Françoise Aubut-Pratte | l'Encyclopédie Canadienne

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Françoise Aubut-Pratte

Françoise Aubut-Pratte (née Aubut), organiste, enseignante (née le 5 septembre 1922 à Saint-Jérôme, au Québec; décédée le 8 octobre 1984 à Montréal, au Québec).

Françoise Aubut-Pratte (née Aubut), organiste, enseignante (née le 5 septembre 1922 à Saint-Jérôme, au Québec; décédée le 8 octobre 1984 à Montréal, au Québec). Françoise Aubut-Pratte a été l'une des premières artistes à jouer largement les oeuvres de Marcel Dupré et d'Olivier Messiaen au Canada. Elle a étudié avec Eugène Lapierre et Antonio Létourneau au Conservatoire national de Montréal et avec Marcel Dupré et Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris, où elle a remporté le Grand Premier Prix, une première pour une artiste nord-américaine. En plus de donner de nombreux récitals, elle a enseigné à l'Université de Montréal, au Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec et à l'école Vincent-d'Indy. Son répertoire comprend notamment les oeuvres des compositeurs canadiens Jean Papineau-Couture et Roger Matton. Elle a reçu le Prix de musique Calixa-Lavallée en 1961.

Éducation et début de carrière

Françoise Aubut est la descendante d'un petit-cousin de Calixa Lavallée. Sa mère, Yvonne Paquette, est la soeur du Dr Albiny Paquette, ministre de la Santé du Québec, et son père, Joseph Aubut, est ingénieur électrique. Elle commence à étudier le piano vers 6 ans avec sa soeur Rachel. Ensuite, elle étudie l'orgue avec Eugène Lapierre et l'harmonie et le piano avec Antonio Létourneau au Conservatoire national de Montréal. Elle donne son premier récital le 23 août 1936 à l'église St-Stanislas de Montréal. La même année, elle reçoit un diplôme en orgue de Schola cantorum après avoir joué de mémoire les six sonates en trio de Bach.

Elle poursuit ses études (1937-1938) au New England Conservatory de Boston avec Carl McKinley (orgue), Jesús Maria Sanroma (piano) et Marian Mason (harmonie). Lors de l'examen d'admission, elle transpose l'oeuvre imposée d'un demi-ton vers le haut après s'être rendu compte que deux des notes de l'orgue étaient muettes. Elle obtient un diplôme de soliste en 1938.

À Paris (1938-1944), Françoise Aubut étudie auprès d'Olivier Messiaen (harmonie), de Marcel Dupré (orgue et improvisation), de Simone Plé-Caussade (contrepoint et fugue), de Norberd Dufourcq (histoire) de Nadia Boulanger (théorie), d'Alfred Cortot (piano) et d'Henri Busser (composition). Malgré la Deuxième Guerre mondiale et un internement de huit mois à Besançon, où les citoyens du Commonwealth sont détenus après la Bataille de France, elle remporte l'exceptionnel Grand Premier Prix couronnant tous les cours suivis au Conservatoire de Paris. Elle est la première Nord-Américaine à recevoir cet honneur.

Françoise Aubut est organiste à l'église de l'Assomption à Passy. Elle joue aussi notamment au Palais de Versailles (dont à une reprise devant le général Dwight D. Eisenhower), au Palais de Chaillot, à l'église St-Sulpice. Après son concert à Chaillot, Olivier Messiaen écrit : « Elle a donné la mesure de ses immenses qualités » (lettre datée du 11 juin 1946).

Faits saillants en carrière

À son retour au Canada en 1945, Françoise Aubut est l'une des premières Canadiennes à jouer largement les oeuvres de Marcel Dupré et d'Olivier Messiaen. Ses nombreux récitals lui attirent le respect à titre d'interprète et d'improvisatrice. De 1955 à 1965, elle participe à bon nombre de séminaires et de conférences en Europe. Aussi, elle se produit à l'Exposition universelle de Bruxelles en 1958 et à l’Expo 67.

À partir des années 1950, elle est organiste à l'église Saint-Édouard, puis à l'église Notre-Dame-des-Neiges et à la chapelle conventuelle Saint-Albert-le-Grand, toutes situées à Montréal. Elle inaugure des orgues à travers le Québec, y compris au Cap-de-la-Madeleine et à Louiseville. De plus, elle se produit régulièrement à la radio de Radio-Canada, notamment pour la première de Psaume CL, de Jean Papineau-Couture. Invitée à la radio française en 1963, elle interprète la Suite de Pâques de Roger Matton.

En 1956, elle enregistre deux microsillons. L'un est composé de la Chorale No. 3, de Franck et de Pange lingua, d'Ave maris stella et de la Symphonie-Passion, de Marcel Dupré (RCI 122). L'autre comprend Psaume CL, de Jean Papineau-Couture, enregistrée avec la Chorale de Bach de Montréal (RCI 128/6-ACM 4).

Enseignement

Elle enseigne l'orgue et la théorie à l'Université de Montréal à partir de 1951 et l'orgue à l'école Vincent-d'Indy à partir de 1967. Elle enseigne aussi à l'Institut Nazareth, au Conservatoire de musique du Québec, au Conservatoire de musique de Montréal et au Collège de musique Sainte-Croix. Parmi ses élèves, on compte Françoys Bernier, Victor Bouchard, Marthe Lesage et Denis Regnaud.

Honneurs

Elle fait partie du jury au concours Prix d'Europe de 1956 et aux examens du Conservatoire de Paris en 1962 et en 1978. En 1961, elle reçoit le Prix de musique Calixa-Lavallée. Ses archives sont conservées à l'Université de Montréal.

Une version de cet article est parue initialement dans l'Encyclopédie de la musique au Canada.