Baillargeon, Paule | l'Encyclopédie Canadienne

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Baillargeon, Paule

Paule Baillargeon. Comédienne, scénariste et réalisatrice, (Val-d'Or, 19 juillet 1945 - ). Femme engagée dans les mouvements sociaux et politiques de son époque, féministe et souverainiste, Paule Baillargeon est avant tout une créatrice au fort tempérament, intense et généreux.

Baillargeon, Paule

Paule Baillargeon. Comédienne, scénariste et réalisatrice, (Val-d'Or, 19 juillet 1945 - ). Femme engagée dans les mouvements sociaux et politiques de son époque, féministe et souverainiste, Paule Baillargeon est avant tout une créatrice au fort tempérament, intense et généreux. Elle a marqué le théâtre et le cinéma québécois par son talent, en tant que comédienne et actrice, grâce à sa sensibilité, sa beauté naturelle et son rire craquant. Comme cinéaste, elle a donné des films audacieux qui lui ont valu des prix bien mérités.

Originaire de l'Abitibi, Paule Baillargeon a été pensionnaire chez les Ursulines, puis à Villa Maria et à Sacré-Cœur, où elle démontra d'excellentes aptitudes en composition française. À Montréal, en 1966, elle s'inscrit à l'ÉCOLE NATIONALE DE THÉÂTRE DU CANADA, où elle fait partie de la classe de contestataires qui refuseront leur diplôme, trois ans plus tard, pour dénoncer le manque d'ouverture de l'institution à la création collective et québécoise. En 1998, ces démissionnaires seront réhabilités par l'École, qui reconnaîtra leur rôle positif dans son évolution. Paule Baillargeon se joint, en 1969, à Jocelyn Bérubé, Raymond Cloutier, Suzanne Garceau, Claude Laroche et Guy Thauvette pour fonder le Grand Cirque Ordinaire, un théâtre radicalement novateur, populaire, basé sur l'improvisation et la création collective, qui marquera son époque avec une dizaine de spectacles. Paule Baillargeon y participe à T'es pas tannée, Jeanne d'Arc (1969), La Famille transparente (1970), L'Opéra des pauvres (1973), Un prince, mon jour viendra (1974), pièce féministe qu'elle cosigne avec Suzanne Garceau et Luce Guilbeault, La Tragédie américaine de l'enfant prodigue (1975) et Avec Lorenzo à mes côtés (1983).

Déjà, le cinéma l'appelle et la passionne. En 1973, Paule Baillargeon apparaît dans le film Réjeanne Padovani de Denys ARCAND, qui lui confie aussi un rôle dans Gina, en 1975. La même année, elle joue dans Le Temps de l'avant d'Anne-Claire POIRIER. Paule Baillargeon réalise son premier court métrage, Anastasie, oh! ma chérie, en 1977, puis, son premier long métrage, La Cuisine rouge, qu'elle cosigne avec Frédérique Collin, actrice comme elle, en 1979. Tourné dans des conditions difficiles, financé grâce aux dons d'amis et à un spectacle bénéfice, ce film, qui montre la fêlure sociale entre les hommes et les femmes, provoque des réactions violentes et controversées, mais révèle le tempérament d'une réalisatrice aux choix esthétiques radicaux, porteurs de sens. En 1986, son film Sonia, qui traite de la maladie d'Alzheimer, lui vaut huit prix décernés par différents festivals au Canada, aux États-Unis et en Italie. Elle reçoit aussi le prix du meilleur film canadien au Festival des films du monde, en 1993, pour Le Sexe des étoiles, une adaptation du roman de Monique Proulx, scénarisé par la romancière.

Paule Baillargeon joue dans pas moins d'une trentaine de films, dont Entre tu et vous de Gilles GROULX (1969), Vie d'ange (1979), qu'elle co-scénarise et interprète avec Pierre Harel, La Femme de l'hôtel de Léa POOL (1984), Le Chant des sirènes de Patricia ROZEMA (1987), pour lequel elle se mérite le PRIX GÉMEAUX de la meilleure actrice dans un rôle de soutien, puis Jésus de Montréal de Denys Arcand (1988) et Le Secret de ma mère de Ghyslaine Côté (2006), sans oublier La Dame en couleurs de Claude JUTRA (1984), un cinéaste auquel elle consacrera un documentaire émouvant, Claude Jutra, portrait sur film, en 2002. Paule Baillargeon tourne également le documentaire Le Petit Jean-Pierre, le grand Perrault, sur le célèbre chorégraphe québécois, en 2004.

Paule Baillargeon revient au théâtre de façon intermittente : on l'a vue notamment au THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE dans Victor ou les Enfants au pouvoir (1980), à la Compagnie Jean-Duceppe dans Oublier de Marie LABERGE (1987), dont une version sera tournée pour la télévision; elle a joué dans Filles de guerre lasse de Dominick Parenteau-Lebeuf, une auteure qui lui donne l'occasion de signer sa première mise en scène, en 2004, avec Portrait d'une imposteure, une coproduction du Théâtre Français de Toronto et du CENTRE NATIONAL DES ARTS; elle participe également aux spectacles Tout comme elle (2006) et Douleur exquise (2009), signés Brigitte Haentjens. À la télévision, elle se mérite le prix Gémeaux de la meilleure actrice, dans la catégorie « Émission dramatique ou de comédie », pour le rôle de Laurette dans Les Voisins de Meunier et Saia, en 1986; elle incarne Maggie dans L'Héritage de Victor-Lévy BEAULIEU, de 1987 à 1990.