Murdoch Mysteries (Les Enquêtes de Murdoch) | l'Encyclopédie Canadienne

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Murdoch Mysteries (Les Enquêtes de Murdoch)

Murdoch Mysteries est une série télévisée centrée sur William Murdoch, un détective fictif de l’ère victorienne en avance sur son temps qui emploie la technologie et les méthodes médicolégales pour résoudre les crimes les plus complexes de la ville de Toronto. Souvent décrite comme l’équivalent victorien de CSI (v.f. Les Experts), la prolifique série policière mêle l’humour, le suspense, la science-fiction, l’histoire et les valeurs des productions d’époque. Basée sur la populaire série de romans à énigmes écrite par Maureen Jennings, l’émission a gagné l’affection de nombreux adeptes dès ses débuts en 2008, sur les ondes de City TV. Elle a attiré un public beaucoup plus large en 2013, lorsqu’elle a été reprise par la CBC. L’émission, qui figure au palmarès des séries télévisées de fiction canadiennes les mieux cotées de 2016 à 2018, a remporté le prix Écran d’or en 2017, 2018 et 2020. Diffusée dans plus d’une centaine de pays, elle rassemble des millions de téléspectateurs.

Yannick Bisson au BBQ du Canadian Film Centre, le 9 septembre 2012.

Synopsis

À Toronto, en 1895, le détective William Murdoch (Yannick Bisson), de la station de gendarmerie no 4 de Toronto, met à profit les plus récentes techniques scientifiques, comme l’analyse d’empreintes digitales ou la balistique, afin de résoudre les meurtres les plus complexes de la ville. William Murdoch et ses collègues, soit son patron sceptique, l’inspecteur Brackenreid (Thomas Craig), la médecin légiste (sa future épouse), Dre Julia Ogden (Hélène Joy), son bras droit naïf, George Crabtree (Johnny Harris), la pathologiste, Dre Emily Grace (Georgina Reilly) et l’assistante de la Dre Ogden, Rebecca James (Mouna Traoré), résolvent des crimes en se servant des découvertes scientifiques du tournant du 20e siècle.

La série présente des costumes et des décors historiquement conformes, ainsi que des intrigues inspirées de faits vécus. Elle propose également une perspective moderne, comme l’égalité raciale ou les droits de la femme. (Voir aussi Mouvements de femmes au Canada.) La série met en scène un bon nombre de figures historiques romancées, comme Nikola Tesla, Alexander Graham Bell, sir Arthur Conan Doyle, sir Winston Churchill et sir Wilfrid Laurier. L’émission met également au premier plan les avancées scientifiques et sociales de l’ère victorienne, comme le courant électrique alternatif, le téléphone et le droit de vote des femmes. Chaque épisode est basé sur un mystère à résoudre. L’émission emploie également des éléments comiques, fantastiques, romantiques et d’aventures.

L'acteur Yannick Bisson (à gauche) et la productrice Christina Jennings de Shaftesbury Films, le 8 février 2012.

Production

Le personnage de William Murdoch est inspiré d’un vrai détective de Toronto du nom de John Wilson Murray. Wilson Murray est devenu le premier « détective du gouvernement » à plein temps de la ville en 1875. À l’époque, ce dernier employait des techniques comme l’analyse d’empreintes digitales (alors appelées « dermatoglyphes ») et des échantillons sanguins pour résoudre les affaires qui lui étaient proposées. Ses enquêtes l’ont fait voyager de part et d’autre de l’Ontario, ainsi que dans certaines régions d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud.

En 2004 et 2005, Except the Dying (1997), Under the Dragon’s Tail (1998) et Poor Tom is Cold (2002), trois romans de Maureen Jennings, sont adaptés par la maison de production torontoise Shaftesbury Films en trois téléfilms diffusés sur City TV. Tournés à Winnipeg, les films mettent en vedette Peter Outerbridge dans le rôle du détective William Murdoch. Ils dressent un portrait sombre et brut du crime à Toronto durant l’ère victorienne, soulignant le contraste entre la société digne et guindée et la misère de ses bas-fonds. C’est la productrice Christina Jennings (qui n’a aucun lien de parenté avec l’auteure) qui voit le potentiel de l’histoire et des personnages dans le cadre d’une série télévisée. En 2007, Shaftesbury entame donc la production de Murdoch Mysteries pour City TV. Peter Outerbridge ayant entre-temps décroché le rôle principal de la série de science-fiction ReGenesis, c’est Yannick Bisson qui hérite de celui de William Murdoch.

Chaque épisode est inspiré, à divers degrés, de faits vécus. Les scénaristes de la série effectuent des recherches pour voir ce qui s’est passé dans le monde pour chaque année où se situe l’histoire de la série. Ils recherchent les découvertes scientifiques et les événements majeurs qui peuvent contextualiser le synopsis. Ils s’inspirent également de crimes réels. Les intrigues couvrent toute la gamme des faits, des plus fantaisistes aux intrigues politiques et commerciales en passant par les martiens et les zombies, mais toujours en demeurant dans le contexte de l’ère victorienne. Puisqu’il ne reste plus suffisamment d’architecture victorienne à Toronto pour les besoins de la production, beaucoup de scènes sont filmées à Hamilton, à Cambridge ou à Guelph. Des images générées par ordinateur (CGI) servent aussi à recréer de manière réaliste le Toronto de l’ère victorienne.

Historique de diffusion et cotes d’écoute de la série

La première de Murdoch Mysteries est diffusée le 24 janvier 2008 sur City TV. Elle est également présentée au Royaume-Uni sur Alibi, une chaîne consacrée aux séries policières. Des diffuseurs de la Finlande, de la France, de la Chine et d’autres pays s’intéressent à la série les uns après les autres. En plus de son succès grandissant sur le marché international, la série attire de plus en plus de téléspectateurs dévoués au Canada. Même si la série change constamment de créneau horaire, elle rejoint en moyenne 500 000 spectateurs par épisode lorsqu’elle atteint sa 4e saison.

Alors que la cinquième saison est en production, City TV annonce toutefois qu’il s’agira de la dernière saison de la série. Claire Freeland, directrice du contenu original et du développement chez Rogers Media, déclare alors : « De notre point de vue, cela fait partie du cycle normal de la télévision… [Nous] sommes à la recherche de la prochaine émission qui nous donnera cinq belles années. »

En l’espace de deux mois, la CBC décide de reprendre la diffusion de la série, toujours produite par Shaftesbury Films. Selon Trevor Walton, directeur général du contenu scénarisé et commandé de la CBC, « Il s’agit d’une excellente émission dramatique canadienne, et le public est au rendez-vous depuis de nombreuses saisons. Lorsque nous avons entendu dire que la série serait probablement interrompue, nous avons eu très envie de l’intégrer au programme de la CBC, auquel elle semblait être l’ajout idéal. » C’est également en 2013 que la série commence à être diffusée aux États-Unis sur la chaîne artistique Ovation, sous le titre The Artful Detective. À cette époque, Murdoch Mysteries est diffusée dans près de 110 pays et territoires.

Murdoch Mysteries obtient un immense succès sur la CBC. Il s’agit de l’émission la mieux cotée après le hockey. (Voir aussi La Soirée du hockey.) En 2015, son public augmente pour atteindre un peu moins de 900 000 spectateurs par épisode, et est officiellement, en 2016, la série télévisée de fiction la mieux cotée au Canada, avec une moyenne de 1,3 million de téléspectateurs. La série est également la plus populaire de la chaîne Alibi, au Royaume-Uni, et attire 3,5 millions de spectateurs en France. Elle semble toutefois moins appréciée du public des États-Unis.

Accueil de la critique et exposition pour les adeptes

La série reçoit des critiques mitigées. John Doyle, du Globe and Mail, écrit que l’émission « est un divertissement charmant, à la fois satisfaisant et peu exigeant, qui pourtant n’a clairement pas été conçue pour un public futile ». Ed Conroy, de BlogTO, décrit la série comme « une émission policière énergique au style semblable à Downton Abbey, mais à la manière de CSI mêlée à Doctor Who, avec une pincée de MacGyver pour faire bonne mesure ». Vinay Menon, du Toronto Star, n’est convaincu ni de l’exactitude historique de l’émission ni de la crédibilité des méthodes de William Murdoch. « Résoudre un meurtre ? écrit-il. Je ne suis pas sûr que le détective Murdoch soit en mesure de terminer un mot croisé. » Il poursuit en affirmant que le véritable mystère de la série, c’est : « Comment ne pas regarder l’émission sans invectiver son téléviseur ? »

La série s’attire néanmoins une base d’admirateurs fidèles. Elle compte plus de 140 000 mentions « J’aime » sur Facebook et plus de 34 000 abonnés sur Twitter. En 2012, des adeptes de la série inaugurent l’exposition Murdoch Mysteries Experience Fan Expo, destinée aux membres de la Murdoch Mysteries Appreciation Society. Quarante-six personnes y prennent part. En 2015, ce sont 250 adeptes de toutes origines qui se déplacent pour venir voir l’exposition, et 2 500 autres participent à un événement d’une durée de deux jours, comprenant entre autres une visite guidée des plateaux de tournage et une séance de rencontre avec les acteurs de la série.

Apparitions de célébrités et épisodes spéciaux

Plusieurs invités de marque apparaissent dans la série, parmi lesquels on trouve le premier ministre Stephen Harper, Victor Garber, William Shatner, ainsi que Brendan Coyle et Samantha Bond de l’émission Downton Abbey. Bien que l’histoire se déroule surtout à Toronto, il arrive qu’elle se déplace à travers le pays. Le premier épisode de la cinquième saison est filmé à Dawson, sous le thème de la ruée vers l’or. Afin de profiter de subventions de l’Ouest canadien, la série comprend un épisode dans lequel William Murdoch résout un meurtre à Drumheller, en Alberta. L’un des épisodes de la série est tourné sur l’un des derniers navires à vapeur édouardiens fonctionnels, le SS Keewatin, et des images générées par ordinateur sont utilisées pour donner l’impression qu’il « navigue » sur le lac Ontario. La série se déplace ensuite sur la côte est, à Terre-Neuve-et-Labrador, pour un épisode croisé avec la série de la CBC Republic of Doyle. Murdoch Mysteries voyage aussi à l’échelle internationale, notamment pour un épisode se déroulant à Bristol, en Angleterre.

Tandis que la série gagne en popularité, ses producteurs cherchent de nouveaux moyens de faire vivre aux adeptes des expériences d’immersion. En 2016, Murdoch Mysteries s’associe à Secret City Adventures pour créer un jeu d’évasion sur le thème de Murdoch à la George Brown House de Toronto. Shaftesbury produit également des jeux d’enquête en ligne inspirés de la série, comme The Infernal Device. Ces deux expériences utilisent à la fois des clips vidéo et du jeu en direct pour permettre aux adeptes de se mettre dans la peau d’un détective et d’aider l’équipe de William Murdoch à résoudre une affaire.

Legs

Murdoch Mysteries prouve qu’une variante à saveur nationale d’une formule à succès peut s’avérer une réussite, tant au pays qu’à l’échelle internationale. En 13 saisons, la série compte 25 nominations aux prix Gemini, 26 nominations aux prix Écrans canadiens et 12 nominations aux prix de la Guilde canadienne des réalisateurs. En raison de son impact national et international, attirant des millions de téléspectateurs dans plus d’une centaine de pays, Murdoch Mysteries figure parmi les 50 séries les plus influentes selon la société de recherche suisse The Wit.

Dans un effort croissant pour augmenter la place des femmes derrière les caméras, la CBC annonce qu’elle s’engage à confier à plus de réalisatrices la production de Murdoch Mysteries et d’autres séries télévisées. À partir de 2016, la moitié ou plus des réalisateurs de la série sont des femmes, ou des femmes réalisent la moitié ou plus des épisodes. En novembre 2017, la CBC commence la diffusion de Frankie Drake Mysteries, une série policière centrée sur des femmes, suivant le style de Murdoch Mysteries. L’émission est produite par Shaftesbury et se déroule à Toronto dans les années 1920.

Prix

Prix Gemini

  • Meilleure interprétation pour un acteur invité, Séries télévisées (Gavin Crawford) (2008)
  • Meilleure bande de son originale pour une émission ou une série (Robert Carli) (2008, 2009)

Prix Écrans canadiens

  • Meilleur maquillage (Debi Drennan) (2015)
  • Meilleure conception de costumes (Alex Reda) (2015)
  • Meilleure réalisation dans une série dramatique ou une minisérie (Michael McGowan) (2017)
  • Meilleur scénario dans une émission dramatique ou une série limitée (Peter Mitchell) (2017)
  • Prix Écran d’or, série dramatique (2017, 2018)
  • Prix Écran d’or, série dramatique/comédie (ex æquo avec Private Eyes) (2020)

Autres

  • Excellence du montage sonore, Télévision (Mark Beck, Jonas Kuhnemann, Richard Calistan, Joseph Doane), Prix de la Guilde canadienne des réalisateurs (2010)