Eddie Shack | l'Encyclopédie Canadienne

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Eddie Shack

Eddie Steven Phillip Shack, joueur de hockey, personnalité de la télévision (né le 11 février 1937 à Sudbury, en Ontario; décédé le 25 juillet 2020 à Toronto, en Ontario). Eddie Shack est un ailier droit au sein de six équipes de la Ligue nationale de hockey au cours de ses 17 ans de carrière, et est un membre très populaire des Maple Leafs de Toronto lorsque l’équipe remporte quatre Coupes Stanley, en 1962-1964 et en 1967. Nommé trois fois athlète étoile, il prend part à plus de 1 000 parties en carrière et est reconnu pour son style de jeu prenant. C’est d’ailleurs ce qui lui vaut le surnom « The Entertainer », un trait de caractère qu’il met de l’avant lors de sa seconde carrière en tant que porte-parole à la télévision. Il s’agit d’une figure culte du hockey canadien. Il a servi d’inspiration pour la chanson à succès Clear the Track, Here Comes Shack.

Enfance

Eddie Shack est le deuxième enfant de Bill et Lena Shack, un couple très travaillant d’origine ukrainienne; ils ont également une fille prénommée Mary. Enfant, Eddie n’est pas très doué à l’école. Il est fréquemment malade, ce qui rend difficiles ses trois premières années; malgré tout, il est admis chaque année au niveau scolaire suivant. Il reste donc analphabète et finit par abandonner l’école à un très jeune âge. Après son départ de l’école, il concentre ses énergies (plutôt remarquables) sur son emploi dans une boucherie locale, où il fait preuve d’un grand talent de vendeur.

Débuts au hockey

Eddie Shack est encore jeune adolescent et employé d’une boucherie de Sudbury lorsqu’il se présente aux essais des Biltmores de Guelph, une équipe de l’Association de hockey de l’Ontario, en 1952. Il est sélectionné et devient rapidement l’un des joueurs étoiles; au cours de sa cinquième année (1956-1957), il obtient 47 buts et 57 aides en seulement 52 parties, ce qui représente le deuxième pointage le plus élevé de la ligue. Ses résultats lui valent d’être intégré à l’équipe étoile Junior A.

Le jeune Eddie Shack continue de travailler tout en jouant avec les Biltmores. Peu après son arrivée à Guelph, il trouve un emploi dans un autre marché de viande, ainsi que sur un camion à charbon. Ces travaux manuels lui permettent de développer une force physique impressionnante pour son âge.

Difficultés avec les Rangers

En 1957, Eddie Shack se rend au camp des Rangers de New York, le club-école des Biltmore de Guelph. Lui et l’entraîneur en chef des Rangers, Phil Watson, ne s’entendent pas du tout; Eddie Shack est alors envoyé chez l’équipe affiliée de la Ligue américaine de hockey, les Reds de Providence, où sa saison se termine abruptement à cause d’une jambe cassée. Il se joint malgré tout aux Rangers pour la saison suivante et joue avec eux pendant presque deux saisons et demie.

Eddie Shack n’aime pas tellement son séjour à New York. Bien qu’il ait été un joueur prolifique dans le hockey junior, on s’attend à ce qu’il serve de simple pion chez les Rangers. Par conséquent, il ne compte que 16 buts en 3 saisons avec l’équipe. En 1959, il est rétrogradé et se retrouve chez les Indians de Springfield, une équipe de la Ligue américaine de hockey; une décision qui, selon Eddie Shack, découle du fait qu’il a critiqué son entraîneur lors d’une réunion d’équipe tenue à Montréal.

Maple Leafs de Toronto

En février 1960, Eddie Shack est cédé aux Red Wings de Détroit en échange de Red Kelly. La transaction est toutefois annulée lorsque ce dernier refuse de se présenter chez les Rangers. La seconde tentative d’échanger Eddie Shack se révèle plus fructueuse. En novembre 1960, il est échangé aux Maple Leafs de Toronto, où sa carrière semée d’embûches prend réellement son envol.

En plus de se démarquer dans son jeu, Eddie Shack adore divertir ses admirateurs. Le journaliste sportif canadien Stephen Cole le compare à un « grand chiot qu’on aurait lâché sur la glace ». Alliant un coup de patin puissant à d’excellents tirs, Eddie Shack est partout sur la patinoire, passant souvent d’une aile à l’autre au cours d’une même partie. Si quelqu’un se met en travers de son chemin, il le contourne sans hésiter, qu’il s’agisse d’un coéquipier ou d’un adversaire. L’une de ses victimes les plus connues est Gordie Howe, qui se retrouve à l’hôpital pour une commotion et des points de suture à la suite d’une collision avec Eddie Shack, en 1961.

Eddie Shack ne rechigne pas non plus à se battre. Lors des séries éliminatoires de 1964, il se retrouve dans un affrontement contre Henri Richard. Après lui avoir administré quelques bons coups de poing dès le début, Eddie Shack a les bras immobilisés; un coup de tête de sa part oblige alors Henri Richard à quitter la partie pour recevoir des points de suture. Plus tard, au cours de la même partie, Eddie Shack continue de répandre le chaos lorsqu’il blesse Jean Béliveau en le plaquant contre la bande. Toronto emporte cette partie ainsi que les séries, ce qui lui vaut la Coupe Stanley.

Parfois insouciant, toujours exubérant, Eddie Shack sème la pagaille partout où il passe. Ce trait lui vaut de nombreuses minutes de pénalité, au grand bonheur de ses partisans. Bien qu’il joue avec un enthousiasme presque enfantin, il prend la victoire de son équipe très au sérieux et enflamme fréquemment ses coéquipiers dans le vestiaire entre les périodes. Il est également capable d’user d’humour pour détendre l’atmosphère lorsque le besoin s’en fait sentir. Malheureusement pour ses entraîneurs, il a un sens mordant de la répartie lorsqu’il se fait réprimander, ce qui peut être très cocasse pour les autres joueurs.

Eddie Shack remporte quatre Coupes Stanley avec les Maple Leafs, soit en 1962, 1963, 1964 et 1967. Bien qu’il passe beaucoup de temps sur le banc en tant que dixième joueur offensif, il parvient à marquer des buts. Plus remarquable encore, il compte le but déterminant pour la Coupe Stanley en 1963, un tir qu’il prétend avoir fait dévier accidentellement dans le filet d’un coup d’arrière-train. Pendant son séjour dans l’équipe bleu-blanc, il a également participé à trois matchs des étoiles, entre 1962 et 1964.

La saison de 1964-1965 est la pire de toute la carrière d’Eddie Shack au sein de la Ligue nationale de hockey (LNH), avec seulement 5 buts et 9 aides en 67 parties. Il est temporairement renvoyé dans la Ligue américaine de hockey au début de la saison 1965-1966; il joue pour l’équipe des Americans de Rochester et à lui seul augmente le nombre de spectateurs de façon inespérée. Dès son retour chez les Maple Leafs, il en met plein la vue avec sa meilleure saison dans la LNH et un total de 26 buts.

Fin de carrière

Eddie Shack est échangé aux Bruins de Boston le 15 mai 1967, ce qui lui donne enfin l’occasion de devenir un joueur régulier, au lieu d’être le dixième joueur offensif et de rester souvent sur le banc. Il est à ce moment un vétéran aguerri avec quatre Coupes Stanley à son actif; son total de buts s’élève à 23 lors de sa première saison avec sa nouvelle équipe, et il est une force dynamique tant sur la glace que dans le vestiaire.

C’est alors qu’il joue pour Boston que se produit le célèbre combat à coups de bâtons opposant Eddie Shack à Larry Zeidel, des Flyers de Philadelphie, le 7 mars 1968. Ils se frappent avec leurs bâtons de hockey pendant plusieurs minutes, laissant les arbitres incapables d’intervenir. Sa participation au combat vaut à Eddie Shack une suspension de 3 parties et une amende de 300 $.

La tendance d’Eddie Shack à récolter des pénalités inutiles, conséquence de son exubérance naturelle, finit de nouveau par causer des mésententes avec la direction de l’équipe; on décide que Boston n’a plus besoin d’un « amuseur ». Le 14 mai 1969, Eddie Shack est échangé une nouvelle fois et se retrouve chez les Kings de Los Angeles. Il marque 22 buts et réalise 12 aides lors de sa première saison avec eux. Il ne joue que rarement la saison suivante et est échangé aux Sabres de Buffalo le 24 novembre 1970. Il marque 25 buts à la suite de son arrivée, ce qui lui fait 27 buts et 46 points pour la saison 1970-1971; il s’agit pour lui d’un record en carrière. En plus de son excellent pointage, Eddie Shack aide à remplir les gradins des Sabres, dont c’est la première saison dans la LNH, grâce à sa réputation et à ses habiletés uniques.

Les Penguins de Pittsburgh, une autre équipe d’expansion, obtiennent Eddie Shack le 4 mars 1972 à la suite d’un échange avec les Sabres. La transaction se révèle fructueuse pour les Penguins; Eddie Shack ranime l’équipe et les mène jusqu’en séries éliminatoires, grâce à son jeu turbulent et son total de 25 buts. C’est là la cinquième fois qu’Eddie Shack compte plus de 20 buts pour une équipe différente.

Le 3 juillet 1973, Eddie Shack est échangé aux Maple Leafs de Toronto, où il joue pendant encore deux saisons avant de prendre sa retraite de la LNH, en 1975. Au cours de ses 17 ans de carrière au sein de la LNH, Eddie Shack obtient 239 buts, 226 aides et 1 437 minutes de pénalité en 1 047 parties de saison régulière, ainsi que 6 buts, 7 aides et 151 minutes de pénalité en 74 parties éliminatoires.

Après sa retraite de la LNH, Eddie Shack prend part à des matchs pour des campagnes de financement et à des tournées d’anciens joueurs à travers le pays.

Clear the Track, Here Comes Shack

En 1966, tandis qu’Eddie Shack fait partie des Maple Leafs de Toronto, Brian McFarlane écrit la chanson Clear the Track, Here Comes Shack :

Clear the track, here comes Shack,
He knocks them down and he gives them a whack.

(Dégagez le passage, voilà Shack, il les renverse et leur donne une claque.)

Interprétée par The Secrets, la chanson est numéro un au palmarès radio du CHUM-AM 1050 de Toronto pendant deux semaines et repasse régulièrement en ondes pendant plus de deux mois.

Autour du hockey

En 1972, Eddie Shack devient copropriétaire du club de golf de la vallée de Vaughan aux côtés de trois partenaires : l’ex-joueur de la LNH Dave Creighton, ainsi que les avocats Bob Watson et Gerry Ublanski. Eddie Shack est très impliqué dans les opérations quotidiennes du terrain de golf, n’ayant pas peur de se salir les mains. En effet, il est un jour contraint de fouiller dans les ordures pour retrouver de l’argenterie jetée par erreur par des employés du club! Il modifie également lui-même la disposition des trous pour que davantage de golfeurs puissent jouer en une journée.

Tout comme Tim Horton, son ancien coéquipier des Maple Leafs, Eddie Shack donne également son nom à une beignerie; le Eddie Shack Donuts ouvre ses portes en 1994.

En tant que personnage aussi reconnaissable qu’haut en couleur, Eddie Shack figure dans plusieurs campagnes publicitaires télévisées après sa retraite, servant de porte-parole à des entreprises telles que Esso, la chaîne d’hôtels Journey’s End et, surtout, le Pop Shoppe. Dès 1976, il apparaît sur des panneaux publicitaires et prend part à des capsules radio, en plus de représenter la compagnie de soda lors d’événements.

Eddie Shack est toujours demandé en tant que conférencier; il fait preuve d’autant de talent pour l’animation publique sur scène que sur la glace. Il a notamment usé de sa notoriété pour promouvoir l’alphabétisation dans les écoles : il encourage les jeunes à étudier pour qu’ils n’aient pas à affronter les mêmes difficultés que lui. Sa biographie, Clear the Track : The Eddie Shack Story, est écrite par Ross Brewitt et publiée chez Stoddart en 1998.

Vie personnelle

Eddie Shack épouse sa femme, Norma, en 1962, alors qu’il fait encore partie des Maple Leafs de Toronto. Le couple a deux enfants : une fille, Cathy, et un fils, Jimmy.