L’affaire Tchanak | l'Encyclopédie Canadienne

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L’affaire Tchanak

L’affaire Tchanak de 1922 est le premier test de politique étrangère important du premier ministre William Lyon Mackenzie King. Les forces turques menaçaient alors les troupes britanniques stationnées en Turquie après la Première Guerre mondiale. William Lyon Mackenzie King a refusé d’offrir automatiquement aux Britanniques le soutien militaire du Canada. Cette décision a été une autre étape sur la voie de l’indépendance du Canada sur la scène internationale. 

William Lyon Mackenzie King

Chef du Parti Libéral de 1919 à 1948, période au cours de laquelle il est premier ministre durant prês de 22 ans, King est le personnage politique dominant d'une époque de grands changements.
(avec la permission des Bibliothèques et Archives Canada/C-27645)


Tumultes en Turquie

Au début des années 1920, les forces militaires britanniques, françaises et grecques occupent une grande partie de l’ouest de la Turquie en vertu du Traité de Sèvres. Ce traité avait été imposé à la Turquie après sa défaite lors de la Première Guerre mondiale . Les troupes britanniques sont stationnées autour de Tchanak (aujourd’hui appelée Çanakkale), un petit port de mer dans le détroit des Dardanelles, la route maritime internationale qui sépare l’Europe et l’Asie.

À l’automne 1922, les forces nationalistes turques, opposées à la présence de troupes étrangères, ont réussi à chasser l’armée grecque hors du pays. Les Turcs menacent ensuite les forces britanniques acculées à Tchanak.

Réponse de William Lyon Mackenzie King

Le 15 septembre, la Grande-Bretagne envoie un télégramme appelant les dominions  (notamment le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud) à fournir des soldats pour la crise, en guise de solidarité avec de l’Empire britannique contre les Turcs.

À l’époque, le Canada est un membre indépendant de la Société des Nations nouvellement créée. Pourtant, le Canada n’a pas de politique étrangère distincte, ni même de ministre des Affaires étrangères. Le premier ministre britannique David Lloyd George s’attend donc à ce que le Canada se conforme aux désirs des Anglais.

À Ottawa , cependant, le premier ministre William Lyon Mackenzie King  refuse de s’engager à envoyer des troupes du Canada. Le 18 septembre, le Cabinet  de William Lyon Mackenzie King convient que seul le Parlement  peut prendre des décisions sur de telles questions. Le chef de l’opposition conservatrice Arthur Meighen  critique le gouvernement de King pour son manque de loyauté envers la Grande-Bretagne. Cependant, la crise en Turquie est déjà résolue lorsque le Parlement est enfin prêt à aborder la question.  

Une voix indépendante

En 1923, les forces nationalistes turques contrôlent encore plus fermement leur pays. Toutes les troupes étrangères se retirent. La gestion intransigeante que fait Lloyd George de la crise de Tchanak mène à l’effondrement de son gouvernement de coalition et à la fin de sa carrière politique en Grande-Bretagne.

Au Canada, l’attitude détachée de William Lyon Mackenzie King à l’égard de la crise démontre qu’il souhaite une plus grande indépendance pour le Canada en matière d’affaires étrangères. La crise de Tchanak n’est pas une révolution dans les affaires canadiennes : depuis John A. Macdonald , les premiers ministres sont réticents à impliquer le Canada dans des escarmouches impériales qui ne menace pas la Grande-Bretagne elle-même. Cependant, la confiance croissante du Canada sur la scène internationale, ainsi que son indépendance grandissante de la Grande-Bretagne s’exprimeront davantage dans les années à venir, comme avec le Traité du flétan en 1923. Les points culminants seront la déclaration Balfour  de 1926, et le Statut de Westminster  en 1931.

Voir aussi Affaires mondiales Canada (AMC)