Cet article provient de notre série « Toronto Feature ». Les articles provenant des séries précédentes ne sont pas mis à jour.
Ce contenu fait partie d'une série créée en collaboration avec les services au musée de la Ville de Toronto et Heritage Toronto. Nous remercions le ministère du Tourisme, de la Culture et du Sport de l'Ontario et le ministère du Patrimoine canadien pour leur financement.
« Tom Longboat : grande vedette de la course de fond »
Tom Longboat est une grande vedette durant l’engouement du public pour la course de fond, juste avant la Première Guerre mondiale. Ce fameux coureur naît au sein d’une famille humble à Ohsweken, sur la réserve des Six Nations près de Brantford, mais il résidera à Toronto pendant la plus grande partie de sa carrière de coureur. Il vit notamment au 57 de la rue Simcoe, dans le Grand Central Hotel qui appartient à son directeur sportif, Tom J. Flanagan.
En tant qu’amateur, Tom Longboat était pratiquement imbattable. Lors du Marathon de Boston de 1907, il bat le meilleur temps de presque quinze minutes. À Toronto, des foules compactes se rassemblent pour recevoir les dernières nouvelles télégraphiées des compétitions dans lesquelles le coureur de fond s’engage et chacune de ses victoires est célébrée dans une liesse collective à l’hôtel de ville.
Lassé du code athlétique strict du circuit amateur et de devoir survivre de l’argent de poche que veut bien lui prodiguer Tom Flanagan, Tom Longboat passe professionnel et gagne vite le salaire annuel astronomique de 17 000 dollars. Mais Tom Longboat n’est pas consulté par son directeur sportif pour décider où, quand et à quelle fréquence il participe aux courses, même lorsqu’il souffre d’une blessure gênante.
Mécontent de constater que Tom Longboat ignore son pilotage bienveillant, Tom Flanagan accuse celui-ci d’être fainéant et insubordonné. Les journalistes reprennent ses accusations, qui correspondent aux stéréotypes racistes courants dont on affuble à l’époque les Autochtones, sans même essayer de recueillir l’opinion du coureur. « Il fait preuve de l’entêtement et du manque de responsabilité typiques de sa race », publiera un journal dans son éditorial. Un autre journal suggère qu’il vaudrait mieux le traiter comme un pur-sang que comme un jeune athlète intelligent.
C’est ce que fit Tom Flanagan la veille d’une grande couse en vendant pour un gain rapide le contrat qui le lie à Tom Longboat. Tom Longboat proteste, clamant que Flanagan l’« a vendu comme un cheval de course », mais peu de journalistes se font l’écho de sa manière de voir les choses.