Littérature enfantine de langue anglaise | l'Encyclopédie Canadienne

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Littérature enfantine de langue anglaise

Beaucoup de livres pour enfants ont comme personnages des animaux domestiques. Un des premiers et des mieux connus est le livre de Margaret Marshall Saunder, intitulé Beautiful Joe (1894), « autobiographie » d'un bâtard qui jouit d'une vie longue et heureuse après avoir été enlevé à un maître cruel.
Ernest Thompson Seton, auteur, naturaliste, artiste
Avec la collaboration de Charles G.D. Roberts, Seton a donné à l'histoire naturelle ses lettres de noblesse (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/C-9485).
Ida and the Wool Smugglers
Illustration d'Ann Blades, tirée de \u00ab Ida and the Wool Smugglers \u00bb, publié par Tundra Books. (Avec la permission de McClelland et Stewart)
Kusugak, Michael
Lorsqu'il était jeune, Michael Kusugak s'adonnait avec ses parents à la chasse au caribou, au phoque et à la baleine en traîneau à chiens. Il relate ces aventures dans ses livres pour enfants (avec la permission de Maclean's).
\u00ab Mary of Mile 18 \u00bb
Illustration réalisée par Ann Blades, publiée par Tundra Books (avec la permission de M&S).

Littérature enfantine de langue anglaise

Au Canada, il existe depuis le milieu du XIXe siècle une littérature destinée particulièrement aux jeunes, de l'enfance jusqu'au début de l'adolescence. La littérature devait, pour décrire la vie dans le Nouveau Monde (la découverte du pays et des autochtones, l'affrontement, l'adaptation, la colonisation du territoire, puis la naissance et le développement d'une nation), trouver un moyen d'expression adéquat. Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, on s'inspire surtout de ce qui se fait en Grande-Bretagne et on écrit une littérature animalière, qui est le premier genre exploité au Canada. Dans la dernière moitié du XXe siècle, auteurs et illustrateurs font appel à différents genres pour traduire la diversité géographique et culturelle de la vie au Canada.

La littérature animalière

Les animaux sont déjà présents dès les débuts de la littérature, mais ce sont les oeuvres de sir Charles George Douglas ROBERTS et d'Ernest Thompson SETON qui donnent aux histoires animalières leur forme définitive. Seton acquiert une grande popularité avec Wild Animals I Have Known (1898). Roberts, influencé par son prédécesseur, écrit The Kindred of the Wild (1902) et Red Fox (1905). Forts de leurs observations de la faune et des théories de Darwin sur la sélection naturelle, les deux écrivains s'intéressent à la vie des individus les plus forts parmi les différentes espèces. Le héros de Roberts dans Red Fox est un renard doué d'une intelligence et d'une force exceptionnelles. Seton, pour sa part, insiste sur la mort de l'animal, toujours tragique et souvent causée par l'homme. Plus tard, chez d'autres auteurs aussi, l'histoire se termine par la mort de l'animal sauvage : Roderick HAIG-BROWN avec Ki-yu: A Story of Panthers (1934) et Fred Bodsworth avec Last of the Curlews (1955).

Beaucoup de livres pour enfants ont comme personnages des animaux domestiques. Un des premiers et des mieux connus est le livre de Margaret Marshall Saunder, intitulé Beautiful Joe (1894), « autobiographie » d'un bâtard qui jouit d'une vie longue et heureuse après avoir été enlevé à un maître cruel. Farley MOWAT, dans The Dog Who Wouldn't Be (1957), raconte avec humour l'histoire de Mutt, « qui conclut dès le début de son existence qu'il n'y a pas d'avenir pour un chien ». Le récit du voyage aventureux de 400 km à travers l'Ontario de deux chiens et d'un chat fait l'objet de The lncredible Journey (1960), écrit par Sheila BURNFORD .

Le récit d'aventure

Le récit d'aventure, principal genre littéraire destiné aux jeunes à l'époque victorienne, influence les auteurs canadiens du XIXe siècle et, à un degré moindre, ceux du XXe. Les romans anglais qui exaltent les mérites de l'Empire britannique, des valeurs chrétiennes et du courage jouissent d'une grande popularité en Grande-Bretagne et dans les colonies, et influencent la conception que beaucoup de jeunes Canadiens se font de leur pays. R.M. Ballantyne, qui nous léguera un compte rendu détaillé sur la traite des fourrures dans Hudson's Bay (1848), écrit ensuite deux romans, Snowflakes and Sunbeams (1856) et Ungava (1858). La vaste contrée peuplée d'animaux sauvages et de païens barbares est prétendument civilisée par les jeunes Blancs que sont les protagonistes de ces romans.

L'histoire la plus palpitante écrite au XIXe siècle est The Canadian Crusoes (1852) de Catharine Parr TRAILL, qui combine ses connaissances sur la nature du nord du lac Ontario à des éléments du Robinson Crusoe de Daniel Defoe. Les héros sont trois adolescents qui se débrouillent pour survivre et croient profondément à la protection divine. Ils sauvent la vie d'une jeune autochtone à qui ils enseignent les valeurs chrétiennes. Certains des éléments du traditionnel récit d'aventure popularisé au début du XXe siècle par Seton avec Two Little Savages (1906) et par Alan Sullivan avec Brother Eskimo (1921) et Brother Blackfoot (1937) se retrouvent dans d'autres romans : Starbuck Valley Winter (1943) de Haig-Brown, Lost in the Barrens (1956) de Mowat et Frozen Fire (1977) de James Archibald HOUSTON. Dans ces romans, le héros masculin atteint une certaine maturité au contact des autochtones et en affrontant une nature très hostile. Tom Penny (1977) de Tony German et Shantymen of Cache Lake (1975) de Bill Freeman sont des histoires palpitantes remplies de rebondissements multiples sur fond historique, dans lesquelles les jeunes héros affrontent la nature et des personnages malveillants.

Le roman historique

Il n'est pas dans la tradition des oeuvres de fiction canadiennes, contrairement à la littérature jeunesse américaine, de créer des mythes autour des personnages historiques et des grands événements qui les ont marqués. Les auteurs canadiens de romans historiques ne peuvent donc pas raconter leurs histoires avec la certitude que leurs jeunes lecteurs connaissent les grands moments de l'histoire. Certains épisodes de l'histoire canadienne, comme la Guerre de 1812 et la Rébellion du Nord-Ouest, semblent privilégiés dans les romans. La Guerre de 1812 est un sujet traité par Barbara et Heather Bramwell dans Adventure at the Mill (1963) et par John F. Hayes dans Treason at York (1949). On the Trail of Long Tom (1970) de W.T. Cutt et A Very Small Rebellion (1977) de Jan Truss traitent de la Rébellion du Nord-Ouest. La Gendarmerie royale du Canada est à l'honneur dans Horseman in Scarlet de J.W. Chalmers (1961), la fuite des LOYALISTES au Canada est racontée dans Honor Bound (1971) de Mary Alice et John Downie, et la ruée vers l'or de Cariboo dans Cariboo Trail (1957) de Christie Harris. Dans Underground to Canada (1977), Barbara SMUCKER raconte le voyage périlleux de trois esclaves qui s'enfuient d'une plantation du Sud pour venir en Ontario. Plusieurs auteurs contemporains ont écrit des romans historiques portant sur la première moitié du XXe siècle. Days of Terror (1979) de Barbara Smucker est l'histoire de la lutte menée par les Mennonites qui ont fui leur village ukrainien pour s'établir au Canada pendant la Première Guerre mondiale. Jean Little, dans Listen for the Singing (1977), décrit les moments difficiles que vit une famille canadienne d'origine allemande durant la Deuxième Guerre mondiale. Myra Paperny situe l'histoire de The Wooden People (1976) dans l'Alberta des années 20, tandis que Brian Doyle, dans ses romans Up to Low (1982) et Angel Square (1986), s'inspire de son enfance vécue dans l'Est de l'Ontario dans les années 40.

Situé dans l'Alberta rural pendant la Crise des années 30, Summer of the Mad Monk (1994) de Cora Taylor décrit la rencontre d'un jeune adolescent avec un forgeron russe qu'il croit être le célèbre Raspoutine, homme influent auprès du tsar. Paul Yee, dans Curses of the Third Uncle (1986), traite des répercussions de la révolution chinoise de 1909 sur une jeune Sino-Canadienne. Hockey Bat Harris (1985) de Geoffrey Bilson, ainsi que les romans The Sky is Falling (1989), Looking at the Moon (1991) et The Lights Go On Again (1993) de Kit Pearson racontent les difficultés de jeunes enfants britanniques exilés au Canada pendant la Deuxième Guerre mondiale. Dans Noami's Road (1986), Joy Nozomi KOGAWA s'inspire de son propre emprisonnement dans des camps de concentration en tant que Canadienne originaire du Japon pendant la Deuxième Guerre.

Les meilleures oeuvres de fiction historique de la littérature jeunesse sont celles qui parlent des autochtones, avant et après la rencontre avec les Européens. Ces récits décrivent souvent les rites d'initiation, comme dans The Whale People (1962) de HAIG-BROWN, où un jeune Nootka est placé en position d'autorité après la mort de son père. Dans le Nkwala (1958) d'Edith Sharp, un jeune Salish cherche un esprit qui le guidera vers l'âge adulte. Dans la trilogie de Cliff Faulknor, The White Calf (1965), The White Peril (1966) et The Smoke Horse (1968), l'action se déroule dans les Prairies avant et pendant l'arrivée des Européens. Parmi les récits qui décrivent les contacts entre Européens et autochtones, il y a Buckskin Colonist de J.F. Hayes (1947), Blood Brothers de Doris Hilda ANDERSON (1967) et Forbidden Frontier de Harris (1968). Dans Sweetgrass (1984), Jan Hudson juxtapose recherche historique et point de vue féministe dans la description de la vie d'une jeune Pied-Noir au début du XXe siècle. Dans Blood Red Ochre (1989), Kevin Major fait un parallèle entre la vie d'une jeune autochtone moderne de Terre-Neuve et ses ancêtres béothuks.

Les auteurs d'ouvrages historiques ou biographiques ont toujours eu des pièges à éviter : l'érudition trop savante d'une part et l'histoire trop romancée, qui devient fausse. Parmi les biographes qui évitent ces pièges on trouve Haig-Brown dans Captain of the Discovery: The Story of Captain George Vancouver (1956), Kay Hill dans And Tomorrow the Stars: The Story of John Cabot (1968), et Roy DANIELLS dans Alexander Mackenzie and the North West (1969). Il existe des récits passionnants et historiquement exacts destinés aux jeunes lecteurs dont The Golden Trail de Pierre BERTON (1954), The Scarlet Force (1953) de T.M. Longstreth, The St. Lawrence (1959) de William Toye et The Story of Canada (1992) de Janet Lunn et Christopher Moore. Bien que les peuples autochtones soient dépeints d'une manière sensible dans le roman et les contes populaires, leur présence est généralement occulté dans les biographies et les histoires destinées aux enfants, sauf dans Raven's Cry (1966) de Harris.

Le roman d'école et le réalisme social

Les histoires portant sur la vie familiale et scolaire et le roman social ne sont pas aussi populaires au Canada qu'en Grande-Bretagne et aux États-Unis, mais il existe des oeuvres canadiennes importantes sur ces sujets. La vie des jeunes qui grandissent dans les petites villes canadiennes est dépeinte dans Glengarry School Days (1902) de Ralph Connor (Charles William GORDON) et Sowing Seeds in Danny (1908) de Nellie MCCLUNG. Critiqués aujourd'hui pour leur sentimentalisme et leur rigidité morale, ces écrits n'en sont pas moins le reflet de la vie quotidienne, du climat culturel et des goûts littéraires d'une époque. Il en est ainsi d'Anne of Green Gables (1908), de Lucy Maud MONTGOMERY, considéré par beaucoup de critiques comme le seul classique de la littérature jeunesse canadienne. On lui reproche aussi son sentimentalisme, mais la bouillante héroïne et ses difficultés d'intégration sociale en font, de tous les livres canadiens destinés aux jeunes, un des plus populaires.

Le réalisme social en tant que genre, qui se penche sur la vie d'enfants ordinaires ayant à affronter les problèmes de la vie moderne, connaît un essor rapide à partir de 1970. Jean Little, qui souffre d'un grave handicap visuel, raconte les difficultés de jeunes aux prises avec des handicaps physiques dans Mine for Keeps (1962) et From Anna (1972). Dans Mama's Going to Buy You a Mockingbird (1985), il décrit d'une manière sensible la réaction d'un jeune garçon face à la mort de son père. Les adolescents difficiles, en conflit avec eux-mêmes et la société terre-neuvienne, sont le sujet de Hold Fast (1978) et Far From Shore (1980) de Kevin Major. John Craig, dans No Word for Good-bye (1969), traite des rapports entre les autochtones et les autres Canadiens. L'auteure autochtone Beatrice Culleton dépeint avec vigueur la vie d'une métisse d'aujourd'hui dans In Search of April Raintree (1983). Hey, Dad (1978) et You Can Pick Me Up at Peggy's Cove (1979) de Bryan Doyle mettent l'accent sur les relations conflictuelles entre parents et enfants, tandis que dans Julie (1985) de Cora Taylor, une mère doit apprendre à accepter les pouvoirs surnaturels de sa fille. Bad Boy (1989) de Diana Wieler porte sur les conflits que vit un jeune joueur de hockey quant il découvre des vérités troublantes au sujet d'un coéquipier. Dans Fires Burning (1994) de Julie Lawson, Chelsea se voit contrainte de révéler à sa mère les abus sexuels que lui fait subir son beau-père. Julie Johnston, dans Adam and Eve and Pinch-Me (1994), et Tim Wynne-Jones, dans The Maestro (1995), présentent des adolescents difficiles qui acquièrent l'estime de soi et qui apprennent à apprécier les autres après avoir quitté un milieu familial dysfonctionnel.

L'essentiel de la LITTÉRATURE POPULAIRE DE LANGUE ANGLAISE lue par les jeunes Canadiens est d'origine américaine ou britannique. On trouve quelques exceptions à la règle : deux recueils d'histoires humoristiques et fantastiques, Just Mary Stories (1942) et Maggie Muggins and Mr. McGarrity (1952) de Mary Grannan, inspirés d'une série radiodiffusée pendant de nombreuses années au réseau anglais de Radio-Canada. Au cours des années 40, Leslie McFarlane signe plusieurs oeuvres sous le pseudonyme Franklin W. Dixon. Deux auteurs contemporains méritent aussi d'être mentionnés : Eric Wilson qui, avec Murder on the Canadian (1976), Terror in Winnipeg (1979) et The Green Gables Detectives (1987), décrit la vie au Canada et les problèmes sociaux contemporains à travers les aventures de deux jeunes détectives, Tom et Liz Austen, et Gordon Korman, qui publie depuis sa plus tendre jeunesse et écrit des histoires humoristiques sur des adolescents, comme This Can't Be Happening at Macdonald Hall! (1978), Go Jump in the Pool (1979) et Macdonald Hall Goes Hollywood (1991).

La littérature fantastique

Depuis la Deuxième Guerre mondiale, la littérature fantastique gagne en popularité. Les meilleurs auteurs décrivent les régions sauvages et les croyances spirituelles des autochtones, comme Catherine Anthony Clark avec The Golden Pine Cone (1950), The Sun Horse (1951) et The Diamond Feather (1962). Christie Harris associe science moderne et vieilles croyances dans Secret in the Stlalakum Wild (1972) et Sky Man on the Totem Pole? (1975). Monica Hughes met l'accent sur le respect que les autochtones portent à la nature et au passé dans Beyond the Dark River (1979). L'action se passe au XXIe siècle après la destruction d'Edmonton, probablement par une guerre nucléaire, et est centrée sur l'amitié d'un jeune Huttérite et d'un guérisseur autochtone. Hughes est aussi l'auteure de livres de science-fiction, dont The Keeper of the Isis Light (1980), The Guardian of Isis (1981) et The Isis Pedlar (1982), qui se déroulent sur une planète habitée par des habitants qui ont fui la Terre surpeuplée et polluée et qui sont devenus des êtres superstitieux et craintifs. Ruth Nichols situe l'action dans les rudes paysages du Canada dans A Walk Out of the World (1969) et The Marrow of the World (1972), où des enfants entreprennent des voyages périlleux vers les univers parallèles où ils sont nés.

D'autres écrivains se tournent vers le fantastique : Pierre Berton, dans The Secret World of Og (1961), raconte les aventures d'enfants qui, par un tunnel découvert sous le plancher de leur maison de jeux, pénètrent un monde étrange. Mordecai RICHLER, dans Jacob Two-Two Meets the Hooded Fang (1975), raconte le rêve d'un enfant angoissé devenu un héros après un séjour dans une prison pour enfants. The Root Cellar (1981) de Janet Lunn, A Handful of Time (1987) de Kit Pearson, Who Is Francis Rain? (1987) de Margaret Buffie, The Doll (1987) de Cora Taylor et White Jade Tiger (1993) de Julie Lawson explorent le paradoxe temporel dans des histoires où des filles perturbées se retrouvent dans le passé et rencontrent leurs aïeux. En renouant avec leurs origines, elles apprennent à mieux faire face à leurs difficultés actuelles. Dans Out of the Dark (1995) de Welwyn Wilton Katz, un garçon pleurant la mort de sa mère rencontre d'anciens explorateurs vikings sur la côte de Terre-Neuve.

Katz, dans Witchery Hill (1984) et dans Sun God, Moon Witch (1986), envoie ses jeunes héros et héroïnes respectivement dans les îles Anglo-Normandes et dans l'Ouest de l'Angleterre, où ils se découvrent des forces intérieures en affrontant des puissances surnaturelles. Dans The Violin Maker's Gift (1980), Donn Kushner raconte l'histoire d'un oiseau fantastique qui prédit l'avenir. Sans parler de vraie magie, Red Work (1992) de Michael Bedard aborde plutôt l'alchimie et nous en raconte l'influence sur la vie de deux adolescents torontois solitaires.

Les contes et légendes

Au Canada, les contes pour enfants comprennent des récits européens adaptés par des écrivains canadiens, des récits de colons européens et des mythes et légendes indiennes et inuits remaniés. Deux recueils de Cyrus Macmillan, Canadian Wonder Tales (1918) et Canadian Fairy Tales (1922), réunissent des histoires de ces trois catégories, mais la plupart sont d'origine canadienne-française et autochtone. Ces contes sont écrits selon les goûts du début du XXe siècle, souvent dans le style romantique si populaire à la fin du XIXe siècle en Angleterre. On retrouve des versions canadiennes des contes du légendaire bûcheron Paul Bunyan dans Paul Bunyan: Super Hero of the Lumber Jacks (1980) de John D. Robins et dans Paul Bunyan on the West Coast (1995) de Tom Henry. Les légendes des Maritimes sont recueillies par Helen CREIGHTON dans Bluenose Ghosts (1957). Dans Le phénix doré (1958), Marius Barbeau réunit des contes canadiens-français dont deux d'entre eux - La princesse du Tomboso (1960), illustré par Frank Newfeld, et La hotte du colporteur, adapté par Kit Pearson sous le titre de The Singing Basket (1990) et illustré par Ann Blades - ont été publiés sous forme de livres d'images. C'est également Newfeld qui adapte et illustre le conte néo-écossais Simon and the Golden Sword (1976). Parmi les contes européens adaptés et illustrés par des Canadiens, mentionnons The Miraculous Hind (1975) et Petrouchka (1980) d'Elizabeth Cleaver, Cinderella (1969) d'Alan Suddon, The Twelve Dancing Princesses de Lunn, illustré par Lazlo Gal (1979), Mollie Whuppie and the Giant, adapté et illustré par Robin Muller (1982) et Hansel et Gretel, adapté et illustré par Ian Wallace (1994). Ludmilla Zeman a adapté et illustré l'antique épopée sumérienne Gilgamesh en trois livres : Gilgamesh the King (1992), The Revenge of Ishtar (1993) et The Last Quest of Gilgamesh (1995).

Plusieurs auteurs ont adapté des contes puisés dans la tradition de leur pays d'origine. Ainsi, Tololwa Mollel, un Masaï de la Tanzanie, raconte la légende de l'étoile du matin dans The Orphan Boy (1990). Dans Tales from Gold Mountain (1989), Paul Yee donne sa version des récits racontés par les Sino-Canadiens à la fin du XIXe siècle. Meguido Zola puise dans la tradition juive de l'Europe de l'Est pour écrire A Dream of Promise: A Folktale in Hebrew and English (1980) et Only the Best (1981). Originaire de l'île de la Grenade, Ricardo Keens-Douglas raconte l'histoire d'un jeune garçon qui rencontre un être féerique dans The Nutmeg Princess (1992).

Les premiers contes et légendes inuits et autochtones sont transmis oralement aux Européens dès leur arrivée. Il n'existe cependant que peu d'adaptations de légendes autochtones car, jusqu'au XXe siècle, la littérature jeunesse est très imprégnée de christianisme. Si on s'intéresse davantage aux légendes autochtones depuis la seconde moitié du XXe siècle, c'est qu'on connaît et comprend mieux les moeurs des minorités culturelles. Les écrivains Christie Harris et James Houston sont les principaux représentants de cette tendance. Le premier récit de Christie Harris est Once Upon a Totem (1963), suivi de sept recueils de contes inspirés des légendes indiennes de la côte du Nord-Ouest. Bien que l'auteure étoffe péripéties et personnages, elle démontre une bonne connaissance de ce rude pays et des croyances des nations qui l'habitent. Houston, pour sa part, raconte les légendes locales apprises durant son séjour de 12 ans dans l'Arctique, sous les titres de Tikta'liktak (1965) et de The White Archer (1967). D'autres recueils de contes autochtones sont dignes de mention : The Bear Who Stole the Chinook (1959) de Frances Fraser, légendes de Pieds-Noirs; et Tales of Nanabozho (1963) de Dorothy Reid, refonte des mythes des Ojibway; Glooscap and His Magic (1963) de K.L. Hill, récit du dieu-héros de Wabanaki. Plusieurs contes autochtones sont repris par William Toye et illustrés par Elizabeth Cleaver : The Mountain Goats of Temlaham (1969) et The Fire Stealer (1979). Cleaver a aussi adapté et illustré la légende inuite The Enchanted Caribou (1985).

Un nombre grandissant d'écrivains autochtones, au cours des dernières années, ont raconté les légendes de leur peuple afin de préserver des éléments d'un passé en voie de disparition. George CLUTESI raconte des histoires de l'île de Vancouver dans Son of Raven, Son of Deer (1967) et Basil Johnston reprend les légendes ojibway dans Tales the Elders Told (1981). Dans Little Badger and the Fire Spirit (1977), Maria Campbell crée sa propre version d'une légende des plaines, dite légende « pourquoi ». L'auteur et illustrateur mohawk C.J. Taylor a adapté mythes et légendes de plusieurs cultures autochtones dans How Two-Feather was saved from loneliness (1990) et The monster from the swamp (1995). Dans A Promise is a Promise (1990, avec Robert MUNSCH) et Hide and Sneak (1992), illustrés par Vladyana Krykorka, l'auteur inuit Michael Kusugak mêle le folklore de son peuple aux aventures d'un enfant d'aujourd'hui.

Les livres d'images

Coûts de production élevés et marché restreint expliquent la faible production de livres d'images. Cependant, dans les années 70, quelques oeuvres qui gagneront des prix sont publiées, dont plusieurs chez Tundra Books à Montréal. Les plus connus sont Mary of Mile 18 (1971) d'Ann BLADES, A Prairie Boy's Winter (1973) et A Prairie Boy's Summer (1975) de William KURELEK. On trouve aussi A Child in Prison Camp (1971) de Shizuye Takashima et Children of the Yukon (1977) de Ted Harrison. Blades, qui est aussi l'auteure de A Boy of Taché (1973), illustre plusieurs livres, dont A Salmon for Simon (1978) de Betty Waterton et Ida and the Wool Smugglers (1987) de Sue Ann Alderson. Durant les années 80 et 90, un plus grand nombre de magnifiques livres d'images sont publiés. Deux artistes remarquables se font connaître : Ian Wallace (Chin Chiang and the Dragon's Dance [1984] et Very Last First Time, écrits par Jan Andrew [1985]) et Ken Nutt, pseudonyme d'Eric Beddows, qui illustre les oeuvres primées Zoom at the Sea (1983), Zoom Away (1985) et Zoom Upstream (1992) de Tim Wynne-Jones. Michael Martchenko illustre les livres du conteur populaire Robert Munsch, dont The Paperbag Princess (1980) et 50 Below Zero. Paul Morin illustre pour sa part de nouvelles versions de contes traditionnels de plusieurs pays, notamment The Orphan Boy (1990) de Tololwa M. Mollel et The Dragon's Pearl (1992) de Julie Lawson.

Les pièces de théâtre

Depuis le milieu des années 70, de nombreuses bonnes pièces de théâtre canadiennes sont publiées. En 1975, Rolk Kalman dirige la publication d'un recueil de 10 pièces pour jeunes, A Collection of Canadian Plays: Volume 4, parmi lesquelles on trouve The Clam Made a Face d'Eric NICOL et Cyclone Jack de Carol BOLT . Dans Eight Plays for Young People (1984) de Joyce Doolittles, on retrouve Tikta'Liktak de Brian Paisley et Cornelius Dragon de Jan Truss. Les autochtones sont au coeur de 1nook and the Sun (1974) de Henry Beissel et de The Windigo (1978) de Dennis Foon.

Bien que les auteurs britanniques et américains occupent encore une grande place au Canada, ils subissent de plus en plus la concurrence des écrivains canadiens. Un sentiment de nationalisme plus prononcé depuis le centenaire de la Confédération en 1967 y est sans doute pour quelque chose, mais la littérature jeunesse trouve aussi sa force en elle-même. Le CONSEIL DES ARTS DU CANADA encourage les écrivains en accordant des subventions et en parrainant des tournées de lecture. De plus, un grand nombre de prix littéraires (voir PRIX LITTÉRAIRES POUR OEUVRES DE LANGUE ANGLAISE) sont attribués aux oeuvres, auteurs et illustrateurs méritants : le Livre de l'année, de la Canadian Association of Children's Librarians (depuis 1947), la médaille Amelia Frances Howard-Gibbon dans le domaine de l'illustration, les prix de littérature jeunesse du Conseil des arts du Canada offerts par le gouverneur général (1975), le prix de la Canadian Authors Association, le prix Vicky Metcalf et le prix du livre d'images canadien Elizabeth Mrazik-Cleaver.

Plusieurs petites maisons d'édition (voir D'ÉDITION, PETITES MAISONS) publient une vaste gamme de livres pour les jeunes, dont Annick Press (Toronto), Kids Can Press (Toronto), Orca Books (Victoria) et Red Deer College Press (Alberta). Le magazine pour enfants Owl a commencé à paraître en 1976 et son copain Chickadee, en 1979.

L'étude théorique

Depuis 1967, l'étude théorique sérieuse de la littérature jeunesse au Canada se développe : The Republic of Childhood (1967) de Sheila Egoff (1967; remanié en 1975 et en 1990) et Children's Literature in Canada (1992) d'Elizabeth Waterston explorent les principaux genres. Canadian Books for Children de Jon C. Stott et Raymond E. Jones contient des notices biographiques sur les auteurs et les illustrateurs, tandis que Writers on Writing (1989), publié sous la direction de David Booth, recueille des réflexions d'écrivains, d'artistes et d'éditeurs sur leurs oeuvres. Le magazine Canadian Children's Literature paraît depuis 1975. Les auteurs canadiens sont régulièrement étudiés dans les cours de littérature enfantine des universités. Le Children's Book Center, établi en 1976, fait connaître les oeuvres de littérature jeunesse et coordonne chaque année le Children's Book Festival.

Voir aussi FOLKLORE; LITTÉRATURE DE LANGUE ANGLAISE; LITTÉRATURE ENFANTINE DE LANGUE FRANÇAISE.

La poésie

Malgré une longue tradition de littérature jeunesse de fiction, peu de poètes ou de poèmes pour les jeunes sont bien connus avant les années 70. Les enfants apprennent souvent par coeur des poèmes pour adultes de Thomas D'Arcy MCGEE, d'Emily Pauline JOHNSON, de Bliss CARMAN, de Robert SERVICE et d'autres. Deux anthologies populaires réunissent des oeuvres de poètes canadiens bien connus : The Wind Has Wings (1968; rééditée en 1984), publiée sous la direction de M.A. Downie et Barbara Robertson, et All Kinds of Everything (1973), publiée sous celle de Louis DUDEK. Plus tard paraissent les anthologies Till All, the Stars Have Fallen (1989), sous la direction de David Booth, et Do Whales Jump at Night? (1990), sous la direction de Florence McNeil, qui comprennent des poèmes destinés aux enfants. Il faut attendre 1974 et la publication par Dennis LEE de deux recueils de poèmes, Alligator Pie et Nicholas Knock and Other People, pour que certains poèmes spécialement écrits pour les enfants du Canada acquièrent un vaste public. Ces recueils sont pleins d'humour et de fantaisie. Il en va de même pour Garbage Delight (1977) et Jelly Belly (1983) de Lee, ainsi que pour beaucoup d'autres poèmes enfantins, dont Gulliband de Susan Musgrave (1974), Bonnie McSmithers (You're Driving Me Dithers) (1974) de Sue Ann Alderson, Down by Jim Long's Stage (1976) de Al Pittman, et I Am Small (1994) et Mabel Murple (1995) de Sheree Fitch. Parmi les récents recueils figurent aussi Auntie's Knitting a Baby (1984) de Lois Simmie, Don't Eat Spiders (1985) de Robert Heidbreder et Mischief City (1986) de Tim Wynne-Jones. Once A Lullaby (1983) de bp Nichol, the ghost horse of the mounties (1983) de Sean O'Huigan et Last Leaf, First Snoflake to Fall (1993) de Leo Yerxa sont des poèmes uniques publiés sous forme de livres.

Plusieurs dessinateurs publient des livres où ils illustrent des poèmes célèbres. Citons la berceuse d'Eugene Field Wynken, Blynken, and Nod (1985) illustrée par Ron Berg, les éditions illustrées par Ted HARRISON de deux classiques de Service, The Cremation of Sam McGee (1986) et The Shooting of Dan McGrew (1988), et la version allongée et illustrée de Row Row Row Your Boat (1993) de Robin Muller. Frances Tyrrell a illustré The Huron Carol du père Brébeuf (1990). Il existe deux versions canadiennes illustrées des comptines traditionnelles de la mère l'Oie : Sing a Song of Mother Goose (1987) de Barbara Reid et Sharon, Lois & Bram's Mother Goose (1985) de Maryann Kovalski.

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