Éducation des adultes au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Éducation des adultes au Canada

Au Canada, l’éducation des adultes est à la fois un champ d’activité et, depuis les années 1960, un domaine d’études.
Conseil national des femmes
À Rideau Hall, Ottawa, Ontario, octobre 1898.
Adelaide Hunter Hoodless, réformatrice de l
Huile de Marion Long, d'après J.W. Forster (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/C-85284).
Banff Centre Music Program
Raphael Hillyer en compagnie de musiciens du programme d'études supérieures en musique du Banff Centre for the Arts (photo de Monte Greenshields).
Banff Centre, atelier de céramique
Artiste à l'oeuvre dans l'atelier de céramique du Banff Centre for the Arts (photo de Monte Greenshields).
L
(Photo avec la permission de l'Université Thompson Rivers)

Au Canada, l’éducation des adultes est à la fois un champ d’activité et, depuis les années 1960, un domaine d’études. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’éducation des adultes en tant que champ d’activité possède toutes les structures d’un système d’éducation organisé, quels qu’en soient le contenu, le niveau ou la méthode. L’éducation des adultes se fait ou non à l’intérieur du cadre scolaire. Elle prolonge ou remplace l’enseignement régulier des écoles, des collèges, des universités et des centres de formation. Le terme « adulte » désigne généralement les gens qui ont dépassé l’âge de la fréquentation scolaire obligatoire. Mis à part cette contrainte, il n’y a aucune limite d’âge pour apprendre. Le terme « éducation permanente » est également utilisé pour faire référence à l’éducation des adultes.

Programmes universitaires d’éducation permanente

En tant que domaine d’étude, l’éducation des adultes est à l’origine interdisciplinaire, touchant la psychologie, la sociologie, l’histoire et la philosophie. Les programmes universitaires d’éducation des adultes se préoccupent autant d’enseignement que de recherche. Chacune des provinces offre au moins un programme de maîtrise en éducation des adultes (ou dans un domaine connexe comme l’enseignement supérieur, le développement des ressources humaines, l’enseignement à distance, l’éducation en milieu de travail, le développement communautaire ou la formation continue). Il existe également au pays un certain nombre de programmes de doctorat. Les plus importants se trouvent à l’Université de Toronto, à l’Université de Calgary et à l’Université de la Colombie-Britannique.

Ces programmes d’études supérieures forment des professeurs, des conseillers, des animateurs communautaires, des administrateurs, des évaluateurs, des formateurs, des théoriciens et des coordonnateurs du perfectionnement professionnel. Par conséquent, l’éducation des adultes est un terme générique, utilisé diversement pour désigner un programme, un mouvement, une discipline et parfois même une méthode. D’autre part, c’est aussi le reflet d’une conception particulière de l’apprentissage et de l’enseignement qui s’appuie sur ces éléments : les adultes peuvent et désirent apprendre, ils sont prêts à assumer la responsabilité de cette éducation, le contenu doit répondre à leurs propres besoins.

Histoire de l’éducation des adultes au Canada

Les adultes sont toujours intéressés à apprendre : pour assurer leur propre survie, développer leurs talents, échanger avec les autres et avec leur milieu ou tout simplement pour leur croissance personnelle. Au XIXe siècle, les Instituts d’artisans de l’Ontario, du Québec et de la Nouvelle-Écosse offrent de l’information et des possibilités d’apprentissage aux travailleurs. Avant la Confédération, l’Université Queen’s s’intéresse à l’enseignement hors faculté et à la vulgarisation et organise des conférences à l’intention du public, tandis que le YMCA offre des cours du soir aux adultes et met sur pied des programmes scolaires pour l’armée. Des écoles d’agriculture voient le jour, et, à la fin du XIXe siècle, le Conseil national des femmes est fondé. Les groupes d’échange entre les milieux scolaires et familiaux se multiplient et l’on organise des conférences dans de nombreuses collectivités. Des instituts féminins sont établis et des groupes, religieux ou laïcs, mettent sur pied des programmes pédagogiques (voir Fédération des instituts féminins du Canada). Toutes ces réalisations répondent aux besoins et aux intérêts manifestés par la population adulte.

Là où ils n’existent pas, on crée de nouveaux organismes en vue d’offrir des programmes adéquats, et d’autres structures déjà en place réorientent leurs objectifs en ce sens. Un progrès important est la mise sur pied d’un nombre croissant de bibliothèques publiques, telles que celles fondées plus tard par Jessie Mifflen à Terre-Neuve, Helen Gordon Stewart en Colombie-Britannique, et Nora Bateson à l’Île-du-Prince-Édouard.

En 1899, Alfred Fitzpatrick fonde le Collège Frontière (Frontier College) dans le but de rendre l’enseignement accessible aux collectivités éloignées, principalement aux hommes vivant et travaillant, par exemple, dans des chantiers et campements forestiers, miniers ou ferroviaires (voir Alphabétisme). Beaucoup plus tard, le Collège Frontière ainsi que d’autres organismes, étendent leurs services pédagogiques aux prisonniers, aux ouvriers des manufactures, aux fermiers, aux pêcheurs, aux paysans et aux immigrants.

Les programmes pour adultes continuent à se multiplier de 1900 à 1925. En Angleterre, après la Première Guerre mondiale, on met sur pied l’Université Khaki pour le personnel militaire canadien qui attend sa démobilisation. À la même époque, un organisme anglais offrant des possibilités de formation aux travailleurs, la Worker’s Education Association, fait son apparition au Canada. Certains services universitaires (conférences, débats oratoires, concerts, films) sont offerts aux communautés rurales et éloignées de l’Ouest du pays, qui se développe alors très rapidement. D’ailleurs, l’Université de l’Alberta et l’Université de la Saskatchewan sont d’abord mises sur pied pour offrir des cours de vulgarisation. Au milieu des années 1920, l’Université de l’Alberta présente des émissions éducatives à la radio et au début des années 1930 le Centre d’art de Banff (aujourd’hui le Banff Centre) est créé.

Les efforts de l’Université St. Francis Xavier à Antigonish, en Nouvelle-Écosse, sont particulièrement efficaces pour venir en aide aux victimes de la crise économique des années 1930 et se soldent par la formation d’un mouvement coopératif d’envergure (voir Mouvement d’Antigonish). Plus tard, l’International Coady Institute est mis sur pied afin d’offrir de la formation aux représentants des pays en voie de développement. En 1946, la Nouvelle-Écosse est la première province du Canada à instituer une division de l’éducation des adultes en tant qu’unité de son ministère de l’Éducation. Le premier directeur de la division est Guy Henson.

Dès cette époque, des études expérimentales de diffusion auprès du grand public, la fondation de l’Institut canadien des affaires publiques (voir Conférence de Couchiching) et de l’Office national du film (1939), deux tribunes radiophoniques nationales, le Citizen’s Forum (1943) et la Tribune radiophonique agricole (1941), font appel à la technologie des médias à des fins éducatives. De nouveaux progrès permettent ensuite l’utilisation de la télévision et des satellites.

La Canadian Association for Adult Education est créée en 1935; son premier directeur général est E. A. (Ned) Corbett. Avant d’occuper ce poste, ce dernier était le directeur du service de l’enseignement postscolaire de l’Université de l’Alberta, en plus d’être engagé dans le Citizen’s Forum, la Tribune radiophonique agricole et le Centre d’arts de Banff.

En 1958, l’établissement du Quetico Residential Conference and Training Centre dans le nord-ouest de l’Ontario apporte aux adultes de nouvelles possibilités d’instruction. Des années 1930 jusqu’aux années 1960, la Chambre de commerce du Canada met sur pied de nombreux programmes d’éducation, et le Collège canadien des travailleurs ouvre ses portes à Montréal (1962). La participation gouvernementale à l’éducation et à la formation va en s’accroissant, notamment grâce à la Loi sur l’assistance à la formation technique et professionnelle (1960) et à la Loi sur la remise en valeur et l’aménagement des terres agricoles (1961) (voir Enseignement supérieur; Enseignement technique).

Au niveau international, le Canada contribue au développement de l’éducation des adultes par le truchement d’organismes tels le Congrès international de l'enseignement universitaire pour les adultes et l’UNESCO. C’est grâce à l’appui des participants à la conférence de l’UNESCO à Tokyo (1972) et de James Robbins Kidd, éducateur postscolaire, qu’est fondé le Conseil international d’éducation des adultes (CIEA). Depuis le décès de celui-ci (1982), cet organisme décerne annuellement le prix J. Roby Kidd, qui souligne l’innovation et l’importance des travaux des lauréats dans le domaine de l’éducation des adultes. Budd Hall et Paul Bélanger sont deux autres chefs de file du CIEA.

Quatre associations nationales pour l’éducation des adultes voient le jour au Canada : la Canadian Association for Adult Education (CAAE, 1935; organisme qui n’existe plus aujourd’hui); l’Institut canadien d’éducation des adultes (ICEA, 1952), desservant principalement les adultes des secteurs francophones du Canada; la Canadian Association for University Continuing Education (CAUCE, 1954); l’Association canadienne pour l’étude de l’éducation des adultes (ACÉÉA, 1981), qui publie la Revue canadienne pour l’étude de l’éducation des adultes.

Structures et établissements

L’éducation permanente est aujourd’hui partie intégrante de la vie d’un grand nombre d’adultes canadiens. On trouve des groupes organisés en vue de parfaire l’éducation non scolaire à tous les ordres de gouvernement ainsi que dans les syndicats, les coopératives, les entreprises industrielles et commerciales, les hôpitaux, les établissements de détention, les regroupements tant religieux que culturels et les programmes de santé et de conditionnement physique. Grâce à une multitude de méthodes d’enseignement et d’apprentissage, et de plus en plus à travers l’Internet, l’enseignement aux adultes est transmis dans les usines, les bureaux, les gymnases, les salles de conférences et les salles de classe, les bibliothèques, les musées, les résidences et les églises.

L’éducation des adultes prend aussi place dans des cadres formels, à travers les programmes crédités d’institutions d’enseignement et sur des sites en ligne. La croissance rapide des Collège communautaire et des CÉGEPS dans les années 1960 et 1970 contribue grandement à multiplier les ressources éducatives pour les adultes. Habituellement, la coordination de l’éducation des adultes relève d’un instructeur ou d’un planificateur. Au gouvernement ou dans l’entreprise, c’est la tâche du responsable du perfectionnement professionnel.

Selon des recherches sur l’apprentissage formel et informel menées en 1998, 2004 et 2010 par le Work and Lifelong Learning Research Network à l’Institut ontarien pour les études en éducation de l’Université de Toronto, environ la moitié de la population âgée de 25 à 64 ans a déjà reçu de la formation continue, ce qui représente environ la moyenne des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Néanmoins, la plupart des Canadiens participent régulièrement à l’apprentissage informel, qui n’est souvent pas reconnu ou mesuré, laissant ainsi beaucoup de travailleurs surqualifiés et sous-employés.

Problèmes et perspectives

Les tentatives visant à instituer une législation gouvernementale et institutionnelle pour appuyer financièrement l’éducation des adultes se déroulent parallèlement à la participation croissante des adultes aux programmes d’éducation. De plus, à cause de nombreux obstacles comme les distances et les handicaps physiques, certains groupes comme les personnes handicapées, isolées, âgées, très peu instruites, certaines communautés culturelles et les femmes ayant de jeunes enfants, sont incapables de participer aux programmes offerts (voir Téléenseignement). Tout comme l’ont démontré les études précédentes, il demeure toujours vrai que plus une personne possède un niveau d’éducation élevé, plus il y a de chances qu’elle continue à participer à l’éducation.

L’éducation des adultes prenant de plus en plus d’ampleur comme champ d’activité et comme outil de recherches et d’études, la participation et l’appui des pouvoirs publics et des citoyens devront également s’accroître. Dans le contexte même de l’éducation des adultes, les diverses méthodes pédagogiques mises au point atténuent la rigidité traditionnelle des rôles d’enseignant et d’étudiant. Ce fait prouve que tout adulte, professeur ou élève, a non seulement des choses à apprendre des autres, mais peut également enseigner en communiquant ses propres connaissances, qu’elles proviennent de sa formation ou de son expérience de vie. En considérant les adultes comme des apprenants responsables, des instigateurs de leurs propres processus d’apprentissage et des ressources de grande valeur, l’éducation des adultes fournit à la société une contribution ineffaçable.

Voir aussi Histoire de l’éducation

Lecture supplémentaire

Liens externes