Campbell, Avril Kim | l'Encyclopédie Canadienne

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Campbell, Avril Kim

Avril Phaedra Douglas Campbell, C.P., C.C., C.R., O.B.C., avocate, professeure, politicienne, première ministre du Canada du 25 juin 1993 au 3 novembre 1993, diplomate, défenseure mondiale de l’éducation, de la démocratie et des questions féminines (née le 10 mars 1947 à Port Alberni, en Colombie-Britannique). Kim Campbell est devenue la première, et à ce jour la seule, femme première ministre lorsqu’elle a assumé la direction du Parti progressiste-conservateur, à la suite de la démission de Brian Mulroney. Elle a également été la première femme ministre de la Justice et procureure générale du Canada; la première femme ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants du Canada; la première femme à représenter un pays membre à une réunion de l’OTAN; et la première ministre de la Colombie-Britannique. Elle a reçu l’Ordre de la Colombie-Britannique et de nombreux diplômes honorifiques, et elle est Compagnon de l’Ordre du Canada.

Éducation et jeunesse

Avril Phaedra Campbell est née à Port Alberni, sur l’île de Vancouver en 1947. Alors qu’elle a douze ans, ses parents divorcent; elle et sa sœur Alix vivent alors avec leur père, un avocat de Vancouver. C’est également à cette époque qu’elle décide de changer son nom « inhabituel » et de s’appeler Kim.

Kim Campbell est la première présidente féminine du conseil étudiant de son école Prince of Wales Secondary High School, à Vancouver. Elle fait partie de l’équipe de l’école qui participe à la compétition de l’émission Reach for the Top, et elle prononce le discours d’adieu lorsqu’elle obtient son diplôme en 1964. En 1969, elle obtient son diplôme en sciences politiques à l’Université de la Colombie-Britannique, où elle fait à nouveau partie de l’association étudiante. Elle poursuit ensuite des études de doctorat à la London School of Economics and Political Science (de 1970 à 1973), se spécialisant dans le gouvernement de l’Union soviétique.

Vie personnelle

Kim Campbell épouse son premier mari, Nathan Divinsky, professeur de mathématiques à l’Université de la Colombie-Britannique, à Londres en Angleterre, en 1972. Elle épouse son deuxième mari, Howard Eddy, un avocat de Victoria, en 1986. Depuis 1997, elle vit en union libre avec l’acteur, dramaturge et pianiste de concert Hershey Felder.

Carrière d’enseignante

À son retour au Canada, Kim Campbell commence à enseigner en sciences politiques. Elle enseigne à l’Université de la Colombie-Britannique de 1975 à 1978, et au Vancouver Community College de 1978 à 1981. (Voir aussi Collège communautaire.)

Début de carrière politique

Alors qu’elle est inscrite à la faculté de droit de l’Université de la Colombie-Britannique, Kim Campbell est élue deux fois au Conseil scolaire de Vancouver. ( Voir aussi Commission scolaire.) Elle est administratrice de 1980 à 1984, et est présidente en 1983. Elle se présente également comme candidate pour le Crédit social aux élections provinciales de 1983, mais n’est pas élue.

Kim Campbell commence sa carrière en droit avec la firme Ladner Downs. Elle devient largement connue grâce à des apparitions régulières à l’émission Morningside, diffusée sur la chaîne de CBC Radio à l’échelle nationale. De 1985 à 1986, Kim Campbell est directrice générale du cabinet du premier ministre de la Colombie-Britannique Bill Bennett. En juin 1986, elle fait une campagne sans succès pour devenir la cheffe du parti Crédit social de la Colombie-Britannique.

Députée de la Colombie-Britannique

En octobre 1986, Kim Campbell est élue à l’Assemblée législative provinciale en tant que députée du parti Crédit social, représentant Vancouver-Point Grey. Ses efforts en tant que députée d’arrière-ban efficace mènent à des changements qui rendent la Loi sur la santé de la province moins discriminatoire pour la communauté gaie. Elle préside également un groupe de travail qui crée une nouvelle Loi sur le patrimoine, qui est plus tard adoptée par le gouvernement du Nouveau parti démocratique (NPD). En 1988, Kim Campbell, qui est pro-choix, s’oppose avec véhémence à l’opposition à l’avortement du premier ministre du Crédit social de la Colombie-Britannique, Bill Vander Zalm. Par la suite, elle remet en question l’intégrité de celui-ci sur une question sans rapport à ce sujet. Ses positions de principe font en sorte qu’elle quitte le parti et démissionne de son siège à l’Assemblée législative le 22 octobre 1988.

Membre du Parlement et du Cabinet

Kim Campbell se joint au Parti progressiste-conservateur fédéral immédiatement après avoir quitté le Parti Crédit social. En novembre 1988, elle est élue à la Chambre des communes, représentant la circonscription de Vancouver Centre. En 1989, le premier ministre Brian Mulroney la nomme ministre d’État aux Affaires indiennes et du Nord canadien (maintenant appelé ministère des Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada).

En 1990, Kim Campbell devient la première femme ministre de la Justice et procureure générale du Canada. Elle présente une réforme législative sur diverses questions, notamment en offrant aux femmes plus de protection dans les cas de viols et d’agressions sexuelles. Elle siège également à l’influent Comité du Cabinet chargé des priorités et de la planification, et est ministre responsable de la Colombie-Britannique.

Lors du remaniement ministériel de janvier 1993, Kim Campbell devient la première femme ministre de la Défense nationale et ministre des Anciens combattants du Canada. Elle est également la première femme à représenter un pays membre à une réunion de l’OTAN.

Cheffe de parti et première ministre

En novembre 1992, la popularité de Brian Mulroney est à 12 %, le taux le plus faible de tous les premiers ministres de l’histoire du Canada. (Voir aussi Opinion publique.) Alors que les élections fédérales sont prévues pour la fin de l’année 1993, Brian Mulroney annonce sa démission en février 1993. Kim Campbell se lance dans la course pour lui succéder en tant que favorite au Congrès à la direction du parti. Elle l’emporte au deuxième tour en juin 1993, battant Jean Charest. Le 25 juin 1993, à l’âge de 46 ans, Kim Campbell prête serment en tant que 19e premier ministre du Canada. Elle est la première femme, et la première Britanno-Colombienne, à devenir première ministre.

Le Parti progressiste-conservateur remporte sa deuxième majorité consécutive à la Chambre des communes lors des élections de 1988. Mais en 1993, le paysage politique du pays change radicalement. La coalition des conservateurs de l’Ouest et des nationalistes québécois qui s’est taillé la part du lion de cette majorité se scinde en Parti réformiste et en Bloc québécois, respectivement. Les deux partis siphonnent un soutien important des conservateurs. De plus, il règne une forte amertume parmi de nombreux Canadiens concernant les tentatives ratées du gouvernement de Brian Mulroney pour amender la Constitution (l’ Accord du Lac Meech et l’Accord de Charlettown); la mise en œuvre de la très impopulaire taxe sur les produits et services (TPS); la signature de l’Accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique qui est devenu l’ALENA; et une récession tenace qui cause un taux élevé de chômage. Kim Campbell est populaire (un sondage Gallup de 1993 place sa cote de popularité à « 51 %, le taux le plus élevé pour un premier ministre depuis 30 ans »). Cependant, son parti et son gouvernement ne sont pas aussi populaires.

Kim Campbell fusionne des ministères du gouvernement afin de réduire la taille du cabinet de 35 à 25. Elle rencontre les premiers ministres provinciaux, et elle assiste au Sommet du G-7 à Tokyo, où elle se porte à la défense de l’industrie culturelle du Canada. Elle voyage à travers le Canada, faisant des annonces de politique. En septembre, elle annonce que les élections fédérales auront lieu le 25 octobre.

Élections fédérales de 1993

Des problèmes surgissent dès le premier jour de la campagne. Dans une analyse précise mais complexe des enjeux économiques actuels, Kim Campbell déclare que le taux de chômage restera élevé jusqu’au tournant du siècle. Elle répond ensuite à la question d’un journaliste sur les programmes sociaux en disant : « ce n’est pas le moment, je crois, de s’impliquer dans un débat sur des enjeux très très sérieux ». Les médias et les Canadiens interprètent cette déclaration comme signifiant que Kim Campbell planifie secrètement de couper dans les programmes sociaux. C’est un point tournant. Le soutien pour Kim Campbell et son parti chute. La tendance à la baisse devient pire lorsque l’indignation accueille une publicité télévisée pour les progressistes-conservateurs qui semble se moquer de la paralysie partielle du visage du chef libéral Jean Chrétien. Kim Campbell n’a pas sanctionné la publicité (elle a été approuvée par son président de campagne, John Tory), et elle la retire de sondes. Mais d’importants dommages politiques sont déjà causés.

Le 25 octobre 1993, le Parti progressiste-conservateur subit la pire défaite électorale de l’histoire du Canada. Les libéraux de Jean Chrétien remportent la majorité avec 177 sièges; le Bloc québécois devient l’opposition officielle avec 54 sièges; le Parti réformiste en remporte 52; et le NPD en remporte 9 (et il y a également un indépendant). Bien que 2 millions de Canadiens ont voté pour les candidats progressistes-conservateurs (16 % de l’électorat comparativement à 13,5 % pour le Bloc), le parti est réduit à seulement deux sièges et perd son statut de parti officiel à la Chambre des communes. Kim Campbell perd également son siège de Vancouver Centre.

Seuls Sir Charles Tupper (69 jours) et John Turner (79 jours) ont été premiers ministres du Canada pendant de plus courtes périodes que Kim Campbell (123 jours). Le 13 décembre 1993, six mois jour pour jour après qu’elle soit devenue cheffe du Parti progressiste-conservateur, Kim Campbell démissionne.

L’après-politique

Kim Campbell continue de servir le Canada. De 1996 à 2000, elle est consule générale du Canada à Los Angeles. (Voir Représentation diplomatique et consulaire.) Elle préside également le Comité consultatif indépendant sur la nomination des juges de la Cour suprême du Canada en 2016 et en 2017. (Voir Cour suprême du Canada.)

En 2001, Kim Campbell aide à fonder le Club de Madrid. Cet organisme à but non lucratif est constitué d’anciens présidents et premiers ministres, et il fait la promotion de la démocratie à travers le monde. Kim Campbell en est la secrétaire générale de 2004 à 2006, et elle continue de siéger à son conseil d’administration. De 2008 à 2015, elle préside également le comité de direction du Mouvement mondial pour la démocratie.

Kim Campbell continue de défendre les femmes. (Voir aussi Mouvements de femmes au Canada; Organisations féminines.) Ses contributions incluent des rôles en tant que membre de conseils d’administration ou de direction au sein d’organismes à but non lucratif comme le Conseil mondial des femmes dirigeantes, et le Forum international des femmes, un organisme pour lequel elle est présidente de 2003 à 2005.

Kim Campbell reste dévouée à l’éducation. Elle enseigne à la John F. Kennedy School of Government de la Harvard University de 2001 à 2004. Elle est administratrice du International Centre for the Study of Radicalisation at King’s College de Londres. Elle est également la directrice fondatrice du Peter Lougheed Leadership College de l’Université de l’Alberta de 2014 à 2018. (Voir aussi Peter Lougheed.) Kim Campbell est une conférencière populaire et elle s’est adressée à des publics à travers le monde entier sur une multitude de sujets. Elle siège également à divers conseils de défense d’intérêts publics.

Voir aussi Élections et premiers ministres fédéraux.

Distinctions

Prix Femme de mérite, YWCA de Vancouver (1994)

Femme de l’année, revue Châtelaine (1994)

Médaille du jubilé de la reine Elizabeth II (2002)

Compagnon, Ordre du Canada (2008)

Prix d’excellence de distinction, UBC Alumni Association (2008)

Prix d’excellence, Churchill Society (2008)

Intronisée, International Women’s Forum Hall of Fame (2008)

Ordre de la Colombie-Britannique (2012)

Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II (2012)

Prix d’excellence pour l’ensemble de sa contribution, Women in Law Leadership (2015)

Prix Icon, Vancouver Metro YWCA (2018)

Prix d’excellence pour l’ensemble de sa contribution, Peter Allard School of Law Alumni Association, Université de la Colombie-Britannique (2018)

Prix d’excellence pour l’ensemble de sa contribution, Global Woman of Vision (2018)

Diplômes honorifiques

Doctorat en droit, Barreau du Haut-Canada (1991)

Doctorat en droit, Université Brock (1998)

Doctorat en droit, Université de la Colombie-Britannique (2000)

Doctorat en droit, Université de l’Alberta (2010)

Doctorat en droit, Université Trent (2011)

Doctorat en droit, Université Simon Fraser (2014)

Doctorat en droit civil, Université Acadia (2018)

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