Armements | l'Encyclopédie Canadienne

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Armements

Les armes offensives sont devenues plus complexes et plus meurtrières, avec une portée, une précision et une puissance de feu accrues.
Hélicoptère voltigeant
Hélicoptère léger d'observation, de type Kiowa CH-136, du 427e Escadron tactique d'hélicoptères, de la base des Forces canadiennes de Petawawa, en Ontario (avec la permission du Quartier général de la Défense).
Soldat canadien à Chypre
Soldat canadien patrouillant la Ligne Verte à Nicosie. Il porte une carabine C-7 (avec la permission du Quartier général de la Défense).
Véhicule pour terrain nordique
Le véhicule pour terrain nordique de type BV-206 peut fonctionner sous toutes sortes de climats et sur toutes sortes de terrain (avec la permission du Quartier général de la Défense).
CF-18 de combat survolant l
Un CF-18 de combat du 409e Escadron d'appui tactique, de la base des Forces canadiennes de Baden-Soellingen, en Allemagne, vole au-dessus des nuages dans le Sud de l'Allemagne (avec la permission du Quartier général de la Défense).
Destroyers de la classe Restigouche
Deux destroyers de la classe Restigouche font le plein de carburant à partir du NCSM Provider, navire de soutien opérationnel (avec la permission du Quartier général de la Défense nationale).

Armements

Les armements sont des outils de combat qui comprennent les dispositifs de surveillance et de reconnaissance. Les premiers armements consistaient probablement en des pierres de forme irrégulière (armes à missile) et en des gourdins rudimentaires (armes de combat corps-à-corps), lesquels avaient sans doute été instinctivement façonnés à partir d'outils utilisés lors de la cueillette. Par la suite, la combinaison des deux a donné une hache de combat ou une lance, lesquelles, comme la plupart des armes, pouvaient être utilisées à des fins offensives ou défensives. Le recours au bois ou au cuir, pour servir de bouclier ou d'armure, se voulait strictement une mesure défensive et, employés seuls, ne servaient pas à grand chose. De nos jours, la gamme des armements défensifs s'étend des plaques de blindage espacées et superposées, en acier ou en céramique, sur les chars d'assaut, aux systèmes aéroportés d'alerte et de contrôle (AWACS).

Les armes offensives sont devenues plus complexes et plus meurtrières, avec une portée, une précision et une puissance de feu accrues. Les systèmes d'arme à missiles modernes se composent de trois éléments de base : une plate-forme de transport et de lancement, un dispositif de lancement et le missile comme tel. La panoplie s'étend du fantassin portant un fusil automatique au sous-marin à propulsion nucléaire, transportant des missiles balistiques à lanceur sous-marin (SLBM) dotés de missiles à ogives multiples indépendamment guidées (MIRV) à tête atomique, au véhicule téléguidé (VTG) et aux aéronefs chargés de napalm, de bombes ou de missiles à tête chercheuse.

Étant donné l'aspect hautement technique de certains armements actuels, comme la reconnaissance par satellite et les dispositifs informatisés de télémétrie et de communication à laser, il est extrêmement difficile de faire, en certains cas, une distinction entre les armements et les outils de nature industrielle. Il se peut même que, dans le cadre de « l'Initiative de défense stratégique » (IDS) des Américains, l'espace devienne un des champs de bataille de l'avenir, où évolueraient des armes au laser à propulsion nucléaire ou d'autres pièces d'équipement sophistiquées. Cette initiative, mise en oeuvre par le Président Ronald Reagan dans les années 1980, constituait un premier pas vers la réalisation d'un tel scénario. Le programme a été abandonné en 1993 en raison du coût, du manque d'avancées techniques et des objections d'autres pays, qui soulignaient la possibilité d'utiliser un tel système à des fins offensives. L'IDS des États-Unis a été remplacée par la défense contre missiles balistiques.

Les premiers armements

Des documents archéologiques montrent que les armements préhistoriques auraient suivi, en Amérique du Nord, les mêmes étapes de développement qu'ailleurs dans le monde. La description des armes les plus anciennes peut être retracée dans la saga groenlandaise du XIVe siècle, qui narre les batailles livrées par les aventuriers des expéditions vikings armés de haches contre des « skraelings » (peut-être des Béothuks) disposant d'arcs et de flèches, au cours de leurs explorations des côtes de l'Atlantique Nord autour de l'an 1000 de notre ère. Arcs et flèches restent les armes principales au XVIe siècle, au moment où les Européens mettent à nouveau le pied sur le continent, ouvrant ainsi l'ère de la poudre noire.

Au cours de l'été de 1534, à la baie des Chaleurs, Jacques Cartier se sert de pistolets rudimentaires (« lances de feu ») pour impressionner les Indiens et, à l'hiver de 1535, un canon siège à Québec sur les remparts de son fortin. En 1609, Samuel de Champlain, qui a décidé de s'allier aux guerriers hurons et algonquins, abat deux Iroquois avec son arquebuse (mousquet à mèche) et, ce faisant, ouvre la porte à une longue période d'hostilités. Dans un compte-rendu rédigé 140 ans plus tard, Pehr Kalm, un voyageur suédois, rapporte qu'il serait étonnant de trouver un Canadien français « qui ne soit pas un excellent tireur et qui ne possède pas son propre fusil ». Il souligne également la production de canons et de mortiers aux Forges Saint-Maurice près de Trois-Rivières. À cette époque, certains Indiens s'arment de mousquets, même si l'arc et le tomahawk restent plus populaires.

Tandis que les populations autochtones sont soumises, repoussées plus loin vers l'Ouest ou massacrées, le succès des combats entre immigrants européens en Amérique du Nord dépend de l'utilisation d'armes à missiles de plus en plus sophistiquées, mettant un terme à la production canadienne limitée d'armements. Au tout début du XIXe siècle, le mousquet à mèche est remplacé par le fusil chargé par la culasse. En fait, une proportion de plus en plus faible de gens possèdent une arme. En 1866 et en 1870, pour repousser les attaques des fenians, la milice canadienne dispose de quelques fusils à chargeur, provenant des États-Unis et, pour mater la rébellion du Nord-Ouest en 1885, elle se sert d'une mitrailleuse Gatling de fabrication américaine. Toutefois, la milice continue de dépendre de fusils et de pièces d'artillerie d'origine britannique.

Le Dominion

En 1882, l'Arsenal fédéral amorce la production de munitions de petit calibre, mais ce n'est qu'en 1903 qu'est mis en production le premier fusil canadien à chargeur se chargeant par la culasse, le Ross (inspiré du Mannlicher autrichien), qui est distribué aux miliciens. Excellent fusil de sport, il se révèle toutefois d'une piètre utilité dans le contexte rigoureux du service actif en 1915 et, en mars 1917, sa production est arrêtée. Au sein du Corps expéditionnaire canadien, il est remplacé par le fusil Lee-Enfield. Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, le fusil Ross est de nouveau distribué aux miliciens chargés de la défense territoriale.

Au cours de cette guerre, le Canada produit une vaste gamme d'armements, incluant des avions de combat, tels que les bombardiers Mosquito de De Havilland et le Lancaster de Avro, des véhicules blindés, des pièces d'artillerie et des canons navals, des péniches de débarquement, des escortes de convois, des radios, des radars, des sonars, des armes légères de même que d'énormes quantités de munitions, d'explosifs et de pièces pyrotechniques. Peu d'entre eux, cependant, sont de conception canadienne, et les forces canadiennes n'en sont pas nécessairement équipées. L'une des rares tentatives de conception canadienne, le char d'assaut Ram, ne connaît aucun succès et n'est jamais utilisé sur les champs de bataille. Toutefois, les caisses de Ram, une fois les tourelles retirées, servent en 1944 en Europe du Nord-ouest pour les premiers transports de troupes blindées (TTB).

Depuis le deuxième conflit mondial, le Canada continue, pour ses principaux systèmes de défense, d'utiliser principalement des armements conçus par ses alliés, modifiés à l'occasion pour satisfaire des besoins intérieurs (voir Bomarc, Affaire des missiles). Par exemple, durant 25 ans entre 1952 et 1977, c'est le char d'assaut britannique Centurion qui sert de char de combat principal au Canada. Font exception à cette règle le chasseur CF-100 de Avro et les diverses classes de petits navires de guerre, tout particulièrement les destroyers de classe Tribal et les frégates d'escorte de la classe Saint-Laurent. L'abandon de projets élaborés et complexes, comme ceux du TTB Bobcat, de l'avion de chasse Avro Arrow et de l'hydroptère Bras d'or s'explique par les possibilités limitées de commercialisation et les coûts trop élevés des travaux de conception.

Les armes modernes

Le Canada connaît plus de succès au niveau de la production de composantes de haute technologie pour des systèmes d'arme américains. Ses alliés de l'OTAN utilisent les roquettes air-sol CRV-7, les mines antipersonnel « Elsie » et les projectiles d'artillerie à portée accrue ERFB, de conception canadienne. Pour leurs plates-formes tactiques de lancement, les forces canadiennes dépendent fortement du chasseur Hornet, des hélicoptères Twin Huey, Kiowa et Sea King (tous de fabrication américaine) et du char d'assaut Léopard C 1 (d'origine ouest-allemande), qui sont tous armés d'une variété de missiles appropriés. Au nombre des armes légères actuellement utilisées par l'infanterie canadienne (qui se déplace dans des TTB de fabrication canadienne et de conception américaine) figurent des fusils et mitrailleuses légères belges, des mitrailleuses lourdes, des lance-missiles antichar et antiaérien américains.

Dans le cadre de l'Accord du NORAD, des missiles air-air équipés d'ogives nucléaires sont présents sur le territoire canadien, sous le contrôle des autorités américaines, afin d'être utilisés en cas de besoin par les aéronefs canadiens. Ils sont mis au rancart dans les années 80 lors de la mise en service du CF-18 Hornet. Les forces canadiennes bénéficient du soutien de systèmes d'arme nucléaire américains, mais le Canada renonce à recourir de son propre chef à des armes nucléaires. Lorsque cette décision est prise, en 1970, le missile Honest John, acquis en 1961, est retiré de l'inventaire des armes utilisées au Canada. Entre-temps, une guerre verbale stérile continue de faire rage au sujet de la nature offensive ou défensive de systèmes d'armes, tels que le missile de croisière et le bombardier furtif, puisque, comme durant la préhistoire, leur utilisation est grandement liée aux intentions de ceux qui les utilisent.

Voir aussi Désarmement.

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