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Mouvement pacifiste

Le mouvement pacifiste canadien ne date pas d'hier, et il joue un rôle important. Les mennonites et les quakers, adhérant à une idéologie pacifiste, dénoncent depuis toujours les méfaits de la guerre et du militarisme.

Mouvement pacifiste

Le mouvement pacifiste canadien ne date pas d'hier, et il joue un rôle important. Les mennonites et les quakers, adhérant à une idéologie pacifiste, dénoncent depuis toujours les méfaits de la guerre et du militarisme. Vers la fin des années 50 et 60, la conscience des dangers liés aux essais nucléaires dans l'atmosphère et le débat qui porte sur la présence d'armes nucléaires dans le pays font converger les opinions quant aux premiers pas du mouvement pacifiste canadien. En 1952, une section canadienne du Mouvement universel pour une fédération mondiale est établie en réponse au sentiment grandissant de frustration, causé par les tensions liées à la guerre froide et par le fait que l'ORGANISATION DES NATIONS UNIES ne remplit pas son mandat. En 1957, la première conférence de PUGWASH, qui réunit des scientifiques, est tenue dans la ville du même nom, en Nouvelle-Écosse, et on fonde l'Institut canadien de recherches pour la paix. Le Congrès canadien de la paix, qui entretient des relations étroites avec le Parti communiste du Canada, est aussi très présent.

C'est à cette époque qu'apparaît LA VOIX DES FEMMES au Canada et qu'on institue la fête annuelle Mothers' Day Vigil. C'est un événement important pour les femmes qui souhaitent contredire les hypothèses avancées sur la sécurité militaire et sur le rôle des femmes dans la société. Toutefois, il l'est aussi en raison des bases jetées, venant élargir la définition du mouvement actuel pour la paix, non seulement pour le contrôle des armements, mais pour une restructuration complète de la société et de ses priorités. Bien qu'avant-gardistes, ces groupes ne recueillent que peu d'appuis, sont souvent associés à la gauche, et la population les considère sans importance. Cette même population croit que la paix est synonyme de dissuasion pour contrer les forces militaires soviétiques.

Vers la fin des années 60, le mouvement pour la paix au Canada est solidaire sur la question de la GUERRE DU VIÊT-NAM et critique la faiblesse affichée par le Canada, causée par son incapacité à se distancier des politiques américaines. En comparaison, et malgré le fait qu'il s'agisse de la période d'escalade de la course à l'armement nucléaire avec l'URSS, les années 70 sont relativement calmes. D'ailleurs, l'atmosphère de détente fait place à une certaine complaisance. La fin de la décennie voit naître des tensions grandissantes entre les superpuissances en raison d'événements tels que l'invasion soviétique de l'Afghanistan et le déploiement soviétique de missiles nucléaires de portée intermédiaire pointés sur l'Europe de l'Ouest. Sans compter la décision de l'OTAN d'utiliser une double politique qui consiste à un déploiement de missiles de portée intermédiaire visant à dissuader l'URSS et l'imposition de la loi martiale en Pologne. L'Initiative de défense stratégique américaine (IDS) de 1983 et l'abandon des négociations sur le contrôle des armements par l'Union soviétique au moment du déploiement des missiles par l'OTAN, plus tard cette même année, contribuent à accroître les tensions entre l'Est et l'Ouest. Il va sans dire que ces événements créent un climat fort alarmant pour tous ceux qui sont en faveur du mouvement pacifiste au Canada et à l'étranger.

La résurgence du mouvement pour la paix dans les années 80 se manifeste par un réseau informel de groupes présentant des différences sur le plan des objectifs, des idéologies et des membres. L'élément unificateur est l'inquiétude manifeste à l'égard de la menace pour le genre humain que représente cette course effarante aux armements, qui engloutit des ressources de plus en plus rares et qui tient la sécurité en otage avec des dépenses toujours croissantes. Le mouvement prend de plus en plus d'ampleur. Des coalitions urbaines majeures se forment telles que le Toronto Disarmament Network, le Winnipeg Coordinating Committee on Disarmament, l'End the Arms Race de Vancouver, ainsi que des groupes religieux comme le PROJECT PLOUGHSHARES, parrainé par le Conseil canadien des Églises, et les organisations de médecins, de scientifiques, de professeurs, d'avocats, d'anciens combattants, d'artistes et d'athlètes. Il existe une multitude de groupes en faveur de la paix à travers tout le pays. Les membres sont issus des zones rurales et urbaines et représentent tous les groupes d'âge, les femmes y jouant un rôle de plus en plus important.

Plusieurs groupes relèvent de l'Alliance canadienne pour la paix (ACP). Fondée en 1985, l'ACP est composée de 350 personnes et de groupes pacifistes représentant quelque 1500 autres organisations dont les intérêts portent avant tout sur les mesures de paix. L'ACP entretient des liens étroits avec le mouvement syndical et 20 p. 100 de ses membres sont affiliés au Congrès du Travail du Canada.

Une des associations pacifistes qui a le plus d'envergure au Canada s'appelle Project Ploughshares et bénéficie du soutien du Conseil canadien des Églises. Instauré en 1976, il compte maintenant plus de 7500 membres des plus grandes Églises du Canada. Ses intérêts portent sur trois grands domaines : la sécurité alternative, qui vise à proposer d'autres approches en matière de politique de défense et de contrôle des armes et désarmement; le militarisme et le sous-développement, particulièrement les dépenses militaires et le commerce des armes dans les pays en développement; et les politiques en matière d'exportation et de production militaires au Canada. Ploughshares élabore aussi une campagne nationale pour la recherche, la sensibilisation et la publication de documents sur la relation entre le contrôle des armes et le développement.

L'OPÉRATION DÉSARMEMENT, qui voit le jour en 1977, joue un rôle important vers la fin des années 70 et le début des années 80 (l'organisme disparaît vers 1991). L'objectif principal de l'Opération, à cette époque, était de faire un référendum mondial sur la question du désarmement. Aujourd'hui, comptant près de 11 000 membres, ses activités principales sont le lobbying, la sensibilisation de la population, la coordination de campagnes et la réalisation de fronts communs. Elles tendent toutes vers un seul et même but, c'est-à-dire faire en sorte que le Canada devienne une zone exempte d'armes nucléaires.

En 1979, un groupe de médecins torontois forme les MÉDECINS CANADIENS POUR LA PRÉVENTION DE LA GUERRE NUCLÉAIRE (MCPGN) (l'Association des Médecins pour la Survie mondiale, depuis 1994), et se rallie à un réseau médical international pour devenir une autorité en la matière. Vers 1987, il existait 26 associations de MCPGN, comptant près de 4200 partisans, dont 10 p. 100 étaient des médecins canadiens. Les membres proviennent de partout au Canada et on y compte des infirmières, des physiothérapeutes et autres professionnels de la santé. Les MCPGN parlent énormément des conséquences médicales que peut provoquer un échange nucléaire, aussi minime soit-il. Les psychologues, qui ont aussi formé leur propre groupe, dénoncent l'effet nocif provenant de la menace d'une éventuelle guerre nucléaire sur la jeunesse canadienne.

Les scientifiques se penchent également sur la question de la paix et des mesures de sécurité, et plus particulièrement sur la relation entre la science et la société. Des organisations telles que Scientists for Peace se concentrent sur la course aux armements et sur la menace d'une guerre nucléaire. Tandis que Pugwash et Student Pugwash tiennent compte de plusieurs aspects, comme la déontologie médicale, l'environnement, la course aux armements et le développement du Tiers Monde. Les anciens combattants ont aussi leur place au sein de la communauté pacifiste. Le mouvement des Vétérans contre les armes nucléaires fait du lobbying auprès des politiciens et des fonctionnaires des ministères de la Défense nationale et des Affaires étrangères. Le groupe des Lawyers for Social Responsability est le reflet de l'inquiétude grandissante sur la paix et la sécurité des professionnels de classe moyenne. Cette organisation favorise les recherches juridiques sur la paix, la guerre et le désarmement, présente des travaux avec un point de vue juridique sur ces questions et offre des conseils juridiques aux groupes et aux personnes qui oeuvrent pour la paix.

Les enseignants sont parmi les plus actifs dans le mouvement pacifiste. Un des développements les plus importants des années 80 est l'introduction de l'éducation planétaire ou pacifique dans les écoles canadiennes. Les enseignants exercent une pression continuelle sur les commissions scolaires pour que les études sur la paix et des cours sur la compréhension mondiale fassent partie du programme d'études réguliers.

De nouveaux instituts de recherche font d'importantes contributions au débat sur la paix et la sécurité. L'Institut canadien pour la paix et la sécurité internationales (ICPSI) est créé en juin 1984 en tant que société d'État (l'Institut est aboli en 1992). Afin d'assurer son indépendance, la loi prévoit le financement qui lui sera accordé et la méthode de sélection des membres du conseil d'administration. Le mandat de l'Institut est de sensibiliser les gens sur les questions qui portent sur la paix et sur la sécurité internationales, d'une perspective canadienne. L'Institut offre du financement et de l'information aux groupes qui souhaitent ouvrir le débat sur la paix et la sécurité, ainsi que pour la publication de recherches.

Le Centre canadien pour le contrôle des armements et le désarmement, fondé en 1983, est un organisme privé à but non lucratif, situé à Ottawa (depuis 1995, le Centre porte un nouveau nom, le Conseil canadien pour la paix et la sécurité internationales). Le Centre fait aussi beaucoup de recherches sur les politiques de paix et de sécurité, et il communique les résultats obtenus dans le cadre d'un programme d'information. Bien qu'on y trouve tous les aspects qui se rapportent au contrôle des armements, le Centre est enclin à se pencher sur des questions qui touchent directement le Canada et qui permettront aux politiques canadiennes d'avoir des répercussions directes sur le processus mondial de contrôle des armements.

Le ministère des Affaires extérieures encourage aussi la discussion sur les questions de paix et de sécurité. Le groupe consultatif, qui a été aboli vers 1990, réunissait, chaque année, quelque 50 Canadiens pour une discussion sur la paix et la sécurité, présidée par l'ambassadeur du désarmement. Le Fonds du désarmement était important pour le financement de groupes ou de personnes qui s'engageaient de façon pondérée dans les discussions, la recherche, la diffusion d'information ou la publication de textes portant sur le contrôle des armements et sur le désarmement.

Les activités des groupes pacifistes au Canada ont indubitablement contribué à former l'opinion publique. Des sondages démontrent que les Canadiens ne font plus confiance aux superpuissances et que les gens croient que les risques d'une guerre nucléaire se sont accrus au cours des dernières années. Beaucoup de Canadiens souhaitent que le gouvernement prenne une part plus active dans le désarmement, mais ils demeurent incertains du rôle que le pays doit jouer en ce qui a trait à la sécurité. On parle énormément de sécurité alternative, du besoin de coopération internationale et de l'importance de la résolution pacifique des conflits. Cependant, jusque-là, la majorité des groupes n'ont pas encore trouvé le moyen de concilier le besoin pressant du désarmement avec les exigences liées à la sécurité nationale.

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