Archipel d'Hochelaga | l'Encyclopédie Canadienne

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Archipel d'Hochelaga

L’archipel d’Hochelaga, aussi connu sous le nom d’« îles de Montréal », est un groupe d’îles situé au confluent de la rivière des Outaouais et du fleuve Saint-Laurent, au sud-ouest du Québec. On estime que cet archipel est constitué de quelque 300 îles et îlots, dont l’île de Montréal, la plus grande d’entre elles. Comme c’est le cas pour l’île de Montréal, les trois autres îles les plus importantes en superficie – l’île Jésus (qui constitue la plus grande partie de la ville de Laval), l’île Bizard et l’île Perrot – sont habitées, tandis que la plupart des plus petites îles ne le sont pas. Plusieurs des îles qui constituent cet archipel sont protégées par Conservation de la nature Canada. Bien qu’elle ne fasse pas initialement partie de cette chaîne d’îles, l’île Notre-Dame est une île artificielle qui fait partie de cet archipel et qui accueille à l’heure actuelle le parc Jean-Drapeau.


Histoire

Il y a environ 11 500 ans, les seules îles de cette région, aujourd’hui connues sous le nom de « Grand Montréal », constituent les sommets des collines Montérégiennes. Ces montagnes naines, parmi lesquelles on retrouve le mont Royal, à Montréal, le mont Rougemont, le mont Saint-Hilaire ou les collines d’Oka, varient en élévation de 130 à 1 100 m. Elles sont relativement isolées en raison du recul de la mer Champlain. Il y a quelque 8 000 ans, les deux plus grandes îles de cet archipel, l’île de Montréal et l’île Jésus (que l’on associe localement à « Laval »), commencent à prendre leur forme actuelle. Le nombre d’îles qui composent cet archipel change au cours du temps en raison de la baisse du niveau d’eau résultant de la dernière période glaciaire.

En général, on estime que les habitations autochtones de la région remontent à au moins 5 000 ans. Des restes humains, de même que des preuves de la présence de communautés autochtones (en particulier d’Iroquoiens du Saint-Laurent) sont retrouvés en différents endroits de l’archipel, y compris sur l’île de Montréal. En effet, le mot « Hochelaga » est la version française dénaturée d’un mot autochtone. On croit que, à l’origine, il fait référence à un village que visite Jacques Cartier en 1535. « Hochelaga » est soit la version dénaturée du mot iroquois osekare, qui signifie « sentier du castor », ou celle du mot de même origine, osheaga, qui signifie « grands rapides ». Ce dernier terme fait possiblement référence aux rapides de Lachine, qui font obstacle au voyage de Jacques Cartier réalisé plus haut en amont.

Description

Les îles qui constituent cet archipel s’étendent du confluent de la rivière des Outaouais et du lac des Deux Montagnes jusqu’au groupe d’îles entourant l’île Sainte-Thérèse, qui est située à l’extrémité est de l’île de Montréal. Le fleuve Saint-Laurent coule à partir de ce point en longeant la limite est de l’île de Montréal, traversant des passages et des rapides avant de se jeter dans le lac Saint-Louis. Son cours progresse ensuite vers les Mille-Îles et les Grands Lacs situés au-delà. Le lac Saint-Louis et le lac des Deux Montagnes sont les deux lacs dans lesquels se rencontrent les eaux de la rivière des Outaouais et du fleuve Saint-Laurent. L’île de Montréal et l’île Jésus sont séparées l’une de l’autre par la rivière des Prairies, tandis que l’île Jésus est séparée de la partie continentale du Québec par la rivière des Mille-Îles. Ces deux plus modestes rivières comptent bon nombre des plus petites îles de l’archipel d’Hochelaga.

Deux très grandes îles font partie de cet archipel : d’une superficie approximative de 483 km2, l’île de Montréal accueille quelque deux millions d’habitants, ce qui en fait l’île la plus peuplée au Canada; de 242 km2, l’île Jésus est la deuxième plus importante île en superficie de cet archipel. Parmi les autres îles principales, on retrouve l’île Sainte-Thérèse, l’île Perrot, l’île Bizard et les îles de Boucherville, dont une partie est protégée par un parc provincial québécois. En outre, l’île Bizard et l’île de Montréal sont destinées à être en partie protégées dans le cadre du projet du Grand parc de l’Ouest mis en œuvre par la Ville de Montréal. Nombre de petites îles sont inhabitées, tandis que d’autres, comme l’île Dorval et l’île aux Hérons, sont habitées une partie de l’année par des propriétaires de chalet. La plupart des plus grandes îles, dont l’île de Montréal, l’île Jésus, l’île Perrot et l’île Bizard, accueillent des fermes qui sont toujours en exploitation. Les terres fertiles de ces îles les rendent propices à l’agriculture et à l’habitation humaine, à l’origine par les peuples autochtones et plus tard par les colons européens.

Le saviez-vous ?
Certaines des îles constituant l’archipel de Montréal sont initialement habitées, mais ne le sont plus aujourd’hui. L’île Dowker, une île d’environ 1 km2 située face à la communauté de Baie D’Urfé, en est un exemple représentatif. En 1672, Jean Talon fait don de cette île au gouverneur de Montréal, François-Marie Perrot. Leslie Rose Dowker prend cette île sous sa responsabilité en 1897 et y vit jusqu’en 1945; durant une partie de cette période, il y occupe le poste de conseiller municipal. Son frère cadet y agit en qualité de maire de 1911 à 1917. Cette île est actuellement inhabitée et appartient à la communauté de l’île Perrot, qui préfère la laisser telle quelle. On y retrouve les ruines d’Idlewyld, la célèbre propriété de Leslie Rose Dowker.


Écologie et conservation

Étant donné le nombre important d’îles inhabitées composant l’archipel d’Hochelaga, beaucoup d’entre elles sont devenues de facto des aires de conservation, tandis que certaines autres sont protégées de façon plus officielle. Les îles de l’archipel de taille plus modeste constituent d’excellents micro-environnements, qui accueillent une grande variété d’espèces. Elles abritent en particulier des oiseaux (une estimation fait état de quelque 80 espèces différentes), y compris un certain nombre d’oiseaux migrateurs. Entre l’environnement fortement urbanisé de Montréal, les terres agricoles de l’île Sainte-Thérèse et les denses forêts de l’île Bizard et de certaines parties de l’ouest de l’île de Montréal, les écosystèmes de ces îles varient considérablement. D’autres écosystèmes comprennent des pâturages, des prairies, des forêts et des terres humides. Bien qu’elles soient relativement peuplées, les îles de l’archipel de Montréal abritent de gros animaux, comme le cerf de Virginie et le pygargue à tête blanche. De plus, on aperçoit parfois des coyotes, des orignaux et des ours noirs sur l’île de Montréal et ailleurs dans l’archipel.