Théâtre musical | l'Encyclopédie Canadienne

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Théâtre musical

Théâtre musical. Genre de grand spectacle combinant musique et drame ou comédie. Grâce à des productions d'envergure et à la pollinisation croisée, le genre est devenu de plus en plus difficile à distinguer des autres mariages de musique et de drame.

Genre de grand spectacle combinant musique et drame ou comédie. Grâce à des productions d'envergure et à la pollinisation croisée, le genre est devenu de plus en plus difficile à distinguer des autres mariages de musique et de drame.

Au Canada, les œuvres pour le théâtre musical ont mis du temps à atteindre le stade de l'abondance et du raffinement. Au XIXe siècle, les œuvres et productions étrangères monopolisaient les théâtres, la production canadienne se limitant à quelques courtes pièces burlesques. Au XXe siècle, un style canadien apparut dans les revues et s'affirma progressivement dans des comédies musicales à la fin des années 1970.

Spectacles d'apparat et divertissements
La première représentation théâtrale au Canada, Le Théâtre de Neptune (1606), de Marc Lescarbot, fut un jeu scénique avec musique dans le style européen, exécuté à bord d'un navire en rade à Port-Royal pour célébrer le retour du gouverneur. L'ordre de bon temps (1928), dramatisation de la vie dans la colonie par Louvigny de Montigny, fut traduite en 1928 par John Murray Gibbon sous le titre The Order of Good Cheer et contenait des chansons folkloriques canadiennes-françaises harmonisées par Healey Willan. Elle fut exécutée au Festival du CP, à Québec, en 1928.

F.A. Dixon, qui avait présenté des divertissements originaux avec musique à Rideau Hall, à Ottawa, sous lord Dufferin, collabora avec le compositeur Arthur Clappé à une comédie-masque intitulée Canada's Welcome (1879) en l'honneur de l'entrée en fonction du nouveau gouverneur général, le marquis de Lorne.

Au XXe siècle, la comédie-masque a cédé sa place au spectacle à grand déploiement, habituellement une fresque historique commémorant des événements significatifs, dont les meilleurs exemples sont peut-être les spectacles annuels présentés au Grandstand de la Canadian National Exhibition, à Toronto, durant les années 1920 et 1930, et qui avaient pour thèmes la colonisation de l'Ouest du Canada, des incidents tirés de l'histoire britannique ou divers épisodes de l'histoire canadienne.

Le gigantesque spectacle Salute to Canada (1949) du père Daniel Lord, donné à la basilique des Saints-Martyrs-Canadiens, à Midland, en Ontario, marqua le 300e anniversaire du massacre qui eut lieu à cet endroit. Neil Harris composa la musique de Portrait of a City, une fresque scénique célébrant le 50e anniversaire de Saskatoon en 1952. En 1968, From Sea to Sea (de Howard Cable, Gordon Lightfoot et Donald Harron) occupa tout le stade de la CNE à Toronto pour raconter l'histoire de la construction du CP. (Voir aussi Brébeuf.)

Opéras légers et opérettes

En 1774, les soldats de la garnison anglaise à Montréal interprétèrent « une pièce en deux actes comprenant musique vocale et instrumentale ». On peut penser que les « actes » correspondaient aux deux moitiés du programme plutôt qu'à une œuvre dramatique homogène, mais nul doute que des extraits d'opéras populaires à cette époque en faisaient partie. (Voir aussi Représentation d'opéra)

Durant la majeure partie du XIXe siècle, les Canadiens goûtèrent aux opérettes venant de l'étranger. La Holman English Opera Troupe, surtout composée de membres de la famille de George Holman, fut la plus importante compagnie musicale canadienne de tournée entre les années 1860 et 1880. En 1879, les Holman ajoutèrent H.M.S. Pinafore à leur répertoire de grand opéra, d'opérettes et de parodies, une année seulement après sa création à Londres. The Mikado fit sensation à Toronto en 1885, l'année même de sa création à Londres. Par la suite, des troupes d'amateurs présentèrent cette opérette dans tout le Canada anglais. Le Orpheus Club de Halifax la mit à l'affiche en 1887. En 1898, trois ans seulement après sa création, des amateurs de Calgary et de Brandon présentèrent The Geisha de Sidney Jones. The Charlatan de John Philip Sousa fut chanté en première mondiale à Montréal en 1898, et The Fortune Teller, Cyrano de Bergerac et The Singing Girl de Victor Herbert y furent aussi créés en 1898, 1899 et 1899, respectivement.

L'apparition de l'opérette canadienne
Les débuts de l'opérette canadienne remonte à la fin du XVIIIe siècle quand Frances Brooke, qui vécut à Québec de 1763 à 1768, écrivit le libretto de Rosina (1782, œuvre qui fut beaucoup chantée). La pantomime musicale The Enchanters, or The Triumph of Genius (Montréal, 1786) de John Bentley peut être considérée comme la première œuvre scénique légère écrite au Canada. Joseph Quesnel est reconnu comme le premier compositeur canadien d'opéra avec sa « comédie mêlée d'ariettes »Colas et Colinette, créée en 1790 par le Théâtre de Société de Montréal. (Voir aussi Lucas et Cécile.)

Plusieurs décennies s'écoulèrent avant que les compositeurs canadiens ne commencent à écrire des opérettes. Parmi ceux qui choisirent des thèmes canadiens pour leurs œuvres figure Célestin Lavigueur compositeur de deux opéras et de l'opérette La fiancée des bois (livret de Pamphile Lemay, milieu du XIX<sup>e</sup> siècle). Les opérettes de Calixa Lavallée, dont The Widow (1882), furent présentées aux États-Unis après qu'il eut quitté le Canada. Il en fut de même pour les œuvres postérieures d'expatriés tels Geoffrey O'Hara, auteur de 12 opérettes, Clarence Lucas, don't Peggy Machree fut montée en Angleterre en 1904, et aux États-Unis en 1907, et Edward B. Manning (voir États-Unis d'Amérique), dont Rip van Winkle fut présentée à New York en 1919.

Quelques compositeurs réussirent à faire chanter leurs opérettes par des amateurs au Canada. Prince Tommy de William Delaney, de Lunenbourg, en Nouvelle-Écosse, fut représentée en 1898, et L'intransigeant d'Amédée Tremblay fut chantée à Ottawa en 1906. En 1911, le groupe de Ralph Horner, à Winnipeg, présenta son œuvre The Belles of Barcelona. Le Roman de Suzon et Lolita, du Montréalais Henri Miro, furent créées en 1914 et 1922 respectivement. The Golden Age de Joseph Nevin Doyle fut montée en Ontario en 1915. À Kingston et ailleurs en Ontario, les représentations de l'opéra « militaire » d'Oscar Telgmann, Leo, the Royal Cadet (1889), dépassèrent le chiffre de 150 au cours des 40 années subséquentes. Il s'agit là d'un record pour une œuvre scénique canadienne, qui ne fut probablement dépassé, beaucoup plus tard, que par Anne of Green Gables. En 1895, les citoyens de Hamilton assistèrent à une production par des amateurs de Ptarmigan, court opéra bouffe de J.E.P. Aldous.

Rose Marie et opérettes canadiennes ultérieures
En dépit de tous ces efforts, l'opérette « canadienne » la mieux connue demeurait Rose Marie de Rudolf Friml, un compositeur tchèque-américain qui fit un court séjour au Canada en 1902, comme pianiste accompagnateur et qui n'eut qu'une connaissance superficielle du pays. Plus tard, d'autres opérettes devinrent célèbres, comme The Beggar's Opera (1927) de Healey Willan, le premier de ses opéras-ballades. Prince Charming (1933) de sir Ernest MacMillan est un opéra-ballade écrit sur des airs français et écossais.

Mentionnons d'autres compositeurs canadiens d'opérettes et d'opéras légers : Violet Archer (Sganarelle, 1973), Marius Benoist (Le secret des Amati), Irvin Cooper (Full o' the Moon), Clifford Higgin (The Queen of Romance), J.-B. Labelle (La conversion d'un pêcheur de la Nouvelle-Écosse, 1868), Alphonse Lavallée-Smith (Gisèle), John F. Leonard (1881-1967), de Langley, en Colombie-Britannique, qui écrivit The Maids of Hamelin (1943) et The Girl of the Bandolier (1952) pour exécution dans des établissements d'enseignement secondaire, Omer Létourneau (Coup de soleil, 1930), Oscar O'Brien (Philippino, 1931-1933, et autres œuvres), Percy Faith (The Gandy Dancer, vers 1943), Harry Somers (The Homeless Ones, 1955), Herbert Spencer (The Cavaliers) et Joseph Vézina (Le lauréat, 1906).

Théâtre burlesque (parodies ou satires)

Au cours d'une tournée en Ontario et au Québec, en 1859, l'interprète amateur anglais Horton Rhys imagina une satire intitulée A Country Manager's Perplexities, ajoutant deux chansons de son cru à d'autres déjà connues. Au cours des 40 années qui suivirent, la plupart des parodies composées au Canada étaient pour ainsi dire circonstancielles. Elles prenaient souvent pour cibles la politique et la société canadiennes. En 1865, un pseudo Sam Scribble, de Montréal, écrivit deux satires musicales sur le Canada : Dolorsolatio, « une parodie politique locale », et The King of the Beavers. En 1880, la compagnie professionnelle de Eugene A. McDowell effectua une tournée du Canada avec la satire politique H.M.S. Parliament de William Henry Fuller. L'œuvre utilisait la musique de H.M.S. Pinafore de Sullivan, et cela, deux ans seulement après sa création et un an après sa première canadienne.

La Rébelliondu Nord-Ouest suscita deux autres parodies. "Our Boys" in the Riel Rebellion du sergent L. Dixon, montée à Halifax en 1886, comprenait à la fois des mélodies empruntées et d'autres originales. George Broughall utilisa un mélange semblable d'ancienne et de nouvelle musiques dans sa parodie 90th on Active Service présentée à Winnipeg en 1885.

Revues

La revue devint peut-être la forme la plus populaire de théâtre musical canadien au XX<sup>e</sup> siècle. Les minstrel shows (spectacles de chanteurs déguisés en Noirs), le vaudeville et les spectacles de variétés sont antérieurs à la revue. Les réputés Christy Minstrels (États-Unis) se produisirent à Montréal dès 1861 et d'innombrables autres troupes parcoururent le Canada au cours des décennies suivantes. Les Canadiens Cool Burgess et George Primrose, célèbre danseur, furent de ces vedettes qui se noircissaient le visage au bouchon brûlé. Quand le vaudeville fut implanté, les théâtres canadiens s'intégrèrent rapidement aux circuits américains.

Le premier succès international du Canada dans le domaine du théâtre musical fut celui de The Dumbells, une troupe entièrement masculine, composée de soldats de la Première Guerre mondiale. Les revues de cette troupe, présentant une combinaison de chansons d'actualité, de numéros de divertissements et de sketches faciles, se poursuivirent plusieurs années après la guerre. L'une d'entre elles, Biff, Bing, Bang, connut un extraordinaire succès à Broadway en 1921 et est considérée comme la première production canadienne à Broadway. Leur chef d'orchestre, Ivor (Jack) Ayre, fut le premier chef canadien à y avoir dirigé un spectacle à succès.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, quelques-uns des anciens Dumbells se regroupèrent dans une production de Chin Up. Après deux versions de Ritzin's the Blitz, revue regroupant les talents de tous les corps de l'armée (1941 et 1942), chaque division créa son propre spectacle, mettant en vedette de jeunes artistes comiques tels que les danseurs Alan et Blanche Lund et les fantaisistes Wayne et Shuster (voir The Army Show, Meet the Navy, RCAF Blackouts).

Un genre plus intime de revues musicales satiriques se développa à partir de spectacles de cabaret sans prétentions populaires à partir de la fin du XIXe siècle. Toronto et Montréal furent les premiers centres à offrir de tels divertissements. Le Arts and Letters Club de Toronto présenta, en 1918, sa première revue, The Old Court Minstrels, et monta la première des Spring Revues de Napier Moore en avril 1930. Les revues de Moore prirent l'affiche tous les ans jusqu'en 1939, sporadiquement au cours des années 1940 et chaque année à partir de 1954. Elles inspirèrent également des imitations locales telles que Town Tonics (Toronto, années 1930). À Montréal, Gratien Gélinas produisit chaque année (1938-1946) sa revue à succès Fridolinons!, utilisant de la musique de sources traditionnelles canadiennes-françaises et présentant des satires qui n'épargnaient aucun sujet, depuis la langue jusqu'à l'image nationale du Canada.

Spring Thaw, rivales et imitateurs
La plus célèbre revue canadienne, Spring Thaw, dura 24 ans et participa à d'importantes tournées. Dès la première présentation de la revue, en 1948, son directeur, Mavor Moore, avait mis au point la recette d'un aussi durable succès en mélangeant les chansons et les danses, le comique facile et la satire tranchante, et en mettant l'accent sur des sujets canadiens. Son legs le plus important fut la création d'une génération d'artistes accomplis tels Dave Broadfoot, Jack Duffy, Robert Goulet, Barbara Hamilton, Donald Harron, Eric House, Rich Little, Jane Mallett et Toby Robbins.

Spring Thaw eut de nombreuses rivales. Deux d'entre elles mirent John Pratt en vedette et firent des tournées au Canada et aux États-Unis (1949-1951). La première, There Goes Yesterday, utilisait surtout du matériel importé, avec en plus des paroles et de la musique de Dorothy Watkins et Jessie MacDonald. Plus originale, la seconde, One for the Road, comprenait de la musique de Roy Wolvin. Parmi les autres imitations de Spring Thaw figurent Fine Frenzy (1955), Clap Hands d'Araby Lockhart (1958-1962) et Our First Affair (1959), toutes à Toronto; Bonfires of 1962, à Winnipeg; Up Tempo (production de Jack Greenwald durant les années 1960) et Squeeze (début des années 1970), toutes deux à Montréal. Au cours des années 1960, les autres revues de Montréal furent Vive la différence, mise en scène par Peter Symcox, et Le diable à quatre de Gélinas, toutes deux en 1964.

Revues universitaires
En 1957, My Fur Lady, farce montée par l'Université McGill, se posa en héritière légitime de Spring Thaw et fit connaître à l'échelle nationale les talents du chorégraphe Brian Macdonald et du compositeur Galt MacDermot. Elle avait commencé sa carrière comme spectacle annuel de la Red and White Revue de McGill. Parmi les autres revues universitaires et collégiales, on compte Riot, du Ryerson Polytechnical Institute, la Revue bleu et or de l'Université de Montréal et Tachycardia de l'Université Western Ontario.

Autres revues ultérieures
La revue du metteur en scène Louis Negin, Love and Maple Syrup (fin des années 1960), aboutit à New York, où elle fit carrière comme représentante de canadiana avec des échantillons de l'œuvre de musiciens tels que Gilles Vigneault et Gordon Lightfoot et d'écrivains allant de Stephen Leacock à Leonard Cohen. Bien que moins populaires au cours des dernières décennies, des revues musicales sont néanmoins produites, telles que Blokes, Blokes Deux/Two et Troubadours Through Time par Corey Castle, de Montréal.

Cabarets

Après le succès de Suddenly this Summer au Theatre in the Dell, à Toronto (1964), ce sont les spectacles de cabaret mettant l'accent sur le divertissement plutôt que sur la satire qui gagnèrent la faveur au Canada, dans l'ambiance intime de lieux stéréotypés et habituellement dotés d'un permis de vente d'alcool. Plusieurs spectacles de cabaret comportaient des collections de chansons de compositeurs réputés (par exemple, Oh Coward de Roderick Cook, 1970) ou d'un genre particulier de musique, par exemple, Flicks (musique de film, 1978) ou Indigo (musique de Noirs, 1978). Sneezy Waters utilisa dialogues et chansons pour raconter l'histoire d'un célèbre chanteur country dans Hank Williams : The Show He Never Gave de Maynard Collins (1977).

Bien que plusieurs revues de cabaret mettaient en vedette de la musique des États-Unis et d'Europe, on présenta des spectacles canadiens nombreux et originaux : David Warrack, l'auteur de Oops (1972) et de Tease for Two (1974), est typique de la génération formée par le cabaret. Warrack collabora également à Sweet Reason de Sandra O'Neill et Barbara Hamilton. Cette revue pose un regard affectueux sur la libération de la femme. Jim Betts, auteur de I'll Tell You Mine... If You Tell Me Yours (1977), fut une autre célébrité du monde du cabaret. Tonight at 8:30... 9:00 O'Clock in Newfoundland d'Allan Guttman termina sa deuxième année en 1979.

Une nouvelle forme de spectacles de cabaret prit naissance à la fin des années 1970 : la minicomédie musicale, dans laquelle une intrigue sert de cadre aux chansons. Ainsi, Counter Melody de David Warrack (1976), dont l'action se situe à bord d'un avion, Stagefright de Jim Betts (1978), The Clowns de Jeri Craden (1975) et Sweet City Lights de Blaine Parker.

La revue de cabaret est une forme populaire au Québec. Heureux celui qui meurt de Jacqueline Barrette (un des atouts majeurs du cabaret au Québec) fut présenté durant plusieurs mois en 1976-1977. Le spectacle de cabaret est plus souvent politique et satirique que son équivalent dans le reste du Canada. Par exemple, Mon cher René, c'est à ton tour, de Jean-Guy Moreau, fut un hommage amical rendu en chansons et en sketches à René Lévesque, chef du Parti québécois et premier ministre du Québec. Clémence Desrochers présenta, dans son petit théâtre Le Patriote à Clémence, entre autres, La grosse tête (1967), Les girls (1968), La belle amanchure (1970) et C'est pas une revue, c't'un show (1971), avec musique, respectivement, de Pierre Brault, François Cousineau, Jacques Crevier et de l'équipe Gaston Brisson et Louis-Philippe Pelletier.

Au Canada anglais, plusieurs compositeurs de talent entreprirent de franchir les limites du cabaret au moment même où ces scènes commençaient à disparaître. Des spectacles tels que Toronto, Toronto (Mark Shekter et Charles Weir, 1980), Anglo (Rod Hayward et Allan Nicholls, Montréal, 1984) et Sex Tips for Modern Girls (Vancouver, 1985, musique de John Sereda) tiennent lieu d'épitaphes d'une époque.

Théâtre musical jusqu'en 1978

Depuis la présentation de ce prototype de la comédie musicale que fut The Black Crook (Montréal, 1875) et jusqu'à nos jours, les Canadiens ont aimé les grands spectacles de Broadway. Un théâtre professionnel, le Rainbow Stage de Winnipeg, en fit même sa spécialité. Le Melody Fair de Toronto consacra ses saisons des années 1950 aux succès musicaux de Broadway. Il y eut pourtant quelques comédies musicales canadiennes, dont The Western Countess de John Ernest Lawrence (1911), désignée comme « un cyclone musical venu de l'Ouest en deux coups de vent », The Mystic Light de Frank Laubach et Charles Shrimpton (Regina, 1913), Miss People of New York de William Dichmont et C.S. Blanchard (Winnipeg, 1916), et The Canadian Passing Show de N. Fraser Allan (Toronto, 1917).

C'est à Mavor Moore que revient la paternité du théâtre musical canadien moderne. Il essaya d'abord (années 1950) sans succès de fonder un théâtre musical de composition originale avec Sunshine Town, qui consiste en un hommage à Stephen Leacock, et The Optimist, adapté de Candide. En 1964, il devint le premier directeur du Festival de Charlottetown qui, sous la direction de son successeur Alan Lund, allait se consacrer à la production de comédies musicales canadiennes de compositeurs tels que Howard Cable, Marian Grudeff, Ray Jessel et Ben McPeek. Le festival connut son triomphe, Anne of Green Gables (musique de Norman Campbell, livret et couplets d'Elaine Campbell et Donald Harron), et réussit plusieurs productions remarquables : Johnny Belinda (John Fenwick et Mavor Moore), Ballade (Michel Conte et Arthur Samuels), Kronborg : 1582 (version rock de Hamlet de Cliff Jones) et Fauntleroy, écrite par Mavor Moore et utilisant les chansons de l'auteur-compositeur américain Johnny Burke.

Diverses comédies musicales de langue anglaise des années 1950 et 1960
À Victoria, Leslie Grossmith écrivit Zip Van Twinkle of the Canadian Rockies et, à Toronto, Court Stone composa Farmer in the Dell (1951). Louis Applebaum et Jack Gray sont les coauteurs de Ride a Pink Horse (1959). Timber!! de Dolores Claman (1952) fut exécutée par le Theatre Under the Stars de Vancouver. Avec son mari, Richard Morris, Claman écrivit ensuite M. Scrooge, montée deux fois par le Crest Theatre de Toronto durant les années 1960. Milton Carman, Alex Barris et Allan Manings écrivirent une autre comédie musicale pour le Crest, Evelyn (1964). Lucio Agostini collabora avec Donald Harron à Here Lies Sarah Binks (1968). Made in the Mountains de Bill Solly inaugura la section de théâtre musical de l'ÉBA Banff (CA Banff) en 1965. Morris Surdin qui, en 1962, avait écrit la partition de Look Ahead, œuvre de Len Peterson, travailla avec W.O. Mitchell à transformer une histoire de Jake and the Kid en Wild Rose (1967) pour les célébrations du centenaire de la Confédération à Calgary. Au Festival de Stratford, le compositeur américain Stanley Silverman et le parolier canadien Tom Hendry produisirent, en 1969, Satyricon, une œuvre très controversée. À Terre-Neuve, Ron Hynes écrivit des chansons pour plusieurs créations collectives du Mummers Theatre.

Diverses comédies musicales du Québec des années 1950 et 1960
Au Québec, Pierre Brault écrivit la musique pour Le vol rose du flamant de Clémence Desrochers (1964), considérée comme la première comédie musicale québécoise. Jacques Languirand et Gabriel Charpentier écrivirent Klondyke en 1965 (Languirand collabora également avec le compositeur Norman Symonds à l'expérience multimédia Man, Inc., qui inaugura le Saint Lawrence Centre de Toronto en 1969.). Neil Chotem composa la musique de l'adaptation moderne signée Michel Tremblay (1969) de Lysistrata d'Aristophane. Les comédies musicales du chansonnier Claude Léveillée comprennent Doux temps des amours (1964), Il est une saison (1965), On n'aime qu'une fois (1967). Léveillée a collaboré avec Marcel Dubé à plusieurs comédies musicales pour le Théâtre de la Marjolaine (sous la direction de Marjolaine Hébert) à Eastman, au Québec. Un simple mariage double de Léon Bernier (1978) fut aussi montée au Théâtre de la Marjolaine. En 1976, le Théâtre du Nouveau Monde, à Montréal, présenta Marche, Laura Secord! de Claude Roussin et James Rouselle, avec la musique de Cyrille Beaulieu. L'artiste acadien Calixte Duguay est l'auteur de la musique et des paroles de Louis Mailloux (1976) de Jules Boudreau.

Émergence de nouveaux styles
La comédie musicale Hair (musique du compositeur canadien Galt McDermot et livret des écrivains américains Gerome Ragni et James Rado) a débuté à Broadway en 1967 et tenu l'affiche pendant plus de quatre ans avec 1700 représentations. Hair a marqué l'arrivée d'une nouvelle époque et demeure toujours populaire dans le monde entier.

Au cours des années 1970, les auteurs canadiens commencèrent à se libérer des formules de Broadway et expérimentèrent d'autres styles, et leurs œuvres furent présentées dans plusieurs parties du pays. À Vancouver, Ann Mortifee écrivit une partition dans le style folklorique pour mettre en valeur The Ecstasy of Rita Joe de George Ryga (1967). L'orchestre rock The Collectors contribua à transformer la pièce de Ryga Grass and Wild Strawberries (1969) en une joyeuse célébration. Pour le Citadel Theatre d'Edmonton, Richard Ouzanian créa d'abord Scapin! et, en 1976, il écrivit, en collaboration avec Patrick Rose, Olympiad, sur les Jeux olympiques. Theatre Calgary commanda à Allan Rae la comédie musicale de science-fiction Trip (1970) et, ultérieurement, à Rae et à Tink Robinson, Festival. Pour les Alberta Theatre Projects de Calgary, William Skolnick collabora avec Paddy Campbell à Hoarse Muse, sur le légendaire éditeur de journal Bob Edwards.

En 1974, le Manitoba Theatre Centre créa Jubalay de Patrick Rose et Merv Campone, un « divertissement en chansons », présenté par la suite dans plusieurs villes canadiennes et à New York, où il s'intitula A Bistro Car on the CNR. Theatre London, en Ontario, monta pour la première fois, en 1974, l'œuvre de Peter Colley et Bert Carriere The Donnellys. Venant de Saskatoon, Cruel Tears (1975, l'Othello de Ken Mitchell sur les camionneurs des prairies au XXième siècle, dans une mise en musique évocatrice du bluegrass de Humphrey and the Dumptrucks) divertit les auditoires d'un bout à l'autre du Canada en 1977. A Day to Remember de George Blackburn, ayant pour sujet l'inondation d'une ville par la voie maritime du Saint-Laurent, fut le spectacle inaugural d'un théâtre d'été à Morrisburg, en Ontario, en 1978.

Théâtres alternatifs
De petits théâtres alternatifs de l'Ontario sont sorties des comédies musicales telles que Gravediggers of 1942 de Stephen Jack et Tom Hendry (1973, traitant du débarquement de Dieppe à la manière des spectacles des années 1940) et Justine (1970, de Robert et Elizabeth Swerdlow, fondateurs du théâtre musical Global Village de Toronto). Les autres compositeurs dont l'œuvre est issue de ces petits théâtres intimes sont Glenn Morley (Fresh Disasters, 1976), Sandy Crawley (White Noise, 1977), Phil Schreibman (Jack of Diamonds, 1977) et le chanteur de folklore Cedric Smith, qui fournit la saisissante partition de Ten Lost Years (1974, pour les Toronto Workshop Productions), qui fit une tournée du Canada.

Comédies musicales pour enfants
L'opérette ou la comédie musicale pour enfants constitue un genre en soi. Les exemples vont des improvisations de fortune présentées lors d'événements scolaires et qui incorporent des chansons existantes à des adaptations d'histoires enfantines, aux œuvres fignolées qui ont requis un travail de composition adroit et sophistiqué qui est mis au service d'un théâtre pour enfants empreint de fine psychologie. Certaines des meilleures pièces sont l'œuvre d'instituteurs de carrière.

Les premières opérettes comprennent celles d'Ethel Norbury (née en 1872) d'Edmonton et d'A.J. Dyke. On trouve des exemples de la production d'après 1950 dans les œuvres de Keith Bissell (Rumpelstiltskin, 1947; His Majesty's Pie, 1966) et d'Alfred Kunz (Jack and Jill, 1976). Parmi les compositeurs de comédies musicales pour enfants, citons Victor Davies (Reginald the Robot, 1970), Sandra Jones et Bert Carriere (Ready Steady Go, 1974), Pat Patterson et Dodi Robb (entre autres, The Dandy Lion, 1964), Allan Rae (Beware the Quickly Who, 1971), Ernie Swartz (Aladdin and the Magic Lamp) et Paul Vigna (Cyclone Jack).

L'époque bénie du théâtre musical

Les satiristes de la génération suivante préférèrent la télévision au théâtre. À Toronto, Theatre in the Dell, Old Angelo et Teller's Cage fermèrent tous leurs portes dans les années 1980. À cette époque, David Warrack avait déjà produit sa longue revue Praise (1978) à la Bayview Playhouse, à Toronto, et, jusqu'à la fin de cette décennie, il continua d'écrire, de jouer, de produire et d'exercer la fonction de directeur musical.

La comédie musicale devint rapidement la principale forme de théâtre musical au Canada. Parmi les revues musicales produites en français au Québec, mentionnons Le quadrillé (1978), livret de Jacques Duchesne et musique d'Antoine Padilla; Trop c'est trop... même là, c'pas assez (1978), musique de Michel Robidoux; Les nuits de l'Indiva (1980), livret de Jean-Claude Germain, musique de Jacques Perron; Viens-tu jouer dans ma cour ? (1981), livret et paroles de Louis-Georges Carrier, musique de Cyrille Beaulieu; Pied de poule (1982) de Marc Drouin (en 1991, on estimait à 200 000 le nombre de spectateurs aux représentations et à 150 000 le nombre de disques vendus). Gala (1989), livret de Jean-Pierre Ferland et musique de Paul Baillargeon, fut produite à Montréal.

Les revues remarquables écrites en anglais ont été notamment Last Call de Morris Panych et Ken MacDonald (Vancouver, 1982); Sliding for Home de Frank Moher, Gerald Reid et William Shookhoff (Alberta, 1985); Superwheel de Geoffery Ursell et Rex Deverell (Saskatchewan); Life on the Line d'Allen Booth et Steven Bush (Ontario); The Summer of the Handley-Page de Carol Sinclair, Pogie de Chris Heide et Al Macdonald, et Sam Slick : The Clockmaker de Paul Ledoux et Al Macdonald.

Ledoux et son plus fréquent collaborateur, le compositeur David Young, avec le directeur Brian Richmond du Magnus Theatre, à Thunder Bay, créèrent deux des plus importants spectacles musicaux des années 1980 : en 1984, I Love You, Anne Murray (rebaptisé Love is Strange) et, en 1985, un spectacle rock d'inspiration religieuse intitulée Fire. John Gray fut pendant plusieurs années le compositeur canadien contemporain le plus connu au pays grâce à son œuvre largement jouée Billy Bishop Goes to War (1978). Ses autres revues musicales comprennent Eighteen Wheels (1977), Rock and Roll (1982), Don Messer's Jubilee (1985) et Health (1990) et TheTree.TheTower.TheFlood (1995).

Festivals
Les festivals ont contribué à la popularité du théâtre musical au Canada. Le Charlottetown Festival soutint de plus en plus de jeunes artistes pendant les dernières années d'Alan Lund comme directeur artistique. Lund commanda Windsor (1978) à Warrack; Joey Miller et Stephen Witkin sont les auteurs de la populaire comédie musicale Eight to the Bar (1978) et leur œuvre la plus ambitieuse est sans contredit Ye Gods (1984). À Jim Betts, on doit On a Summer's Night (1979), à Patrick Young et Bob Ashley, Aimee! (1981) et à James Saar et Bob Ashley, Cocktails for Two Hundred (1981). En 1991, le Charlottetown Festival ne produisit aucune autre comédie à part Anne of Green Gables et ce n'est qu'en 1999 que le festival présenta en première Emily de Richard Ouzounian et Marek Norman, également d'après les livres de L.M. Montgomery. Dès 1998, le festival commanda de nouveau des pièces de théâtre musical sur des thèmes canadiens, don't Pélagie d'Antonine Maillet (musique d'Allan Cole). En 2006, le festival présenta non seulement la traditionnelle Anne mais aussi la revue musicale rock Canada Rocks!, un théâtre musical pour les jeunes ainsi qu'une pièce.

Le Stratford Festival commença à monter des comédies musicales au Festival Theatre sous la direction de John Neville. Des œuvres non canadiennes telles que My Fair Lady de Gilbert et Sullivan (1988, 2002), Gypsy (1993), The Boy Friend (1995), Camelot (1997) et Man of La Mancha (1998) aidèrent à renflouer le budget du festival, en dépit des critiques des puristes.

Le Blyth Festival rassembla la populaire équipe de John Roby (compositeur) et Raymond Storey (livret et paroles), dont les spectacles sont Country Chorale (1981), Girls in the Gang et The Dreamland (1989), un somptueux hommage aux salles de danse au bord d'un lac dans les années 1930. Le Muskoka Festival produisit deux comédies musicales notoires de Jim Betts : Thin Ice, qui porte sur le hockey, et Colours in the Storm. De Mavor Moore, le Young People's Theatre présenta A Christmas Carol et A Gift to Last (musique de Joey Miller) au théâtre d'été Gryphon. La parodie Return of the Curse of the Mummy's Revenge (James Saar, Joey Miller) est une denrée de base de la programmation d'été.

La mégacomédie musicale ou opéra pop et autres succès récents
Le changement le plus profond apporté au théâtre musical canadien et qui le mit le plus en vue est l'arrivée du producteur britannique Cameron MacKintosh. Le succès de Cats, Les misérables et Phantom of the Opera, d'abord à Toronto puis en tournée canadienne, porta ombrage au théâtre musical du pays, mais ne l'anéantit nullement. Les producteurs Ed et David Mirvish ainsi que Garth Drabinsky continuèrent à monter de nouveaux mégaspectacles d'origine étrangère à Toronto, dont les opéras pop Miss Saigon, Kiss of the Spider Woman, Crazy for You, Beauty and the Beast, The Lion King. D'autre furent montés sans même être passés par Broadway, comme Ragtime.

La popularité soudaine et la commercialisation très répandue des comédies musicales d'envergure ont eu de nombreux effets importants. Parmi ceux-ci figure l'ouverture de salles qui normalement n'auraient pas tendance à monter de telles productions et qui ont mené les créateurs canadiens à tenir compte de l'envergure et de la présentation de ces productions et, conséquemment, à créer des œuvres de théâtre musical canadien jusqu'alors parmi les meilleures et les plus populaires. Les efforts canadiens n'ont pas nécessairement souffert de l'explosion des mégacomédies musicales sur la scène de théâtres.

Opéras pop canadiens et autres succès
Bien que des spectacles de moindre envergure aient été montés, les productions canadiennes qui ont eu le plus de succès ont eu tendance à suivre les traces des opéras pop. Avant que le genre ne se soit complètement matérialisé, Starmania (1978) de Luc Plamondon et Michel Berger devint un énorme succès international et plusieurs chansons devinrent des tubes à la radio québécoise. Plus tard, une fois calmée la fureur de l'invasion des mégacomédies musicales, d'autres projets commencèrent à émerger au pays. Demain matin, Montréal m'attend, de Michel Tremblay et François Dompierre, connut un succès triomphal à Montréal et fut reprise au Casino de Montréal en 1999. En 1997, Jeanne la pucelle (sur l'histoire de Jeanne d'Arc) de Vincent de Tourdonnet (livret et paroles) et Peter Sipos (musique) fut un échec financier, bien que le spectacle ait attiré plus de 70 000 spectateurs. La même année, la reprise de Duddy, entièrement en yiddish, connut beaucoup de succès.

Des productions plus petites s'en sont bien tirées. Two Pianos Four Hands de Richard Greenblatt et Ted Dykstra remporta les prix Chalmers et Dora, et fit une tournée du continent. Dracula (1999) de Richard Ouzounian (musique de Marek Norman) fut jouée au Neptune Theatre et à Stratford et la Canadian Stage Company à Toronto présenta en première Outrageous de Brad Fraser et Joey Miller, en octobre 2000.

Luc Plamondon donna encore le ton des comédies musicales avec son adaptation du roman de Victor Hugo Notre-Dame de Paris en un opéra rock (musique du compositeur d'origine vietnamienne Richard Cocciante). Cette œuvre devint une des comédies musicales les plus acclamées de l'histoire. La première eut lieu à Paris en 1998 avec une distribution en majeure partie canadienne comprenant Daniel Lavoie, Bruno Pelletier, Luck Mervil et Garou. La production arriva à Montréal l'année suivante avec la plupart des mêmes artistes. Le spectacle a, depuis, fait la tournée du pays, a été traduit en anglais et s'est installé à Las Vegas.

Une autre production notoire du Québec est Don Juan (2005; livret, paroles et musique de Félix Gray), librement inspirée de la pièce de Molière. Elle a été présentée à Québec, Ottawa et Paris depuis sa première à Montréal et fut reprise en 2006. Elle a aussi suscité des tubes à la radio de langue française.

Lord of the Rings - Drowsy Chaperone
Les développements les plus récents dans le théâtre musical canadien ont été de nature contradictoire, entraînant les experts à déclarer que ce genre est soit renaissant ou mourant. Ceux qui pensent que les mégaproductions sont sur la voie d'un nouvel essor montrent généralement du doigt la production musicale la plus coûteuse de l'histoire, Lord of the Rings, dont la première a eu lieu en février 2006 au Princess of Wales Theatre, à Toronto. Elle a nécessité quelque 27 millions de dollars provenant de 200 investisseurs et a vendu pour un million de dollars de billets au cours des 24 premières heures. La gigantesque production de trois heures et demie soutenue par les Mirvish - un revirement de leur tendance historique à financer des projets qui ont d'abord fait leurs preuves ailleurs - fut bien reçue par les passionnés, mais tièdement par les critiques.

Ceux qui voient une renaissance du théâtre musical à plus petite échelle - de même que la mort des mégaspectacles - montrent du doigt The Drowsy Chaperone (musique et paroles de Lisa Lambert et Greg Morrison). Cette parodie des spectacles des années 1920 figura au programme du Toronto Fringe Festival en 1999. Elle fut remaniée et jouée au Theatre Passe-Muraille grâce aux Mirvish, puis jouée à Los Angeles avant de prendre l'affiche à Broadway, en mai 2006. The Drowsy Chaperone remporta cinq prix Tony, sept prix Drama Desk et quatre prix Critics Circle. Elle devint aussi le spectacle canadien à rester à l'affiche le plus longtemps à Broadway (ce qui n'est pas nécessairement difficile étant donné que Billy Bishop Goes to War ne dura que deux semaines, bien que Biff, Bing, Bang resta deux mois à l'affiche en 1921). L'enthousiasme pour ce que l'on pourrait décrire comme une tendre comédie d'évasion ne diminue pas et semble indiquer une solution de rechange aux coûteuses mégaproductions.

Vers une nouvelle définition du théâtre musical
Il faut aussi noter que la définition du genre mégacomédie musicale est devenue incertaine depuis les années 1980, où plusieurs différents courants ont été englobés dans cette grande catégorie. Des opéras rock aux opéras pop, des opérettes aux comédies musicales de musique contemporaine, moderne et postmoderne, le terme « théâtre musical » a acquis une définition floue. D'aucuns ont décrit Lord of the Rings comme un spectacle qui, en raison de son envergure et de sa grandiloquence, n'est pas du théâtre musical (même si personne ne semble savoir ce qu'il est sinon du théâtre musical). Le Cirque du Soleil, qui ne passe pas généralement pour du théâtre musical, en a néanmoins plusieurs caractéristiques distinctives et sa popularité a grandi parallèlement à celle des mégaproductions. Les spectacles du Cirque comportent beaucoup d'éléments théâtraux et les enregistrements de leurs musiques originales ont généré des ventes considérables, si bien qu'il est impossible de les reléguer au rang de facteurs secondaires.

Du point de vue classique, certaines œuvres qui ont été appelées opéras semblent avoir davantage l'aspect d'un « théâtre musical » : des comédiens sont utilisés à la place des chanteurs, un groupe maison plutôt qu'orchestre maison et un copieux discours plutôt qu'un récitatif. Un bon exemple de cet aspect mal défini serait Hermione et le temps (2004) de Denis Gougeon, une œuvre qui semble être ni un opéra ni une comédie musicale.

Nouvelles directions
Il semble que, à l'instar d'autres formes artistiques, le théâtre musical canadien est en train de subir un changement d'identité et de s'élargir sous l'effet de nouvelles influences. Reste à voir quelle synthèse, s'il en est, viendra de l'ouverture actuelle du théâtre musical aux divers courants artistiques.

Mis à part les questions de genre, il n'en demeure pas moins que le vaste engouement pour le théâtre musical, que les mégacomédies musicales ont suscité et que les créateurs locaux ont nourri, a été très bénéfique. Nous avons assisté à l'émergence de talents canadiens comme Jeff Hyslop, Brent Carver, Louise Pitre, André Thérien, Robert Marien et Garou. Loreena McKennitt et k.d. lang ont aussi fait du théâtre musical. La reconstruction de théâtres a revitalisé des zones urbaines. Les programmes d'art dramatique qui forment de futurs acteurs et actrices pour les comédies musicales ont proliféré tant au secondaire qu'à l'université. Nous avons aussi assisté à l'augmentation remarquable de productions musicales amateurs, ce qui a confirmé le théâtre musical en tant qu'une des principales formes de la création musicale amateur dans tout le pays.

Prix et soutien
Les prix pour le théâtre musical sont régionaux; trois sont importants au plan national. Pour la région de Toronto, il y a les prix Dora et Chalmers et, pour Edmonton, les prix Elizabeth Sterling Haynes. Le théâtre musical est aussi soutenu par le Conseil des Arts du Canada et les conseils des arts provinciaux.

Voir aussi Hair; TIQ (La question indienne enfin réglée); Composition d'opéra; Spectacle d'opéra

Discographie
Friends of Mine: Songs from Canadian Musicals : Charlotte Moore; 2004; MOORECD04

Bibliographie

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Lecture supplémentaire

Liens externes