Frances Norma Loring | l'Encyclopédie Canadienne

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Frances Norma Loring

Frances Norma Loring, sculptrice (née le 14 octobre 1887 à Wardner dans l’Idaho aux États-Unis; décédée le 5 février 1968 à Newmarket en Ontario).

Frances Norma Loring, sculptrice (née le 14 octobre 1887 à Wardner dans l’Idaho aux États-Unis; décédée le 5 février 1968 à Newmarket en Ontario). Membre de l’Académie royale des arts du Canada, membre fondatrice de la Société des sculpteurs du Canada et représentante du Canada à la Biennale de Venise de 1960, Frances Loring était l’une des sculptrices les plus en vue du Canada. C’est à elle qu’a échu la responsabilité de sculpter des œuvres comme le Queen Elizabeth Monument (1939) — situé à l’origine à l’entrée de l’autoroute Queen Elizabeth à Toronto, il a été déplacé, toujours à Toronto, dans le parc Sir Casimir Gzowski — et la statue de Robert Borden (1957) sur la Colline du Parlement à Ottawa.

Formation et début de carrière

Frances Loring étudie son art à l’École des Beaux-Arts de Genève en Suisse (1901–1903), auprès du sculpteur allemand Carl Guttner à Munich en Allemagne (1903), à l’Académie Colarossi à Paris en France (1904–1906), au Chicago Art Institute (1906), à la School of the Museum of Fine Arts à Boston et à l’Art Students League à New York (1910). Alors qu’elle se trouve au Chicago Art Institute, Loring rencontre celle qui sera sa compagne et sa collaboratrice de toute une vie, Florence Wyle.

Loring et Wyle déménagent à New York pour habiter dans le Greenwich Village en 1909 avant de déménager à nouveau à Toronto en 1913. Finalement, le couple installe un atelier et un logement dans une école-église reconvertie à Toronto dans le quartier de Moore Park, un cadre au sein duquel Loring et Wyle vont vivre pendant près de cinquante ans et créer ce qui sera quasi unanimement considéré comme le salon canadien du monde de l’art.

Aussitôt installée au Canada, Loring travaille sans relâche à l’élaboration de son œuvre personnelle, mais s’emploie également à créer les conditions et le climat susceptibles de permettre à d’autres artistes de s’adonner à la sculpture. Dotée d’une personnalité fascinante forçant l’admiration, d’une intelligence aiguë et d’une empathie chaleureuse, elle s’en prend vivement, en tant que membre fondateur de la Société des sculpteurs du Canada et en tant qu’organisatrice de premier plan de la Fédération des artistes canadiens du Conseil des Arts du Canada, à l’indifférence du public et des structures officielles vis-à-vis de la sculpture.

Sculpture

Au cours de sa longue carrière, Loring travaille sur toute une gamme de matériaux et de tailles. Grief (1918) est, par exemple, une sculpture en bronze de petite taille représentant une femme effondrée de chagrin les bras pendants et la tête penchée vers l’avant. Étant donné la date à laquelle cette œuvre a été réalisée, on peut imaginer que cette femme vient juste d’être informée de la mort de son mari ou d’un frère lors de la Première Guerre mondiale. Derelicts (1929), une œuvre dont on peut penser qu’elle a été inspirée par la pauvreté de masse causée par les débuts de la Grande Dépression en 1929, représente une femme la tête penchée en avant, vêtue d’un foulard et d’une vieille robe froissée dans laquelle son ventre est engoncé. Inuit Mother and Child (1938), d’un autre côté, est une élégante sculpture de calcaire grandeur nature représentant une femme inuite en habits traditionnels portant son bébé sur le dos.

Sculptures publiques

C’est peut-être pour ses monuments publics de taille imposante que Loring est la plus connue. Son mémorial de guerre de 1928, abrité par la grande bibliothèque de l’Osgoode Hall à l’Université de Toronto, représente un homme plus grand que nature sculpté dans du marbre de Carrare, vêtu uniquement d’une toge posée sur ses épaules, le reste de son corps musculeux et mince étant nu. Les bras sur le côté, les paumes tournées vers l’avant et la tête légèrement inclinée vers l’arrière regardant vers le ciel, l’homme, modelé à l’image d’une sculpture grecque classique, semble tour à tour empreint d’humilité et de sérénité. En ce qui concerne le Queen Elizabeth Monument— situé à l’origine à l’entrée de l’autoroute Queen Elizabeth à Toronto et déplacé ultérieurement, toujours à Toronto, dans le parc Sir Casimir Gzowski sur les rives du lac Ontario lorsque l’autoroute a été élargie en 1975 —, c’est à Loring, en collaboration avec Wyle, qu’incombe la responsabilité de sculpter la couronne au sommet du monument, un médaillon portant les profils du roi George VI et de la reine Élisabeth, et un lion symbole de la royauté à la base du monument. La statue de bronze de l’ancien premier ministre canadien Robert Borden sculptée par Loring constitue, a contrario, un portrait relativement traditionnel de cet homme politique : en costume-cravate, vêtu d’un manteau, Borden se tient debout, le visage grave et déterminé, tenant fermement un rouleau de papier, peut-être un document annonçant la participation du Canada à la Première Guerre mondiale.

Frances Loring et Florence Wyle décèdent toutes les deux en 1968 et l’une comme l’autre inclut dans son testament des dispositions pour que le produit de la vente de ses œuvres soit attribué à un fonds destiné à acheter les œuvres de jeunes sculpteurs afin qu’elles soient exposées dans des galeries publiques sur tout le territoire du Canada. Ce fonds a eu un profond impact sur la sculpture au Canada.

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