Bataille de Plattsburgh | l'Encyclopédie Canadienne

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Bataille de Plattsburgh

La bataille de Plattsburgh (parfois appelée bataille du lac Champlain) fut à la fois une bataille terrestre et navale, marquée par l'invasion du Nord de l'État de New York; elle fut également la dernière grande opération britannique de la guerre de 1812 (exception faite des batailles qui eurent lieu après la signature du Traité de Gand) et elle est surtout connue pour avoir été un véritable fiasco militaire.
La bataille de Plattsburgh, aussi appelée bataille du lac Champlain, consista en une invasion terrestre et navale du nord de l'État de New York. Ce fut la dernière grande opération militaire britannique de la guerre de 1812. De nombreux historiens pensent que Plattsburgh fut une véritable débâcle et le plus cuisant échec de George Prevost (avec la permission de la Library of Congress).
Le commodore britannique George Downie mourut quand son navire le HMS Confiance fut attaqué pendant la bataille de Plattsburgh. Il n'existe aucune illustration connue de Downie (domaine public).
Guerre de 1812
Prevost, sir George
Portrait de sir George Prevost, attribué à Robert Field, vers 1808-1811. Il dirige le régiment d'infanterie suisse de Meurons pendant la guerre de 1812 (avec la permission du Musée McCord/U. McGill).

Bataille de Plattsburgh

La bataille de Plattsburgh (parfois appelée bataille du lac Champlain) fut à la fois une bataille terrestre et navale, marquée par l'invasion du Nord de l'État de New York; elle fut également la dernière grande opération britannique de la guerre de 1812 (exception faite des batailles qui eurent lieu après la signature du Traité de Gand) et elle est surtout connue pour avoir été un véritable fiasco militaire. Les opérations britanniques furent planifiées et menées par le gouverneur en chef du Canada, Sir George Prevost, en septembre 1813. L'occupation de Plattsburgh - du moins Prévost l'espérait ainsi - servirait de tampon indispensable à la sécurité du Bas-Canada; à ses yeux, l'heure avait sonné : l'idée de faire la guerre ne souriait pas aux citoyens américains du Vermont et la puissance navale britannique sur les lacs pouvait s'avérer décisive. Contrairement aux précédentes manœuvres militaires qui avaient vu le déploiement de centaines, parfois de quelques milliers de soldats, Prévost avait sous son commandement un nombre imposant de troupes destinées à lancer un assaut déterminant et de grande envergure. Avec la fin des guerres napoléoniennes en Europe, la Grande-Bretagne fut en mesure d'expédier un nombre considérable d'unités pour aller se battre en Amérique du Nord, unités composées principalement d'anciens combattants endurcis; même s'ils avaient passé des années à prendre part à des combats mortels, même s'ils s'étaient battus contre les Français dans la guerre d'Espagne, ces anciens combattants tous découragés qu'ils soient - car ils s'étaient vus refuser un retour au pays natal- tenaient à sortir victorieux, malgré tout, de cette campagne nord-américaine.

Préparations en vue de la Bataille de Plattsburgh

Environ 16 000 soldats débarquèrent au Québec au mois d'août 1814; en septembre, ils seraient presque 30 000 sans compter les miliciens. Quelque 11 000 de ces hommes formeraient le plus gros des troupes pour l'assaut sur Plattsburgh. Trois brigades d'infanterie furent formées en division qui allait mener les opérations contre Plattsburgh, sous le commandement du major-général de Rottenburg. Dans cette division, on retrouvait des soldats qui s'étaient battus en Europe, d'autres qui s'étaient battus en territoire nord-américain et des miliciens. Chaque brigade comprenait une brigade d'artillerie disposant de cinq canons tirant des boulets de six livres et un obusier de 5,5 pouces. La flotte britannique était dirigée par le capitaine George Downie et la flotte américaine par le commodore Thomas Macdonough. L'objectif était de laisser la flotte britannique sur les lacs détruire la flotte américaine, à Sackett's Harbour, puis d'aller de l'avant en attaquant les 4000 hommes stationnés à Plattsburgh. Ce nombre aurait pu être plus important si le Secrétaire d'État américain à la guerre, John Anderson, n'avait pas réparti les soldats à l'ouest afin de menacer les lignes de communication entre Kingston et Montréal.

Bataille sur le lac Champlain

Le 1er septembre, Prévost commença à faire traverser la frontière à ses troupes.

Aiguillonné par Prévost qui le pressa de lancer prématurément une attaque contre la solide ligne de défense de la flotte américaine dans la baie de Plattsburgh, Downie tomba sous les balles et son escadron fut démantelé avant même que Prévost, manifestement très indécis, ne lançât une attaque contre les défenses terrestres.

Il y avait bien eu quelques victoires contre les miliciens de New York qui avaient tenté de freiner l'avancée des troupes ennemies et quelques escarmouches avec les forces britanniques. Prévost avait cependant mis fin à une progression agressive de la brigade du major-général Robinson, admettant ne pas avoir beaucoup de renseignements sur l'endroit souhaitable pour traverser la rivière Saranac, pas plus que sur la distance entre les berges et les fortifications américaines. Quand il disposa de ces renseignements, Prévost souhaita attendre les forces navales de Downie pour bénéficier de sa puissance de feu dans le combat. Prévost pressa Downie de se lancer dans une bataille navale, Downie accepta, mais le vent contraire et la résistance coriace des Américains résultèrent en une amère et stupéfiante défaite britannique.

Prevost se retire de Plattsburgh

Le soir du 11 septembre, alors qu'il constatait l'effondrement de ses forces dans la bataille navale, Prévost décida de mettre un terme à l'assaut. L'ordre émis choqua ses subordonnés, tous des majors-généraux et d'anciens combattants des guerres européennes. Les commandants de la brigade, Manley Power, Thomas Brisbane et Frederick Philips Robinson, croyaient encore la victoire possible, si l'on pressait les troupes d'être plus combatives. Mais Prévost n'annula pas son ordre et maintint les troupes britanniques dans le Bas-Canada pour éviter que les Américains ne surprennent leur repli.

Les pertes de cette campagne s'élevèrent en tout à 35 hommes tués, 47 blessés et 72 faits prisonniers.

Manley Power affirma à l'époque qu'aucun préparatif préliminaire n'avait été entrepris par des éclaireurs ou des espions, qu'aucun plan concret n'avait été établi à partir des renseignements qui avaient été recueillis, situation qui tranchait d'avec celle de la guerre d'Espagne. Tous les anciens combattants d'Europe, qui avaient subi de graves pertes et qui s'étaient retrouvés confrontés à la nature difficile et sans cesse changeante d'une guerre moderne, étaient convaincus qu'ils avaient manqué une formidable opportunité à Plattsburgh, en raison du choix de Prévost de privilégier la défense, de sa mauvaise planification et de son manque de dynamisme. Prévost allait être rappelé en Grande-Bretagne pour répondre de sa conduite au cours de la campagne de Plattsburgh. Bien que lavé de toute accusation de mauvaise conduite, sa défaite à Plattsburgh, et plus particulièrement sa mauvaise gestion des forces navales, mina tellement Prévost qu'il exigea qu'une cour martiale réhabilite son nom. Les autorités militaires acceptèrent, mais Prévost, déjà malade, mourut avant même que n'ait lieu le procès. Si de nombreux historiens décrivirent la bataille de Plattsburgh comme ayant été la plus grande défaite de Prévost, des soldats comme le duc de Wellington approuvèrent son comportement; cependant, ce dernier ne lui pardonna jamais de n'avoir pas utilisé ses troupes à bon escient.