NCSM Rainbow | l'Encyclopédie Canadienne

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NCSM Rainbow

Le navire canadien de Sa Majesté (NCSM) Rainbow était un croiseur de classe Apollo qui a été mis en service dans la Marine royale britannique en 1893. En 1910, la Grande-Bretagne a vendu le navire au Canada, où il est devenu l’un des deux premiers navires de guerre du tout nouveau Service naval du Canada. Le Rainbow a servi durant dix ans dans la Marine royale canadienne, notamment pendant la Première Guerre mondiale. Il a été vendu à la ferraille en 1920.

Marine royale canadienne

Service dans la marine royale

Le Rainbow est construit à Hebburn-on-Tyne en Angleterre, et il est lancé le 25 mars 1891. Il entre en service en tant que navire de guerre de la Royal Navy (RN) en 1892, faisant partie des 21 navires de classe Apollo. Le Rainbow sert à la station chinoise (1895-1898), et ensuite à Malte (1898-1899).

Entre 1900 et 1909, le Rainbow connaît un service limité en raison de ses coûts élevés d’exploitation, bien qu’il effectue quelques voyages en Méditerranée. En 1904, la RN limite le navire à des tâches portuaires et le désarme au début de l’année 1909.

Spécifications du NCSM Rainbow

Déplacement

3265 tonnes

Longueur

95,7 mètres

Faisceau (largeur)

13,3 mètres

Tirant d’eau

5,3 mètres

Vitesse

19,75 nœuds

Équipage

273–300

Armement

2 canons de 6 pouces, 6 canons de 4,7 pouces

Armement (configuration finale)

4 canons de 12 pdr, 4 canons de 6 pdr, 4 tubes torpilles de 14 pouces

Pour soutenir les opérations de débarquement :

1 canon 12 de pdr, 1 canon de 3 pdr, 4 mitrailleuses de 0,303 pouce


Les officiers et l’équipage du NCSM <em>Rainbow</em>, en 1917.

Service dans la Marine royale canadienne

Le gouvernement crée le Service naval du Canada (SNC) le 4 mai 1910 (voir Marine royale canadienne). Cela fait suite à plusieurs années de débats au Canada et de discussions avec les autorités britanniques sur la question de savoir si le Canada doit avoir sa propre marine ou fournir des fonds pour construire des navires pour la RN. Le gouvernement libéral de sir Wilfrid Laurier décide finalement que le Canada doit avoir sa propre marine. Toutefois, à l’époque, le pays n’a pas la capacité de construire des navires de guerre; ceux-ci doivent être achetés à la Grande-Bretagne.

Avant même la création du NSC, le Canada achète le Rainbow pour 50 000 ₤ en novembre 1909 pour qu’il serve de navire-école et pour des missions de protection des pêcheries sur la côte ouest. À cette époque, la classe Apollo est déjà obsolète. En janvier 1910, le gouvernement achète le Niobe pour un service similaire sur la côte est. En plus de fournir des navires, la RN prête également au Canada 50 officiers et plus de 500 marins pour l’aider à faire fonctionner les navires et contribuer à la formation des recrues de la marine.

Le 4 août 1910, le Rainbow est mis en service dans le SNC. Le navire fait ensuite route vers Esquimalt dans un voyage de 28 000 km autour de l’Amérique du Sud, et il arrive le 7 novembre. La RN y stationne alors deux navires, les petits sloops à vapeur et à voile HMS Algerine et Shearwater. Aucun n’est équipé d’une radio. Jusqu’à la fin de l’année 1912, le Rainbow navigue le long de la côte ouest pour former son équipage, attirer de nouvelles recrues, effectuer des visites cérémonielles et entreprendre des tâches de protection des pêcheries.

NCSM Shearwater et NCSM Rainbow

Le SNC est officiellement renommé Marine royale du Canada (MRC) le 29 août 1911. En 1913 et pendant la majeure partie de l’année 1914, le Rainbow demeure inactif en raison de la pénurie d’équipages. Cependant, un incident très fâcheux implique le Rainbow au cours de cette période.

Incident du Komagata Maru

En 1914, le NCSM Rainbow se trouve impliqué dans un incident concernant des immigrants indiens. Au début des années 1900, quelques milliers de Sud-Asiatiques immigrent sur la côte pacifique du Canada et des États-Unis. Leur arrivée attire une attention négative et, en 1908, le Canada interdit toute nouvelle immigration en provenance de l’Inde (l’Inde moderne, le Pakistan et le Bangladesh). À cette époque, la plupart des Canadiens croient que le Canada est « un pays d’hommes blancs », ce qui donne lieu à des politiques d’immigration extrêmement restrictives.

Malgré ces politiques, le navire à vapeur japonais Komagata Maru arrive dans le port de Vancouver le 23 mai 1914, avec à son bord environ 375 Punjabis, pour la plupart des sikhs, qui souhaitent émigrer au Canada. Les agents de l’immigration refusent de laisser débarquer les passagers indiens et une impasse s’ensuit. Les Indiens résistent à toutes les tentatives visant à les faire partir volontairement, et les fonctionnaires canadiens bloquent les communications, les tentatives pour porter l’affaire devant les tribunaux et même la nourriture et l’eau, jusqu’à ce que la situation à bord du navire devienne désespérée.

Komagata Maru

Le 18 juillet, la police et d’autres responsables prennent d’assaut le Komagata Maru afin d’expulser les Indiens de force et de les embarquer sur un navire à destination de Hong Kong. Les passagers repoussent les forces de l’ordre avec une pluie d’objets, incluant des morceaux de charbon. Le lendemain, les autorités acceptent rapidement l’offre d’assistance du Rainbow. Après de rapides préparatifs pour que le Rainbow puisse naviguer ainsi que pour trouver un équipage supplémentaire, le navire atteint finalement Vancouver le lendemain.

L’arrivée du Rainbow convainc les Indiens de partir et le Komagata Maru met le cap sur Hong Kong le 23 juillet. Le Rainbow fournit un pilote et escorte le navire japonais hors du port jusqu’en haute mer; il retourne ensuite à Esquimalt.

Première Guerre mondiale

Le 1er août 1914, l’Amirauté demande au gouvernement canadien de mettre le Rainbow à disposition pour assurer la protection commerciale de la côte ouest en prévision de la guerre (voir Première Guerre mondiale). En raison d’une précédente patrouille de chasse aux phoques et de l’incident du Komagata Maru, le Rainbow est prêt à appareiller, à l’exception d’un manque de munitions explosives et de membres d’équipage.

À l’époque, l’Algerine et le Shearwater se trouvent au large des côtes mexicaines et font partie d’un escadron international chargé de protéger les intérêts étrangers durant la guerre civile mexicaine. Pendant ce temps, la puissante escadre d’Extrême-Orient de l’Empire allemand, commandée par le vice-amiral Graf von Spee, se trouve en mer. L’escadre est composée de deux croiseurs blindés, le Scharnhorst et le Gneisenau, et de trois croiseurs légers, l’Emden, le Nürnberg et le Leipzig. Graf Von Spee veut faire autant de dommages que possible aux navires alliés sur le chemin du retour vers l’Allemagne.

Graf Von Spee décide de passer par l’Amérique du Sud, où il espère recueillir du charbon dans certains des nombreux pays neutres et pouvoir également communiquer avec l’Allemagne. Il détache d’abord l’Emden dans l’océan Indien pour une mission de raid indépendante; le Dresden le remplace plus tard.

Le 3 août, le Rainbow quitte Esquimalt sous les ordres du capitaine Walter Hose. Le lendemain, la guerre éclate et le gouvernement canadien met le croiseur à la disposition de l’Amirauté. L’Amirauté ordonne à Walter Hose de protéger l’Algerine et le Shearwater, et il se dirige donc vers le sud. Il atteint San Francisco le 7 août, où il espère s’approvisionner en charbon. Cependant, la récente proclamation de neutralité américaine ne lui permet de ramasser qu’une quantité suffisante de charbon pour atteindre le port britannique le plus proche. Le Rainbow en a assez pour cela, mais les autorités l’autorisent à prendre 50 tonnes comme marge de sécurité.

Pendant ce temps, l’Emden et le Nürnberg sont signalés au large de San Diego en direction nord, mais il n’y a toujours aucune d’indication sur la position des deux sloops de la RN. Walter Hose quitte San Francisco et effectue des patrouilles sur la route prévue des croiseurs allemands, espérant que les sloops se dirigent vers le nord. Pour se préparer à la bataille, les marins arrachent toutes les boiseries inflammables non essentielles et les jettent par-dessus bord.

Le 10 août, le Rainbow commence à remonter lentement la côte; le charbon du navire s’épuise et Walter Hose croit que l’Algerine et le Shearwater sont en sécurité au nord. De retour à Esquimalt, il apprend que le Leipzig a capturé des navires au large de San Francisco. Walter Hose met immédiatement le cap vers le sud, mais le lendemain, l’Amirauté rappelle le Rainbow parce qu’un croiseur moderne de la RN est en route vers la côte ouest.

Le saviez-vous?
Un escadron de la RN envoyée par la Grande-Bretagne pour affronter les navires de Graf von Spee les a rencontrés le 1er novembre 1914, à 80 km de l’île chilienne de Coronel. Au cours de la bataille qui s’est ensuivie, les Allemands ont vaincu l’escadron britannique et ont coulé deux de ses navires avec corps et biens. Quatre aspirants de la MRC faisaient partie de l’équipage du navire amiral britannique Good Hope. Ils ont été les premières victimes canadiennes au combat de la Première Guerre mondiale. (Voir Bataille de Coronel.)


En janvier 1915, l’Amirauté ordonne au Rainbow de rechercher le Dresden au large des côtes mexicaines. En mars, d’autres navires de guerre repèrent le croiseur allemand dans le sud du Pacifique et ils le coulent. Le Rainbow retourne à Esquimalt, marquant ainsi la fin de son service opérationnel.

Or russe

Au début de l’année 1916, les autorités impériales russes deviennent de plus en plus alarmées par l’éclatement d’une révolution dans le pays. Elles décident d’expédier l’or du pays par navire à la Monnaie canadienne d’Ottawa pour le mettre en sécurité. En février, les Russes envoient environ 140 millions de dollars en lingots de Vladivostok vers le Canada à bord d’un navire de guerre japonais.

Le Rainbow rencontre le navire japonais en haute mer, au large de la pointe nord-ouest de l’Oregon, et transfère l’or au milieu de coups de vent. Le navire de guerre se dirige ensuite vers les quais du CP à Vancouver. À cet endroit, l’or est transféré dans des wagons en attente qui sont déguisés en un train de soie et sont surveillés par des gardes armés. (Voir aussi Intervention du Canada dans la Guerre civile russe.)

Dernières années

En 1917, la menace des navires de guerre allemands sur la côte du Pacifique prend fin. Les Japonais protègent le nord du Pacifique, tandis que le fait que les États-Unis entrent en guerre en avril 1917 signifie que la US Navy (USN) est également disponible. Entre-temps, la menace des sous-marins allemands sur la côte est augmente considérablement. Le Rainbow devient une installation d’entraînement pour les artilleurs des navires de patrouille de la côte est. (Voir Le Canada et la lutte anti-sous-marine pendant la Première Guerre mondiale).

En juin 1917, le Rainbow est converti en navire de dépôt et réduit à faire de courts voyages autour de l’île de Vancouver pour former de nouveaux officiers. Après la fin de la guerre, une entreprise américaine de ferraille achète le croiseur pour 67 777 $; le navire quitte Esquimalt en septembre 1920. Peu après, le Rainbow coule au large de Seattle alors qu’il est remorqué avec un chargement de minerai de cuivre.

Commémoration

Le précurseur de l’actuel Corps royal canadien des cadets de la marine Rainbow (voir Cadets) est établi à Victoria en 1918. Trois des roues de navire du Rainbow sont récupérées, dont l’une est exposée au Musée canadien de la guerre. En 1968, le gouvernement américain vend le sous-marin Argonaut du USN à la MRC, qui le renomme Rainbow en l’honneur du croiseur.