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Médecine vétérinaire

La médecine vétérinaire est une SCIENCE qui traite de la santé et de la maladie chez les VERTÉBRÉS et qui comprend quatre champs d'application : les animaux domestiques, les animaux sauvages, la médecine comparée et la SANTÉ PUBLIQUE.

Médecine vétérinaire

La médecine vétérinaire est une SCIENCE qui traite de la santé et de la maladie chez les VERTÉBRÉS et qui comprend quatre champs d'application : les animaux domestiques, les animaux sauvages, la médecine comparée et la SANTÉ PUBLIQUE. En 1987, le Canada compte environ 5700 vétérinaires en exercice ; ce nombre augmente de 250 chaque année. On trouve des vétérinaires en nombre à peu près égal en pratique privée rurale, en pratique privée urbaine ou à l'emploi d'une organisation. Cependant, la proportion de vétérinaires en pratique urbaine est en train d'augmenter. La formation exige au moins deux années d'études préuniversitaires suivies de quatre années de médecine vétérinaire proprement dite. De 10 à 20 p. 100 des diplômés poursuivent des études de deuxième ou de troisième cycle dans les programmes cliniques ou de recherche. Le programme d'études en médecine vétérinaire est similaire à celui de MÉDECINE. L'Association canadienne des vétérinaires (ACV) regroupe les vétérinaires à l'échelle nationale et chaque province comporte sa propre association.

La médecine vétérinaire clinique fournit les soins primaires aux animaux destinés à l'alimentation, aux animaux de compagnie, aux chevaux ou à tous ces animaux réunis. À la campagne, les vétérinaires s'occupent de différents animaux, la plupart étant destinés à l'alimentation. Dans les villes, un grand nombre de vétérinaires s'occupent exclusivement d'animaux de compagnie ou de CHEVAUX. Selon ses préférences, le vétérinaire peut exercer sa profession seul, en association ou dans des entreprises. Il tire son salaire des honoraires chargés au client. Après avoir réussi les examens d'usage, le vétérinaire obtient son droit d'exercer d'une autorité provinciale, généralement l'association vétérinaire de la province.

Animaux destinés à l'alimentation

Les animaux destinés à l'alimentation comprennent les bovins laitiers et de boucherie, le porc, le mouton, la chèvre et la volaille (voir ZOOTECHNIE). Les animaux sont soignés à la ferme ou dans un grand hôpital vétérinaire et le traitement est parfois subventionné par les gouvernements provinciaux ou municipaux. Cette aide financière peut prendre la forme de fonds versés aux hôpitaux vétérinaires (comme au Manitoba), d'aide directe pour payer les honoraires professionnels (comme au Québec). D'ailleurs, le Québec est le seul endroit en Amérique du Nord où l'on trouve une « assurance-soins vétérinaires ». Au Nouveau-Brunswick, tous les vétérinaires qui s'occupent d'animaux destinés à l'alimentation sont à l'emploi de la province. De leur côté, les vétérinaires qui traitent les maladies de la volaille ont tendance à se spécialiser et sont généralement à l'emploi du gouvernement ou de l'industrie privée.

Petits animaux

Le vétérinaire qui s'occupe des petits animaux traite le plus souvent les CHIENS et les CHATS mais aussi les lapins et les rongeurs (souris, gerbilles), les oiseaux (perruches, perroquets, pinsons), les poissons et autres animaux moins familiers (primates, reptiles).

Les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux emploient des vétérinaires chargés de protéger la santé animale et humaine. Aux ministères de l'Agriculture, de la Santé, de l'Environnement et au Service canadien de la faune, les vétérinaires posent des diagnostics en laboratoires, mènent des enquêtes sur le terrain, font l'inspection des aliments et des animaux, s'occupent d'administration, de recherche et d'éducation. Dans les universités, les vétérinaires enseignent et font de la recherche. Certains se trouvent dans les facultés d'agriculture ou de médecine ou dans les départements de biologie ou encore dans des établissements de recherche spécialisés comme la Veterinary Infectious Disease Organization (VIDO) de l'U. de la Saskatchewan. Quelques vétérinaires travaillent dans l'industrie, en particulier dans les compagnies qui fabriquent ou vendent des PRODUITS PHARMACEUTIQUES et BIOLOGIQUES. Leurs tâches incluent la recherche, la vente, l'administration et un service de consultation et d'information pour les vétérinaires travaillant dans des industries reliées aux animaux.

L'évolution des connaissances et de la technologie en médecine vétérinaire pousse certains vétérinaires à se spécialiser dans un domaine particulier (médecine interne, pathologie, dermatologie, microbiologie, radiologie) ou dans une classe d'animaux (animaux de laboratoires, de boucherie, chevaux, petits animaux). Pour ce faire, le vétérinaire doit posséder une certaine expérience, suivre une formation de deuxième ou troisième cycle et réussir des examens difficiles. La plupart des spécialistes sont à l'emploi d'institutions. Bien qu'un grand nombre de vétérinaires se limitent à une ou deux espèces, cela n'est pas considéré par la profession comme une spécialité au sens formel du terme.

Animaux domestiques

Animaux destinés à la consommation
Au Canada, les fermes tirent environ la moitié de leurs revenus des animaux ou des produits d'origine animale. La protection et la santé de cette ressource sont la responsabilité des vétérinaires et des organismes gouvernementaux institués à cette fin. Les vétérinaires s'occupent du traitement et de la prévention des maladies indigènes des animaux de ferme. Leur objectif premier étant le bénéfice économique du propriétaire, le traitement doit donc tenir compte des coûts et se faire rapidement de sorte que l'animal ne souffre pas inutilement. Le vétérinaire met l'accent sur la prévention des maladies et sur les méthodes optimales de reproduction (voir ANIMAUX, ÉLEVAGE DES). Il doit avoir des compétences en diagnostic, chirurgie, pratiques de reproduction, pharmacothérapie et analyse des données de production. En médecine préventive, la mesure, la notation et l'analyse du rendement de la production permettent de contrôler la santé de chaque animal et du troupeau.

Agriculture Canada est responsable de l'importante législation qui protège le cheptel canadien des maladies dont la déclaration est obligatoire (selon la loi) ainsi que des maladies exotiques comme la fièvre aphteuse ou la peste porcine africaine. Les animaux provenant d'ailleurs constituent une menace constante car ils risquent d'être porteurs de maladies exotiques contagieuses. Le succès remarquable du ministère dans le contrôle de telles maladies ouvre les marchés internationaux au bétail canadien. Les programmes fédéraux visent aussi à contrôler ou à éliminer d'importantes maladies indigènes comme la rage, la tuberculose, la brucellose (avortement épizootique). À cet égard, 1985 marque un point tournant car c'est l'année où la population bovine canadienne est déclarée exempte de brucellose. Les vétérinaires du fédéral assurent aussi la qualité et la sécurité des produits d'origine animale en inspectant les viandes (voir ALIMENTS, LÉGISLATION SUR LES).

Parmi les grands problèmes de santé du bétail figurent la haute mortalité des nouveau-nés due aux maladies intestinales et respiratoires, les problèmes de reproduction, et les affections subcliniques qui affectent la production. Les recherches vétérinaires portant sur les maladies et le maintien de la santé des animaux de boucherie sont menées principalement par le gouvernement fédéral et les universités. La recherche gouvernementale donne priorité au dépistage et au contrôle des maladies contagieuses, particulièrement celles dont la déclaration est obligatoire. Le vaccin contre la diarrhée néonatale chez le veau, causée par certaines souches de la bactérie Escherichia coli, est une des importantes contributions du Canada à la lutte, sur le plan international, contre les maladies animales. Mis au point par VIDO, le vaccin est commercialisé par une firme canadienne. La nouvelle technologie en matière de reproduction (transfert et congélation d'embryons) ouvre une voie rapide aux améliorations génétiques et on peut s'attendre à une production plus efficace.

Animaux sauvages

En liberté
Les animaux sauvages, y compris les poissons et les oiseaux, sont une richesse importante de l'environnement naturel du Canada. En plus de sa valeur intrinsèque, la faune fournit nourriture, vêtement et revenus économiques, principalement aux autochtones, et représente une source de loisirs pour les naturalistes et les chasseurs. Les animaux sauvages servent aussi de sentinelles pour détecter les problèmes environnementaux. La médecine vétérinaire fait partie des professions qui s'intéressent activement à la santé et aux maladies de ces populations. Les animaux sauvages sont importants en terme d'épizootiologie (rage, tularémie) mais aussi en terme d'épidémiologie humaine car ils jouent un rôle de vecteurs de maladies. Par exemple, les BISONS du PARC NATIONAL WOOD BUFFALO sont porteurs de la tuberculose et de la brucellose.

Santé publique, animaux de laboratoire et médecine comparée

Dans le domaine de la santé publique, les vétérinaires veillent à la salubrité des aliments d'origine animale. Cette responsabilité gouvernementale complexe comprend le dépistage d'agents infectieux et de produits chimiques indésirables (additifs alimentaires, drogues, polluants environnementaux) dans la viande, le lait et les oeufs. Les zoonoses sont les maladies qui se transmettent de l'animal à l'homme. Il en existe plus de 200 chez les animaux sauvages (rage, encéphalite de l'Ouest, tularémie, peste) ou domestiques (tuberculose, brucellose). L'immunisation des chiens contre la rage permet aux vétérinaires de protéger les humains des zoonoses. De plus, ils informent le public des autres facteurs potentiellement dangereux dans la relation de l'homme avec l'animal, comme le lien entre la rage et les chiens errants.

Les animaux de laboratoire sont utilisés en recherche médicale afin d'identifier et d'examiner les dangers possibles pour la santé humaine. Le soin et l'utilisation de tels animaux est maintenant une spécialité. Les animaux de laboratoire offrent des modèles naturels et expérimentaux de maladies humaines ou animales et leur étude est essentielle pour mieux comprendre la maladie. Il est important que ces animaux soient utilisés sans cruauté. Le Conseil canadien de protection des animaux s'occupe de cette question (voir ANIMAUX, QUESTIONS RELATIVES AUX ; SOCIÉTÉ DE PROTECTION DES ANIMAUX).

La médecine comparée est l'étude des phénomènes pathologiques communs à toutes les espèces ; la recherche porte sur les maladies naturelles et inoculées. À partir des résultats, on peut faire des extrapolations qui s'appliquent aux maladies d'espèces particulières dont l'homme. Les chercheurs et les vétérinaires ont identifié un grand nombre de maladies naturelles chez l'animal pouvant servir de modèle pour des états similaires ou identiques chez l'homme ou d'autres animaux. Ces maladies types peuvent être nombreuses car les phénomènes pathogènes se ressemblent partout dans le règne animal.

Les études de maladies inoculées aux animaux ont permis de faire avancer la médecine : pour preuve, la théorie des germes et la découverte de l'insuline. C'est aussi grâce à la médecine comparée que l'on a découvert que les arthropodes sont des vecteurs de maladies infectieuses et que les virus sont à l'origine du cancer. Ainsi, la transmission par les tiques d'une maladie protozoaire chez le bétail (fièvre du Texas) a fourni la première preuve qu'un tel phénomène existe ; on comprend mieux maintenant la transmission de la malaria ou autres maladies par les moustiques et autres arthropodes. Ce sont d'abord des recherches sur les poulets qui ont démontré que les virus peuvent causer le cancer. Ces résultats se sont plus tard confirmés sur d'autres animaux.

En 1922, la découverte d'une mycotoxine par Francis SCHOFIELD du Ontario Veterinary College, est une contribution canadienne importante à la médecine comparée. Schofield découvre qu'une moisissure sur le trèfle d'odeur humide produit une toxine qui provoque des hémorragies mortelles chez les bovins. Cette substance toxique, le dicoumarol, est un puissant anticoagulant qui est maintenant utilisé médicalement chez les humains. Depuis, on a décrit un grand nombre de mycotoxines. La découverte du dicoumarol a servi de tremplin à la découverte d'autres substances à activité biologique produites par des moisissures, dont les antibiotiques.

En captivité

La santé et la reproduction des animaux sont les principales préoccupations des vétérinaires au service des JARDINS ZOOLOGIQUES ; c'est un champ de spécialité qui grandit. La haute densité de la population et les conditions artificielles d'alimentation font que ces animaux sont particulièrement vulnérables aux maladies et affectent leur reproduction. Au Canada, les jardins zoologiques et les aquariums emploient des vétérinaires à temps plein ou à temps partiel.

Poissons et espèces aquatiques

La santé des POISSONS, des mollusques et des crustacés en liberté ou en captivité prend de plus en plus d'importance. Le confinement des poissons dans des étangs ou par des moyens mécaniques afin d'accroître la densité de la population, augmente les risques de maladies infectieuses. Ainsi, pour que l'AQUACULTURE demeure une industrie viable, on doit s'assurer que les stocks de poissons soient sains. Au Canada, différents habitats aquatiques se prêtent à l'AQUACULTURE : les océans, les cours d'eau, les lacs et les marécages des prairies.

Animaux de compagnie

Il y a plusieurs millions d'animaux de compagnie au Canada. Les services de santé sont presque exclusivement offerts par des vétérinaires en pratique privée qui doivent construire leurs propres hôpitaux ou cliniques et engager des techniciens en santé animale et du personnel de soutien. Il est courant de voir des installations pouvant accommoder 50 à 100 animaux et pourvues des équipements nécessaires à la radiologie, à la chirurgie, aux tests de laboratoire ou autres spécialités. La mise sur pied d'un hôpital exige de gros investissements. La médecine des petits animaux est semblable à la médecine humaine car on les garde généralement auprès de soi jusqu'à leur mort et, comme l'humain, leur vieillesse s'accompagne d'infirmités ou de maladies. Mais, comparativement aux animaux de boucherie, les considérations économiques sont moindres lorsqu'il s'agit de les traiter.

Animaux de travail et animaux de spectacle

Un autre secteur important de la médecine vétérinaire est celui des soins de santé prodigués aux animaux domestiques utilisés à des fins récréatives ou pour le travail. La société canadienne est très mécanisée et, conséquemment, l'animal a très peu de place dans le monde du travail. Au cours des dernières années, le nombre de chevaux a augmenté, un petit nombre est utilisé comme chevaux de trait ou chevaux pour rassembler le bétail, mais la plupart sont utilisés à des fins sportives ou récréatives (voir COURSES ATTELÉES ; COURSES DE PUR-SANG). Ces athlètes du monde animal sont sujets aux blessures et aux problèmes associés à la course ou à d'autres activités sportives. Un grand nombre de vétérinaires se spécialisent dans les problèmes spécifiques aux chevaux, dont la boiterie. Les chiens, de leur côté, sont utilisés pour différentes tâches : rassembler les moutons, tirer les traîneaux ou guider les handicapés visuels ou auditifs. Leurs soins sont confiés aux vétérinaires spécialisés dans les petits animaux.

Fibres et fourrure

Les moutons sont les seuls producteurs importants de fibres animales au Canada ; ils sont traités par des vétérinaires, généralement dans le cadre de programmes de médecine préventive. D'autres espèces animales fournissent aussi des fibres s'apparentant à la laine et qui peuvent être utilisées pour faire des vêtements. Le BOEUF MUSQUÉ , originaire d'ici, produit une fibre de haute qualité appelée qiviut. Dans le futur, les populations du Nord arriveront peut-être à une forme de domestication de cet animal afin de prélever le qiviut. Les recherches vétérinaires sur le boeuf musqué explorent les façons d'en tirer le maximum.

L'élevage des animaux à fourrure se fait dans tout le pays. Les espèces économiquement importantes sont le VISON et le RENARD. La lutte contre les maladies est vitale pour assurer le succès de l'ÉLEVAGE DES ANIMAUX À FOURRURE, car la promiscuité les rend vulnérables à différentes maladies contagieuses dont la maladie de Carré et l'infection intestinale à parvovirus. Cette dernière est décrite pour la première fois à Fort William. Le vison illustre bien comment les animaux peuvent servir de sentinelles de POLLUTION chimique. On a démontré que le faible taux de reproduction des visons d'élevage dont la diète se composait de poisson du lac Michigan était causé par les BPC (biphényles polychlorés) contenus dans le poisson. Cet incident démontre que les BPC et les composés chimiques du même genre représentent un danger biologique.

Lecture supplémentaire

Liens externes