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d’bi.young anitafrika

Debbie Young (d'bi.young anitafrika), poète dub, dramaturge et actrice (née en 1978 à Kingston, en Jamaïque). Récipiendaire du prix Dora pour son jeu d’actrice et ses créations dramatiques, d’bi.young anitafrika est mieux connue pour sa trilogie de pièces de théâtre, the sankofa trilogy, comprenant bloodclaat: one oomaan story, benu et word!sound!powah!. C’est également la fondatrice du Watah Theatre Institute.

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Premières années et éducation

Debbie Young passe la plus grande partie de son enfance à Whitfield Town, en Jamaïque. Sa mère, Anita Stewart, poète dub jamaïcaine de grande renommée, est membre de l’un des premiers collectifs de poésie dub, Poets in Unity. À l’adolescence, Debbie Young étudie l’art dramatique à la Jamaica School of Drama et au Campion College. À l’âge de 13 ans, elle est choisie pour incarner Odale dans une production de la pièce Odale’s Choice de Kamau Brathwaite,une adaptation d’Antigone. En 1993, alors âgée de 15 ans, Debbie Young immigre à Toronto, en Ontario, pour y rejoindre sa mère.

À Toronto, Debbie Young fréquente le Jarvis Collegiate au niveau secondaire, pour ensuite déménager à Montréal, où elle étudie à l’Université McGill et à l’Université Concordia. À l’université, la jeune femme s’implique activement au sein de la communauté de la création parlée et de la poésie dub. Son premier enregistrement de poésie dub, when the love is not enough, est lancé en 2000.

Milieu de carrière

En 2001, Debbie Young revient à Toronto. C’est à cette époque qu’elle adopte le nom de d’bi.young anitafrika. « Young » est le nom de famille de son père, « Anita », le prénom de sa mère et « d’bi » une abréviation de Debbie.

La même année, anitafrika achève l’écriture de ses deux premières pièces de théâtre, Selphine Loathing et yagayah : two.womben.black.griots, en collaboration avec Naila Belvett, poète canadienne d’origine antillaise. yagayah, une pièce de théâtre pour deux actrices, raconte l’histoire de deux grandes amies qui, après avoir grandi en Jamaïque, doivent se séparer lorsque l’une d’elles part s’établir au Canada. La pièce est publiée dans Testifyin’ : Contemporary African Canadian Drama, vol. 2, une anthologie de Djanet Sears.

La carrière d’anitafrika s’épanouit au cours des années suivantes, tant sur le plan théâtral que du côté de la poésie et de l’écriture. Pour son jeu d’actrice, elle est mise en nomination pour un prix Dora pour son rôle dans la pièce de théâtre à grand succès de 2004 de trey anthony, ‘da Kink in my Hair ; elle fait également partie de la distribution de Lord Have Mercy!, première comédie télévisée mettant en vedette une distribution canadienne d’origine antillaise. L’artiste publie deux recueils de poésie dub avec Women’s Press : art on black (2006)et rivers… and other blackness… between us (2007). Sa pièce de théâtre pour une seule actrice, bloodclaat: one oomaan story, est produite en 2005 au Theatre Passe Muraille. Sous la direction de Weyni Mengesha et mettant en vedette anitafrika, bloodclaat – terme patois faisant référence à un chiffon utilisé pour éponger le sang menstruel – raconte l’histoire de mudgu, une jeune Jamaïcaine confrontée à une transition difficile vers l’âge adulte, devant endurer les attouchements d’un oncle libidineux, les remarques blessantes d’une grand-mère dénuée de tendresse et le sexisme d’un copain rastafari. anitafrika a été saluée pour son écriture au lyrisme intense et sa virtuosité dans l’interprétation de nombreux rôles différents – elle incarne plus de huit personnages différents dans la pièce de théâtre. bloodclaat a reçu en 2006 les prix Dora de la meilleure nouvelle pièce de théâtre et du meilleur rôle féminin principal. La pièce a ensuite fait le tour du pays, puis du monde.

Après bloodclaat, anitafrika écrit deux nouvelles pièces de théâtre semi-autobiographiques pour une seule actrice : benu (2009) et word!sound!powah! (2010). Ces trois œuvres s’inscrivent dans la trilogie sankofa, présentée en 2011 au Tarragon Theatre, et seront publiées en 2016 par Playwrights Canada Press. anitafrika définit le style à la fois puissant et idiosyncrasique qui caractérise l’exécution et la composition de ses pièces de théâtre comme un « biomythe monodramatique », c’est-à-dire un mélange de poésie dub et de monologue qui s’exprime à travers un conte biographique empreint de mythologie, raconté par l’écrivaine.

En 2008, anitafrika fonde le théâtre dub anitafrika, un programme de mentorat principalement destiné aux artistes noirs. En 2014, le théâtre devient un organisme à but non lucratif et adopte son nom actuel, Watah Theatre Institute. Le Watah Theatre propose des résidences, des programmes de mentorat et des ateliers. Depuis sa fondation, plus de 500 artistes ont bénéficié de son appui.

La plus récente pièce de théâtre d’anitafrika, intitulée She Mami Wata and The Pussy WitchHunt et présentée en 2015 dans le cadre du festival Audre Lorde Works-in-Progress, explore l’identité et la violence sexuelles.

Distinctions et autres projets

En 2015, d’bi.young anitafrika est nommée l’une des Femmes de distinction du YWCA de Toronto. Elle est également lauréate du prix Vital People, qui lui a été décerné par la Toronto Foundation en raison de sa promotion de la justice sociale au moyen des arts. Elle a reçu le prix Canadian Poet of Honour, deux prix Dora, le prix théâtral KM Hunter, le prix RBC de l’artiste émergente décerné par le Toronto Arts Council, le prix Harold et le prix pour la résilience décerné par Women’s Health in Women’s Hands.

Au cours des dix dernières années, l’artiste s’est consacrée à la création de la méthode Sorplusi, axée sur le développement personnel et créatif. En s’appuyant sur cette méthode, elle a mis sur pied l’Arts, Activism and AIDS Academy (Académie pour les arts, l’activisme et le sida) pour la Fondation Stephen Lewis. anitafrika travaille actuellement à son troisième album de poésie dub, intitulé Darkmatter Dub. En 2015, elle forme le groupe d'bi. & the 333 avec les musiciens Odel Johnson (batterie), Waleed Abdulhamid (basse), Chris Butcher (trombone) et Patrick O'Reilly (guitare). Le premier album de la formation musicale, Civil Rights Mixtape, devrait être lancé en 2016.