Globe Theatre | l'Encyclopédie Canadienne

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Globe Theatre

En 1968, le Globe monte The Good Woman of Setzuan de Bertolt Brecht qu'il présente en tournée.
Salt-Water Moon
En 1994, avec Marcel Jeannin et Burgundy Code (avec la permission du Globe Theatre).

Globe Theatre

Ken Kramer (Canadien) et Sue Richmond Kramer (née en Grande-Bretagne) fondent le Globe Theatre à Regina en 1966, grâce à une subvention de 3000 $ qu'ils reçoivent du Saskatchewan Arts Board pour monter une troupe itinérante visant un public d'âge scolaire. Il s'agit de la première compagnie professionnelle de théâtre éducatif de la Saskatchewan et, à l'époque, elle est la seule troupe professionnelle de la province. Les Kramer sont à la fois comédiens et codirecteurs artistiques, et Ken Kramer assure la mise en scène de certaines pièces du Globe. Ils se rencontrent alors qu'ils travaillent au Theatre Centre de Londres sous la direction de Brian Way, une personnalité importante du théâtre pour enfants et du théâtre éducatif. À ses débuts, le Globe produit uniquement des pièces de Way et des adaptations de pièces de Shakespeare jouées dans un théâtre en forme de cercle pour favoriser la participation de l'auditoire. La compagnie fait de nombreuses tournées et se produit devant des étudiants du primaire et du secondaire dans les petites et les grandes communautés de la Saskatchewan . En 1975-1976, les artistes du Globe présentent 290 spectacles dans 142 localités pendant plus de 32 semaines.

Les années Kramer

En 1968, le Globe monte The Good Woman of Setzuan de Bertolt Brecht qu'il présente en tournée. Devant le succès remporté par la pièce de Brecht et par les pièces pour adultes qui suivent, les Kramer fondent, en 1970, le Globe Repertory Theatre, qui s'installe d'abord dans le Jubilee Theatre, au Saskatchewan Centre of the Arts, puis dans des locaux loués au centre-ville de Regina. En 1981, la compagnie se dote d'un local bien à elle dans l'Old City Hall, anciennement l'Old Regina Post Office, un immeuble historique de la rue piétonnière Scarth. Le Globe adopte, comme dans ses anciens locaux, la formule du théâtre en forme de cercle, parfaitement intégrée à ses pièces itinérantes destinées aux écoles. Au cours des années 1980, la troupe continue de présenter ses pièces pour adultes dans les principaux centres de la Saskatchewan. Ainsi, publics adulte et jeunesse confondus, elle rejoint une portion considérable de la population de la Saskatchewan, pouvant atteindre certaines années jusqu'à 10 p. 100.

Tout en présentant des classiques prémodernes et modernes ainsi que des œuvres étrangères contemporaines, le Globe commence dans les années 1970 à offrir une ou deux pièces canadiennes par saison. En 1975, il embauche Rex DEVERELL comme dramaturge résident, affirmant ainsi sa volonté de créer des pièces qui s'inspirent de la vie en Saskatchewan. Originaire de l'Ontario, Deverell écrit ses premières pièces pour enfants abordant des thèmes régionaux pour les tournées scolaires du Globe en 1972. En 1977, il inaugure sa première pièce pour adultes, Boiler Room Suite, sur la scène principale du Globe. Une série de pièces collectives et de docudrames écrits par Deverell contribue pour beaucoup à donner au Globe la réputation d'être un théâtre populiste de gauche, désireux de refléter fidèlement l'histoire politique de la Saskatchewan. Parmi ces pièces citons No. 1 Hard (1978), qui traite de la politique agricole du gouvernement fédéral, Medicare! (1980), centrée sur la grève des médecins de 1962, et Black Powder: Estevan, 1931 (1981), qui marque le cinquantième anniversaire de la grève des mineurs d'Estevan. En plus de présenter les pièces de Deverell, le Globe commande et met en scène des œuvres nouvelles de nombreux autres dramaturges, dont Carol BOLT, Rod Langley, Len PETERSON et Ken MITCHELL.

Après le décès de Sue Kramer en 1978, Ken Kramer continue d'occuper le poste de directeur artistique au Globe jusqu'en 1990. Au milieu des années 1980, Brian Way se joint à lui comme directeur associé durant une courte période.

Les années Ferley

En 1990, Kramer cède son poste à Susan Ferley, qui délaisse l'approche populiste, s'oriente davantage vers les spectacles légers à saveur commerciale et consacre moins d'efforts à la création de pièces canadiennes. Toutefois, Ferley commande et met en scène des œuvres de plusieurs écrivains de la Saskatchewan, dont Speak de Greg Nelson, The Great Electrical Revolution de Ken Mitchell et plusieurs pièces de Gail BOWEN. Connue surtout pour ses romans policiers, Bowen adapte pour le Globe des histoires pour enfants et 1919: The Love Letters of George and Adelaide, une nouvelle écrite en collaboration avec Ron Marken et mettant en scène des soldats de la Saskatchewan au retour de la Première Guerre mondiale. Intitulée Dancing in Poppies, l'adaptation est présentée pour la première fois en 1993 et reprise en 1994 pour le prince Edward, commanditaire royal du Globe depuis 1992.

En raison des modifications des programmes de financement provinciaux, Ferley s'efforce de conserver la popularité du programme de tournées. Pourtant si l'on compare la taille du théâtre et la densité de la population qu'il dessert comparativement à d'autres théâtres, le programme demeure ambitieux. Des tournées sont organisées seulement une fois tous les deux ans et sont présentées sur des circuits moins longs qui, en 1995-1996, consistent en 77 représentations données dans 57 communautés pendant neuf semaines.

Les années Smillie

Lorque Ruth Smillie remplace Ferley en 1998, elle met fin aux activités de la troupe itinérante, mais conserve une programmation similaire sur la scène principale tout en apportant des changements de taille. Smillie débloque des fonds plus importants pour la scène et les costumes et redéfinit le répertoire de théâtre en forme de cercle pour y inclure des œuvres à plus grand déploiement, particulièrement les spectacles famille pour la période des Fêtes. Les productions de Peter Pan, Anne of Green Gables, A Christmas Carol, The Hobbit, Wizard of Oz, Honk, Beauty and the Beast et Cinderella influencent les ventes de billets de façon importante. En 2009, par exemple, la pièce Peter Pan présentée pendant sept semaines compte pour 20 000 des 57 000 billets vendus au cours de la saison.

Avec son slogan promotionnel « Live is Better » (en vrai, c'est mieux), les dépenses et les coûts administratifs ainsi que les revenus augmentent, faisant passer le budget de fonctionnement du Globe de 1,2 million de dollars en 1998 à environ 3,2 millions de dollars à l'exercice 2009-2010. Au cours de cette saison, la scène principale tourne à 90 p. 100 de sa capacité de production et le nombre de spectateurs accueillis dans ses deux salles est de 60 000, soit deux fois plus qu'à sa saison 1998-1999.

Bien que ces résultats soient remarquables à une époque où d'autres théâtres ont du mal à rester à flot, la croissance du Globe apporte également de nouveaux défis. Dans le rapport annuel de 2006-2007, Smillie explique : « Plus l'organisation se développait, plus il était difficile de trouver un équilibre de notre programmation pour mettre en valeur les trois grandes missions du Globe, soit divertir, sensibiliser et stimuler le public tout en s'assurant que les pièces génèrent des recettes suffisantes pour continuer sur la voie du succès ».

Dans les six œuvres de sa programmation saisonnière présentées sur la scène principale, Smillie inclut généralement trois pièces canadiennes qui sont d'abord d'auteurs de la Saskatchewan, entre autres Floyd Favel, Eugene Stickland, Connie GAULT, Ken Mitchell et James O'Shea. Cependant, les plaintes de spectateurs concernant le dialogue et le contenu de ses œuvres plus modernes poussent probablement Smillie à délaisser, pour la scène principale, les œuvres essentiellement littéraires pour privilégier les œuvres de performance pluridisciplinaire de la série Sandbox, en particulier celles issues d'un travail d'équipe. Lancé par Ferley, le second espace scénique Templeton Studio accueille improvisateurs, danseurs, troupes de masques, clowns, marionnettistes, cinéastes et photographes locaux.

Deux œuvres issues de cet espace se démarquent : Velvet Devil d'Andrea Menard et Governor of the Dew de Floyd Favel jouées au CENTRE NATIONAL DES ARTS en 2002 et présentées à l'occasion de la visite au Globe de son Altesse Royale le prince Edward en 2003. Les projets Fusion, qui sont extrêmement populaires (des performances collectives de jeunes adultes), sont lancés par Joey Tremblay dans le cadre de la série Sandbox. Ils mènent à une commande de véritables pièces écrite par Tremblay pour la scène principale. Par exemple, la pièce The Alice Nocturne, née du projet Fusion à la saison 2007-2008, est présentée sur la scène principale l'année suivante. Tremblay reçoit d'autres commandes pour la scène principale, entre autres une adaptation musicale George Dandin de Molière et une version intégrale d'Elephant Wake, d'abord présentée au Globe dans sa version « fringe » en 1997. La version intégrale du Globe est présentée partout au Canada, notamment aux olympiades culturelles de Vancouver, à Québec et au Centre national des arts à la saison 2009-2010.

Le développement du Globe pendant le mandat de Smillie se fait dans un contexte de mesures stratégiques qui, comme il en est fait mention dans le rapport annuel de l'exercice 2009-2010, ont pour but d'atteindre « les normes artistiques et d'affaires les plus élevées » en utilisant un « modèle de commercialisation du théâtre en direct » fondé sur « de meilleures pratiques d'affaires ». Pendant cette période, une école de théâtre est mise sur pied en partie pour diversifier les sources de revenus du théâtre.

On organise un sommet sur l'enseignement théâtral regroupant des praticiens et des enseignants renommés de partout au pays pour préparer l'ouverture en 2006 du Globe Theatre School, qui offre toute l'année des programmes aux enfants d'âge scolaire et aux jeunes adultes. L'école se développe peu à peu, puis le programme de formation et d'ateliers théâtraux Globe on the Road est lancé. Cette initiative permet de rejoindre des jeunes à l'extérieur de Régina, de mettre sur pied un programme de placement professionnel pour les étudiants du département de théâtre de l'Université de Régina et le programme de formation Actor Conservatory Training Program, qui fournit une production pour la scène principale au début de la saison, constitue un tremplin pour les élèves diplômés des programmes de formation professionnelle et permet plus généralement à l'école d'offrir des emplois aux enseignants et aux formateurs professionnels de la région. Bien que l'école de théâtre ne réussisse pas à générer des revenus contrebalançant ses dépenses, elle lance une campagne de « dons importants » pour amasser 500 000 $ et ainsi améliorer sa situation financière.

Pour assurer le maintien de sa croissance et de son développement, on entreprend une série de travaux de rénovations de l'édifice Prince Edward. Totalisant 1,5 million de dollars, ce projet prévoyant l'aménagement du Templeton Studio est complété en octobre 1999, mais d'autres rénovations totalisant 1,65 million de dollars doivent être entreprises en 2005-2006 pour agrandir la salle de répétition, des studios de l'école et les bureaux administratifs. Toutefois, la configuration unique de son théâtre principal en forme de cercle demeure pratiquement inchangée.