Charron, François | l'Encyclopédie Canadienne

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Charron, François

François Charron, poète, essayiste et peintre (Longueuil, 22 février 1952). François Charron est l'un des poètes les plus importants de sa génération et son oeuvre est l'une des plus riches des années 1970-2000.

Charron, François

François Charron, poète, essayiste et peintre (Longueuil, 22 février 1952). François Charron est l'un des poètes les plus importants de sa génération et son oeuvre est l'une des plus riches des années 1970-2000. Il a publié plus de 30 titres depuis son premier ouvrage, 18 assauts (1972), et a reçu de nombreux prix littéraires, dont le prix Canada-Belgique en 1982 pour l'ensemble de son oeuvre.

Tout en complétant des études à l'Université du Québec à Montréal, où il obtient un baccalauréat en 1974 et une maîtrise en 1979, François Charron enseigne quelques années (1973-1977) au cégep Montmorency, puis se consacre tout à fait à l'écriture et à la peinture. Chef de file du mouvement de la "nouvelle écriture", associé à la revue Les herbes rouges, François Charron entre en littérature en s'opposant à la poésie traditionnelle qu'il parodie et déconstruit, et se livre à des expérimentations poétiques qui l'amènent à rejeter toute forme de tabou, social et esthétique. Au cours de cette période, durant laquelle l'auteur exprime ses positions marxistes, paraîtront des oeuvres comme Littérature/obscénités (1973), Projet d'écriture pour l'été 76 (1973), Persister et se maintenir dans les vertiges de la terre qui demeurent sans fin (1974), Interventions politiques (1994), Pirouette par hasard poésie (1975), Enthousiasme (1976), Feu (1978). La poésie est un combat contre tout, y compris elle-même, une invective, une irrévérence emportée et mordante.

Blessures en 1978, recueil pour lequel il reçoit en 1979 le premier prix Émile-Nelligan, marque une coupure certaine dans l'oeuvre de François Charron, qui ne cesse de se confirmer par la suite: l'écriture délaisse l'oralité, le ton devient souvent très lyrique, l'intériorité complexe du poète met une sourdine à ses préoccupations politiques. Empruntant parfois à une forme exacerbée d'écriture surréaliste, comme dans Blessures, faisant valoir un questionnement métaphysique comme dans Mystère (1981), ou dépouillant le vers libre en le ramenant à quelques mots comme dans Toute parole m'éblouira (1982), la poésie de François Charron livre de manière diversifiée, contradictoire même, mais toujours généreuse, l'expérience d'un sujet aux prises avec le monde et avec lui-même (François, 1984; Le monde comme obstacle, 1988; L'intraduisible amour, 1992).

François Charron a aussi écrit sur la peinture qu'il pratique (D'où viennent les tableaux?, 1983). Dans La passion d'autonomie, essai paru en 1982, il propose une poétique libérée de toute forme d'appartenance idéologique, en particulier de l'idéologie nationaliste, au profit d'une subjectivité qui se remet sans cesse en question.