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Groupe des Onze

Le Groupe des onze a été un groupe d’artistes influent, qui a vu le jour à Toronto pendant les années 1950 et qui a aidé à introduire dans les grands courants artistiques au Canada un type de peinture abstraite alors en vogue à New York.
\u00ab Side Show Performer \u00bb
Harold Town, 1950, huile sur masonite (avec la permission du Musée des beaux-arts du Canada).
\u00ab Big A \u00bb
Jack Bush, 1968, polymère acrylique sur toile (avec la permission du Musée des beaux-arts du Canada).

Le Groupe des onze a été un groupe d’artistes influent, qui a vu le jour à Toronto pendant les années 1950 et qui a aidé à introduire dans les grands courants artistiques au Canada un type de peinture abstraite alors en vogue à New York.

Débuts

La création du Groupe des onze remonte à 1953, lorsque des artistes se regroupent dans le but d’exposer des œuvres d’art abstrait à Toronto. Ces peintres sont Jack Bush, Oscar Cahén, Hortense Gordon, Thomas Hodgson, Alexandra Luke, J.W.G. (« Jock ») Macdonald, Ray Mead, Kazuo Nakamura, William Ronald, Harold Townet Walter Yarwood.

Dès la fin des années 1940, les Automatistes de Montréal – parmi lesquels se trouvent les peintres éminents Paul-Émile Borduas et Jean Riopelle – et les expressionnistes abstraits de New York avaient mis au point un nouveau vocabulaire artistique. Toronto, en 1950, est toujours sous l’emprise du Groupe des sept. En 1952, Alexandra Luke organise la première exposition d’art abstrait en Ontario, à laquelle participent neuf membres du futur Groupe des onze.

Le Groupe est réuni une première fois à l’automne 1953 lorsque William Ronald organise l’exposition Abstracts at Home au grand magasin Simpsons de Toronto. Lors d’une session de photographies publicitaires, les sept artistes présents, Jack Bush, Oscar Cahén, Thomas Hodgson, Alexandra Luke, Ray Mead, Kazuo Nakamura et William Ronald, décident de se revoir dans l’atelier d’Alexandra Luke à Oshawa, en Ontario, afin de discuter de leur intérêt commun pour l’art abstrait. Jock Macdonald, Harold Town, Walter Yarwood et Hortense Gordon se joignent au groupe, et Harold Town propose que celui-ci prenne le nom de Groupe des onze. Jack Bush rencontre son gérant pour discuter d'une éventuelle exposition collective que les membres acceptent de financer. En février 1954, la Roberts Gallery de Toronto présente la première exposition du Groupe des onze. Celle-ci attire une grande foule, mais n’aboutit guère à la vente d’œuvres. Des expositions annuelles se tiennent à la galerie Roberts en 1955 et 1956 ainsi qu’à la galerie Park en 1957 et 1958. En 1956, le Groupe des onze obtient une reconnaissance internationale quand il est choisi comme exposant invité pour les American Abstract Artists, un organisme new-yorkais. Des expositions organisées par les galeries régionales et par la Galerie nationale du Canada circulent dans tout le pays de 1957 à 1961.

Dissolution et héritage

Les membres du Groupe des onze n’avancent pas une seule vision de la nature de l’abstraction. Dans une brochure d’exposition rédigée en 1955, le Groupe écrit :

Nous ne vous proposons aucun manifeste de notre époque. Il n’est d’autre jury que le temps. Jusqu’ici, il n’y a guère d’harmonie dans le désaccord marqué. Mais il y a un profond respect pour les conséquences de notre liberté totale.

Bien que Jock Macdonald ait exploré cette forme d'expression artistique dès 1934, la majorité des membres du Groupe (dont plusieurs sont plus jeunes d’une génération) n’en prendront conscience que plus de dix ans plus tard, certains à travers l’enseignement de Macdonald. Leurs sources d’inspiration sont variées : Ray Mead a étudié en Angleterre, Oscar Cahén en Europe, et Alexandra Luke, Hortense Gordon, Jock Macdonald et William Ronald sont allés aux États-Unis pour étudier avec Hans Hofmann, l’éminent peintre et éducateur d’origine allemande. L’école de New York a certes fourni un exemple important au Groupe, mais ses membres mettent au point leur propre vocabulaire et leurs propres formes d'expression.

Au départ, la réaction de la critique torontoise va de la perplexité à l’hostilité, mais, avec le temps, elle devient plus favorable. Robert Fulforddonne un appui considérable au Groupe des onze dans les journaux, et des critiques étrangers, tels sir Herbert Read (de la Grande-Bretagne) et Clement Greenberg (des États-Unis), font l’éloge de leurs travaux. L’exposition de 1958 à la galerie Park est la dernière exposition annuelle du Groupe. Oscar Cahén connaît une fin tragique en 1956, et en 1957, Ray Mead déménage à Montréal et William Ronald quitte le groupe. Les neuf membres restants décident de dissoudre le Groupe des onze en 1960. Ils ont atteint leurs buts, les galeries commerciales et publiques exposent leurs œuvres et ils sont reconnus comme des chefs de file sur la scène artistique canadienne. Le Musée des beaux-arts du Canada, le Musée des beaux-arts de l’Ontario et la galerie Robert McLaughlin d’Oshawa, en Ontario, possèdent une importante collection des œuvres du Groupe des onze.

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