Chasse au bison | l'Encyclopédie Canadienne

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Chasse au bison

La chasse au bison a été la source principale de nourriture des peuples des Plaines et Métis jusqu’à l’effondrement des troupeaux de bison, dans les années 1880.
Bison, utilisation du
Cette illustration montre de quelle façon les Indiens des Plaines, comme les Pieds-Noirs, les Gens du Sang, les Dakotas Peigans et les Sarsis, dépendent entièrement du bison (oeuvre de Gordon Miller).
Chasse aux bisons : saut de bison
Pied-Noir guidant le bison vers le saut de bison (oeuvre de Gerald Lazare).
Chasse aux bisons : coup de grâce
Les chasseurs tuaient les animaux qui avaient survécu à la chute du saut de bison (oeuvre de Gerald Lazare).
\u00ab Assiniboines à la chasse au bison \u00bb
Paul Kane, 1846, aquarelle sur papier (avec la permission de la Stark Foundation d'Orange, au Texas).
Canaliser le troupeau de bisons
Avant de posséder des chevaux, les populations des plaines, comme les Pieds-Noirs, avaient recours à des tactiques pour canaliser le troupeau de bisons en direction d'une falaise (oeuvre de Gerald Lazare).

La chasse au bison a été la source principale de nourriture des peuples des Plaines et Métis jusqu’à l’effondrement des troupeaux de bison, dans les années 1880. La chasse était vitale pour la traite des fourrures, dont le commerce a accéléré et soutenu la colonisation européenne. Le bison était fort abondant en Amérique du Nord. On estime que la population de bison a atteint plusieurs millions à son apogée. Des observateurs du début du XIXe siècle décrivent qu’un troupeau pouvait compter des dizaines de milliers de bêtes. Or, à la fin du XXIe siècle, les troupeaux ne comptent que quelques centaines d’animaux, et il en subsistait probablement moins de 100.

Méthodes de chasse

Les chasseurs exploitent les troupeaux de bison de différentes façons. Ils usent notamment de ruse ou de subterfuges, en se couvrant de peaux de loup ou en imitant le cri d’un bisonneau, afin de s’approcher à portée du troupeau pour le tir à l’arc, ou ils s’entraident pour diriger le troupeau vers une falaise (précipice à bisons) ou vers un enclos robuste, ce qui permet d’abattre un plus grand nombre de bêtes à la fois. Les Kainah, les Peigans, les Cris et les Sarsis sèment la panique chez les bisons entre deux barrières, parfois faites de rondins entremêlés de broussailles, qui mènent vers une falaise. Les bisons tombent dans le précipice; ils meurent à la suite de leur chute ou ils sont abattus sans délai. La neige profonde et les terres marécageuses ralentissent les déplacements des troupeaux, permettant ainsi aux chasseurs à pied de s’approcher de leurs proies agitées. Certains chasseurs guident les bisons vers les précipices ou les enclos à l’aide de copeaux de bouse de bison fumants. Peu importe la méthode, il est primordial de procéder avec une petite partie du troupeau à la fois pour éviter de perturber le mouvement du grand troupeau.

Les archéologues ont dénombré un grand nombre de précipices à bisons. L’un des plus anciens est Head-Smashed-In Buffalo Jump, situé dans le sud-ouest de l’Alberta, aujourd’hui site du patrimoine mondial des Nations Unies. Vers 1730, l’arrivée du cheval permet de chasser en chargeant sur les bisons ou en les encerclant, améliorant de beaucoup l’efficacité de la chasse. Quarante ans plus tard, la chasse à cheval est presque universelle; à partir des années 1780, le cheval est essentiel à la vie dans les Plaines.

Quasi-extinction et rétablissement

L’utilisation du cheval est peut-être à l’origine de la quasi-extinction du bison, car elle permet aux chasseurs de se déplacer plus rapidement et plus efficacement. Les Autochtones chassaient à l’arc jusqu’à ce que la carabine se chargeant par la culasse le supplante, dans les années 1860. L’augmentation du rendement de la chasse qui en découle, combinée au développement des chemins de fer aux États-Unis et au Canada, ainsi qu’aux politiques étatsuniennes prônant l’extinction du bison dans le but d’affamer les Autochtones et de les rendre dépendants, permet l’implantation de la chasse au bison à l’échelle industrielle. Dans les années 1870, cet état de fait est appuyé par des prix stables pour les produits du bison, par l’absence de réglementation de la chasse, et par de nouvelles techniques de tannage, qui font des peaux de bison une commodité de grande valeur. Ces conditions encouragent l’abattage massif des animaux au Canada et aux États-Unis, entraînant la quasi-extinction du bison.

À la fin du XIXe siècle, des défenseurs de l’environnement sauvent les bisons de l’extinction en protégeant des troupeaux de bisons sauvages des Plaines qui restent et en en formant de nouveaux. À partir de 1909, d’importants troupeaux sont déplacés au Canada pour y être croisés avec le bison des bois, vivant au nord. Le rétablissement de la population de bison est lent au XXe siècle en raison de maladies et de problèmes de gestion. Aujourd’hui, le bison est une espèce quasi menacée. Au Canada, il existe deux troupeaux de bisons des Prairies libres et dix populations sauvages de bisons des bois. Entretemps, l’élevage commercial du bison connaît une très forte croissance, alors que des centaines de milliers d’animaux sont transformés en produits pour les consommateurs.

Importance culturelle

La chasse était à la base du mode de vie des Plaines. La viande nourrissait, les tendons et les os étaient utilisés dans la fabrication d’outils, et les peaux servaient à fabriquer des vêtements et des abris. La chasse et les produits de celle-ci ont donné naissance à des institutions sociales, politiques et culturelles complexes et les ont soutenues. En évitant de bouleverser l’ensemble des troupeaux, les chasseurs étaient en mesure d’utiliser les mêmes précipices et les mêmes enclos à répétition, ce qui a donné lieu à l’implantation d’une culture semi-sédentaire. Les peuples dont l’alimentation reposait sur le bison avant l’arrivée des colons étaient en meilleure santé que les autres. Ils ont donc été beaucoup moins vulnérables aux épidémies de tuberculose.

Après l’arrivée des Européens, le bison était essentiel à la traite des fourrures. Les postes de traite situés le long des rivières Rouge, Assiniboine et Saskatchewan Nord achetaient de la viande séchée, du pemmican et, en saison, de la viande fraîche de bison. Le contrôle des troupeaux de bison et l’accès à ceux-ci étaient sources de tension et d’antagonisme entre les peuples autochtones et entre les Autochtones et les colons blancs. Les guerres étaient courantes. À mesure que les troupeaux diminuaient, la situation désespérée des peuples des Plaines, minés par la famine et la maladie, a suivi une trajectoire similaire à celle des bisons. La chasse qui jadis soutenait le développement étendu et complexe s’est épuisée. Désespérées, les communautés autochtones ont accepté les modalités d’un traité proposé par le gouvernement canadien opportuniste et sans scrupules.

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