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Extraction du charbon

Combustible fossile carboné, le charbon a joué un rôle important comme source d’énergie lors de la phase d’industrialisation qui commence au 17e siècle en Europe.
Charbon, exploitation du
Tofield, en Alberta (avec la permission des Biblioth\u00e8que et Archives Canada/PA-21617).

Combustible fossile carboné, le charbon a joué un rôle important comme source d’énergie lors de la phase d’industrialisation qui commence au 17e siècle en Europe. Au Canada, l’histoire de l’extraction commerciale du charbon remonte à près de trois siècles. Le charbon offre une précieuse source d’énergie durant la première phase de l’industrialisation, permettant de faire tourner les machines à vapeur et de produire du coke (le dérivé hautement carboné du charbon qui brûle à très haute température et est essentiel pour la production d’acier). Même si le charbon demeure un produit d’exportation et une importante source d’énergie domestique, la production canadienne est toujours restée modeste comparée à celle des États-Unis et représente une part relativement mineure de la production mondiale totale.

Histoire : De la période précédant l’arrivée des Européens aux années 1940

Avant le début du 18e siècle, les Autochtones et les premiers colons utilisaient et marchandaient le charbon à petite échelle. Ils exploitaient alors des dépôts en surface, tels que celui des falaises fossilifères de Joggins, en Nouvelle-Écosse. Les premières extractions souterraines de charbon remontent à 1720, sur l’île du Cap-Breton, la mine française de Port Morien fournissant alors en charbon la forteresse de Louisbourg. La production annuelle de charbon en Nouvelle-Écosse augmente avec la production industrielle, passant d’un peu plus d’un million de tonnes en 1880 à plus de sept millions de tonnes en 1913. La plupart du charbon ainsi produit est destinée à l’industrie locale de la sidérurgie et aux marchés du Québec et du Nord-Est des États-Unis. À partir des années 1830, le Nouveau-Brunswick produit également de petites quantités de charbon que la province commercialise.

L’industrie de l’extraction du charbon s’étend rapidement à tout le Canada après la Confédération et jusqu’à la période qui suit immédiatement la Deuxième Guerre mondiale. Elle s’étend vers l’ouest, avec l’émergence de grands centres commerciaux sur l’île de Vancouver au début des années 1850, dans tout le Sud de l’Alberta à partir des années 1890 et jusqu’au milieu du 20e siècle, en Colombie-Britannique et dans l’intérieur des montagnes Rocheuses de l’Alberta à partir du début des années 1900, et dans le Sud-Est de la Saskatchewan au début des années 1890.

L’industrie du charbon fournit la plus importante source d’énergie aux réseaux de trains et de bateaux à vapeur, alimente les machines industrielles (en particulier les fours à coke utilisés pour la fabrication de l’acier), les systèmes d’éclairage (sous la forme de gaz avant l’installation généralisée de l’électricité) et les systèmes de chauffage domestiques dans les villes canadiennes en rapide expansion. La part du charbon dans la consommation totale d’énergie au Canada atteint le sommet historique de 64 p. cent en 1920. En général, ce sont des problèmes de transport qui ont gêné l’accès de l’industrie canadienne du charbon aux nouveaux centres industriels du Sud de l’Ontario, qui doivent importer la plupart de leur charbon de Pennsylvanie. Pourtant, durant l’âge d’or de la première moitié du 20e siècle, la production annuelle totale de charbon au Canada passe d’environ 3 millions de tonnes en 1890 à 17 millions de tonnes en 1942.

Méthodes d’extraction, conditions de travail et désastres miniers

L’avènement des exploitations commerciales fait que les mineurs doivent travailler sur des dépôts situés profondément dans le sous-sol. Au tout début de l’industrie, les mineurs creusent horizontalement de longs tunnels, ou galeries, à partir d’un puits vertical puis utilisent la méthode des « chambres et piliers », qui consiste à enlever une section de charbon et à placer des piliers pour supporter le plafond de la mine dans l’espace vacant. Le travail dans de telles mines est difficile et dangereux. Une circulation adéquate de l’air doit être maintenue en tout temps et dans bien des cas, l’eau doit être pompée en continu des galeries, une pratique fréquente en Nouvelle-Écosse où les tunnels d’exploitation s’étendent souvent loin sous le plancher océanique. La poussière de charbon et le méthane, combustibles et volatils, envahissent inévitablement ces mines. Même la plus petite étincelle ou la moindre flamme pouvait alors engendre une énorme explosion. Malgré les efforts déployés pour améliorer les conditions en limitant les poussières, de graves accidents miniers entraînent la mort de dizaines de mineurs sur des sites tels que la mine Drummond à Westville, en Nouvelle-Écosse en 1873 (plus de 60 morts), à Nanaimo, en Colombie-Britannique en 1887 (150 morts) et à Hillcrest, en Alberta en 1914 (189 morts).

Springhill, en Nouvelle-Écosse, est le lieu de trois grandes catastrophes :en 1891 (125 morts), en 1956 (39 morts) et en 1958, lorsqu’un séisme induit (séisme causé par l’effondrement de piliers ou un déplacement de terrain résultant d’un stress géologique trop important dans la mine) entraîne l’effondrement d’une partie de la mine, tuant 74 personnes. L’accident attise la curiosité des médias internationaux qui envoient des journalistes pour suivre le sauvetage dramatique mais réussi de 100 mineurs. L’explosion la plus récente dans une mine de charbon au Canada s’est produite en 1992 dans la mine Westray, à Plymouth, en Nouvelle-Écosse, entraînant la mort de 26 mineurs et le lancement d’une grande enquête publique. La poussière de charbon était également très toxique pour les mineurs travaillant sous terre puisqu’elle provoquait des affections respiratoires telles que la silicose et l’asthme des mineurs (pneumoconiose). Entre la fin du 19e siècle et le début du 20e, un grand nombre des mineurs tués ou exposés à cette dangereuse poussière sont des jeunes hommes âgés de 8 à 15 ans, le travail des enfants étant alors commun dans l’industrie de l’exploitation du charbon jusqu’à ce que la promulgation des lois rendant obligatoire la scolarisation commence à faire reculer cette pratique dans les années 1920.

Grèves et syndicats

Réagissant aux bas salaires, aux mauvaises conditions de travail, aux problèmes de sécurité et au contrôle économique exercé par les villes-entreprises (où le seul endroit où l’on pouvait acheter de la nourriture et les biens essentiels était souvent le magasin appartenant à la société minière), les travailleurs du charbon s’organisent en syndicats de travailleurs. La Provincial Workmen’s Association (association provinciale des ouvriers) est ainsi fondée à Cap-Breton en 1879 (elle deviendra l’Amalgamated Mine Workers of Nova Scotia en 1917) et l’United Mine Workers of America, basé aux États-Unis, s’impose dans toute l’industrie canadienne de l’exploitation du charbon au début du 20e siècle. Les grèves sont nombreuses et souvent violentes, avec des actions en 1906 à Lethbridge, en Alberta, entre 1912 et 1914 aux mines de charbon de l’île de Vancouver, entre 1922 et 1926 à Cap-Breton, en 1931 à Estevan, en Saskatchewan et entre 1937 et 1938 à Minto, au Nouveau-Brunswick.

Histoire :des années 1950 à aujourd’hui

Après la Deuxième Guerre mondiale, la production canadienne de charbon décline, passant d’un peu plus de 17 millions de tonnes en 1949 à moins de 10 millions de tonnes par an avec l’arrivée du pétrole comme combustible dominant dans les économies d’après-guerre avides d’énergie, que ce soit pour les moteurs diesel, les chaudières au fioul ou le parc automobile en pleine expansion. La dernière mine de charbon souterraine de Cap-Breton ferme en 2001, mais la demande en charbon du continent pour la production d’électricité et l’augmentation du prix de l’énergie au début des années 1970 permettent à l’Alberta, à la Colombie-Britannique et à la Saskatchewan d’exploiter de nouveaux dépôts. Dans l’ensemble, la production canadienne annuelle de charbon est passée de plus 15 millions tonnes en 1970 à plus de 25 millions de tonnes en 1975. Elle a atteint son plus haut niveau en 1997, avec 78,8 millions de tonnes. Aujourd’hui, la production canadienne de charbon reste relativement élevée par rapport aux chiffres passés. Elle se situait juste au-dessus de 68 millions de tonnes en 2013. Un tel niveau fait du Canada le 13e plus gros producteur mondial de charbon mais une telle production ne représente qu’un p. cent de la production annuelle mondiale.

Extraction à ciel ouvert

La sécurité et les conditions de travail se sont beaucoup améliorées dans l’industrie du charbon. La plupart des mines en exploitation au Canada ont en effet abandonné les travaux en galerie et n’opèrent plus qu’à ciel ouvert. Au lieu de creuser des puits et des tunnels, les mineurs utilisent d’énormes excavatrices et pelles mécaniques pour enlever les « morts-terrains » (roches, terre et graviers qui recouvrent les dépôts de charbon) puis chargent le charbon ainsi exposé dans d’énormes camions et wagons chargés de l’expédier. À partir de la fin des années 1960, l’extraction à ciel ouvert a ainsi fait renaître le district houiller moribond du district du col Crowsnest en Colombie-Britannique. L’exploitation a permis de répondre à la demande croissante des Japonais en envoyant le charbon par train jusqu’au nouveau « super port » construit près de Vancouver. Dans les années 1980, les débouchés à l’exportation ont également stimulé le développement de l’énorme exploitation de Tumbler Ridge dans le Nord-Est de la Colombie-Britannique. La ville-champignon qui y fut créée voit depuis son activité fluctuer au gré du cours des marchés.

L’extraction à ciel ouvert en Nouvelle-Écosse s’est développée lentement à cause de la résistance de la population locale et de marchés de l’énergie très fluctuants. On y trouve aujourd’hui un seul site en exploitation, à Stellarton.Plus généralement, l’extraction à ciel ouvert a soulevé des préoccupations environnementales concernant la pollution de l’eau et divers impacts sur la flore, la faune et les paysages. La combustion de charbon pour la génération d’électricité est par ailleurs critiquée comme contribuant de manière importante aux changements climatiques par ses substantielles émissions de dioxyde de carbone.

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