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Muskeg

Le muskeg (« tourbière de graminées », en langue algonquienne) désigne un type de paysage, de milieu, de végétation et de dépôt. Le mot entre dans le vocabulaire dans les années 50 alors que le développement des ressources progresse vers le Nord.
Muskeg
(Courtesy Gord McKenna/flickr CC)

Formation

La plupart des tourbières et des muskegs du Canada ont moins de 10 000 ans et se retrouvent dans des régions qui ont été recouvertes par la dernière glaciation. Dès que les glaciers ont disparu, l’eau fondante a créé des plaines, des lacs et des dépressions naturelles. Les muskegs se sont formés sur les terrains où l’on trouvait beaucoup de pergélisol et où le drainage de l’eau de la couche inférieure du sol était mauvais. Les plantes mortes se décomposent lentement dans l’environnement humide, frais et acide en formant une couche de sol humide et spongieux, appelée tourbe.

LE SAVIEZ-VOUS?
Parmi les plantes les plus répandues dans les muskegs, on trouve des mousses de sphaignes spongieuses, étant capables de retenir plus de 30 fois leur poids en eau.

Les muskegs peuvent couvrir un grand territoire (p. ex., les basses terres de la baie d’Hudson) ou se retrouver dans de petits secteurs isolés. Les dépôts de tourbe dans les muskegs comptent souvent quelques mètres de largeur. Les savants peuvent utiliser des instruments de télédétection pour repérer différents types de muskeg en analysant leur végétation particulière et la répartition et la circulation de l’eau (voir aussi Hydrologie).

Importance

Les muskegs constituent un habitat pour diverses espèces. Les oiseaux se reproduisent et se nichent dans ces terres humides où beaucoup d’insectes vivent. Les écosystèmes de muskegs abritent des espèces menacées comme des caribous, des castors, des rats musqués, des campagnols, des chauves-souris et d’autres mammifères.

Les espèces végétales typiques des muskegs sont des mousses de sphaignes spongieuses, des graminées, du carex, des arbustes (p. ex., feuilles de cuir et thé du Labrador) et des conifères rabougris (p. ex., épinettes noires et mélèzes).

Les dépôts tourbeux mondiaux contiennent des billions de tonnes de carbone provenant du matériel biologique décomposé. Les territoires de muskegs, tout en demeurant intacts, conservent le carbone dans la terre et l’empêchent d’entrer dans l’atmosphère sous forme de dioxyde de carbone et du méthane. Ce gaz à effet de serre est libéré quand un muskeg est asséché, brûlé, déboisé ou dégradé à la suite d’activités humaines ou naturellement. Le fait de conserver les muskegs et les tourbières aide à lutter contre les changements climatiques.

La tourbe est exploitée partout au Canada pour l’exporter et la vendre en tant que terre à jardin. Cette industrie est réglementée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, qui veillent à restreindre son incidence environnementale. La tourbe est également utilisée pour nettoyer des déversements d’huile et pour filtrer l’air et les eaux usées. Des matières premières qu’on utilise dans des produits chimiques, comme des résines et des cires, dans des produits de soins de la peau et pour des traitements thermaux proviennent de la tourbe.

Défis d’ingénierie

Les routes et les pipelines sont difficiles à construire à travers les muskegs. Il est possible que les constructions s’enfoncent dans sa mollesse spongieuse. Les constructions sur le pergélisol, matière sensible, peuvent provoquer un changement de température du sol, et un soulèvement par le gel (un gonflement du sol), qui peut causer des dégâts aux structures artificielles. De plus, l’eau acide des muskegs peut corroder des métaux et du béton.

Voir aussi Régions de végétation.