Architecture - histoire de l'architecture : 1967-1997 | l'Encyclopédie Canadienne

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Architecture - histoire de l'architecture : 1967-1997

 Aux yeux des Canadiens et de toutes les nationalités qui y participent, l'EXPO 67 témoigne de la percée triomphale du modernisme architectural, courant qu'on qualifie de diversifié et d'éclectique.
King James Place
Au centre-ville de Toronto (avec la permission des architectes Kuwabara Payne McKenna Blumberg).
Mississauga, Centre municipal de
Le design du Centre municipal de Mississauga est choisi par voie de concours (avec la permission de la ville de Mississauga).
Citadel Theatre
Vue extérieure du Citadel Theatre; réalisé par l'architecte Barton Myers en collaboration avec Rick Wilkin, 1975 (avec la permission des Provincial Archives of Alberta/A-13324).
Strawberry Vale School
L'école élémentaire Strawberry Vale, à Saanich, en Colombie-Britannique; réalisation des architectes Patkau, 1992 (photo de J. Dow).
Centre canadien d
Le Centre canadien d'architecture, à Montréal, conçu par Phyllis Lambert et Peter Rose en collaboration avec Erol Argun, de 1985 à 1989. Terminé en 1989, le CCA vaut à Rose le National Honor Award de l'American Institute of Architects ainsi que la médaille du Gouverneur général pour l'architecture (photo de Michael McMordie).
Kitchener, hôtel de ville de
Construit de 1990 à 1993 et lauréat du Prix d'architecture du Gouverneur général en 1994 (avec la permission des architectes Kuwabara Payne McKenna Blumberg).
Rosza Centre
Fred Valentine à Calgary, au Rosza Centre de l'U. de Calgary, en 1997 (photo de Michael McMordie).
Library Square à Vancouver
Le Library Square, à Vancouver, en Colombie-Britannique, 1992-1995, est conçu par les architectes Moshe Safdie and Associates/Downs Archambault and Partners, récipiendaires du premier prix du concours d'architecture. Le jardin en terrasse de la bibliothèque rappelle le paysage environnant dont le fleuve Fraser (avec la permission de l'architecte paysagiste Cornelia Hahn Oberlander/photo de E. Whitelaw).
Maison Alcan
La Maison Alcan (Ray Affleck en collaboration avec Julia Gersowitz), 1980-1983 (photo de Michael McMordie)
Expo
Vue du site d'Expo '67 (photo de Michael McMordie).
Cinémathèque (Montréal)
Cinémathèque; réalisation de Saucier et Perrotte à Montréal, 1997 (avec la permission de Michael McMordie).
Belkin Gallery
Entrée secondaire et de service de la Belkin Gallery donnant sur l'esplanade, du côté ouest. Architecte : Peter Cardew (photo de Sherry McKay).
Université Trent, Childcare Centre
Le Childcare Centre de l'U. Trent, à Toronto; réalisation de Stephen Teeple (photo de Michael McMordie).
Dôme géodésique
Le Pavillon des États-Unis avec son dôme géodésique Buckminster Fuller, à l'Expo '67 (photo de Michael McMordie).
Pavillon de l
Une toile suspendue par des câbles conception de Frei Otto, enveloppe le pavillon de l'Allemagne, Expo '67 (photo de Michael McMordie).
Pavillon thématique, Expo
Des poutres de bois d'oeuvre laminées et des panneaux de fibre de verre translucide caractérisent le pavillon thématique conçu par Erickson Massey, Expo '67 (photo de Michael McMordie).
Environmental Sciences Building
U. Trent. La conception d'Henriquez combine les thèmes ou les histoires tirées de l'histoire locale ou de l'architecture du passé (avec la permission de Henriquez Partners).
Metro Central YMCA
L'escalier principal joue un rôle important dans l'agencement du bâtiment (Toronto), conçu par A.J. Diamond, Donald Schmitt et Cie (photo de Steven Evans).

Architecture - histoire de l'architecture : 1967-1997

Aux yeux des Canadiens et de toutes les nationalités qui y participent, l'Expo 67 témoigne de la percée triomphale du modernisme architectural, courant qu'on qualifie de diversifié et d'éclectique. Cette exposition, qui présente des oeuvres tant nationales qu'internationales ainsi que les technologies de pointe en matière d'organisation et de design, laisse transparaître un sentiment de confiance envers l'avenir du pays et représente un point tournant dans l'architecture et dans l'urbanisme du XXe siècle au Canada. L'exposition, qui se déroule à Montréal, la ville la plus cosmopolite du Canada, fait découvrir un pays sophistiqué, uni, fort et ouvert sur le monde. Tout ceci est remis en question au cours des décennies suivantes : en 1968, la montée en flèche des activités du Front de libération du Québec (FLQ) ébranle les illusions, qui sont ensuite anéanties par la Crise d'octobre de 1970. En 1968, la création du Parti québécois (PQ) et le succès qu'il remporte ensuite aux élections provinciales de 1976 révèlent la profondeur des déchirements sous-jacents qui divisent le pays.

Les répercussions économiques des années 70, qui ébranleront encore la politique canadienne en renforçant l'esprit de division et le sentiment d'aliénation, influenceront aussi de façon plus directe le développement de l'architecture. En 1973 et 1974, en raison de la forte augmentation du prix du pétrole produit par l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), l'Est du Canada entre en récession, tandis que la production de pétrole et de gaz subit un boom économique dans l'Ouest. En Ontario et au Québec, le développement architectural stagne, alors qu'il est en plein essor en Alberta et en Colombie-Britannique. Les stratégies adoptées par le gouvernement fédéral en vue de contrôler les investissements et les prix dans le secteur du pétrole et du gaz donnent lieu à un débat amer en Alberta. Tout porte à croire que le malaise qui règne dans l'Ouest atteint le Québec.

En 1982 et en 1983, la méfiance et le mécontentement s'accentuent au moment où les autorités fédérales provoquent une chute des prix du pétrole sur le marché international. L'Ouest entre à son tour en récession. Le secteur de la construction est paralysé, le taux de chômage augmente, le développement architectural stagne. L'intervention du fédéral dans l'économie fait l'objet de réprobations, non seulement au Canada mais dans les pays de l'Occident, tandis que Ronald Reagan, Margaret Thatcher et Brian Mulroney favorisent le concept de libre-échange (voire même une politique permanente de libre-échange). Les architectes sont témoins du déclin de leur secteur et leurs associations figurent au premier rang des tenants de l'ALENA (Accord de libre-échange nord-américain). Le nombre de firmes importantes diminue, tandis que les petits cabinets luttent pour obtenir des contrats.

Ce n'est qu'au cours des années 90, grâce à une économie plus stable et à la réapparition de la croissance, que l'architecture canadienne reprend son envol. Au cours de cette décennie, elle est influencée par une variété de facteurs : un regain de confiance envers l'économie et la politique, l'émergence de nouvelles méthodes de design, une nouvelle énergie de la part des firmes qui ont survécu à la crise des années 70 et 80 et la poursuite du débat portant sur la théorie et la pratique du design, entamé au cours des décennies précédentes.

Tandis que le modernisme devient le mouvement le plus influent dans la décennie qui suit la Deuxième Guerre mondiale, l'austérité des designs cubiques de l'époque est constamment relancée par d'autres interprétations du modernisme, notamment par les oeuvres sculpturales en béton aux formes beaucoup plus irrégulières de Le Corbusier, et par celles de Frank Lloyd Wright, beaucoup plus variées et ornementées. Dès 1967, les approches dites « modernes » des architectes canadiens, sont évidentes dans les différents centres à travers le Canada.

Diverses interprétations du modernisme provoquent un regain d'intérêt envers l'histoire de l'architecture, comme en font foi les anciens édifices et les villes canadiennes plus anciennes. Dans son livre Complexity and Contradiction in Architecture (1966), l'architecte et professeur américain Robert Venturi milite, à l'échelle internationale, en faveur de structures d'édifices plus complexes, plus ambiguës, citant, par exemple, les oeuvres maniéristes italiennes du XVIe siècle. Tandis que, selon Robert Venturi, son travail consiste à explorer et à enrichir les possibilités qu'offre le modernisme, ses écrits seront bientôt considérés comme la base du postmodernisme architectural, et ses designs figureront parmi les premières sources d'inspiration importantes.

Au Canada, le règne du modernisme a été d'une durée impressionnante, compte tenu de l'opposition et de la résistance de la part des antimodernistes qui prônent le bas de gamme commercial et préfèrent l'apparence peu originale des centres commerciaux conventionnels et la construction spéculative des maisons. À long terme, les répercussions des nouvelles méthodes de design sur l'évolution des formes urbaines ont été plus importantes que l'évolution des courants architecturaux.

L'écrivaine torontoise Jane Jacobs nous a montré la richesse et la complexité de la vie urbaine opposée à la stérilité de la ségrégation de la planification urbaine du milieu du siècle. Le paysage urbain d'un certain nombre de villes canadiennes a retrouvé richesse et vitalité, malgré la prolifération de développements immobiliers dans les banlieues. Heureusement pour la qualité du paysage urbain, on a évité les pires excès de l'individualisme économique, même dans les bastions où règne la philosophie de libre-échange, comme à Calgary. Au cours du XXIe siècle, un des défis que devra relever le design sera de tenir compte des écarts croissants en termes de revenus et de l'existence d'une classe sociale très défavorisée sur le plan économique, dont l'accès aux réseaux de soutien est limité.

Expo 67

La gamme variée de structures construites à Montréal pour l'Expo 67, tout comme la planification et la construction du site en soi, illustre bien la philosophie canadienne et internationale de l'époque. Le modernisme classique se traduit par les formes géométriques gracieuses et bien délimitées des pavillons du Québec (Papineau, Gérin-Lajoie, LeBlanc & Durand), le pavillon de la Grèce et le pavillon d'Haïti (conçu par une autre firme québécoise, Jodoin, Lamarre, Pratte, Carrière). On peut également y voir des oeuvres exubérantes conçues avec les technologies les plus contemporaines, par exemple le pavillon des États-Unis (un dôme géodésique conçu par Buckminster Fuller) et celui de l'Allemagne, une toile de vélum de plastique translucide suspendue par des mâts et des câbles conçue par Frei Otto.

L'Expo 67, reflétant ainsi la nouvelle préoccupation des années 60, c'est-à-dire les mégastructures, expose plusieurs de ces structures sur ou sous lesquelles se déroule une vaste gamme d'activités. Parmi les plus notables figurent les pavillons thématiques de la Corporation de l'Expo, conçus par Affleck, Desbarats, Dimakopoulos, Lebensold & Sise : des charpentes tétraédriques massives en acier jointes par des plaques boulonnées.

Inspiré par Le Corbusier, l'édifice administratif d'Irving Grossman témoigne d'un intérêt pour les qualités sculpturales du béton coulé sur place, façonné en un haut-relief dans les atriums à étages conçus par le sculpteur Ted Bieler. Quant aux pavillons thématiques d'Erickson Massey, fabriqués avec des poutres de bois d'oeuvre laminées à la colle et des panneaux de fibre de verre translucides, et aménagés de piscines et de plantes, ils créent un environnement plus agréable et fort apprécié sous la chaleur estivale de Montréal. Certains pavillons, au lieu d'afficher une présence spectaculaire, sont regroupés en des sites plus restreints, un peu à la manière d'un modeste village, comme par exemple l'ensemble de pavillons Africa Place, conçu par John Andrews et érigé par la Corporation pour accueillir les expositions de quelques pays indépendants du continent africain nouvellement indépendants.

Un des héritages de l'Expo 67, toujours présent aujourd'hui, est le complexe Habitat 67, dont la conception évoque la philosophie innovatrice en matière de développement urbain adoptée par Moshe Safdie, qui, à cette époque, vient de recevoir son diplôme de l'U. McGill. L'Habitat, construit sur une péninsule s'étendant de la rive nord du Saint-Laurent jusqu'aux deux principales îles du site de l'Expo, présente une série de luxueux logements mitoyens en terrasses, en fait de multiples boîtes de béton précontraint fabriquées sur place et reposant sur d'imposantes poutres de béton précontraint, sur lesquelles on peut circuler grâce à des passerelles et des passages couverts.

Le site de l'Expo en soi est une réussite complète en matière de design et d'ingénierie. Grâce à l'utilisation de quantités massives de matériaux de remplissage, on a créé deux grandes îles à partir d'îlots déjà existants, on les a reliés par des chemins et des ponts qui assurent un lien rapide avec les rives nord et sud du Saint-Laurent. Le site a été planifié de façon à ce que les pavillons et les expositions, les sentiers pédestres, les canaux, les aires de restauration rapide, des toilettes ainsi que les autres commodités et agréments constituent un aménagement à la fois structuré et naturel. Par conséquent, en ce qui a trait aux services et au mobilier urbain extérieur (lampadaires, bancs et paniers à rebuts), on a créé un environnement logique, en insistant toutefois davantage sur la notion de plaisir que sur celle de structure.

Modernisme triomphant

Au cours des années 60 et suivantes, les architectes canadiens qui ont participé à l'Expo 67 conçoivent d'importants projets à travers le pays, bien que les opportunités de construction dans le centre démographique se fassent plutôt discrètes en raison des revers que subit l'économie. Un des thèmes qui s'imposera au cours de la période qui suit l'Expo est la structure en atrium. Une installation principale construite autour de l'élément central de l'atrium crée des espaces publics intérieurs protégés des intempéries. Parmi les exemples dignes de mention, le Eaton Centre, à Toronto (conçu par Zeidler, Roberts et Bregman et Haman, 1973-1981), le Complexe Desjardins, à Montréal, (conçu par divers architectes et planificateurs travaillant de concert, 1972-1976) et le Sinclair Centre, à Vancouver (conçu par Richard Henriquez et Toby Russell Buckwell and Partners, 1983-1986).

Le Sinclair Centre aborde un autre des thèmes importants de la période post-Expo : l'intérêt croissant envers le respect du patrimoine et la restauration de vieux édifices de valeur. La Maison Alcan (conçue par Ray Affleck en collaboration avec Julia Gersowitz, 1980-1983) est un des projets de conservation datant de cette période et faisant partie du patrimoine de Montréal : on construit un nouvel édifice derrière les anciens sur la rue Sherbrooke, ces deux structures sont reliées par un atrium de manière à créer un complexe unifié. Les designers ont réussi non seulement à préserver les anciens édifices mais aussi à protéger les façades, essentielles pour préserver le cachet unique de cette rue.

Avant de retourner aux États-Unis en 1980, Barton Myers (au début en partenariat avec A.J. Diamond) dont le mandat est de combiner dans la planification d'édifices de différentes tailles, la sensibilité des activités et des textures urbaines complexes à l'intransigeance des formes et des matériaux modernes. Sa propre maison, qui occupe la pleine largeur d'un lot étroit situé dans le vieux Yorkville, à Toronto (1970), et le Citadel Theatre (construit à Edmonton, avec la collaboration de Rick Wilkin, 1975) illustrent bien son approche.

Quant à Erickson, il continue de répondre aux commandes et travaille avec ambition à l'échelle internationale, comme l'a fait Safdie. Ces deux architectes, ainsi que certains autres, continuent d'explorer des thèmes à caractère moderniste, même s'ils ne se limitent pas au fonctionnalisme minimaliste du style international. Dans leurs oeuvres les plus récentes, telles que la participation d'Erickson au concours de la Bibliothèque de Chicago en 1988 et la conception de la nouvelle bibliothèque centrale de Vancouver par Safdie en 1991, ils ont démontré que même les modernistes endurcis étaient ouverts à la fascination croissante qu'exercent les alternatives devenues populaires vers la fin des années 60 et le début des années 70.

Alternatives au modernisme

Une préoccupation de nature historique caractérise les oeuvres des architectes contemporains qui rejettent certains ou tous les préceptes du modernisme. Les styles géorgien et victorien ont été réincarnés dans des projets contemporains, comme c'est le cas pour les nombreuses variantes de l'architecture régionale - par exemple, la construction des fermes et des villages du XIXe siècle. Les styles géorgien et victorien continuent d'influencer le secteur de la promotion immobilière, très sensible aux courants architecturaux, comme en témoigne la construction du Mackenzie Town Centre, à Calgary (1996-1997). La récupération des thèmes de l'architecture régionale est nuancée par une sensibilité moderniste.

L'exploration de thèmes régionaux semble importante aux yeux d'un certain nombre d'architectes, dont Peter Rose (Bradley House, North Hatley, Québec, 1977-1979), Jones et Kirkland (Mississauga City Hall, 1982). Certains de ces thèmes régionaux ont été abordés dans le dossier de concours de George Baird, de Fred Valentine (Rosza Centre, U. de Calgary, 1997) et de Brian MacKay Lyons à Halifax.

Les édifices en brique du patrimoine victorien de Toronto, ont trouvé un défenseur, l'architecte A.J. Diamond (le YMCA central du Grand Toronto, 1984, et l'Earth Sciences Centre de l'U. de Toronto, 1989).

L'exemple le plus intéressant est sans doute le Centre canadien d'architecture, à Montréal (Peter Rose et Phyllis Lambert, en collaboration avec Erol Argun, 1985-1989). Rose et Lambert ont privilégié la traditionnelle pierre calcaire grise locale pour la construction du Centre, dont la forme, l'organisation et le détail trouvent leur origine dans des thèmes reliés aux beaux-arts et reflètent le modernisme austère de Lambert, acquis chez Mies, surtout en ce qui a trait au détail et à l'aménagement des fonctions des conservateurs.

Quant à l'architecte créatif de Vancouver Richard Henriquez, il adopte une approche personnalisée du design : il choisit souvent des formes contrastantes pour exprimer un récit historique (fictif). L'une de ses réalisations, le Sylvia Hotel, à Vancouver, qui consiste en un ajout de condominiums qui reproduit l'aspect extérieur de l'hôtel de 1912 et comporte, à l'intérieur, une tour rotative moderniste de métal et de verre, qui suggère la démolition partielle et la reconstruction d'une ancienne structure. Des réalisations ultérieures, telles que le Trent University Environmental Sciences Centre (Peterborough, Ontario, 1990-1991), expriment le même genre de récits fictifs, souvent basés sur l'histoire locale ou l'architecture ancienne.

L'intérêt pour le caractère local et spécifique d'une ville est à la base des oeuvres de John et de Patricia Patkau. À leur époque (ils sont respectivement nés en 1947 et en 1950), leurs réalisations sont celles qui ont suscité l'intérêt le plus vif à l'échelle internationale. Elles sont complexes, souvent abstraites et ambiguës et montrent des strates de la construction. Des éléments apparemment arbitraires créent un contraste par rapport aux formes orthogonales simples. Ces réalisations font toutefois preuve d'une grande sensibilité envers le site et la vue, caractéristique que l'on décèle facilement dans la Pyrch House (Victoria, 1982) ou, plus récemment, la Strawberry Vale Elementary School (Saanich, Colombie-Britannique, 1992). La Clay and Glass Gallery (Waterloo, Ontario, 1988), quoique simplifiée depuis le concours de design en 1986, poursuit ces mêmes objectifs, en créant un contraste entre la brique et le béton et les détails sophistiqués du métal et du verre. Malgré leur éloignement évident du style moderniste, les moyens qu'utilisent Patkau et Henriquez pour accomplir leurs oeuvres sont indiscutablement contemporains. C'est la technologie moderne qui dicte le style de construction et le vocabulaire artistique.

Renouvellement du modernisme

Au Canada, il est encore trop tôt pour affirmer que le modernisme (design qui repose d'abord sur le fonctionnalisme et l'utilisation franche de matériaux authentiques) a été remplacé par le postmodernisme (l'exploitation de références historiques à des fins individualistes). Dans leur pratique, des architectes contemporains comme Ron Keenberg (Winnipeg), Peter Cardew (Vancouver), Dan Hanganu et Saucier & Perrotte (Montréal), et Stephen Teeple (Toronto) choisissent d'adopter des approches révolutionnaires, mais clairement modernistes.

La nouvelle réalisation de Keenberg, les Archives nationales du Canada (Hull, 1997), met l'accent sur l'utilisation de matériaux qui répondent tant aux exigences fonctionnelles qu'au désir de concevoir des formes extrêmement expressives. Cardew adopte la même approche, il utilise des techniques et des matériaux industriels pour créer des structures qui répondent aux attentes diversifiées de ses clients.

La Cinémathèque (Montréal, 1997), conçue par Saucier & Perrotte, présente un scénario de lieux multiples pour une visualisation optimale et critique de films et de vidéos. Le répertoire de Hanganu a une approche plus expressionniste. Cependant, des réalisations aussi « colorées » que celles des locaux du Cirque du Soleil sont clairement attribuables au courant moderniste puisqu'elles explorent des créneaux nouveaux et diversifiés.

Dans une oeuvre telle que le Kitchener City Hall (1994, compétition de 1988), les architectes de Kuwabara Payne Mckenna Blumberg, qui reprennent les dossiers de la firme Barton Meyer, à Toronto, constituent une réflexion intéressante sur le passé moderniste de Toronto mais parviennent également à s'insérer prudemment au coeur de la ville en quête de revitalisation.

Leurs oeuvres, ainsi que celles de plusieurs autres, qui se classent parmi les réalisations architecturales les plus réussies au Canada, expriment une sophistication soutenue. L'attention qu'elles accordent à la qualité de la vie urbaine est beaucoup plus grande aujourd'hui qu'elle ne l'était au début du modernisme.

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