Anthropologie linguistique | l'Encyclopédie Canadienne

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Anthropologie linguistique

Au Canada, la linguistique existe en tant que discipline autonome, représentée par environ 12 programmes indépendants, ainsi que par des recherches linguistiques dans les départements d'anglais, de divers autres domaines de la langue, d'enseignement, de philosophie, de psychologie, de sociologie et d'anthropologie.

Anthropologie linguistique

Au Canada, la linguistique existe en tant que discipline autonome, représentée par environ 12 programmes indépendants, ainsi que par des recherches linguistiques dans les départements d'anglais, de divers autres domaines de la langue, d'enseignement, de philosophie, de psychologie, de sociologie et d'anthropologie. Malgré cette grande diversité dans les disciplines, la linguistique associée à l'anthropologie se concentre particulièrement sur l'étude des langues autochtones de l'Amérique (voir Langues des Autochtones). Dans l'anthropologie de l'Amérique du Nord, la linguistique est traditionnellement reconnue comme une sous-discipline, au même titre que l'anthropologie physique, l'archéologie, l'anthropologie sociale ou culturel (voir l'anthropologie et l'anthropologie appliquée.

Au milieu des années 90, 13 départements d'anthropologie d'universités canadiennes ont au moins un linguiste inscrit sur la liste de leur personnel, et 6 des 11 programmes de doctorats offrent des cours en linguistique.

Étude des langues autochtones

Il existe des précédents historiques au Canada dans l'étude des langues autochtones de l'Amérique. Edward Sapir, linguiste le plus en vue des étudiants de Franz Boas, a travaillé comme directeur de recherche en anthropologie à Ottawa de 1910 à 1925, sous les auspices de la Commission géologique du ministère des Mines. Ce programme est devenu le Service canadien d'ethnologie du Musée Canadien des Civilisations et a conservé les intérêts linguistiques de Sapir.

Pendant qu'il est titulaire, Sapir encourage les recherches détaillées sur des langues en particulier, portant davantage attention à la phonologie (le son) et à la morphologie (la structure des mots). Insatisfait de la description existante, Sapir classe les langues autochtones de l'Amérique du Nord selon un petit nombre de souches, de familles affiliées, comparables dans le temps à l'indo-européen. Au Canada, on parle cinq des six souches de base nord-américaines de la classification de Sapir - l'esquimau-aléoute, le na-déné (dont l'athapascan, le haida et le tlingit), l'algonquien-wakashan, le penutian et le hoka-sioux.

De plus, Sapir a été un pionnier en matière de reconstruction de l'histoire culturelle à partir des indices linguistiques et a démontré, par exemple, que les bandes navajos et apaches du Sud-Ouest des États-Unis venaient de l'Alaska et du Nord-Ouest du Canada. Les consensus récents donnent des résultats plus conservateurs et reconnaissent 11 familles linguistiques au Canada. Dans les trois souches de base, l'esquimau-aléoute reste présent, le haida et le tlingit sont séparés de l'athapascan et le kutenai de l'algonquien. Les trois groupes isolés ne sont pas inclus dans une grande famille. Le salish, le waskashan et l'iroquoien sont des groupes intermédiaires constitués de langues multiples. Celles-ci comprennent les langues qui survivront au XXIe siècle et celles qui sont en voie d'extinction parce qu'elles ne sont parlées couramment que par quelques anciens.

Des études amérindiennes récentes ont continué de s'intéresser à la linguistique descriptive et à la classification des langues. Les linguistes se sont spécialisés dans la méthode et la théorie, même si beaucoup d'entre eux sont restés dans le domaine de l'anthropologie. L'étude traditionnelle de la phonologie et de la morphologie s'est élargie et inclut maintenant la syntaxe (structure de la phrase), la sémantique (le sens) et le discours ou la pragmatique. Certains ethnolinguistes ont modifié leur champ d'études, qui est passé du sens au contexte socioculturel de la langue utilisée dans une culture particulière.

La linguistique appliquée s'intéresse à l'évolution du système d'écriture des langues autochtones, dont certaines se basent sur l'alphabet romain et d'autres sur l'écriture syllabique (des combinaisons de consonnes et de voyelles qui s'assemblent pour construire des mots). Une bonne partie de ce travail a été exécuté en collaboration avec les communautés autochtones du Canada qui désirent préserver leur langue. Le programme de publication du linguiste H.C. Wolfart et de Freda Ahenakew, linguiste qui parle le Cri-des-Plaines, est particulièrement remarquable et offre de la lecture contemporaine rédigée en écriture syllabique Crie, en orthographe romaine et en traduction anglaise.

La linguistique en anthropologie constitue une partie importante de la formation des anthropologues et de leur contribution potentielle aux communautés qu'ils étudient, particulièrement dans l'enseignement des langues autochtones. En même temps, la linguistique anthropologique a conservé ses liens avec la linguistique générale, à laquelle elle contribue par sa compréhension des langues moins familières encore parlées de nos jours par de nombreux autochtones canadiens.