Anthropologie au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Anthropologie au Canada

L’anthropologie est l’étude comparative des cultures passées et contemporaines, mettant l’accent sur les modes de vie et les coutumes des gens du monde entier. Étant donné la quantité d’informations recueillies et la variété des méthodes et des techniques utilisées en recherche, des sous-disciplines se sont développées. Les principales branches sont : l’anthropologie physique, l’archéologie, l’anthropologie linguistique, l’ethnologie (aussi appelée l’anthropologie sociale ou culturelle) et l’anthropologie appliquée. Au Canada, les premiers anthropologues comprennent les missionnaires, les explorateurs et les commerçants qui ont documenté la vie des Autochtones qu’ils ont rencontrés. Plus tard, la Commission géologique du Canada a joué un rôle important dans le développement de l’anthropologie canadienne.

Branches de l’anthropologie

Anthropologie physique

L’anthropologie physique a pour objet l’étude de l’évolution et des variations physiques de l’humanité. Son champ disciplinaire comprend les relevés métriques des ossements et des êtres humains (anthropométrie); l’étude de la génétique humaine et la comparaison avec les modèles génétiques des autres primates; et l’étude du comportement des primates en vue d’établir une description détaillée de leur comportement social et des généralisations comparatives de leur organisation sociale. Ces recherches donnent des indications sur la manière dont s’organisaient les comportements sociaux des premiers groupes d’êtres humains.

Archéologie

L’archéologie est l’étude de la préhistoire (de même que l’histoire récente) et une partie de l’histoire de l’humanité au moyen de fouilles, de l’analyse et de l’interprétation des vestiges des cultures anciennes. L’archéologie date aussi les origines des habitations humaines dans les diverses parties du monde, les outils et les artefacts, de l’art et des structures sociales qui se développent à travers les époques. Les archéologues cherchent à reconstituer les étapes du développement et l’ensemble des cultures des peuples anciens.

Anthropologie linguistique

L’anthropologie linguistique, ou ethnolinguistique, est l’étude de l’organisation du langage. Elle se consacre à l’identification et à l’analyse des unités du discours, depuis les simples unités du son aux combinaisons complexes et diverses de sons et de significations qui sont utilisées dans les milliers de langues parlées dans le monde aujourd’hui. L’étude historique et comparative permet aussi de reconstituer des langues qui ne sont plus parlées et d’établir des relations entre les langues. L’anthropolinguiste peut aussi étudier les formes non verbales de communication et les règles d’emploi correct du discours (pragmatique).

Ethnologie

L’ethnologie combine l’anthropologie théorique et l’ethnographie et constitue la base scientifique de l’anthropologie. L’anthropologie théorique fait appel aux hypothèses abstraites et aux perspectives d’autres disciplines, de même que des outils d’observation et d’analyse plus abstraits. L’ethnographie est l’enregistrement et la description d’une culture en particulier, habituellement par du travail de terrain. L’ethnologie utilise des modèles théoriques et une vaste connaissance empirique de différentes cultures pour permettre des comparaisons et la formulation de normes culturelles générales.

Anthropologie appliquée

L’anthropologie appliquée, qui est devenue l’un de pôles les plus importants de l’anthropologie depuis plusieurs décennies, consiste en l’utilisation des connaissances anthropologiques pour la solution de problèmes pratiques chez des groupes humains. Cette application concerne surtout de petites communautés aux prises avec des problèmes de pauvreté ou de changement culturel, technologique ou économique rapide. Elle tente aussi d’élaborer de nouvelles formes d’éducation, afin d’aider les gens à s’adapter aux changements rapides, ou des manières plus efficaces d’améliorer la santé de la collectivité.

Concept de culture

La définition classique de la culture, encore généralement acceptée, est publiée il y a presque 150 ans par E.B. Tylor et désigne cet ensemble complexe qui inclut le savoir, les croyances, l’art, les mœurs, le droit, les coutumes ainsi que toute disposition ou usage acquis par l’homme vivant en société. D’un point de vue anthropologique, presque tous les êtres humains adultes sont imprégnés de leur culture. Chacun connaît une langue, chacun sait comment agir avec ses parents, ses amis et avec des étrangers, occuper une place dans la société, se servir de nombreux outils de base, faire un échange de biens ou de services, considérer les personnes qui détiennent un pouvoir politique ou un prestige social, évaluer choses, actions ou idées comme bonnes ou mauvaises et comment son monde particulier est organisé dans sa dimension, sa forme et ses objectifs.

Les gens savent ces choses et ont aussi une idée de ce qui est excellent dans chacun de ces aspects de leur culture et peut-être de ce que la personne idéale devrait être. Mais ce qui est idéal pour un gentilhomme montréalais du XVIIIe siècle est loin de l’idéal d’un artiste de Vancouver ou d’un fermier des Prairies, d’un pêcheur des Maritimes ou d’une mère inuite. Pour mieux comprendre ces différences, le concept de culture est divisé en plusieurs segments, dont les principaux sont la technologie, l’économie, la parenté et l’organisation sociale, les systèmes de valeurs et l’idéologie.

La technologie concerne les objets manufacturés ou fabriqués dans une culture et particulièrement la connaissance et l’habileté nécessaires pour les fabriquer. La technologie répond à l’environnement physique et à la taille et à la complexité d’une société, de sorte que la technologie nordique fondée sur la culture de la chasse, par exemple, sera différente de celle d’une culture tropicale fondée sur l’agriculture.

L’économie fait souvent référence à la production et à l’échange de biens, mais en anthropologie elle désigne aussi l’échange de services et de choses moins tangibles comme les droits et les privilèges. Cet échange peut se faire à l’intérieur d’une collectivité ou entre des groupes différents. Souvent il s’agit plus que d’un simple échange, un lien stable et sûr ou un pacte avec le groupe étant créé.

La parenté et l’organisation sociale se rapportent aux relations entre les personnes dans un groupe et comprennent ce qu’un individu sait sur la façon d’agir dans ses relations avec les autres. Ces attentes peuvent comprendre les traditions liées au mariage, le patrimoine et les responsabilités communales.

Les systèmes de valeurs, les croyances et les comportements religieux sont les aspects de la culture qui sont les plus proches du sens que les humains attribuent aux événements, au-delà des événements eux-mêmes. Naissance, maturité, mariage et mort sont porteurs, dans l’esprit de la plupart des gens, d’une signification particulière et souvent d’une valeur spirituelle. Cela est aussi vrai des aspects de la vie qui sont étroitement liés à la survie, comme les rituels de la chasse, de l’agriculture ou de la vie pastorale. Les idéologies, la vision du monde et les impératifs culturels indiquent aux gens la manière dont le monde est constitué ou organisé et comment ils doivent agir afin d’y être en harmonie (plutôt que de risquer de souffrir en allant à l’encontre de l’ordre moral ou naturel). Les idéologies sont des « cartes » conceptuelles ou des images de la façon dont la société devrait s’organiser, une affirmation de l’idéal vers lequel le groupe devrait tendre.

Chacune des divisions principales de la culture fait l’objet de nombreuses études. Certaines décrivent comment cette division est définie pour des cultures particulières et et d’autres la comparent entre les cultures. Les données utilisées dans de telles recherches proviennent des études sur le terrain.

Recherche sur le terrain

Elle est autrefois laissée aux voyageurs, aux négociants et aux missionnaires qui écrivent sur les peuples et leurs cultures. Les premiers anthropologues sont des philosophes sociaux et des intellectuels qui cherchent à comprendre les cultures par des études de salon de documents historiques et de comptes rendus de voyages. L’anthropologie n’est devenue une discipline basée sur l’enquête de terrain et sur l’accumulation d’observations de première main que dans les dernières décennies du XIXe siècle.

L’apprentissage des méthodes d’observation sur le terrain est une partie importante de la formation en anthropologie. L’anthropologue recueille habituellement les données au moyen de l’observation systématique d’événements quotidiens et de l’observation participante des événements et des situations qui ont une importance particulière (activités économiques, relations sociales, activités spirituelles, etc.). Il cherche et interroge les personnes qui possèdent des connaissances précises et pertinentes et qui communiquent avec exhaustivité et exactitude. Chaque travailleur sur le terrain élabore une méthode pour l’enregistrement et la classification de ses données de façon à ce que l’information exacte et appropriée puisse être rédigée dans les rapports scientifiques.

Souvent, les anthropologues demeurent ou reviennent sur le terrain un an ou plus, afin d’établir de bonnes relations avec la population qu’ils étudient et de faire un relevé minutieux et exact de ce que les gens disent et font. Ce genre de recherche nécessite des qualités sociales aussi bien que des aptitudes à manier théories, concepts, méthodes et techniques anthropologiques. L’observateur doit aussi expliquer qui il est, ce qu’il fait, les raisons de sa recherche, l’usage qu’il fera de l’information qu’il recueille, combien de temps il doit rester et les autres sujets qui font partie de l’honnêteté et de la courtoisie envers un hôte. Il doit se conformer non seulement aux principes moraux de sa profession, mais aussi à ceux du groupe avec lequel il vit et sur lequel il écrira.

Premiers anthropologues canadiens

Les fondateurs de l’anthropologie canadienne sont les explorateurs et missionnaires qui vivent au Canada français au XVIIe siècle. Ces hommes, dont Samuel de Champlain et les pères Chrestien LeClercq, Paul Le Jeune et Gabriel Sagard, désirent vraiment connaître les modes de vie et les croyances des Autochtones et ils en fournissent des descriptions détaillées employées par la suite par les anthropologues professionnels. D’autres premiers anthropologues canadiens comprennent des explorateurs et des commerçants comme Marc Lescarbot, et plus tard des professeurs des premières universités, comme sir Daniel Wilson à Toronto et sir John William Dawson à McGill (vers 1885).

Les employés du gouvernement, en particulier ceux de la Commission géologique du Canada, écrivent des récits importants de leurs voyages, comprenant des détails sur les Autochtones qu’ils rencontrent et observent. Le plus important de ces employés est George Mercer Dawson, employé par la Commission géologique à partir de 1875 et promu directeur en 1895. Il contribue à l’établissement d’une base professionnelle pour l’anthropologie canadienne, même s’il meurt avant la reconnaissance officielle de celle-ci.

En 1910, le premier ministre Wilfrid Laurier crée une division de l’anthropologie à l’intérieur de la Commission géologique, marquant ainsi le début de l’anthropologie professionnelle au Canada. Les bureaux se trouvent dans l’édifice du musée commémoratif Victoria à Ottawa, et des anthropologues reconnus sont recrutés en Angleterre comme aux États-Unis. Le professeur Franz Boas, qui étudie les Inuits et les Autochtones sur la côte nord-ouest du Canada, forme Edward Sapir, le premier ethnologue en chef de la Commission géologique du Canada. Charles Marius Barbeau, un anthropologue d’avant-garde né dans une région rurale du Québec, est un des premiers contributeurs du Musée national (maintenant le Musée canadien de l'histoire). La collection de Charles Marius Barbeau, composée de matériel culturel canadien-français, de chansons, d’histoires et de contes, a servi de base aux Archives de Folklore de l’Université Laval. Charles Marius Barbeau recrute aussi au Musée un camarade de classe de l’Université d’Oxford, Diamond Jenness.

Comme George Mercer Dawson et Franz Boas, Edward Sapir et Charles Marius Barbeau étudient tous les deux les Autochtones de la côte nord-ouest, alors que Diamond Jenness est plutôt connu pour ses recherches dans l’Arctique parmi les Inuinnait. William Wintemberg et Harlan Smith contribuent à la collection d’artefacts préhistoriques.

Ces hommes, avec quelques autres, sont à l’origine du développement de la profession au Canada de 1910 jusqu’à 1925, année où Sapir quitte le Canada et où Thomas McIlwraith occupe le premier poste d’enseignement en anthropologie dans une université canadienne. Cinq ans plus tard, McIlwraith est toujours le seul membre de son département à l’Université de Toronto. Ce n’est qu’en 1947 que les prochaines universités comme l’Université de la Colombie-Britannique et l’Université McGill embauchent des anthropologues.

Développement de l’anthropologie canadienne professionnelle

Alfred G. Bailey est le premier canadien à écrire une thèse de doctorat manifestement anthropologique publiée en 1937. Celle-ci s’inspire des documents des jésuites et s’intitule « The Conflict of European and Eastern Algonkian Cultures, 1504–1700: A Study in Canadian Civilization ». Cependant, puisqu’il n’y a aucun programme de doctorat en anthropologie à l’époque, il reçoit un diplôme en histoire.

Le premier doctorat en anthropologie est décerné en 1956 et seulement quelques doctorats sont accordés jusqu’à la fin des années 60. Les années 70 amènent une croissance rapide des milieux universitaires et aussi de l’anthropologie professionnelle et, en 1980, environ 400 personnes détenant un doctorat en anthropologie sont employées au Canada. Un plus grand nombre possèdent une maîtrise. Harry Hawthorn met sur pied une faculté à l’Université de la Colombie-Britannique et établit des normes pour l’utilisation de la recherche anthropologique dans un rapport sur l’élaboration de politiques gouvernementales présenté au gouvernement fédéral qu’il rédige avec Marc-Adélard Tremblay, A Survey of the Contemporary Indians of Canada (1966-1967).

Le développement de l’anthropologie au Canada est dominé par des tendances communes, malgré les différences de langues et les distances séparant les divers musées et universités. Cette uniformité s’explique en partie par l’influence considérable des idées de Franz Boas et de ses étudiants. De plus, l’anthropologie au Canada anglais repose à l’époque sur un intérêt pour les peuples autochtones qui vivent dans de petites communautés isolées. Pour cette raison, la démarche anthropologique relève de la tradition de l’enquête empirique sur le terrain, incluant l’observation participante et des entrevues avec les informateurs clés, ce qui donne lieu à des rapports qui décrivent la technologie, l’économie, l’organisation sociale, les valeurs et la vision du monde de chaque communauté particulière. Les recherches dans d’autres régions du Canada et du monde augmentent graduellement durant les années 1960 et 1970.

Au Canada français, l’anthropologie se fonde sur des études des milieux ruraux et des petites villes du Québec et sur leur population et s’attache aussi à étudier de petits groupes relativement isolés. Le développement de l’anthropologie au Québec a comme base les études classiques des premiers sociologues (voir Sociologie) sur les Canadiens français. Léon Gérin fait une recherche des plus importantes : L’Habitant de Saint-Justin montre comment, dans le Québec rural, le vieux système patriarcal européen a continué de régir l’organisation du mode de vie des communautés. L’Américain Everett C. Hughes influence aussi l’anthropologie québécoise par son livre French Canada in Transition (1943), étude du processus d’industrialisation de la ville de Drummondville. Un autre Américain, Horace Miner, écrit Saint-Denis: A French Canadian Parish (1939), devenu un modèle pour les études des communautés au Québec.

Poursuite du développement de l’anthropologie canadienne

Cet intérêt pour l'étude des communautés non autochtones se poursuit dans les années 1960 et 1970 notamment à l’Université de Montréal et à l’Université Laval. Ces études contribuent à la délimitation culturelle des régions plus isolées et à attirer l’attention sur les disparités socioéconomiques. Fondé en 1961, l’Institut de recherche sociale (Institute of Social Research) de l’Université Memorial met l’accent sur la recherche empirique des communautés de Terre-Neuve, du Labrador et de l’Atlantique Nord. L’institut devient un véritable centre d’expertise dans le domaine des études culturelles, des études communautaires, du développement social et économique ainsi que de l’évaluation de l’impact social et des politiques publiques. À l’instar des recherches de Marc-Adélard Tremblay sur les communautés francophones de la Côte-Nord du Québec et des Acadiens de la Nouvelle-Écosse, ou encore les recherches de Harry Hawthorn sur les Doukhobors en Colombie-Britannique, Norman Chance de l'Université McGill élabore un programme de recherche sur le changement social chez les Cris de la baie James. On constate également un intérêt marqué chez les anthropologues canadiens pour l’étude de communautés vivant au-delà des frontières canadiennes, soit en Afrique (dès les années 1970), mais aussi au Mexique, en Amérique latine, dans le Pacifique et, plus tardivement, en Asie.

Depuis les années 1970, la spécialisation accrue en anthropologie fournit des méthodes plus perfectionnées et permet davantage de précision dans la recherche, mais cette spécialisation fait en sorte que certains sujets ne reçoivent pas toute l'attention qu'ils méritent. L’anthropologie des centres urbains, voire de la culture contemporaine est néanmoins en pleine expansion, donnant lieu à la recherche notamment sur les communautés immigrantes et linguistiques (comme celles de Louis-Jacques Dorais sur les communautés vietnamienne, cambodgienne et laotienne de Montréal) ou encore sur la culture de groupe de métiers (Serge Bouchard et la culture des camionneurs longue-distance). Dans les années 1980 et 1990, l'approche féministe (voir Mouvements de femmes au Canada) a attiré l’attention des chercheurs sur les femmes, l’importance d’analyser les rapports de pouvoir entre les sexes et les identités de genre.

Néanmoins, en dépit de ces tendances de la recherche, il demeure difficile de dégager ce qui caractérise la pratique de l’anthropologie au Canada. Si certains avancent l’idée que l’anthropologie canadienne est un amalgame d’approches internationales, et plus particulièrement américaines, britanniques et françaises, plusieurs évoquent plutôt la fragmentation de la discipline (en raison de la diversification des terrains de recherche et des sujets, entre autres facteurs).

Universités et organisations professionnelles

L’anthropologie a d’abord fait sa place dans les musées et les institutions culturelles, mais elle est aujourd’hui bien établie au sein des universités canadiennes. Quinze universités offrent des programmes menant au doctorat en anthropologie : Université de Victoria, Simon Fraser, Colombie-Britannique, Alberta, Calgary, Manitoba, McMaster, York, Toronto, Western, Carleton, Montréal, McGill, Laval et Memorial. Certaines de ces universités offrent aussi des doctorats en socioculture, en biologie, en médecine et en d’autres spécialisations de l’anthropologie.

L’ancrage institutionnel de l’anthropologie comme discipline au Canada est aussi perceptible par l’entremise des organisations professionnelles dont les anthropologues se sont dotés et qui sont autant de lieux d’échange de connaissances. La Société canadienne d'anthropologie (CASCA), fondée en 1974, éditrice du périodique Anthropologica (anciennement appelé Culture), est certainement la plus représentative. Organisatrice d’un colloque annuel, elle compte en 2017 plus de 500 membres au Canada et ailleurs dans le monde.

Enfin, loin d’être cantonnés au milieu universitaire, les anthropologues sont actifs au sein des institutions muséales, des entreprises, des gouvernements provinciaux et fédéral ou encore travaillent comme consultants et experts auprès des médias.

Lecture supplémentaire

Liens externes