Histoire des pow-wow | l'Encyclopédie Canadienne

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Histoire des pow-wow

Bien que l’origine exacte du pow-wow demeure inconnue, ces célébrations sont adoptées et adaptées par diverses communautés autochtones en Amérique du Nord tout au long du XXe siècle.

Il existe plusieurs courants de pensée quant à l’origine des pow-wow. Certains attribuent aux Poncas la tenue du premier pow-wow intertribal au début des années 1800. D’autres avancent que les Premières Nations des Plaines du Nord créent les danses exécutées lors d’un pow-wow au cours du XIXe siècle. Bien que l’origine exacte du pow-wow demeure inconnue, ces célébrations sont adoptées et adaptées par diverses communautés autochtones en Amérique du Nord tout au long du XXe siècle. Aujourd’hui, les pow-wow servent d’échanges culturels qui ont lieu dans le cadre de cérémonies curatives, ainsi que de célébrations de la danse, la musique, la nourriture et l’art autochtones.

Étymologie

Le mot « pow-wow » provient très probablement de l’anglicisation de pau wau ou pa wa, de la famille linguistique algonquienne du sud-est du Canada et du nord-est des États-Unis.Les spécialistes croient pour la plupart que « pow-wow » est dérivé des mots pau wau, en langue narragansett, qui signifient « il ou elle rêve » en français, faisant référence originalement aux guérisseurs dans les tribus de l’Est, qui interprètent souvent les rêves parmi leurs rôles au sein la communauté (voir Chaman). D’autres avancent que« pow-wow » vient du mot pawnee pa wa, signifiant « manger », ce qui pourrait faire référence à un grand rassemblement de personnes qui célèbrent ou commémorent un événement.

Pendant les années 1800, les guérisseurs d’origine européenne s’approprient le terme « pow-wow ». Alors qu’ils voyagent à travers l’Amérique du Nord et vendent leurs remèdes à base de plantes, ces guérisseurs présentent des styles de danse autochtone en tandem avec la guérison traditionnelle. Selon l’ethnomusicologue Tara Browner, c’est ainsi que les pow-wow deviennent associés à la « danse indienne ». Depuis, les Premières Nations de l’Amérique du Nord se sont réapproprié ce mot pour faire allusion à un événement essentiellement laïque qui comprend des chants et des danses intertribaux (voir Musique de pow-wow; Danses de pow-wow).

Évolution du pow-wow

Avec l’introduction des réserves dans les années 1830, les Premières Nations au Canada et aux États-Unis tentent de résister à l’assimilation culturelle en maintenant leurs liens aux traditions autochtones à travers la danse et la musique. Les réserves créent un environnement au sein duquel les chants et danses intertribaux laïques évoluent rapidement. La musique et la danse traditionnelles des peuples autochtones des Grandes Plaines – comme le wacipi des Lakota et niimiwin des Anishinaabe – deviennent des modèles de ces adaptations. Les nouveaux styles de chant et de danse développés dans les régions des Grandes Plaines et des Grands Lacs demeurent aujourd’hui populaires dans les Prairies canadiennes (Alberta, Saskatchewan et Manitoba) et au nord des États-Unis, principalement aux Dakotas du Nord et du Sud.

Lois prohibitives

À la fin des années 1800 et au début des années 1900, les gouvernements canadien et américain interdisent différentes cérémonies autochtones traditionnelles, y compris les pow-wow. Au Canada, la Loi sur les Indiens de 1876 freine la célébration des pow-wow en limitant le droit des peuples autochtones de mener des cérémonies culturelles et spirituelles et de porter des tenues traditionnelles. Des modifications ultérieures à la Loi sur les Indiens en 1884, 1895 et 1914 ne font que confirmer l’interdiction de différentes cérémonies autochtones. Parallèlement à l’adoption de cette loi prohibitive au Canada, des lois semblables interdisant la danse dans les réserves entrent en vigueur aux États-Unis, notamment une ordonnance de 1921 qualifiant la danse et les cérémonies d’« infractions indiennes ».

Au Canada, les Premières Nations protestent contre la Loi sur les Indiens en organisant des forums politiques et en déposant une requête officielle à Ottawa et devant les tribunaux canadiens afin de rétablir le droit aux pratiques spirituelles. Certaines Premières Nations tentent également d’adapter leurs cérémonies pour les rendre moins « menaçantes » pour le gouvernement fédéral. Certaines communautés réduisent ainsi la durée des pow-wow, tandis que d’autres décident de ne pas consommer d’aliments sacrificiels ou de donner de cadeaux au cours de leurs festivals.

Peyasiw-awasis, le chef des Cris des Plaines (également connu sous le nom de Kapitikow ou Thunderchild), ainsi que divers anciens des territoires des Traités nos 6 et 4, font valoir que le droit aux danses, musiques et festivals traditionnels est entériné dans leurs traités. Après avoir entendu leurs requêtes, le gouvernement fédéral décide en 1911 de clarifier l’article 114 de la Loi sur les Indiens, permettant ainsi à un plus grand nombre de Premières Nations de ces territoires de célébrer ouvertement les pow-wow. Cependant, la Loi sur les Indiens de 1914 interdit toujours les pow-wow et d’autres cérémonies culturelles dans certaines régions du Canada.

Malgré les restrictions imposées par les gouvernements, les Premières Nations au Canada et aux États-Unis continuent à tenir en catimini des pow-wow et autres cérémonies culturelles et spirituelles. Au Canada, certains agents indiens choisissent de fermer les yeux lors de festivals, tant qu’ils n’attirent pas l’attention à l’extérieur des réserves. Les Premières Nations Standing Buffalo Dakota et Thunderchild de Saskatchewan continuent de tenir des pow-wow pendant 75 ans malgré les restrictions. Aujourd’hui, certains organisateurs de pow-wow continuent à rendre hommage à ces deux nations. La persistance des danses de pow-wow et des cérémonies autochtones tout au long de cette période démontre la force et la capacité de survie et d’adaptation des Premières Nations.

Période de renaissance

Après la Deuxième Guerre mondiale, de nombreux anciens combattants autochtones revenant au pays exigent la liberté de religion et le droit de pratiquer les cérémonies traditionnelles. Tout au long des années 1940, les communautés autochtones se font également entendre davantage au sujet de leur marginalisation au sein de la société. De 1946 à 1948, le Parlement met sur pied un comité spécial formé de sénateurs et de députés afin d’étudier divers rapports sur la vie dans les Premières Nations. Bien que le comité recommande de poursuivre une politique d’assimilation pour les peuples autochtones, il suggère également de réduire l’oppression manifeste contenue dans la Loi sur les Indiens. En conséquence, une nouvelle modification à la loi adoptée en 1951 permet aux Premières Nations de continuer leurs cérémonies traditionnelles, y compris les pow-wow, sans interférence de la part d’agents fédéraux.

Cependant, certains peuples autochtones font valoir que la modification est insuffisante et arrive trop tard. Dans les années 1950, après de longues années de politiques et institutions assimilationnistes, prenant notamment la forme de pensionnats indiens, les cérémonies et rituels des Premières Nations sont considérablement restreints. Certains enfants des Premières Nations ont honte de participer à des pow-wow, alors que certains anciens sont trop effrayés, craignant encore des représailles du gouvernement fédéral. De nombreuses traditions et cérémonies sont ainsi perdues ou altérées. Néanmoins, les pow-wow survivent et retrouvent leur élan dans les décennies suivantes. À la lumière des mouvements des droits des Autochtones et des efforts visant à renforcer la culture autochtone dans les années 1960, la tradition des pow-wow connaît un regain.

En effet, au cours des années 1960, les pow-wow deviennent des événements très populaires au sein des réserves pendant l’été. Certaines Premières Nations moins bien nanties peuvent compter sur l’aide de la communauté autochtone dans son ensemble, et dans certains cas, obtiennent même de l’assistance de personnes non autochtones afin d’accueillir des pow-wow à l’extérieur des réserves. Les échanges interculturels qui ont lieu lors des pow-wow permettent aux personnes de différentes origines ethniques et autochtones de se rassembler dans le cadre d’une cérémonie où les chants et la danse sont à l’avant-scène. Ainsi naît le pow-wow moderne.

Pow-wow contemporains

Les pow-wow contemporains peuvent être soit des événements privés où seuls les membres d’une communauté donnée des Premières Nations sont invités, soit des rassemblements publics où toutes et tous sont accueillis.

On peut définir les pow-wow comme étant traditionnels ou compétitifs. Les pow-wow traditionnels se tiennent dans les communautés locales, sans compétitions de danse ou de tambour de groupe. Les pow-wow compétitifs, eux, prévoient différentes catégories de danses pour les femmes, les hommes et les enfants. Les danseurs qui obtiennent les meilleurs résultats dans leur catégorie reçoivent des récompenses ou des prix en argent (voir Danses de pow-wow).

Les pow-wow modernes offrent également aux vendeurs de nourriture, d’objets d’artisanat et de vêtements l’occasion de vendre et de faire connaître leurs produits à la communauté. Plusieurs artisans, danseurs, musiciens et chanteurs professionnels gagnent leur vie grâce aux pow-wow.

Importance

Des années 1800 jusqu’à aujourd’hui, les pow-wow ont survécu aux politiques et institutions assimilationnistes. Les danseurs et musiciens des pow-wow ont refusé d’abandonner leurs traditions culturelles et ont résisté aux lois coloniales et à la discrimination raciale, qu’ils subissaient à l’intérieur comme à l’extérieur des réserves. Aujourd’hui, les pow-wow sont un lieu où les peuples autochtones et les personnes non autochtones peuvent se rassembler en harmonie pour célébrer et promouvoir une culture aux traditions centenaires.

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