Chilcotins | l'Encyclopédie Canadienne

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Chilcotins

Les Tsilhqot’in (Chilcotins) sont un peuple autochtone qui vit entre le fleuve Fraser et la chaîne Côtière dans le centre-ouest de la Colombie-Britannique. Leur langue traditionnelle est le déné (athabascan), et leur nom signifie « peuple de la rivière rouge », et fait également référence à la région du plateau de Chilcotin en Colombie-Britannique. Le gouvernement national des Tsilhqot’in est un conseil tribal créé en 1989, représenté par six membres des Premières Nations du plateau de Chilcotin. En 2014, le peuple Tsilhqot’in a remporté un procès centré sur la question du titre ancestral devant la Cour suprême du Canada. En 2018, le premier ministre Justin Trudeau a présenté des excuses officielles au peuple Tsilhqot’in pour la condamnation injustifiée et la pendaison des chefs Tsilhqot’in lors de la guerre de Chilcotin en 1864.

Réparation des Chilcotins

John Rustad, ministre des Relations et de la Réconciliation avec les Autochtones, partage un sourire avec le président du conseil tribal chilcotin, le chef Joe Alphonse (à gauche) et le vice-président, le chef Roger William (au centre). Tous deux ont été les invités de l’Assemblée législative jeudi quand la première ministre Christy Clark a présenté ses excuses au nom de la Colombie-Britannique pour la pendaison injustifiée de six chefs tsilhqot’in en 1864 et 1865. Le chef William a emprunté un tambour du bureau de la ministre afin de chanter une chanson traditionnelle sur la guerre des Chilcotins et la pendaison des six chefs aux mains des autorités coloniales.

Territoire et population

Le territoire traditionnel des Tsilhqot’in comprend la majeure partie du drainage de la rivière Chilcotin et des eaux en amont des rivières Homathko, Kliniklini et Dean qui coulent vers l’ouest à travers la chaîne Côtière en Colombie-Britannique.

Selon la province de la Colombie-Britannique, la population des Tsilhqot’in compte plus de 3 000 personnes. Lors du recensement de 2016, 2 805 personnes de la population autochtone ont déclaré être de descendance Tsilhqot’in.

Vie avant le contact européen

Pendant la majeure partie du 19e siècle, les Tsilhqot’in sont organisés en bandes autonomes. Cependant, durant une grande partie de l’année, les familles se déplacent de manière indépendante pour chasser, pêcher et cueillir des racines et des baies. Ils ont des dirigeants, dont certains sont rigoureux, mais la société est fondamentalement égalitaire, et les individus et leurs familles valorisent leur autonomie. À la fin de l’été, la plupart des familles se réunissent le long des rivières pour pêcher le saumon durant sa migration. Au milieu de l’hiver, les familles déménagent dans des endroits abrités, habituellement à proximité de lacs propices à la pêche sur glace, et ils vivent dans des maisons à toit en appentis ou semi-souterraines (voir aussi Histoire de l’architecture des peuples autochtones au Canada).

Société et culture

La culture traditionnelle des Tsilhqot’in est semblable à celle des autres peuples dénés du Nord. Les tambours, les contes et les célébrations communautaires occupent une place importante dans la vie culturelle des Tsilhqot’in. La protection de l’environnement et de la nature est également importante dans leur culture; actuellement, le Dasiqox Tribal Park, une région gérée par les Tsilhqot’in pour intégrer les modes de vie traditionnels, est le foyer de la Nation.

Langue

La langue des Tsilhqot’in (parfois aussi appelée tzilkotin ou chilcotin) fait partie de la famille des langues dénés et est parlée dans la région centrale de la Colombie-Britannique. Selon le recensement de 2016, 805 personnes de la population autochtone ont déclaré la langue tsilhqot’in comme langue maternelle. Ce chiffre n’établit pas de distinction entre les personnes qui parlent couramment la langue et celles qui l’apprennent, et ne représente donc peut-être pas avec précision le nombre de personnes qui parlent la langue tsilhqot’in. Formé en 2010, le Tsilhqot’in Language Committee œuvre à préserver et promouvoir la langue tsilhqot’in (voir aussi Langues autochtones au Canada).

Histoire coloniale

En 1808, Simon Fraser est le premier Européen à faire la rencontre des Tsilhqot’in dans le territoire Secwepemc le long de la rive ouest du fleuve Fraser. La Compagnie de la Baie d’Hudson établit un poste dans le territoire des Tsilhqot’in en 1827, lequel est pourvu de personnel de façon intermittente jusqu’en 1844. Les Tsilhqot’in sont contrariés par la présence de ces étrangers sur leur territoire, et le poste n’est pas particulièrement prospère. Les Tsilhqot’in n’ont que très peu de contacts avec l’afflux des chercheurs d’or le long du fleuve Fraser en 1859-1860, mais ils subissent une sévère perte de population en raison d’une épidémie de variole peu de temps après.

En 1861, un chemin est tracé pour les chariots partant de la vallée de Bella Coola et passant à travers le territoire des Tsilhqot’in, pour aller développer les centres des mines d’or à l’est, et les travaux commencent sur une route d’accès carrossable de Bute Inlet jusque vers l’intérieur des terres. Pour résister à ces intrusions, un petit groupe de Tsilhqot’in tue plusieurs ouvriers sur cette route, lors de ce qui est connu comme la guerre de Chilcotin de 1864. Six Tsilhqot’in sont éventuellement jugés et exécutés pour ces meurtres. Le 26 mars 2018, le premier ministre Justin Trudeau exonère les chefs Tsilhqot’in de tout acte répréhensible, et le 2 novembre 2018, présente des excuses officielles.

Peu de temps après cette guerre, les colons commencent à construire des fermes et des ranchs à l’ouest du fleuve Fraser. En 1882, le père Adrien Gabriel Morice, qui est également historien et linguiste, entreprend son travail de missionnaire avec les Tsilhqot’in. Des réserves sont créées pour les diverses bandes entre 1887 et 1904. Auparavant, les Tsilhqot’in avaient commencé l’élevage et l’agriculture à petite échelle tout en poursuivant leurs activités traditionnelles de subsistance.

Affaire sur les droits de propriété des Autochtones

Le 26 juin 2014, la Cour suprême du Canada se prononce à l’unanimité en faveur du chef Roger William, agissant en son propre nom et au nom de tous les membres de la Nation Tsilhqot’in, et accorde un titre autochtone d’un territoire de 1 700 km2 de terre traditionnellement habitée par les Tsilhqot’in. Cette décision donne le droit exclusif aux Tsilhqot’in d’utiliser et de profiter de la terre, ainsi que des avantages et des bénéfices qui en découlent. Tout développement économique de cette terre nécessitera dorénavant le consentement de la Nation Tsilhqot’in.

L’affaire, officiellement appelée Nation Tsilhqot’in c. Colombie-Britannique, est le résultat d’un permis d’exploitation forestière accordé par le gouvernement de la Colombie-Britannique en 1983 sur le territoire des Xeni Gwet’in. Après un blocus, les négociations commencent, mais elles échouent rapidement en raison du désir des Tsilhqot’in d’avoir le droit de premier refus sur les activités d’exploitation forestière. Après cet échec des pourparlers, les Tsilhqot’in amendent leur revendication initiale pour y inclure le titre autochtone en 1998 (voir aussi Exploitation forestière).

Le juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, David Vickers, se prononce en faveur des Tsilhqot’in le 20 novembre 2007, mais le jugement est renversé en appel en juin 2012. Lors d’un appel subséquent, la Cour suprême du Canada partage l’avis du juge David Vickers voulant que la terre ait été à la fois occupée de manière constante et défendue pour l’usage exclusif des Tsilhqot’in, et que la décision en appel du gouvernement ait été basée sur « la thèse erronée que seules des régions spécifiques, et intensément occupées peuvent soutenir le titre autochtone ».

Cette décision est importante, car elle clarifie les exigences relatives à l’obtention du titre autochtone. Les critères pour le titre autochtone sont donc triples : un groupe autochtone doit d’abord prouver l’occupation des terres, il doit ensuite prouver l’occupation continue, et l’exclusivité de ladite occupation.

Vie contemporaine

Durant la majeure partie du 20e siècle, les Tsilhqot’in conjuguent leurs activités traditionnelles de subsistance avec leur travail au sein de l’économie locale, où ils sont employés des ranchs, en plus de travailler comme guides, ou de travailler dans l’industrie du trappage. L’adoption de modes de vie traditionnels est rendue de plus en plus difficile par l’exploitation forestière et le déclin des ressources naturelles que les Tsilhqot’in utilisaient traditionnellement. Malgré cela, les Tsilhqot’in conservent un fort sentiment d’identité sociale et politique, alors qu’ils poursuivent leur lutte pour maintenir leurs droits autochtones et qu’ils négocient leur autonomie gouvernementale.

Le gouvernement national Tsilhqot’in, établi en 1989, est un conseil tribal qui représente la Première Nation ‘Esdilagh (bande Alexandria), la Première Nation Tsi Del Del (Première Nation d’Alexis Creek), la Première Nation Yunesit'in (bande Stone), la Première Nation des Tl'etinqox-t’in (bande Anaham), les Tl'esqox (bande Toosey), et la Première Nation Xeni Gwet'in (bande Nemiah), disséminés sur le plateau de Chilcotin.

Guide pédagogique perspectives autochtones

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