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François Legault

François Legault, homme d’affaires, politique et premier ministre du Québec (né le 26 mai 1957 à Sainte-Anne-de-Bellevue, Québec). Cofondateur d’Air Transat, François Legault est ministre au sein du gouvernement du Parti québécois de Lucien Bouchard, puis de Bernard Landry. Chef de la Coalition avenir Québec, une formation politique qu’il a fondée en 2011, il devient premier ministre du Québec au terme de l’élection générale du 1er octobre 2018. Certaines de ses réalisations incluent l’adoption de la loi 21 (Loi sur la laïcité de l’État), la loi 96 qui réforme la Charte de la langue française et la gestion de la pandémie de COVID-19.

François Legault

Formation et début de carrière

Après avoir décroché un baccalauréat en administration des affaires (option comptabilité publique) de l’École des Hautes Études commerciales (HEC Montréal ) de l’Université de Montréal (1978), François Legault devient vérificateur comptable au sein de la firme Ernst & Young, poste qu’il occupe jusqu’en 1984. Cette même année, il complète une maîtrise en administration des affaires (MBA, option finances) également aux HEC.

Il devient alors directeur des finances et de l'administration chez Nationair Canada, puis directeur du marketing chez Québécair en 1985. En 1986, il crée, avec Jean-Marc Eustache et Philippe Sureau, la compagnie Air Transat et en assure le poste de président-directeur général jusqu'en 1997. Cette entreprise devient rapidement l’une des plus importantes compagnies aériennes au Canada proposant des vols nolisés (voir Industrie du transport aérien). De 1995 à 1998, François Legault est membre des conseils d’administration de différentes entreprises dont Provigo inc., Culinar, Sico, Technilab inc., Bestar inc., ainsi que du Musée privé Marc-Aurèle Fortin.

Député et ministre du Parti québécois

C'est en 1998 que François Legault fait le saut en politique provinciale. Le 23 septembre 1998, avant même d’être élu, le premier ministre Lucien Bouchard le nomme ministre du Commerce, de la Science et de la Technologie. Il est élu député pour le Parti québécois (PQ) le 30 novembre suivant lors d’une élection générale, dans la circonscription de Rousseau.

Deux semaines après son élection, il devient ministre d'État à l'Éducation et à la Jeunesse. Il occupe de plus la fonction de vice-président du Conseil du Trésor. En janvier 2002, Bernard Landry , qui a remplacé Lucien Bouchard à la tête du Parti québécois et comme premier ministre, le nomme ministre de la Santé et des Services sociaux, poste qu’il occupe jusqu’aux élections d’avril 2003.

À la suite de la victoire des libéraux de Jean Charest, François Legault devient porte-parole de l’Opposition officielle en matière d’économie et de finances (2003-2007). Les résultats surprenant de l’Action démocratique du Québec à l’élection générale de mars 2007, relègue le Parti québécois au rang de second groupe de l’opposition. François Legault continue d’occuper le poste de porte-parole en matière de finances et de développement économique pendant deux ans, mais le 25 juin 2009, il démissionne de son poste de député, voulant mettre fin à son travail dans l'opposition « qu’il trouvait très frustrant ».

Fondation de la Coalition avenir Québec

Legault ne quitte pas pour autant la scène publique. En 2010-2011, il fait plusieurs sorties remarquées et sonde l’opinion de la population. Le 21 février 2011, en compagnie de l’entrepreneur Charles Sirois, il met sur pied un organisme sans but lucratif, la Coalition pour l’avenir du Québec. Après la publication de quatre textes décrivant ses priorités pour relancer le Québec, Legault effectue à l’automne 2011 une tournée des 17 régions québécoises.

Le 4 novembre 2011, la Coalition devient un parti politique autorisé par le Directeur général des élections du Québec. Elle prend le nom de Coalition avenir Québec (CAQ). Le 14 février 2012, elle fusionne avec l’ancien parti de Mario Dumont, l’Action démocratique du Québec. Entre-temps, quatre députés indépendants décident de rallier la CAQ. Au début de janvier 2012, un député du Parti québécois, François Rebello, quitte également son caucus afin de rejoindre la CAQ.

Plateforme de la Coalition avenir Québec

Dès son retour dans l’arène politique, François Legault mise sur les accusations de corruptions qui planent sur le Parti libéral de Jean Charest. Avec pour slogan « Le Québec peut et doit faire mieux », le parti dévoile ses priorités : valorisation de l’éducation; qualité et accessibilité aux services de santé; développement d’une économie de propriétaires; promotion de la langue française et de la culture québécoise; intégrité de la vie publique.

Se disant ni à gauche ni à droite, ce nouveau parti propose aussi de mettre de côté le débat constitutionnel qui paralyse la province et d’agir en fonction des intérêts supérieurs du Québec. Dans la préface de plateforme de son parti en 2012, François Legault clame que « la Coalition ne fera la promotion ni de la souveraineté ni de l’unité canadienne ». L’auteur des Finances d’un Québec souverain – une étude déposée en 2005 et dans laquelle François Legault démontrait la faisabilité économique d’un Québec indépendant – rompt clairement avec ses convictions souverainistes.

Lors de la grève étudiante du printemps 2012, la CAQ appuie la hausse des frais de scolarité prévue par le Parti libéral, mais propose de le faire d’une manière beaucoup plus progressive afin d’une part, d’assurer un financement adéquat des universités et d’autre part, « de neutraliser les effets de la hausse sur les étudiants issus de milieux moins favorisés et de la classe moyenne » (voir Accès à l’éducation). François Legault saisit d’ailleurs l’occasion de ce conflit pour faire valoir les positions de son parti sur le besoin au Québec de revaloriser l'éducation, source de richesse. Afin de lutter contre le décrochage scolaire, la CAQ propose une école repensée notamment par l’ajout de cinq heures par semaine à l’horaire des écoles secondaires. La plateforme du parti suggère également d’abolir les commissions scolaires pour donner plus d’autonomie et d’initiative aux écoles, de valoriser la profession d’enseignant – notamment par l’amélioration de leur rémunération – et d’améliorer le régime d’aide financière aux étudiants.

Élection générale du 4 septembre 2012

Devant l'échec d'une entente avec les étudiants et comptant sur l’appui de la population dans ce dossier, Jean Charest déclenche des élections générales. Une campagne électorale estivale permet à François Legault de se lancer agressivement dans des débats de fond.

Se proclamant résolument nationaliste, la CAQ se donne pour mission de créer un Québec à la mesure de ses ambitions, fort et confiant. Évoquant un resserrement de la francisation et du rayonnement de la culture québécoise, une nécessaire réforme de la santé et de l'éducation, et la mise en place de moyens pour lutter contre la corruption, François Legault mène au cours de l’été 2012 une campagne politique rigoureuse. Il mise sur l'électorat anglophone et allophone qui sont susceptible de se détourner du Parti libéral du Québec (PLQ) en raison des rumeurs de financement politique illégal et de collusion avec l’industrie de la construction. François Legault met en évidence une longue expérience en politique et à titre de ministre, qu’il revendique comme sans failles. Venant s'interposer entre les partis de Jean Charest et de Pauline Marois, il présente une équipe de 125 candidats et candidates.

Toutefois, le 4 septembre, les résultats électoraux de la Coalition avenir Québec sont décevants, malgré les sondages positifs au cours de la campagne. Le parti ne fait élire que 19 députés à l’Assemblée nationale. En revanche, l’équipe de François Legault récolte 27 % des suffrages, soit quelques points derrière le Parti libéral du Québec (31,2 %) appelé à former l’Opposition officielle face au gouvernement péquiste élu.

Élection générale du 7 avril 2014

Après un an de travail, le chef du parti, François Legault publie à l’automne 2013, un ouvrage intitulé Cap sur un Québec gagnant : Le Projet Saint-Laurent. Dans celui-ci, le chef de la CAQ invite les Québécois à faire de la vallée du Saint-Laurent un lieu d’innovation, d’éducation de haut niveau et d’entrepreneuriat. François Legault y propose de reproduire le modèle de la Silicon Valley en Californie et de faire du fleuve, et de la voie maritime du Saint-Laurent, la pierre angulaire du développement économique du Québec. Ainsi, la décontamination des rives, l’impulsion donnée aux universités par le financement de la recherche, le tourisme et l’exploitation du pétrole du Québec assureront la qualité de vie attendue par tous les Québécois.

Ce livre sert de plateforme à la campagne électorale du printemps 2014. Bien que la CAQ récolte des suffrages moins importants que lors de l’élection précédente (23 %) et qu’elle perd quatre circonscriptions dans la région de Québec, elle fait élire 22 députés (soit trois députés de plus qu’en 2012) et réussit une percée dans la couronne de l’île de Montréal aux dépens du Parti québécois. Alors que le Parti libéral dirigé par Philippe Couillard est appelé à former le nouveau gouvernement, le Parti québécois est relégué au rang d’opposition officielle.

Élection générale du 1er octobre 2018

Le 23 août 2018, le premier ministre Philippe Couillard déclenche les élections pour le 1er octobre 2018. Il s’agit de la première élection à date fixe à se tenir au Québec.

La Coalition avenir Québec fait campagne avec pour slogan un mot tout simple : Maintenant. Le programme électoral prévoit notamment dans le secteur de l’éducation une baisse des taxes scolaires et la prématernelle universelle et gratuite pour les enfants de quatre ans. En matière de santé, l’équipe de François Legault promet davantage d’accès aux soins de première ligne et une prise en charge des patients dans des délais raisonnables par les médecins de famille. Les propositions de réduire les seuils d’immigrants à 40 000, soit une baisse de 23,5 % par rapport à 2017 (voir aussi Politique d’immigration du Québec), l’obligation pour les nouveaux arrivants de réussir un test de connaissance des valeurs québécoises ainsi qu’un examen de langue française après quatre ans sèment la controverse.

À l’issue du scrutin du 1er octobre, la CAQ est appelée à former un gouvernement majoritaire. Cette victoire met fin à l’alternance du PLQ et du PQ qui avait cours depuis l’élection du Parti libéral de Robert Bourassa en 1970. Avec 74 députés élus sur 125 et 37,42 % des suffrages exprimés (soit 52 sièges de plus qu’à l’élection précédente), la formation politique de François Legault est loin devant ses principaux adversaires. En effet, le Parti libéral ne fait élire que 31 députés (donc 39 de moins qu’en 2014) et le Parti québécois que 10 (alors qu’il occupait 28 sièges à la dissolution de l’Assemblée nationale). Québec solidaire est le seul autre parti à faire des gains, voyant sa députation passer de 3 à 10 élus. Un nombre sans précédent de femmes sont aussi élues à l’Assemblée nationale, soit 53 (dont 28 députées caquistes), ce qui représente 42,4 % des parlementaires.

Élu dans la circonscription de L’Assomption, François Legault devient le 32e premier ministre de l’histoire du Québec.

Premier mandat (2018-2022)

Le premier gouvernement de la CAQ est marqué par l’adoption controversée d’importantes lois à caractère nationaliste et identitaire. La Loi 21 (Loi sur la laïcité de l’État) impose une interdiction à certains employés de l’état en position d’autorité de porter des signes religieux. (Voir aussi La Charte des valeurs québécoises.) Le gouvernement adopte également une grande réforme de la Charte de la langue française qui vise les cégeps anglophones ainsi que l’usage du français comme langue exclusive du gouvernement et comme langue du travail dans les entreprises avec plus de 25 employés. (Voir Politiques linguistiques du Québec.) Ces politiques mobilisent l’opposition des groupes anglophones ainsi que des minorités religieuses. Les deux projets de loi sèment aussi la controverse en raison de leur emploi de la clause nonobstant qui permet d’ignorer certaines clauses de la Charte canadienne des droits et libertés.

Le bilan de la CAQ en matière de la pandémie de COVID-19 est controversé. Comparé au reste du Canada, le Québec a souffert le plus grand nombre de décès en lien avec la COVID-19. Selon certaines critiques, le gouvernement de François Legault a réagi à la pandémie en adoptant des mesures particulièrement strictes. Celui-ci met en place plusieurs confinements ainsi qu’un passeport vaccinal pour les personnes souhaitant accéder à certains évènements et restaurants. La mesure la plus controversée du gouvernement est probablement l’imposition de deux couvre-feux lors de la pandémie. D’autres critiques reprochent au gouvernement de ne pas en faire assez, notamment en gardant les écoles ouvertes pendant certaines périodes de la pandémie. La gestion des centres d’hébergement de soin de longue durée (CHSLD) au début de la pandémie est particulièrement critiquée.

Deuxième mandat (2022-)

La CAQ débute la campagne électorale avec une énorme longueur d’avance sur ses rivaux dans les sondages. Les débats sont surtout axés sur l’immigration et la langue française, le système de santé et l’inflation. Malgré une campagne jugée malhabile par certaines critiques, la CAQ de François Legault remporte néanmoins de façon décisive les élections du 3 octobre 2022. Le parti récolte près de 41 % des votes et fait élire 90 députés sur 125 sièges disponibles. Face à la CAQ, le Parti libéral du Québec n’a que 21 députés avec moins de 14,4 % des votes alors que le Parti québécois peine à gagner 3 sièges avec 14,6 % des suffrages. Québec solidaire réussit à faire élire 11 députés et récolte environ 15,4 % des votes. Le Parti conservateur du Québec reçoit 12,9 % des suffrages, mais ne gagne aucun siège.

Prix et distinctions

François Legault est Fellow de l’Ordre des comptables agréés du Québec depuis 2000.