Adélard-Joseph Boucher | l'Encyclopédie Canadienne

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Adélard-Joseph Boucher

Adélard-Joseph (François Arthur) Boucher. Éditeur, importateur, maître de chapelle, organiste, chef d'orchestre, compositeur, professeur et numismate (Maskinongé, près Trois-Rivières, Bas-Canada, 28 juin 1835 - Outremont, Québec, 16 novembre 1912).

Il était un éditeur de musique, dont les diverses compagnies, surtout A.-J. Boucher Co., ont publié des œuvres des premiers plus grands compositeurs québécois, notamment Calixa Lavallée, Alexis Constant, Ernest Gagnon et Eugène Lapierre, entre autres. A.-J. Boucher Enr’g. a publié les pièces des compositeurs canadiens et étrangers, de même que des pièces instrumentales, jusqu’à sa fermeture en 1975.

Enfance

Quoiqu’il ait fait ses premières études à Montréal, il devient orphelin en 1845 et est placé au collège d'Emmitsburg, Md, où il resta six ans. Avec un certain Henry Dielman, il s'initia à l'orgue, au piano, au chant, à la flûte et au violon, montrant d'évidentes dispositions. En septembre 1851, le tuteur d’Adélard Boucher, Antoine LaRocque (le demi-frère de sa mère) le confia aux Sulpiciens du séminaire d'Issy-les-Moulineaux, près de Paris, en vue de lui assurer une bonne éducation religieuse.

En mars 1852, Adélard Boucher entra chez les Jésuites d'Amiens, en France, mais revint au Canada en août de la même année, se tournant alors vers le commerce. Toujours attiré par la vie religieuse, il séjourna six mois chez les Jésuites puis entreprit l'étude du droit. En octobre 1853, il entra au service de la Montréal & Bytown Railway dont il devint (1854) le secr.-trés. Il fut ensuite greffier de la Commission seigneuriale (1855-1858) et agent de la Trust & Loan Co. (1855-1859). Il songea un moment à faire de la politique mais la musique l'intéressait davantage, tout comme la numismatique (collection de pièces de monnaie) et la généalogie.

Carrière d’éditeur

Pour contrer la difficulté qu'on avait alors à se procurer de la musique française, Adélard Boucher s'associa en 1861 à la maison d'édition et d'importation de Montréal, Laurent et Laforce, comme gestionnaire de la division de musique. L'année suivante, il se porta acquéreur d'une grande partie du fonds de cette maison et, s'associant à Joseph-Amable Manseau, il établit (1862-1864) un nouveau commerce s’occupant de la publication de feuilles de musique. Avec Manseau et Gustave Smith, il fonda en 1863 une revue mensuelle, Les Beaux-Arts, qui dura un an. En 1865, il fonda la maison portant son seul nom, A.J. Boucher, Enr'g., et en mai 1867, il fit l'acquisition du vaste fonds de Gould & Hill au 130, Grande Rue Saint-Jacques. Il maintint en même temps son magasin du 260, rue Notre-Dame.

En 1868, il ouvrit en société avec Arthur Lavigne un magasin à Québec. En 1878, il ajouta à son commerce de musique imprimée la vente d'instruments qu'il confia à René Hudon, qui épousa sa fille aînée, Philomène. En 1879, ce département passa sous la direction de Napoléon (L.-É.-N.) Pratte, qui épousa sa fille Cécile. En 1882, Adélard Boucher ouvrit un magasin à Ottawa avec son fils François.

Au cours de quatre voyages en Europe, avant 1890, et de plusieurs autres aux États-Unis, il conclut des ententes avec plusieurs éditeurs. La maison Boucher publia les oeuvres de nombreux compositeurs canadiens, dont Calixa Lavallée, Alexis Contant, C.W. Sabatier, Ernest Gagnon, Joseph-Julien Perrault, Jean-Baptiste Labelle, Albertine Morin-Labrecque, Alfred Mignault, Roméo Larivière, Eugène Lapierre, etc., sans compter des oeuvres du répertoire international et des ouvrages pédagogiques, en première édition ou en réimpression. En 1866, il fonda Le Canada musical qui disparut aussi après un an mais reparut en mai 1874, jusqu'en 1881. Avec Pratte, il rédigea Boucher & Pratte's Musical Journal (1881-1882).

Après la mort d’Adélard Boucher, l’entreprise est gérée par sa fille aînée, Philomène (Mme René Hudon et plus tard, Mme Deligny Boucher), puis par sa fille Mme Joséphine Boucher-Ouimet qui meurt en 1975. En mai 1975, l’entreprise alors située sur la rue Amherst, ferme ses portes après 113 ans de service aux musiciens et au public.

Carière de musicien

Malgré ses occupations dans le commerce et le journalisme, Adélard Boucher trouva aussi le moyen de poursuivre une carrière active de musicien. Il enseigna le piano et le chant dans divers établissements, dont le collège Sainte-Marie et le couvent Villa-Maria. Organiste à l'église Saint Patrick's en 1853, il passa à l'église Saint-Pierre-Apôtre (1858-1860) où il fonda et dirigea une maîtrise jugée remarquable. Il fut aussi organiste (1860-1863) et m. c. (1865-1868) à l'église Saint-Jacques-le-Mineur, puis m. c. à l'église du Gesù (1868-1888) et à Saint-Jean-Baptiste (1890).

Le goût d'Adélard Boucher pour la musique profane était tout aussi intense. En 1860, il fonda la Société Sainte-Cécile, puis l'Orphéon canadien et la Société Mozart. Au cours des années subséquentes, il dirigea de nombreuses oeuvres avec orchestre dont le Stabat de Rossini (1860, 1868), la Cantate de Sabatier (1862), Le Désert de David (1866), des extraits de La Somnambule de Bellini et The Bohemian Girl de Balfe (1867), La Fille du régiment (1867, 1882) et Gallia de Gounod (1879), sans compter de nombreuses messes et autres oeuvres chorales. En décembre 1870, il dirigea à la salle Saint-Patrice un concert pour marquer le centenaire de la naissance de Beethoven, avec un choeur de 100 voix et un orchestre de 30 instrumentistes.

Adélard Boucher composa quelques oeuvres pour piano, dont la plupart furent publiées avant 1866, notamment Coecilia, une mazurka caprice, Les Canotiers du Saint-Laurent, un « quadrille canadien », Jolly Dogs Galop et Souvenir de Sabatier, une suite de valses. En 1854, il épousa le soprano Philomène Rousseau qui chanta souvent comme soliste sous la direction de son mari, notamment le rôle d'Amine dans La Somnambule. De ce mariage naquirent 15 enfants.

Numismate

Adélard Boucher était aussi un fervent collectionneur de pièces de monnaie. En 1862, Adélard Boucher fonda la Société de numismatique de Montréal dont il fut le premier président. Sa collection qu'il vendit en 1866 comprenait environ 4 000 pièces.

Une version de cet article est parue originalement dans l’Encyclopédie de la musique au Canada.

Voir aussi Joseph-Arthur Boucher, François Boucher ses fils.