Yannick Nézet-Séguin | l'Encyclopédie Canadienne

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Yannick Nézet-Séguin

Yannick Nicholas Nézet-Séguin, C.C., O.Q., chef d’orchestre et pianiste (né le 6 mars 1975 à Montréal, au Québec). Connu pour sa brillance, son énergie et sa compétence parfaite, remontant à son exceptionnel jeune âge, Yannick Nézet-Séguin a fait une ascension fulgurante en tant que chef d’orchestre, en particulier des opéras. Ses nominations au poste de directeur musical de l’Orchestre Métropolitain (de 2000 à aujourd’hui), à Montréal, de l’Orchestre de Philadelphie (de 2012 à aujourd’hui) et de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam (de 2008 à 2018) en font une vedette internationale. Il a été nommé compagnon de l’Ordre du Canada à l’âge de 37 ans et officier de l’Ordre national du Québec à 40 ans. En 2016, il a été nommé directeur musical du Metropolitan Opera, un poste qu’il commence officiellement en septembre 2018. Ses diverses distinctions comprennent de nombreux prix Félix, le Prix du Centre national des Arts, le prix Virginia-Parker et le prix Denise-Pelletier.

Yannick Nézet-Séguin avec l'Orquesta Filarmónica de Rotterdam, 13 août 2011.

Éducation et formation

Yannick Nézet-Séguin commence des leçons de piano dès l’âge de cinq ans. À dix ans, il s’intéresse à la direction d’orchestre, après avoir vu Charles Dutoit diriger l’Orchestre symphonique de Montréal. À 13 ans, il devient le plus jeune élève à entrer au Conservatoire de musique du Québec à Montréal, où il étudie le piano avec Anisia Campos, ainsi que la musique de chambre, la composition et la direction d’orchestre. Il obtient des diplômes de premier prix en piano, en solfège, en harmonie et en contrepoint, ainsi qu’un diplôme d’études supérieures en 1997. Sa mère, professeure en éducation, déclare au Globe and Mail en 2016 qu’il « aurait pu être architecte ou n’importe quoi d’autre, mais il savait déjà ce qu’il voulait. »

Ses études d’été comprennent des séances de direction de chorale avec Joseph Flummerfelt au Westminster Choir College, à Princeton, au New Jersey, et des sessions orchestrales au Verbier Festival, en Suisse, avec l’Orchestre Mondial des Jeunesses Musicales. Il est également encadré par le célèbre chef d’orchestre italien Carlo Maria Giulini de 1997 à 1998. Encore étudiant, Yannick Nézet-Séguin fonde également La Chapelle de Montréal, un ensemble choral et instrumental baroque.

Début de carrière

En 1994, alors qu’il n’a que 19 ans, Yannick Nézet-Séguin est nommé directeur musical du Chœur polyphonique de Montréal. Son premier mandat professionnel remonte à juin 1998, quand il devient chef des chœurs et aide-chef d’orchestre de l’Opéra de Montréal, un poste qu’il occupe jusqu’en 2002. En 2000, il est nommé directeur artistique de l’Orchestre Métropolitain, à Montréal (où, après le renouvellement du contrat, il restera jusqu’à la fin de la saison 2020-2021). Toujours en 2000, il reçoit le prix Virginia-Parker du Conseil des arts du Canada, le premier de nombreux prix nationaux et internationaux.

Yannick Nézet-Séguin dirige une interprétation acclamée de Lakmé pour Opera Ontario en 2003. Cette même année, il devient le chef invité principal de l’Orchestre symphonique de Victoria, poste qu’il occupe jusqu’en 2006. C’est aussi le début de la collaboration avec l’agence de gestion des artistes Askonas Holt, connue pour représenter de grands chefs d’orchestre.

Faits saillants de sa carrière

Sous l’égide d’Askonas Holt, la carrière orchestrale de Yannick Nézet-Séguin commence à se développer au Canada, où il dirige depuis chaque orchestre majeur. En Europe, il fait ses débuts à l’Orchestre national du Capitole de Toulouse en 2004. Il reçoit également des accolades de plus en plus positives en tant que chef des chœurs, avec des engagements à l’Opéra de Montréal, au Vancouver Opera (Faust, 2006) et à la Compagnie de l’opéra canadienne (Faust, 2007). Il joue dans des salles européennes telles que Liceu, à Barcelone, le Royal Opera House, à Londres, et La Scala, à Milan. Il travaille avec des artistes tels que Bryn Terfel, Renée Fleming et Ewa Podleś. Sa première apparition en tant que chef d’orchestre au Festival de Salzbourg (2008) dans Roméo et Juliette, de Gounod, donne lieu à une vidéo de Deutsche Grammophon en 2009.

Yannick Nézet-Séguin est rapidement reconnu internationalement comme un chef d’orchestre brillant et doué. En 2008, il reçoit deux nominations prestigieuses internationales : chef invité principal de l’Orchestre philharmonique de Londres (2008-2014) et chef d’orchestre principal de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam (2008-2018), un poste qui lui est attribué après que les musiciens de l’orchestre ont voté à l’unanimité pour qu’il succède au chef d’orchestre principal sortant, Valery Gergiev.

Yannick Nézet-Séguin avec la Philharmonique de Rotterdam, 23 ao\u00fbt 2012.

Yannick Nézet-Séguin commence également à s’établir aux États-Unis, en tant que chef invité de l’Orchestre symphonique de Boston et de l’Orchestre philharmonique de Los Angelesen 2009. En 2010, il fait l’objet du documentaire court de Theodore Ushev de l’ Office national du film du CanadaYannick Nézet-Séguin : sans entracte, et remporte le Prix du Gouverneur général du Centre national des Arts. En 2012, il entreprend un troisième poste simultané : chef principal de l’Orchestre de Philadelphie (en remplacement de Charles Dutoit), à pourvoir jusqu’en 2026. Il fait ses débuts au Carnegie Hall, dirigeant Requiem, de Verdi — caractérisé par National Public Radio (NPR) comme « un rêve du chef d’orchestre devenu réalité » — avec l’Orchestre de Philadelphie en 2012.

En 2013, il dirige Lohengrin (son premier opéra wagnérien et une première québécoise) au Festival international de Lanaudière, au Québec. Il dirige également un orchestre en Autriche, en Belgique, en France, en Allemagne, en Italie (La Scala), en Suède, en Suisse, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Japon et au Royaume-Uni. Il dirige l’orchestre à la BBC Proms, et participe aux festivals musicaux de Vail, de Saratoga, d’Édimbourg, de Lucerne, de Salzbourg et Mostly Mozart (New York), entre autres. Il a également des engagements au sein del’orchestre de chambre d’Europe ou comme artiste en résidence au Konzerthaus de Dortmund, en Allemagne.

Yannick Nézet-Séguin avec le Metropolitan Opera

Le 31 décembre 2009, Yannick Nézet-Séguin fait ses débuts en tant que chef d’orchestre au Metropolitan Opera (le « Met »), à New York, dans Carmen, de Bizet, avec une appréciation et des acclamations globales. Ce début est suivi d’une cinquantaine de performances au Met (par exemple Don Carlo, 2010, Faust, 2011, La Traviata, 2013, Rusalka, 2014,  Don Carlo à nouveau, 2015, Otello, 2015) de 2010 à 2015, y compris la soirée d’ouverture de la saison 2015-2016.

En juin 2016, le Met rend publique la nomination de Yannick Nézet-Séguin comme directeur musical. S’il doit prendre le relais au début de la saison 2020-2021, il commence plutôt son mandat dès 2018-2019, après que son prédécesseur, James Levine, est congédié de son poste émérite à cause d’allégations d’inconduite sexuelle. Il est le deuxième Canadien à qui le Met, la plus grande institution des arts de la scène aux États-Unis, a confié sa vision artistique, le premier étant Edward Johnson, le directeur général du Met de 1935 à 1950.

Performances canadiennes notables

D’autres apparitions de Yannick Nézet-Séguin au Canada incluent également l’Orchestre symphonique de Toronto, où il dirige en remplacement de dernière minute en 2004, ce qui entraîne des visites annuelles en tant que chef invité. Cette année-là, il dirige un orchestre pour un film, lauréat du prix GénieLa tête dans les nuages (2004). Il est également directeur invité de l’Orchestre du Centre national des Arts, à Ottawa, en 2010 et en 2013. En 2011, il reçoit le prix Denise-Pelletier, et en 2015, il dirige Elektra, de Richard Strauss, à l’Opéra de Montréal.

Enregistrements

Yannick Nézet-Séguin réalise plus de 20 enregistrements chez la maison de disques ATMA depuis 2003 en tant que chef d’orchestre et pianiste. Pour la Deutsche Grammophon, il entreprend une série d’enregistrements des sept opéras de Mozart, ainsi qu’une variété d’œuvres symphoniques. Il enregistre également chez EMI et Virgin Classics. Avec l’Orchestre Métropolitain, il remporte plusieurs prix Opus et prix Félix. Il est également nommé neuf fois pour un prix Juno de 2004 à 2015.

Vie privée

Yannick Nézet-Séguin est marié à Pierre Tourville, un altiste au sein de l’Orchestre Métropolitain. Le couple habite à New York depuis la nomination de Nézet-Séguin au Met. Le chef d’orchestre de 168 cm est surnommé Mighty Mouse (Super-Souris) par la mezzo-soprano Joyce DiDonato en raison de « son énergie incroyable et de son attitude de super héros, le tout dans un emballage très compact. » On dit qu’il porte des sous-vêtements de super héros comme porte-bonheur à chacune de ses représentations comme chef d’orchestre.

Style caractéristique

Connu pour son énergie, sa présence charismatique et son attitude coopérative, Yannick Nézet-Séguin est populaire auprès des orchestres qu’il dirige et est réinvité à plusieurs reprises. Bien que les critiques essaient de classer son style, il reste éclectique de manière provocante, préférant ne pas se spécialiser dans n’importe quel répertoire. En plus des opéras, il dirige une variété d’œuvres symphoniques, de la musique ancienne aux compositeurs contemporains. Le ballet est un autre de ses atouts, allant de The Rite of Spring à The Nutcracker. Arthur Kaptainis de la Montreal Gazette observe en 2007 que « quel que soit l’orchestre qu’il dirige, il a une vocation artistique. Elle est remarquablement protéiforme et libre. » Le New York Times déclare que Yannick Nézet-Séguin est « largement considéré comme l’un des chefs les plus talentueux de sa génération ».

Distinctions et prix

Doctorats honorifiques

Discographie

  • Nino Rota – La Strada, Orchestre Métropolitain, ATMA Classique (2003).
  • Conversations, Orchestre Métropolitain, ATMA Classique (2003).
  • Mahler 4, Orchestre Métropolitain, ATMA Classique (2004).
  • Arianna à Naxos, Orchestre Métropolitain, ATMA Classique (2004).
  • Flemish Connection Volume 5 : Arthur de Greef — Orchestral Works, Flemish Radio Orchestra, Etcetera (2004).
  • Kurt Weill, Orchestre Métropolitain, Yannick Nézet-Séguin chef d’orchestre et pianiste, ATMA Classique (2005).
  • MozartLieder, Yannick Nézet-Séguin forte-piano, ATMA Classique (2006).
  • Camille Saint-Saëns — Symphonie no 3, Orchestre Métropolitain, ATMA Classique (2006).
  • Weill – Rota, Orchestre Métropolitain, ATMA Classique (2006).
  • Bruckner 7, Orchestre Métropolitain, ATMA Classique (2007).
  • La Mer – Debussy, Britten, Mercure, Orchestre Métropolitain, ATMA Classique (2007).
  • Pierre Lapointe en concert dans la forêt des mal-aimés, Orchestre Métropolitain, Audiogram (2007).
  • Beethoven – Symphonie no 3 « Eroica », Strauss – Death and Transfiguration, Orchestre philharmonique de Rotterdam, RPhO (2007).
  • Bruckner 9, Orchestre Métropolitain, ATMA Classique (2008).
  • Bruckner 8, Orchestre Métropolitain, ATMA Classique (2009).
  • Tenor Arias, Orchestre Métropolitain, ATMA Classique (2010).
  • Brahms – A German Requiem, Orchestre philharmonique de Londres et chœur, LPO (2010).
  • Berlioz – Symphonie fantastique, Orchestre philharmonique de Rotterdam, BIS Records (2011).
  • Schmitt – La tragédie de Salomé; Franck – Symphony, Orchestre Métropolitain, ATMA Classique (2011).
  • Orchestre Métropolitain – 30 ans, Orchestre Métropolitain, ATMA Classique (2011).
  • Strauss – Ein Heldenleben et Vier letzte Lieder, BIS Records (2011).
  • Bruckner 4, Orchestre Métropolitain, ATMA Classique (2011).
  • Mahler – Symphonie no 5, Orchestre de Philadelphie (2011).
  • Bruckner 6, Orchestre Métropolitain, ATMA Classique (2013).
  • Portraits: The Clarinet Album, Orchestre philharmonique de Rotterdam, Virgin Classics (2013).
  • Tchaikovsky – Symphonie no 6, Pathétique, Orchestre philharmonique de Rotterdam, Deutsche Grammophon (2013).
  • Stravinsky – Le Sacre du printemps, Orchestre de Philadelphie, Deutsche Grammophon (2013).
  • Mahler – Das Lied von der Erde, Orchestre philharmonique de Londres, LPO (2013).
  • Rodrigo and de Falla – Concertos, Orchestre philharmonique de Londres, LPO Ltd (2014).
  • Schumann – The (Four) Symphonies, Orchestre de chambre d’Europe, Deutsche Grammophon (2014).
  • Mendelssohn – Symphonies 1-5, Orchestre de chambre d’Europe, Deutsche Grammophon (2017).
  • Bernstein – Mass, Orchestre de Philadelphie, Deutsche Grammophon (2018).

Filmographie

  • Gounod — Roméo et Juliette, Mozarteum Orchester Salzburg, Deutsche Grammophon (2009).

Lecture supplémentaire