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Stéphane Dion

Stéphane Dion, universitaire et homme politique (né le 28 septembre 1955 à Québec, au Québec).
Dion, Stéphane
L'honorable Stéphane Dion, chef du Parti libéral du Canada depuis 2006 - 2008 (avec la permission du Parti libéral du Canada).

Stéphane Dion, universitaire et homme politique (né le 28 septembre 1955 à Québec, au Québec). Ancien professeur d’université, Stéphane Dion s’est lancé en politique fédéral en 1996 alors qu’il se joint au Cabinet libéral du premier ministre Jean Chrétien. Concepteur de la Loi de clarification, il a grandement influencé l’opinion du gouvernement fédéral sur la souveraineté du Québec. Il a été à la tête du Parti libéral de 2006 à 2008, soit jusqu’à la défaite du parti aux élections. Stéphane Dion a siégé au Parlement à titre de simple député jusqu’en 2015, alors qu’il est nommé ministre au Cabinet du gouvernement libéral majoritaire de Justin Trudeau.

Éducation et formation

Stéphane Dion est le fils de Léon Dion, important politicologue qui a enseigné à l’Université Lavalet agi à titre de conseiller constitutionnel pour plusieurs premiers ministres québécois à compter des années 1960. Lorsqu’il étudie à l’Université Laval, le jeune Dion est souverainiste et mène campagne pour le Parti québécoisen 1976. Après avoir obtenu un baccalauréat et une maîtrise en science politique à l’Université Laval, il déménage à Paris où il obtient son doctorat d’État en sociologie du prestigieux Institut d’études politiques.

Professeur en science politique

En 1984, il accepte un poste au Département de science politique de l’Université de Montréalet se spécialise en politique canadienne et en administration publique. Ses opinions sur la question du Québec se cristallisent en 1991, lorsqu’il passe une année sabbatique à la Brookings Institution de Washington. En rédigeant l’ébauche d’une présentation sur le nationalisme québécois pour un des séminaires de réflexion, il prend conscience que, en réalité, il est fédéraliste.

Au cours de la campagne référendaire de 1995 au Québec, Stéphane Dion est un commentateur régulier à la télévision. Il est l’un des seuls intellectuels québécois à défendre le fédéralisme. Ses attaques logiques et précises contre les séparatistes attirent l’attention du premier ministre Jean Chrétien, qui demande au jeune professeur d’entrer dans son Cabinet.

Membre du Cabinet fédéral

De 1996 à 2003, il est président du Conseil privé et ministre des Affaires intergouvernementales tout en étant responsable de l’unité nationale. Bien que débutant dans le domaine de la politique, il a une grande influence au Cabinet et devient une figure clé dans le changement de position du gouvernement fédéral sur le Québec. Ottawa a jusque-là évité de se demander quelles seraient les conséquences pour le Canada de l’indépendance du Québec. Stéphane Dion prend la question d’assaut. Il soutient publiquement que si le Canada peut être divisé, le Québec peut l’être aussi. En d’autres mots, la province ne peut s’attendre à conserver tout son territoire si elle quitte le Canada. Bien qu’il reconnaisse que le Québec a droit à l’indépendance, M. Dion insiste sur le fait que la province ne peut pas devenir souveraine sans négocier au préalable les modalités de sa séparation avec le Canada. Les arguments de M. Dion finissent par lui valoir l’hostilité de l’élite politicienne et médiatique du Québec; le quotidien montréalais La Presse le présente fréquemment comme un rat dans les caricatures politiques.

Stéphane Dion convainc le Cabinet de demander à la Cour suprême du Canadas’il est possible pour une province de se séparer unilatéralement du Canada. La Cour répond en août 1998 en déclarant que, en vertu d’une loi internationale ou nationale, une province ne peut pas déclarer sa souveraineté unilatéralement. Le gouvernement fédéral ne peut toutefois pas empêcher le Québec de se séparer si une majorité incontestable des résidents de la province indique qu’elle est en faveur de l’indépendance.

Contre toute attente et contre l’avis de plusieurs autres membres du Cabinet, M. Dion répond au jugement en préparant la Loi de clarification qui est adoptée en juin 2000. Cette loi atteste que le Canada ne négociera la sécession d’une province que si la majorité claire de la population vote pour l’indépendance dans le cadre d’un référendum fondé sur des questions claires. Les critiques affirment avec insistance que la Loi provoquera au Québec une réaction favorable aux souverainistes. Ces prédictions se révèlent infondées puisque le soutien à l’indépendance décline au cours des mois qui suivent.

Paul Martin, qui devient premier ministre en décembre 2003, fait partie des incrédules quant à l’approche de Stéphane Dion. M. Martin déloge M. Dion du Cabinet et offre à son ancien collègue un poste de diplomate à condition qu’il quitte le monde de la politique. M. Dion choisit plutôt de rester au parlement et de se présenter avec les libéraux dans sa circonscription en banlieue de Montréal, Saint-Laurent−Cartierville. Il est mis en marge du parti jusqu’à la toute fin de la campagne électorale de juin 2004, lorsqu’il revient au premier plan pour renforcer le soutien aux libéraux au Québec.

Le gouvernement de Paul Martin gagne les élections, mais se retrouve minoritaire aux Communes. Le premier ministre invite M. Dion à se joindre à nouveau au Cabinet en tant que ministre de l’Environnement. En occupant ce poste, Stéphane Dion défend le Protocole de Kyoto, une entente internationale visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. En décembre 2005, il préside à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui se tient à Montréal et qui contribue à prolonger le Protocole de Kyoto au-delà de 2012.

Chef du Parti libéral

Après la défaite des libéraux aux élections de janvier 2006, Stéphane Dion quitte le poste de ministre de l’Environnement et Paul Martin n’est plus chef du parti libéral. En avril, bien que les experts n’y croient pas, Stéphane Dion annonce qu’il participera à la course à la direction du parti. À l’aube de la convention de décembre, il est sixième sur huit quant aux dons de campagne et quatrième quant à l’engagement de soutien des délégués. Les intentions de vote démontrent toutefois qu’il est de loin le second favori parmi les délégués. Au quatrième tour de scrutin, Stéphane Dion est élu chef de parti.

Il hérite d’un parti en conflit. Les libéraux sont désorganisés et gravement endettés. La dissidence interne se poursuit après la longue guerre civile entre les partisans des anciens chefs Jean Chrétien et Paul Martin. M. Dion doit également faire face aux attaques des conservateurs. En 2007 et en 2008, les conservateurs dépensent des millions de dollars en publicités représentant M. Dion comme un chef inefficace. En mauvaise posture selon les sondages d’opinion, à court de fonds et à la tête d’un parti qui n’est pas prêt pour une élection, M. Dion rate des occasions de vaincre le gouvernement conservateur minoritaire.

Le premier ministre Stephen Harper force une élection en septembre 2008. La campagne ne se déroule pas bien pour Stéphane Dion. Elle est basée sur le « Tournant vert », une promesse de baisse des impôts sur le revenu et de mise en place d’une taxe sur le carbone visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les conservateurs décrivent ces mesures comme une simple augmentation d’impôts et M. Dion comme un chef faible. Malgré sa maladresse en anglais, Stéphane Dion réussit bien dans les débats télévisés et dans ses discours de fin de campagne, mais ce n’est pas suffisant. Le 14 octobre, les libéraux n’ont plus que 77 sièges aux Communes, comparativement aux 103 en 2006. Six jours plus tard, M. Dion annonce qu’il se retirera de la chefferie du parti dès que son successeur aura été choisi.

Lorsque le Parlement se réunit en novembre, les parties de l’opposition s’entendent pour voter contre le gouvernement et demandent à la gouverneure générale de nommer Stéphane Dion premier ministre. Afin d’éviter la défaite, Stephen Harper s’arrange pour que le Parlement proroge jusqu’en janvier.

Les libéraux travaillent rapidement au remplacement de M. Dion et, le 10 décembre 2008, nomment Michael Ignatieff chef intérimaire puis chef officiel lors du congrès du parti en avril−mai 2009. Malgré son retrait de la chefferie, Stéphane Dion conserve discrètement un siège à la Chambre des communes.

Opposant au Parlement

Aux élections fédérales de mai 2011, le Parti libéral ne compte plus que 34 sièges à la Chambre des communes, l’abaissant à la troisième place. Grâce à une victoire aisée dans sa circonscription, Stéphane Dion détient un de ces sièges. Après avoir mené le parti à sa pire défaite, Michael Ignatieff annonce sa démission de la chefferie. Au cours des quatre années suivantes, Stéphane Dion est un député libéral de premier rang qui défend les langues officielles, l’union nationale, l’environnement et le traitement juste des détenus par les troupes canadiennes en Afghanistan.

Retour au Cabinet

Stéphane Dion conserve son siège aux élections fédérales de 2015 et, peu après, est nommé ministre des Affaires mondiales au Cabinet du premier ministre Justin Trudeau et président du Comité du Cabinet chargé de l’environnement, du changement climatique et de l’énergie. Au sein du Parti libéral, il s’attire le respect de ses collègues comme un sage homme d’État.

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