Faucher, Albert | l'Encyclopédie Canadienne

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Faucher, Albert

Albert Faucher, économiste et historien (Qc, 20 juill. 1915-Québec, Qc, 19 mars 1992). Il étudie d'abord à l'U. Laval où il est de la première promotion de la nouvelle École des sciences sociales fondée en 1938.

Faucher, Albert

Albert Faucher, économiste et historien (Qc, 20 juill. 1915-Québec, Qc, 19 mars 1992). Il étudie d'abord à l'U. Laval où il est de la première promotion de la nouvelle École des sciences sociales fondée en 1938. Diplômé de cette École en 1941, il poursuit ses études avec Harold Innis et Vincent Bladen à l'U. de Toronto jusqu'au moment (décembre 1944) où il est engagé comme professeur à l'U. Laval, poste qu'il gardera pendant 40 ans. En 1945, il obtient un M.A. en histoire économique de l'U. de Toronto. Après une période d'enseignement à Laval, durant laquelle il produit un grand nombre de travaux sur le mouvement coopératif (1953-1954), il part étudier en Angleterre, à la London School of Economics, comme boursier de la Fondation Nuffield.

Économiste historien et historien économiste, Faucher a commencé avant même son séjour en Angleterre à développer, avec Maurice Lamontagne, une perspective plus globale. L'hypothèse Faucher-Lamontagne, publiée en 1953, qui replace l'expérience québécoise dans son cadre continental et explique les retards du Québec par des facteurs de localisation économique, d'innovation et de changement technique, transforme complètement notre manière de voir la province. Faucher utilise le même schéma, qui prend le continent nord américain comme unité d'analyse, dans ses travaux sur les déséquilibres entre les quatre régions qui se trouvent grosso modo autour des Grands Lacs (Québec, Nouvelle-Angleterre, Ontario et MidWest américain). Cette aire sert également de cadre à ses analyses des difficultés financières de la Province du Canada au milieu du XIXe siècle et à l'examen de l'émigration massive des Canadiens français vers les États-Unis à la fin du XIXe siècle (voir Franco-Américains).

Ces travaux sont consolidés dans un recueil de textes importants (1970) et dans un magistral ouvrage de synthèse (1973) qui vaut à Faucher le prix du Gouverneur général. Il reçoit de nombreuses autres distinctions (prix Léon-Gérin en 1985, prix Esdras-Minville en 1988, Médaille Innis-Gérin en 1989).

Faucher était timide et affable, mais ses travaux ont toujours eu un petit côté subversif et ont contribué à débouter les hypothèses conventionnelles qui attribuaient le retard économique du Québec à des causes politiques et culturelles. Il a aussi ouvert beaucoup de chantiers fort riches dans l'analyse économico-historique. Faucher disait modestement qu'il avait voulu ouvrir des « trails » et que son objectif était de construire une « histoire charnelle des institutions » de la socio-économie canadienne et québécoise. Pour ce faire, comme tout bon trublion, il savait poser des questions qui avaient l'heur de recadrer nos perceptions. C'est ce qu'il a fait dans tous les chantiers qu'il a arpentés.