine, au début du 20e siècle, les Inuits de l’île de Baffin se tournent de plus en plus vers le piégeage du renard pour pouvoir continuer à acheter les produits européens dont ils sont devenus dépendants.

Les projets de réinstallation mis en œuvre durant les années 1950 ont consisté à déménager de force les Inuits de leurs camps traditionnels. Les Inuits de l’île de Baffin vivent aujourd’hui à Iqaluit (anciennement Frobisher Bay), la plaque tournante du transport et la plus importante implantation humaine sur l’île. (Voir aussi Délocalisation d’Inuits dans l’Extrême-Arctique au Canada.)

Militantisme écologique

En juin 2014, l’Office national de l’énergie a approuvé les plans proposés par un consortium dirigé par Multi-Klient Invest AS (MKI), qui visaient à entamer une campagne de prospection sismique de cinq ans autour de l’île de Baffin. Les essais, qui utilisent des sons de haute intensité, aideront à cartographier le plancher océanique et la géologie sous-marine. De nombreux Inuits se sont opposés à ce programme, déclarant que ces essais peuvent blesser et perturber le gibier local, notamment les phoques, les baleines et les morses.

Ce n’est pas la première fois que les Inuits de l’île de Baffin s’élèvent contre des projets d’extraction extracôtière de pétrole ou de gaz. À la suite des manifestations organisées par les Inuits, le gouvernement fédéral décide en 1971 d’un moratorium sur le développement pétrolier extracôtier à proximité de Coral Harbour. Sept ans plus tard, le gouvernement canadien impose un autre moratorium sur le développement pétrolier dans le détroit de Lancaster, après que plusieurs groupes inuits ont manifesté leur opposition au programme. Finalement, en 2010, les Inuits de l’île de Baffin s’opposent avec succès à un programme de prospection sismique dans le détroit de Lancaster et ses environs.

Le mouvement d’opposition aux projets de prospection sismique au Nunavut continue. Soutenus par divers organismes tels que le Conseil du milieu marin du Nunavut, Greenpeace, la Qikiqtani Inuit Association, le Sierra Club et Amnistie internationale, les Inuits continuent à défendre et à protéger les terres, les eaux et la faune arctiques. (Voir aussi Territoire autochtone.)

Vie contemporaine

L’île de Baffin fait partie de la région de Qikiqtaaluk, au Nunavut. Elle abrite un certain nombre de collectivités inuites, notamment celles d’Iqaluit, de Pangnirtung, de Pond Inlet, de Clyde River, d’Arctic Bay, de Kimmirut et de Nanisivik. La région administrative la plus orientale du Nunavut, la région de Qikiqtaaluk, est également la plus peuplée.

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