Musique d'Amérique du Sud et Amérique centrale | l'Encyclopédie Canadienne

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Musique d'Amérique du Sud et Amérique centrale

Amérique du Sud et Amérique centrale. Même si le Canada et les pays d'Amérique latine font partie de l'hémisphère occidental, leurs relations musicales ont été limitées, pour la plupart, à des visites réciproques d'interprètes et de compositeurs.

Amérique du Sud et Amérique centrale

Amérique du Sud et Amérique centrale. Même si le Canada et les pays d'Amérique latine font partie de l'hémisphère occidental, leurs relations musicales ont été limitées, pour la plupart, à des visites réciproques d'interprètes et de compositeurs. Les cultures indigènes de l'Amérique du Sud et de l'Amérique centrale ont peu de choses en commun avec celle de l'Amérique du Nord, et les colonies espagnoles et portugaises dans les pays du sud de l'hémisphère furent fondées 200 ans avant les colonies françaises et britanniques dans les pays du nord. Les développements furent tributaires de ces différences, la migration d'un pays à l'autre demeurant limitée. De plus, les activités commerciales entre le Canada et les différents pays d'Amérique du Sud après la Deuxième Guerre mondiale n'eurent qu'un impact culturel minime. Les deux cultures, avec leur musique respective, exercent l'une sur l'autre une fascination certaine, mais elles ont conservé leur caractère distinctif.

Néanmoins, quelques musiciens latinoaméricains s'établirent au Canada. L'un des premiers fut le pianiste et professeur chilien Alberto Guerrero qui arriva à Toronto, via New York, en 1919. Au début des années 1940, le Trio Inca Taky, un groupe folklorique du Pérou, s'installa à Montréal et réalisa pour RCI des émissions destinées à l'Amérique du Sud. Un membre du groupe, la chanteuse Yma Sumac, possédant un registre exceptionnel, partit bientôt pour les É.-U. où elle poursuivit avec succès une carrière de soliste. Ramón Pelinski, un musicologue d'origine argentine qui dirige plusieurs ensembles de tango, séjourna au Canada en 1972 puis revint pour s'y établir en 1973. Le chef d'orchestre et violoniste Ruben Gurevich immigra d'Uruguay au Canada à la fin des années 1960. Son père s'installa aussi au Canada et devint violoniste dans l'Orchestre symphonique de Winnipeg. Le pianiste argentin Raoul Sosa, professeur au CMM, s'établit à Montréal en 1967. S'ajoutèrent d'autres immigrants argentins à la fin des années 1960 et au début des années 1970 : Alcides Lanza, dir. du studio de musique électroacoustique de l'Université McGill, et le violoniste Luis Grinhauz, membre de l'OSM et professeur, accompagné de sa femme, la pianiste Berta Rosenohl Grinhauz.

Si peu de Sud-Américains ont fait du Canada leur lieu de résidence, plusieurs l'ont visité. La célèbre pianiste vénézuélienne Teresa Carreño joua à Montréal dès 1883, se produisant alors aux concerts de rentrée donnés par Emma Albani. Elle joua plus tard à Toronto. La pianiste chilienne Rosita Renard donna un récital à Montréal en 1918. En 1944, des représentants du Canada et du Brésil échangèrent des notes diplomatiques constituant « une entente pour la promotion des relations culturelles ». Cette entente se matérialisa par le voyage du Quatuor Alouette au Brésil et ceux des compositeurs Claude Champagne et sir Ernest MacMillan qui, tous deux, dirigèrent des programmes d'oeuvres canadiennes. Champagne écrivit une pièce intitulée Quadrilha brasileira, qui fut créée par le pianiste brésilien Arnaldo Estrella. En retour, le compositeur brésilien Heitor Villa-Lobos visita le Canada en 1952 et dirigea l'Orchestre des CSM à l'auditorium Le Plateau, à Montréal, lors d'un concert comprenant deux de ses oeuvres et des compositions de l'Argentin Ernesto Drangosch et du Chilien Humberto Allende. Il revint diriger l'Orchestre symphonique de la SRC et le TSO en 1958.

En 1946, le SI SRC commença à radiodiffuser des émissions régulières sur ondes courtes à destination de l'Amérique du Sud, lesquelles suscitèrent encore des visites d'artistes sud-américains. Parmi ceux qui se rendirent à Montréal pour ces émissions, on note la pianiste Guiomar Novaes du Brésil, le ténor Ramón Vinay du Chili, Arnaldo Estrella (mentionné plus haut) et le compositeur brésilien José Siqueira, qui dirigea un concert de ses propres oeuvres. En 1948, un concert spécial de musique brésilienne et canadienne fut radiodiffusé en l'honneur de la fête de l'indépendance du Brésil.

Il y eut d'autres visiteurs sud-américains : la soprano brésilienne Bidú Sayão qui se produisit en concert et à l'opéra et fut membre du jury du Concours international de musique de Montréal en 1977, les pianistes Martha Argerich de l'Argentine, Claudio Arrau du Chili, Nelson Freire du Brésil et Antonio Bujardo Octavio du Venezuela, et le violoniste Jaime Laredo de Bolivie. En 1965, le compositeur brésilien Francesco Mignone vint au Canada à titre de membre du jury du Concours international de musique de Montréal, consacré cette année-là au piano. Ses Tres Preludios sobra temas canadenses, inspirés de chansons folkloriques canadiennes-françaises, ont été enregistrés par le pianiste André-Sébastien Savoie (RCI 418). Les orchestres entendus au Canada incluent l'Orchestre national brésilien qui se produisit sous la baguette d'Eleazar de Carvalho au CNA en novembre 1977. Le Choeur national des jeunes de l'Argentine s'est fait entendre au Canada, de même que le groupe chilien engagé Quilapayun. En 1967, le Consejo Interamerica de Musica (CIDEM) tint sa cinquième assemblée générale à Toronto. Arnold Walter en fut membre fondateur et prés. de 1969 à 1972.

De nombreux musiciens canadiens ont visité l'Amérique du Sud. Les premiers à le faire furent probablement J.-B. Labelle et Calixa Lavallée. Tous deux y effectuèrent une tournée en 1857. Le violoniste Frantz Jehin-Prume séjourna quelque temps au Mexique, au Brésil et à Cuba au milieu des années 1860, avant de s'établir à Montréal. Edward Johnson fut invité au Teatro Colón de Buenos Aires en 1916. Le pianiste Jean Dansereau donna plusieurs récitals et se fit entendre à la radio de Rio de Janeiro (1942-43). Ellen Ballon, dédicataire du Concerto no 1 pour piano de Villa-Lobos, créa cette oeuvre à Rio en 1946. Raoul Jobin chanta dans Werther et dans Armide de Gluck au Teatro Colón en 1948. D'autres Canadiens réputés se produisirent dans ce célèbre théâtre d'opéra, ce sont Maureen Forrester, George London, Ermanno Mauro, Joseph Rouleau, Léopold Simoneau et Jon Vickers. Le ténor Pierre Duval a chanté au Chili, et le ténor André Turp à l'Opéra municipal de Rio de Janeiro. La contralto Portia White effectua une tournée en Amérique centrale et en Amérique du Sud en 1946. Herman Geiger-Torel passa plusieurs années à titre de metteur en scène dans des salles d'opéra telles que le Teatro Colón à Buenos Aires, le Théâtre national SODRE à Montevideo et le Théâtre municipal à Rio de Janeiro avant de s'établir au Canada. Parmi les Canadiens ayant dirigé des orchestres en Amérique latine, citons Alexander Brott, Laszlo Gati, Paut Pratt, Heinz Unger et Reginald Stewart. Les pianistes André Asselin, Arthur Ozolins et Claude Savard, la flûtiste Suzanne Shulman et l'ensemble de chambre Camerata se sont produits en Amérique du Sud. La Suite en ré pour orgue (1967) de Talivaldis Kenins fut créée en 1968 par Christian Grundman à Caracas, au Venezuela. En 1977, D'après Vasarely de John Rea fut entendu pour la première fois en concert à l'Université de Santa Fe, en Argentine. En 1979, la compositrice Micheline Coulombe Saint-Marcoux de Montréal fut invitée au « Curso Latino Americano de musica contemporanea » à São João de Rei, au Brésil. Bruce Mather et Pierrette LePage se sont rendus au Brésil de même que l'Orchestre de chambre McGill.

Voir aussi Antilles, Cuba, Mexique.