La Révolution américaine et le Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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La Révolution américaine et le Canada

Au début de la Révolution américaine, en 1775, des forces rebelles envahissent le Canada, occupant Montréal et attaquant Québec, et des corsaires américains prennent d’assaut certains ports de l’Atlantique. En outre, en Nouvelle-Écosse, des sympathisants de la révolution fomentent une rébellion dans leur colonie. Bien qu’elles soient vaincues au Canada, les 13 colonies américaines sortent victorieuses de la guerre et obtiennent leur indépendance de la Grande-Bretagne. La conquête expose le Canada à un autre type d’invasion : l’émigration massive de loyalistes qui contribueront à façonner le pays.

Les treize colonies en 1775

Fin de la guerre de Sept Ans

La fin de la guerre de Sept Ans est l’une des causes qui ont conduit à la Révolution américaine. Avec le traité de Paris de 1763, la France cède officiellement la Nouvelle-France aux Britanniques et se retire largement du continent. Le retrait de la France en tant que puissance nord-américaine donne aux colons anglo-américains une plus grande confiance, car ils n’ont plus besoin de la protection de l’armée britannique. En outre, les coûts de la guerre amènent le gouvernement britannique à imposer de nouvelles taxes à ses colons américains, ce qui suscite un grand mécontentement.

L’Acte de Québec et le mécontentement des États-Unis

Puis, l’adoption de l’Acte de Québec, en 1774, attise le mécontentement dans les 13 colonies américaines. L’Acte assure une liberté religieuse pour les catholiques et restaure le droit civil français dans la colonie conquise au Québec, ce qui soulève la colère chez les protestants américains qui s’opposent au catholicisme. En outre, l’Acte élargit le territoire du Québec en y ajoutant, entre autres, les terres libres de la vallée de l’Ohio. Tout ceci excite le désir d’Américains, comme le futur chef rebelle George Washington, d’étendre les colonies vers l’ouest. Une vague de protestation se soulève et mène à une guerre ouverte entre les rebelles américains et les forces britanniques à Lexington, au Massachusetts, le 19 avril 1775.

Pour défendre leur cause, les Américains mènent une campagne de propagande efficace sur un territoire maintenant canadien. Les rebelles attirent la sympathie de certains au Québec, particulièrement à Montréal, où existe un mouvement proaméricain. Cependant, officiellement, le clergé canadien-français, les propriétaires fonciers et les citoyens influents accordent leur soutien aux Britanniques. Par ailleurs, la plupart des colons du Canada ou des Maritimes restent neutres et hésitent à prendre parti dans la Révolution du Sud. D’ailleurs, pour cette raison, le gouverneur canadien sir Guy Carleton (lord Dorchester) éprouve des difficultés à lever une milice pour résister aux rebelles.

L’invasion du Québec

En septembre 1775, le général Richard Montgomery dirige les forces américaines lors de la première grande offensive de guerre, s’emparant des forts de Ticonderoga et de Crown Point dans le nord de New York, et du Fort Chambly au Québec. Grâce à des troupes de miliciens, le général met la main sur le fort Saint-Jean, près de Montréal, en novembre, forçant sir Guy Carleton à abandonner Montréal et fuir à Québec. Les Américains prennent possession sans effort de la ville délaissée le 28 novembre.

Invasion de Québec
Fort Chambly

Pendant ce temps, une deuxième offensive, menée par le général Benedict Arnold, réussit, malgré les épreuves, les cartes erronées, la quasi-famine et les désertions, à conduire quelque 700 hommes dans la forteresse de Québec en traversant les régions sauvages du Maine, puis en empruntant le fleuve Saint‑Laurent. Benedict Arnold et ses troupes attendaient à l’extérieur de Québec lorsque Richard Montgomery se joint à lui avec ses 300 hommes.

C’est lors d’une tempête de neige, le 31 décembre, que les Américains attaquent Québec, défendu par une garnison de 1 800 soldats britanniques et miliciens dirigés par Guy Carleton. Grâce à deux attaques simultanées, Guy Arnold et ses hommes réussissent à pénétrer dans la basse‑ville, mais le général, blessé à la cheville, est transporté à l’extérieur de la bataille. Plus tard, alors confrontés à une contre‑attaque, ses hommes capitulent.

Les troupes de Richard Montgomery sont repoussées après la mort du général et de ses commandants, tués par balle lors du premier assaut de l’autre côté de la basse‑ville. En somme, dans la bataille de Québec, 60 Américains sont tués et 426 sont blessés. Par ailleurs, 6 Britanniques meurent et 19 subissent des blessures.

Montgomery, mort de

Siège et repli

Sous le commandement de Guy Arnold, les soldats américains non capturés tentent de maintenir un siège dans la ville durant l’hiver, mais sans grand succès. Les hommes se replient au printemps alors qu’un renfort de 4 000 hommes, dirigés par le général britannique John Burgoyne, se joint à la défense. Puis, les Américains abandonnent Montréal le 9 mai 1776. Les troupes restantes sont vaincues à Trois‑Rivières en juin, et les survivants battent en retraite vers New York, ce qui met fin à l’invasion.

L’invasion américaine laisse des souvenirs amers chez les Canadiens et conduit plusieurs sympathisants rebelles à l’exil du Québec. Cependant, peu ont appuyé concrètement les Américains : le clergé et les propriétaires fonciers sont restés très loyaux à la Couronne et, après quelques hésitations, les marchands font de même, bien que ces derniers ressentent le même ressentiment que les Américains quant au paiement d’impôts à la Grande‑Bretagne.

Les envahisseurs croyaient que les Canadiens français auraient pris les armes contre les Britanniques et qu’ils se battraient à leur côté, mais ils ont mal jugé les Canadiens. La plupart des habitants ordinaires sont demeurés résolument neutres, refusant de se battre dans l’un ou l’autre des camps.

Le général John Burgoyne et ses soldats britanniques continuent de repousser les rebelles à l’extérieur du pays en les chassant vers le sud par le lac Champlain jusque dans l’état de New York. Cependant, le général a trop avancé. Par conséquent, les troupes de celui-ci doivent se rendre à Saratoga le 17 octobre 1777, donnant ainsi aux Américains leur première grande victoire de la Révolution.

Mouvement rebelle en Nouvelle‑Écosse

Comme dans les conflits précédents (p. ex., la guerre de Sept Ans), la Nouvelle‑Écosse demeure un champ de bataille incertain pendant la Révolution, en partie en raison de la population acadienne francophone. En effet, l’Assemblée provinciale à Halifax vote en faveur de la loyauté à la Couronne, tandis que lors de réunions illégales, certains citoyens accordent clandestinement leur soutien à la Nouvelle‑Angleterre.

Presque tous les avant-postes côtiers d’importance à l’extérieur d’Halifax subissent la guerre de course américaine. En 1776, un groupe de rebelles de la Nouvelle‑Angleterre et de Néo‑Écossais désabusés, souhaitant provoquer une rébellion et prendre possession de leur colonie, attaquent sans succès le fort Cumberland (fort Beauséjour). La garnison du fort résiste jusqu’à ce que des troupes britanniques arrivent d’Halifax. Ces dernières défont les assaillants et mettent fin à la rébellion.

Débarquement des loyalistes, 1783

Victoire américaine et arrivée des loyalistes

Bien que les efforts de rébellion ne soient pas menés à bien en Nouvelle‑Écosse ou au Canada, les 13 colonies américaines remportent la guerre contre la Grande-Bretagne. D’éminents colons américains signent la Déclaration d’indépendance le 4 juillet 1776. Après une lutte prolongée, les forces britanniques se rendent en octobre 1781. Deux ans plus tard, le traité de Paris reconnaît officiellement les États-Unis d’Amérique.

La principale conséquence que subissent les colonies britanniques au nord est l’émergence d’un État républicain, un voisin direct puissant dont les Canadiens, les habitants des Maritimes et leurs dirigeants coloniaux se méfieront pendant des décennies.

La Révolution engendre également l’exode de plus de 80 000 réfugiés loyalistes des États-Unis, dont près de la moitié émigrent au Québec et dans les Maritimes. L’arrivée des loyalistes influence grandement la politique et la culture de ce qui deviendra le Canada, qui connaîtra un développement très différent de celui des États-Unis. (Voir Canada et États-Unis.)

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