Brise-glace | l'Encyclopédie Canadienne

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Brise-glace

Durant les années 20, les brise-glace sont utilisés pour la première fois dans l'Arctique canadien afin d'approvisionner en biens et services les autochtones et les communautés isolées durant la courte saison estivale.
Brise-glace d
Dans les glaces épaisses de l'Arctique (avec la permission de la Garde côtière canadienne).
Brise-glace
Brise-glace de la Garde côtière canadienne (avec la permission de la Garde côtière canadienne).

Brise-glace

  Le Canada a des brise-glace en service depuis plus de 100 ans. En fait, entre 1876 et 1899, on construit trois petits TRAVERSIERS brise-glace pour respecter l'une des promesses de la Confédération qui garantissait un service de traversier tout au long de l'année entre l'Île-du-Prince-Édouard et le continent. Au tournant du siècle, les premiers véritables brise-glace du Canada, le Champlain et le Montcalm, sont construits pour briser les murs de glace et les embâcles qui causent alors des inondations tous les ans dans les passages les plus étroits du FLEUVE SAINT-LAURENT.

Durant les années 20, les brise-glace sont utilisés pour la première fois dans l'Arctique canadien afin d'approvisionner en biens et services les autochtones et les communautés isolées durant la courte saison estivale. Le Canada s'en sert également pour matérialiser ses revendication de souveraineté sur le PASSAGE DU NORD-OUEST et l'ARCHIPEL ARCTIQUE. Dans les années 30, le port de Churchill est ouvert pour l'expédition de céréales, puis, en 1957, le gouvernement entreprend l'approvisionnement annuel du réseau des postes d'alerte avancée (DEW) dans l'Arctique.

Le Canada exploite 21 des quelque 110 brise-glace qu'on retrouve dans le monde : 19 appartiennent à la GARDE CÔTIÈRE CANADIENNE (GCC), qui relève de Transport Canada, et 2, à des sociétés privées. Une des principales fonctions d'un brise-glace est de briser, séparer ou de faire dévier la glace. Il est utilisé sur les eaux prises par les glaces. Les brise-glace de la GCC ont été conçus et construits en fonction de besoins particuliers au Canada : pour faciliter le transport sur les lacs, en mer et aux embouchures des rivières; pour garder ouverts les canaux composant la VOIE MARITIME DU SAINT-LAURENT; et pour favoriser l'approvisionnement par le gouvernement et les activités de développement économique de l'Arctique. Les brise-glace de la GCC sont ainsi classés : lourds (2 navires), moyens (6) et légers (11). Le brise-glace le plus puissant au Canada, le Louis S. St-Laurent jaugeant 13 500 t de port en lourd (PL), est plus petit que les quatre brise-glace nucléaires russes de 13 300 PL de classe Rossiya en service. Le Canmar Kigoriak (7200 PL), qui appartient à la Canadian Marine Drilling Ltd. et qui est pratiquement inactif aujourd'hui, était utilisé pour escorter dans l'Arctique d'autres unités de marine actives telles que des plates-formes de forage. C'était un navire fondamentalement expérimental, prototype d'un futur brise-glace-citerne gigantesque de 200 000 PL.

Comme les autres pays qui possèdent des brise-glace (Argentine, Finlande, Suède, Japon, Allemagne, États-Unis et Russie), le Canada exploite d'autres types de bâtiments conçus pour naviguer dans les glaces. Ces unités de marine résistantes aux glaces vont du navire de charge expérimental, tel que le M.V. Arctic, au caisson mobile des grandes sociétés privées qui font du forage pétrolier dans la mer de Beaufort.

En général, les brise-glace lourds de la GCC naviguent dans les eaux du Sud en hiver et dans l'Arctique en été. Bien que le Louis S. St-Laurent ait déjà navigué dans la baie d'Hudson en décembre, aucun brise-glace en service au Canada n'est en mesure de pénétrer dans les eaux de l'Arctique durant l'hiver rigoureux qui dure de novembre à mai.

La classification actuelle par numéros arctiques fait partie des Canadian Arctic Shipping Pollution Prevention Regulations, institués en 1970. Par exemple, un brise-glace Arctique 4, catégorie à laquelle appartient le Canmar Kigoriak, peut traverser une couche de glace de 0,91 m (3 pi) d'épaisseur à une vitesse de 3 noeuds en « mode continu ». Ce terme désigne le mouvement régulier du brise-glace qui navigue sans être bloqué par la glace. Un brise-glace Arctique 7 peut maintenir une vitesse de 3 noeuds à travers 7 pi d'épaisseur de glace. Il existe quatre classifications arctiques canadiennes (CAC) pour les brise-glace et tous les autres types de bateaux résistants aux glaces. Un navire CAC 1 est conçu pour une exploitation continue dans une glace de plusieurs années, alors qu'un CAC 4 navigue normalement dans une glace de un an. L'expérience de l'équipage d'un brise-glace est un élément clé pour la navigation dans les glaces.

En juillet et en août 1994, les brise-glace GCC Louis S. St-Laurent et le Polar Sea de la garde côtière américaine transportent dans le bassin arctique et au PÔLE NORD la première expédition scientifique conjointe canado-américaine. L'équipe se compose de 60 scientifiques canadiens et américains qui mènent, dans près de 30 domaines, des recherches visant à mieux comprendre l'Arctique en ce temps de changement global. Celles-ci comprennent, entre autres, les caractéristiques de circulation de l'océan et de la couche de glace ainsi que le rayonnement atmosphérique et l'effet de serre. Contrairement au projet initial de l'expédition, les deux bateaux atteignent le Pôle Nord le 22 août, étant ainsi les premiers bâtiments de surface nord-américains à effectuer ce trajet jusque-là non exploré à partir de l'extrémité ouest de l'océan Arctique.

Les besoins à venir du Canada en brise-glace d'avant-garde ne sont pas aussi importants que ceux de la Russie. La composition de la flotte canadienne de brise-glace est fonction du volume de la demande de ses services en eau gelée. Par exemple, le transport de pétrole et de gaz par voie maritime à partir de l'Arctique nécessiterait une augmentation importante de cette flotte au Canada.