Quilico(t), Louis | l'Encyclopédie Canadienne

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Quilico(t), Louis

En 1954, il fit ses débuts professionnels à la scène dans le rôle de Rangoni (Boris Godounov) avec l'Opera Guild de Montréal. Gagnant des « Metropolitan Opera Auditions of the Air » (1955), il fit cependant ses débuts au New York City Opera le 10 octobre de la même année dans Germont de La Traviata.

Quilico(t), Louis

  Louis Quilico(t). Baryton, professeur (Montréal, 14 janvier 1925, décès le 15 juillet 2000, à Toronto). Doctorat h.c. (Université du Québec) 1987. Né d'un père italien et d'une mère canadienne-française, il fut dans sa jeunesse petit chantre dans la chorale de l'église Saint-Jacques-le-Mineur à Montréal. Il étudia ensuite le chant avec Frank H. Rowe et, en 1947, gagna un prix dans un concours organisé par la Société Saint-Jean-Baptiste. Sur les conseils de la pianiste et répétitrice Lina Pizzolongo (elle devint sa femme en 1949 et s'éteignit en 1991), il poursuivit ses études au conservatoire Santa Cecilia à Rome (1947-48) avec Teresa Pediconi et le célèbre baryton Riccardo Stracciari. De retour à Montréal, il travailla au CMM (1948-52) avec Lina Pizzolongo et Martial Singher, et chanta des rôles de soutien aux Variétés lyriques dans Le Barbier de Séville (1949) et La Traviata (1951). Boursier du Mannes College de New York, il y étudia le chant (1952-55) avec Singher ainsi que la mise en scène avec Ralph Herbert et Désiré Defrère et le répertoire avec Emil Cooper. Il obtint le premier prix aux concours radiophoniques « Nos futures étoiles » et « Singing Stars of Tomorrow » en 1953, puis entreprit une tournée JMC (1953-54) avec la mezzo-soprano Rolande Garnier. Il participa aussi à de nombreuses émissions de télévision à la SRC, telles que « Music-hall », « Serenade for Strings » et « Silhouette ».

En 1954, il fit ses débuts professionnels à la scène dans le rôle de Rangoni (Boris Godounov) avec l'Opera Guild de Montréal. Gagnant des « Metropolitan Opera Auditions of the Air » (1955), il fit cependant ses débuts au New York City Opera le 10 octobre de la même année dans Germont de La Traviata. En 1957, il tint le rôle titre de Wozzeck quand L'Heure du concert en présenta des extraits à la télévision de la SRC et il chanta Masetto de Don Giovanni pour les Festivals de Montréal. L'année suivante, il chanta en première nord-américaine Symboli Chrestiani de Nicolas Nabokov avec l'OSM. Au Festival de Spolète, Italie, il incarna le rôle titre de Il Duca d'Alba de Donizetti (1959). Dans le numéro de septembre 1959 d'Opera, Andrew Porter évoqua ainsi la prestation de Quilico  : « ... sa voix rappelant quelque peu Gobbi par la richesse de sa couleur... ». Boursier du CAC (1960), il débuta aux côtés de Joan Sutherland dans La Traviata (Germont) à Londres, à Covent Garden où il chanta de 1960 à 1963. Il interpréta le rôle de Rigoletto lors de ses débuts au théâtre Bolchoï de Moscou en 1962. Quilico se fit entendre pour la première fois à l'Opéra de Paris dans Rodrigo de Don Carlos (1963) et, la même année, participa à la création mondiale de l'oratorio Pacem in terris de Darius Milhaud avec Charles Munch, à l'inauguration du grand auditorium de l'ORTF. Il fut aussi de la distribution lors de la création de l'opéra La Mère coupable du même compositeur, à Genève en 1966.

Au Canada, Louis Quilico se produisit deux fois au Le Festival de Stratford,(Ont), d'abord en récital comme soliste en 1967 puis dans des airs et duos avec Lois Marshall en 1970. Il présenta de nombreux récitals à l'Expo 67 et chanta dans Otello (Iago) aux côtés de Jon Vickers et Teresa Stratas dans la présentation spectaculaire de cet opéra à la PDA par l'OSM, au Festival mondial. À Massey Hall (17 mai 1967), avec Marilyn Horne et Ernst Haefliger, il interpréta Créon de Oedipus Rex avec le TS dirigé par Robert Craft en présence du compositeur. La même année, il chanta le Messiah avec le Choeur Mendelssohn de Toronto et interpréta le rôle titre de Rigoletto avec le Vancouver Opera. En janvier 1968, on le remarqua dans la version de concert d' Alzira de Verdi au Carnegie Hall avec l'American Opera Society.

Invité régulièrement depuis les années 1960 à l'Opéra de Vienne, au Teatro Colón de Buenos Aires, au Teatro Massimo de Palerme, à l'Opéra de Rome et à l'Opéra de Paris, il s'est produit fréquemment avec la COC dans Otello (Iago, 1960), Rigoletto (Rôle titre, 1962, 1969, 1973, 1978), La Traviata (Germont, 1966, 1970), Macbeth (rôle titre, 1966, 1971), Aïda (Amonasro, 1968), Tosca (Scarpia, 1968, 1972), Lucia di Lammermoor (Enrico Ashton, 1971), Il Tabarro (Michele, 1975) et Simon Boccanegra de Verdi (rôle titre, 1979), ainsi qu'à l'Opéra du Québec dans Samson et Dalila (Grand-Prêtre, 1971), La Traviata (Germont, 1972), I Pagliacci (Tonio, 1973) et Falstaff (rôle titre, 1974). Il chanta dans Tosca (Scarpia) au théâtre Bolchoï, de même qu'à Leningrad, Bucarest et Budapest (1969). En février 1972, il remplaça au pied levé Thomas Stewart, le titulaire du rôle de Golaud de Pelléas et Mélisande au Metropolitan Opera et, le 1 janvier 1973, il y débuta officiellement dans La Traviata (Germont), jouant notamment par la suite dans Rigoletto, Les Troyens (Choroebus) et Aïda (Amonasro). Il chanta aussi Macbeth à la télévision de la SRC (1973). Durant la saison 1974-75, il se produisit entre autres à Covent Garden (La Traviata), San Francisco (Luisa Miller), Hartford (La Forza del Destino), à la Nouvelle-Orléans (Il Tabarro et I Pagliacci) et à Baltimore (Tosca). Dans le cadre du Festival Ottawa au CNA, il interpréta Germont de La Traviata (1978) et Pandolphe dans Cendrillon de Massenet (1979). En 1979, il fut également la vedette d'une émission télévisée de la SRC, Portrait de Louis Quilico. Avec la COC et le Metropolitan Opera, il participa à des représentations aux côtés de son fils Gino, notamment dans Don Giovanni, Manon, Le Barbier de Séville, Simon Boccanegra et Falstaff. Leur prestation dans Don Giovanni (1987) est d'autant plus remarquable qu'il s'agit de la première fois qu'un père et son fils se produisent ensemble au Metropolitan Opera.

Louis Quilico fut également très actif dans le domaine de l'enseignement. Il enseigna à la Faculté de Musique de l'Université de Toronto de 1970 à 1987, puis à l'Université McGill de 1987 à 1990; au Conservatoire royal de musique; et enfin à la Philadelphia Academy of Vocal Arts de 1995 à 2000. Peter Barcza, John Dodington, Avo Kittask, Roelof Oostwoud, Janis Orenstein, Gino Quilico et Gary Relyea sont au nombre de ses élèves.

Suite à un concert donné au Forum de Montréal avec l'OSM, Gilles Potvin écrivait : "Totalement détendu et dans une forme remarquable, L. Quilico a dominé le concert par de vibrantes interprétations de deux pages de Verdi, la grande scène de la mort de Rodrigo de Don Carlo ... et le sombre Eri tu de Un ballo in maschera ... Par sa puissance, son timbre onctueux, l'égalité des registres, la voix de Quilico ne cesse d'émerveiller et de ravir... Voilà un artiste au sommet de sa carrière, dont le nom est déjà inscrit en grosses lettres dans l'histoire lyrique du Québec depuis un siècle (Le Devoir, Montréal, 22 janvier 1976)." En novembre 1991, il reprenait le rôle titre de Rigoletto à l'Opéra de Montréal. Deux mois plus tôt, il avait triomphé dans le rôle de Tony dans une nouvelle production du drame lyrique The Most Happy Fella, présentée par le New York City Opera au Lincoln Center.

Le 30 novembre 1993, à Toronto, Louis Quilico épousa la pianiste Christina Petrowska et entama une nouvelle phase de sa carrière. Le couple présenta ensemble des arias et des mélodies dans le cadre de récitals, de concerts-bénéfice, de cours de maître, d'émissions et d'enregistrements. L.Quilico continua en parallèle sa carrière de soliste opératique, chantant le rôle titre de Rigoletto pour la dernière fois en Ottawa en septembre 1994, avec Opera Lyra (ce fut sa 510e prestation dans ce rôle). Il se produisit souvent en récital; son répertoire comprenait notamment les Chants d'un compagnon errant de Mahler, qu'il interpréta au Boris Brott Summer Music Festival de Toronto en 1993.

L.Quilico se produisit au Metropolitan Opera à maintes reprises durant les années 1990, notamment dans I Pagliacci, Rigoletto (1991-1992), Tosca (1994-1995) ainsi que d'autres opéras. Il fêta sa 25e année au Metropolitan Opera en 1996-1997 et en prit sa retraite en 1998. La sortie du CD Mr. Rigoletto : Ma vie en musique (Analekta) marqua le 75e anniversaire du baryton.

Titulaire du Prix de musique Calixa-Lavallée 1965, Louis Quilico fut nommé compagnon de l'Ordre du Canada en 1974 et reçut la médaille du conseil canadien de la musique en 1985. La municipalité de Saint-Léonard (Montréal) a nommé une rue en son honneur. En 1996, la ville de Sarasota, en Floride, lui offrit les clés de la cité. En 1999, il fut titulaire d'un Prix du Gouverneur général pour les arts de la scène, reçut une statuette en bronze (Spirit of Song Bronze sculpture) et fut l'invité d'honneur d'une manifestation organisée par l'International Resource Centre for Performing Artists. Il se produisit sur la scène pour la dernière fois le 15 avril 2000 à un concert du Centro Culturale Italiano del Quebec, à St-Léonard, au Québec. Ses archives ont été déposées à la Bibliothèque nationale du Canada.

Au cours de sa carrière, qui dura plus de 45 ans, Louis Quilico tint au moins 80 rôles. Le surnom de « Mr. Rigoletto » lui fut donné non seulement parce qu'il l'incarna si souvent, mais surtout en hommage à la grande qualité de son interprétation de ce rôle et d'autres rôles dans les oeuvres de Verdi. Dans la deuxième édition du dictionnaire de la musique New Grove, Ezra Schabas dit de Quilico qu'il a « une voix dramatique claire et retentissante, qui convient particulièrement bien [aux oeuvres de] Verdi. » Urdo Kareda le décrivit tout simplement comme le « plus grand chanteur de Verdi » que le Canada ait connu (OpCan hiver 2001).

Voir aussi : Lina Quilico (première épouse), Christina Petrowska-Quilico (deuxième épouse) et Gino Quilico (fils).