Pluie, production artificielle de la | l'Encyclopédie Canadienne

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Pluie, production artificielle de la

La pluie est d'une importance vitale pour la vie sur terre et beaucoup de techniques ont été mises en oeuvre pour la provoquer. Dans les temps anciens, on allumait des feux pour apaiser les dieux. Dans l'Europe napoléonienne, on tirait des coups de canon lorsque le temps était nuageux.

Pluie, production artificielle de la

La pluie est d'une importance vitale pour la vie sur terre et beaucoup de techniques ont été mises en oeuvre pour la provoquer. Dans les temps anciens, on allumait des feux pour apaiser les dieux. Dans l'Europe napoléonienne, on tirait des coups de canon lorsque le temps était nuageux. En Amérique du Nord, les Amérindiens exécutaient des danses très recherchées. Malheureusement, ces techniques ne dépassaient probablement guère le stade de l'effet psychologique. La production artificielle de pluie (pluviogénie) ou l'augmentation des précipitations voient le jour en 1946, lorsque les chercheurs américains Vincent Schaefer et Bernard Vonnegut découvrent, lors d'études séparées, qu'il est possible de transformer les gouttelettes d'eau surfondues des nuages (à une température inférieure à 0°C) en cristaux de glace par l'injection de glace sèche (dioxyde de carbone à l'état solide, à une température de -72°C) ou de cristaux d'iodure d'argent dans le nuage. Au cours de la formation naturelle de la pluie, les gouttelettes des nuages se forment lorsque la vapeur d'eau monte, et elles atteignent rapidement un point d'équilibre à un diamètre de 5-20 m. Un million ou plus de telles gouttelettes sont nécessaires pour produire une pluie moyenne. Quoique ces gouttelettes puissent croître par collision, c'est un processus inefficace et inhabituel dans les nuages des latitudes tempérées. Au Canada, la pluie se forme plutôt grâce à un processus très efficace, alliant cristaux de glace et gouttelettes d'eau surfondues.

En faisant geler directement les gouttelettes des nuages, par le biais d'injection de pastilles de glace sèche, il est possible d'activer la croissance des cristaux de glace pour aboutir éventuellement à la pluie. L'iodure d'argent agit de façon plus subtile. Les dimensions de son cristal moléculaire sont très similaires à celles d'un cristal de glace. Par conséquent, quand les particules d'iodure d'argent entrent en contact avec les gouttelettes d'eau surfondues du nuage, elles provoquent un alignement des molécules d'eau similaire à celui des molécules de glace, ce qui fait geler les gouttes d'eau.

Au Canada, la production artificielle de pluie débute en 1948 par une expérience du gouvernement fédéral. On dispersait de la glace sèche dans les nuages pour provoquer une chute de pluie et, dans des conditions appropriées, on réussissait à en obtenir. Toutefois, ces activités ont soulevé la question classique : que serait-il arrivé sans l'intervention humaine? Les résultats de ce projet ont été remis en question car, en l'absence de nuages non ensemencés, on ne pouvait établir une comparaison avec les nuages ensemencés. Néanmoins, malgré les incertitudes scientifiques, les années 50 voient une prolifération d'activités de production artificielle de pluie dans les Prairies à des fins agricoles, et, dans l'Est du Canada, pour favoriser l'exploitation forestière et la production d'énergie hydroélectrique. L'iodure d'argent est l'agent d'ensemencement, diffusé de diverses façons à partir d'installations au sol et aéroportées. Ces activités n'étant pas conçues comme expériences scientifiques, les analyses subséquentes n'ont pas été concluantes : en comparaison avec les moyennes de précipitations, on remarquait soit de légères augmentations, soit de légères diminutions.

En 1959, le gouvernement fédéral entreprend la première d'une série d'expériences de production artificielle de pluie à des fins de statistiques internationales dans le Nord-Est de l'Ontario et dans le Nord-Ouest du Québec. Cette expérience d'une durée de quatre ans sur des systèmes de tempête d'envergure a abouti à une baisse totale de 2,5 p. 100 des précipitations. Cette baisse n'est pas statistiquement significative et pourrait être le simple résultat du hasard. Toutefois, un projet de production artificielle de pluie dans la région du LAC SAINT-JEAN, au Québec, semble avoir très bien réussi, d'après les résidants. En fait, ce projet a si bien réussi qu'on a mis sur pied l'Opération Parapluie et que des mères de famille ont réclamé au gouvernement du Québec, par voie de pétition, des vitamines pour leurs enfants à cause du manque de soleil. En 1965, le ministre des Ressources naturelles du Québec ordonne de cesser toute activité de production artificielle de pluie dans la province.

Cette production artificielle de pluie décline dans tout le Canada, pendant les années 60 et 70, bien que certains projets aient continué sporadiquement à Terre-Neuve, en Ontario et en Alberta. Au milieu des années 70, des progrès révolutionnaires dans les techniques d'observation des nuages et de la précipitation de particules à partir d'aéronefs permettent au gouvernement fédéral d'effectuer une expérience, d'une durée de quatre ans, sur l'ensemencement de nuages uniquement de type cumulus, dans le Nord-Ouest de l'Ontario et dans les Territoires du Nord-Ouest. Bien que l'échantillon de nuages ensemencés soit restreint, des preuves sérieuses montrent qu'il est possible de provoquer le processus de précipitation si le nuage ne se dissipe pas dans les 20 minutes suivant l'ensemencement. On remarque que la durée de vie des nuages dans le Nord-Ouest de l'Ontario est de courte durée et qu'ils sont peu susceptibles d'être ensemencés;. La durée de vie des nuages dans les Territoires du Nord-Ouest est longue, et ils réagissent positivement à l'ensemencement. La recherche dans ce domaine effectuée en Alberta pendant les années 80 apporte des preuves supplémentaires comme quoi la glace sèche et l'iodure d'argent peuvent être utilisés pour provoquer la croissance des cristaux de glace dans les nuages qui ne précipitent pas.

Des résultats similaires ont été obtenus dans d'autres pays. Toutefois, la communauté scientifique internationale est encore prudente quant à la production artificielle de la pluie. Il n'existe pas de réponse générale satisfaisante : le succès de ces entreprises dépend probablement de nombreux paramètres géographiques et météorologiques que la science n'a pas encore définis précisément.