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Alexander Cochrane

Issu d'une famille fière de son héritage naval, Cochrane se lance très jeune dans une carrière au sein de la Marine royale. Fait lieutenant en 1778, il est officier des transmissions pendant l'attaque contre la flotte française, au large des côtes de la Martinique en 1780, où il est blessé.
L'audace, les compétences et les succ\u00e8s de l'officier de marine Alexander Cochrane furent reconnus dans toutes les batailles auxquelles il prit part dans la guerre de 1812 (avec la permission de la National Portrait Gallery, London/NPG D1485).

Alexander Cochrane

Alexander Forrester Inglis Cochrane, officier de marine (Écosse, le 23 avril 1758; Paris, France, le 26 janvier 1832). Officier de marine de métier dont l'audace, les qualités et les succès remportés au cours de nombreuses batailles lui firent gravir les plus hauts échelons de la hiérarchie navale, Alexander Cochrane est surtout connu au Canada pour son imposante présence pendant la Guerre de 1812.

Les débuts d'Alexander Cochrane

Issu d'une famille fière de son héritage naval, Cochrane se lance très jeune dans une carrière au sein de la Marine royale. Fait lieutenant en 1778, il est officier des transmissions pendant l'attaque contre la flotte française, au large des côtes de la Martinique en 1780, où il est blessé. Il se voit ensuite remettre le commandement du St. Lucia, un sloop de guerre, puis plus tard, du Pachahunter avant de prendre le commandement de l'Avenger, un navire armé, sur la rivière du Nord (tronçon sud de la rivière d'Hudson), en Amérique du Nord. En 1782, il est promu au rang de capitaine de vaisseau et il navigue sur les eaux américaines. Sa retraite au lendemain de la fin de la guerre d'indépendance des États-Unis est de courte durée puisqu'il reprend le commandement d'une petite frégate lorsque les relations avec l'Espagne s'enveniment en 1790, mais il est rapidement affecté au commandement du Thetis doté de 42 canons quand éclate la guerre avec la France alors en proie à la révolution.

La réputation de commandant audacieux que s'est forgée Cochrane lui vaut quelques succès et louanges de Londres. Il continue à pourchasser, avec succès, les corsaires français des côtes américaines et il est bientôt promu commandant de l'Ajax doté de 80 canons. C'est à la barre de ce navire qu'il prend part au convoi et expédition britanniques partis lutter contre les troupes de Napoléon en Égypte. Après la prise d'Alexandrie, Cochrane prend la tête d'un détachement de vaisseaux armés pour protéger la ville de toute tentative d'approche ennemie. Toujours aux commandes de l'Ajax, il revient en Angleterre en 1802 et se tourne vers la politique. Député au parlement pendant une très courte période de temps, il ne réussit pas à conserver son siège et reprend du service dans la marine.

La guerre de 1812

En 1804, Cochrane prend le commandement du Northumberland pour entrer dans la ronde des poursuites de vaisseaux français qui ont rompu le blocus britannique avant de rejoindre les troupes de Nelson, parties défaire les flottes espagnoles et françaises. En 1806, il est l'un des piliers de la poursuite contre l'escadron français qui a brisé le blocus à Brest et qui a atteint les côtes de Saint-Domingue. Cochrane se distingue alors dans les batailles et affronte les dangers avec courage; son tricorne même vole au vent après une salve de mitraille ennemie. En 1809, il est promu au rang de vice-amiral. En 1810, il est nommé gouverneur et commandant en chef de la Guadeloupe, fonctions dont il s'acquitte jusqu'en 1813, date à laquelle la guerre de 1812 le réclame en Amérique du Nord. Au début de 1814, il est fait commandant de la garnison de la Marine royale en Amérique du Nord. Il remplit ses nouvelles fonctions avec la détermination et les particularités qui le caractérisent.

Alors que ses prédécesseurs étaient favorables à conclure un armistice avec les Américains, Cochrane se montre inflexible, convaincu que l'ennemi doit d'abord subir une défaite écrasante avant qu'une paix, avantageuse pour les Britanniques, ne puisse être signée. Il lance un blocus contre la Nouvelle-Angleterre et supprime le système de permis entre les états de Nouvelle-Angleterre et la Nouvelle-Écosse, instauré par le lieutenant-général sir John Sherbrooke pour maintenir les échanges commerciaux entre les territoires en guerre et qui avait donné lieu à une période de prospérité - fort brève - dans la colonie.

Mais assurément, le geste le plus éclatant de Cochrane reste la proclamation qu'il émet et qui vise directement les esclaves noirs des États-Unis. Dans cette proclamation, il décrète que tout esclave souhaitant quitter les États-Unis sera en sécurité sur les vaisseaux britanniques tant et aussi longtemps qu'il est prêt soit à servir dans l'armée britannique soit à devenir un « colon libre » dans une autre colonie. Cochrane donnait le choix à l'esclave et à sa famille. L'esclavage ayant été aboli en Angleterre au siècle précédent, Cochrane espère que sa proclamation permettra aux rangs britanniques de grossir d'une part et d'autre part, de causer du tort aux états du Sud des États-Unis dont l'économie repose essentiellement sur le travail des esclaves. Cette proclamation cause d'énormes remous. La fuite de nombreux esclaves vers les navires britanniques met en colère et inquiète les états du Sud et dès que les navires britanniques entrent dans la baie de Chesapeake, sur les côtes de l'Atlantique, beaucoup d'esclaves s'enrôlent dans l'armée britannique. Cochrane prend 600 d'entre eux et crée le régiment des Marins royaux des colonies. Nombre d'esclaves prennent toutefois le chemin de Halifax.

Inspiration pour "The Star Spangled Banner"

Au cours de la bataille de Baltimore, Cochrane est chargé de l'aile navale de l'assaut et envoie une compagnie de débarquement surprendre les Américains qui la repoussent. Son nom entre véritablement dans l'histoire de l'Amérique du Nord le jour où il prend la décision de bombarder Fort McHenry. Les navires qui coulent dans le port empêchent la flotte britannique de se rapprocher du rivage, ses tirs n'ont que peu d'impact, mais c'est cet assaut qui inspire le célèbre poème de Francis Scott Keyes, « The Star Spangled Banner », poème qui deviendra l'hymne national des États-Unis. Incapable de forcer le fort à capituler, Cochrane et le colonel Brooke estiment que la démonstration de leurs forces est suffisante et Cochrane retourne à Halifax.

Pendant la Bataille de la Nouvelle-Orléans, en décembre 1814, Cochrane prend le commandement des forces navales le long des côtes du golfe pendant que le major-général sir Edward Pakenham commande les forces terrestres. La flotte de Cochrane comprend 10 000 soldats et marins qui jettent l'ancre dans le golfe du Mexique, mais une flottille américaine de cinq canonnières barre l'accès aux lacs. Lors de la bataille du lac Borgne, la flotte britannique envoie 42 chaloupes armées ouvrir la voie et ainsi permettre l'accès aux rives. Cochrane s'oppose au souhait de l'armée d'utiliser la route du Chef Menteur en vue d'une invasion terrestre contre les fortifications américaines et encourage l'utilisation de ses navires. Mais l'incapacité à construire des canaux appropriés pour le transport assombrit l'invasion et force les troupes à transporter les embarcations plutôt qu'à les utiliser. La signature du Traité de Gand met fin à la guerre le 24 décembre. La nouvelle tarde à arriver à Cochrane et aux Britanniques qui sont défaits à la Nouvelle-Orléans, mais qui se promettent de poursuivre les combats après avoir pris Fort Bowyer, le 12 février 1815.

Cochrane retourne en Angleterre après la guerre, est fait amiral en 1819 et assume les fonctions de commandant en chef à Plymouth de 1821 à 1824. Il meurt en 1832, laissant derrière lui le souvenir d'une carrière dans la marine qui, si elle ne fut pas parfaite, fut néanmoins impressionnante et passionnante.