Charbon | l'Encyclopédie Canadienne

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Charbon

Le charbon est un combustible fossile employé comme ressource énergétique au Canada depuis le 18e siècle. On trouve au Canada 0,6 % des ressources mondiales de charbon, et plus de 95 % du charbon canadien se situe en Alberta, en Colombie-Britannique et en Saskatchewan. Au cours des dernières années, l’industrie du charbon a été vivement critiquée par les environnementalistes, puisqu’elle détruit les écosystèmes locaux, engendre des risques pour la santé et contribue grandement au changement climatique par l’émission de dioxyde de carbone. Dans un effort pour diminuer ces émissions néfastes, le gouvernement fédéral a signalé son intention d’éliminer progressivement l’électricité à base d’énergie fossile d’ici 2030, et l’Alberta prévoit faire de même au sein de son territoire.

Charbon bitumineux

(© Areeya Slangsing/Dreamstime)

Qu’est-ce que le charbon?

Le charbon est une roche sédimentaire exploitée en tant que combustible fossile et formée à partir de la dégradation des matières végétales. Situé principalement dans l’hémisphère nord, il constitue la plus grande ressource énergétique fossile du monde. Le charbon n’est pas une substance uniforme : il est en fait composé d’une variété de minéraux qui présentent des caractéristiques distinctes selon la nature de la végétation, la stratification du sable et du sol, le temps et les forces géologiques (notamment la température et la pression atmosphérique) qui ont mené à sa formation.

Comment utilise-t-on les différents types de charbon?

Il existe quatre catégories ou classes de charbon : l’anthracite, le bitumineux, le subbitumineux et le lignite. Chacune de ces classes est sous-divisée selon la teneur en carbone, la teneur en matières volatiles et la valeur calorifique. L’anthracite, la catégorie la plus profitable, est une ressource essentielle pour la sidérurgie ainsi que pour d’autres industries chimiques. Parfois appelé le charbon métallurgique, l’anthracite (mélangé à d’autres granulés de compositions différentes) peut être brûlé à des températures extrêmement élevées. On crée ainsi des granules de charbon pratiquement pur, que l’on appelle le coke et qui servent à produire l’acier. Bien que le Canada soit un joueur modeste sur le marché international du charbon, le pays se démarque par sa production de charbon métallurgique, qui vaut pour environ 90 % de ses exportations de charbon.

Le charbon bitumineux, parfois utilisé dans la fabrication de l’acier, sert surtout à la production d’électricité. Le charbon subbitumineux, quant à lui, sert à alimenter les centrales thermiques des industries, en plus d’être utilisé en gazéification et en liquéfaction du charbon. La classe la moins profitable de charbon, le lignite, sert aux mêmes fins que le charbon subbitumineux.

Ressources charbonnières du Canada

Le seul bassin important d’anthracite au Canada se trouve au nord-ouest de la Colombie-Britannique. On trouve toutefois du charbon bitumineux en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, en Alberta et en Colombie-Britannique ; du charbon subbitumineux en Alberta ; et du lignite en Saskatchewan et en Colombie-Britannique. En Nouvelle-Écosse, la majorité du charbon se trouve sous le plancher océanique, tandis que dans l’Ouest canadien – qui détient plus de 95 % des ressources nationales de charbon –, les formations se concentrent dans le sud et le centre de l’Alberta.

Selon Ressources naturelles Canada, le Canada détient la seizième plus grande réserve de charbon au monde, avec 0,6 % des gisements de la planète. En comparaison, les États-Unis ont la plus grande réserve au monde, avec près du quart des gisements mondiaux.

En 2017, le Canada a extrait et produit environ 61 mégatonnes (Mt) de charbon, se classant au treizième rang mondial des producteurs de charbon. Plus de 90 % des formations de charbon du pays se trouvent en Alberta, en Colombie-Britannique et en Saskatchewan. Au rythme de production actuel, les réserves de charbon du Canada seront à sec d’ici environ 100 ans.

Histoire du charbon au Canada

Exploitation du charbon
Tofield, en Alberta (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/PA-21617).

Au Canada, la première mine de charbon ouvre en 1639 à Grand Lake, au Nouveau-Brunswick. En 1720, des soldats français commencent à extraire du charbon à Cow Bay (île du Cap-BretonNouvelle-Écosse) afin d’alimenter la forteresse de Louisbourg. L’île du Cap-Breton fournit éventuellement du charbon à des ports américains comme Boston, ainsi qu’à la milice de Halifax. En 1870, plus de 21 mines de charbon sont actives à l’île du Cap-Breton. Elles sont cependant toutes abandonnées au tournant du 20e siècle.

L’extraction commerciale de charbon commence au Nouveau-Brunswick en 1825 et, mis à part quelques exportations, la grande majorité de la production est utilisée à l’intérieur même de la province. Dans l’Ouest canadien, les premières mines de charbon ouvrent à l’île de Vancouver au milieu du 19e siècle. La construction du chemin de fer transcontinental en Alberta et en Colombie-Britannique engendre le développement de mines de charbon sur les rives de la rivière Oldman, notamment à LethbridgeBanffDrumheller et Edmonton (voir aussi Histoire du chemin de fer).

En 1867, la production nationale atteint un total annuel de 3 Mt, dont plus de 2 viennent de la Nouvelle-Écosse. L’autre million de tonnes provient surtout de l’Ouest (majoritairement de la terre de Rupert), et dans une bien moindre mesure, du Nouveau-Brunswick. Dès 1911, cependant, l’Ouest canadien prend les devants. En 1947, année qui marque le début de l’exploitation commerciale du pétrole et du gaz naturel à Leduc, en Alberta, le charbon alimente la moitié des besoins énergétiques du pays — la mine de Drumheller produit à elle seule au-delà de 2 millions de tonnes annuellement et emploie quelque 2 000 ouvriers. L’expansion du marché du pétrole et du gaz naturel s’avère vite de mauvais augure pour l’industrie du charbon : à partir des années 1950, le pétrole et le gaz naturel remplacent presque totalement le charbon pour le chauffage résidentiel, l’énergie industrielle et le transport.

Malgré ces changements, les mines de charbon connaissent un renouveau vers la fin des années 1960. Les producteurs canadiens signent en effet des contrats à long terme avec le Japon, auquel ils fournissent plusieursmégatonnes de charbon métallurgique chaque année. Ce phénomène cause la réouverture de mines fermées, ainsi que le développement de nouvelles mines en Alberta et en Colombie-Britannique. Au même moment, l’Alberta et la Saskatchewan commencent à utiliser leurs ressources considérables de charbon pour produire de l’électricité.

Au cours des années 1970, l’augmentation sans précédent du prix du pétrole rappelle que le charbon est une bonne source d’énergie de rechange. La sidérurgie étant en pleine expansion, des producteurs d’acier majeurs tels que le Japon souhaitent diversifier leurs sources d’alimentation. Voilà qui donne un bon coup de pouce à l’industrie du charbon au Canada dans les années 1970 et 1980. De nouvelles mines voient le jour, et des chemins de fer et des installations portuaires sont construits.

Industrie moderne du charbon au Canada

Après une expansion considérable dans les années 1970 et 1980, l’extraction du charbon demeure relativement stable depuis les années 1990 avec une production annuelle de 60 à 80 Mt. La production atteint un sommet en 1997 avec 78,8 Mt. En 2017, elle atteint son point le plus bas depuis 1987 avec 61 Mt.

En 2016, le charbon représente environ 7 % de l’énergie générée au Canada et 9 % de la génération nationale d’électricité. L’Alberta, la Saskatchewan et la Nouvelle-Écosse sont de loin les provinces les plus dépendantes au charbon : environ la moitié de leur électricité est produite de cette façon. De ces trois provinces, néanmoins, c’est l’Alberta qui brûle le plus de charbon : la province génère environ 39 000 GWh d’électricité grâce au charbon en 2016, comparativement à la Saskatchewan et à la Nouvelle-Écosse qui en produisent respectivement 12 000 et 6 000 la même année.

Le Canada produit plus de charbon qu’il n’en utilise, et puisque la demande pour ce combustible fossile est grandissante ailleurs dans le monde, près de la moitié de la production canadienne est exportée, principalement vers les pays d’Asie où la demande en charbon métallurgique est élevée.

Depuis le début des années 2000, les importations de charbon au Canada ont connu un déclin important. Selon Ressources naturelles Canada, le Canada a importé 7,5 Mt de charbon en 2017, principalement des États-Unis. Il est en effet plus avantageux pour les consommateurs du centre du Canada (soit les usines d’acier en Ontario) d’acheter leur charbon de mines aux États-Unis, parce qu’elles sont beaucoup plus proches que celles de l’Ouest canadien.

Quel est l’impact environnemental du charbon?

Centrale thermique alimentée au charbon

Centrale thermique alimentée au charbon. (© Andreas Altenburger/Dreamstime)

L’extraction et la combustion du charbon sont liées à plusieurs problèmes pour la santé et pour l’environnement. Bien que l’industrie soit régulée en matière de sécurité au travail, de protection écologique et (à divers degrés) d’émissions toxiques, la pollution causée par le charbon demeure toutefois un problème majeur au Canada. Conséquemment, les mouvements écologistes s’y opposent vivement.

La majorité du charbon canadien est extrait dans des mines à ciel ouvert (voir Extraction du charbon). Encore plus que les mines souterraines, l’exploitation à ciel ouvert détruit les habitats de la faune sauvage et menace les réseaux hydrologiques avec la pollution qu’elle engendre. Elle demeure toutefois le premier choix des entreprises, puisqu’elle est moins dangereuse pour les ouvriers. La Colombie-Britannique tente de restaurer près de 42 % des territoires défrichés par les mines de métaux et de charbon, mais l’efficacité à long terme de ce programme est incertaine. Après tout, les mines à ciel ouvert causent des dommages probablement irréparables au sol.

À sa combustion, le charbon cause énormément d’émissions de gaz à effet de serre (qui contribuent au changement climatique) et de polluants toxiques. Des dix installations industrielles qui produisent le plus de gaz à effet de serre au Canada, cinq sont des centrales thermiques au charbon.

La combustion du charbon est aussi nocive pour la santé publique. Les usines qui brûlent du charbon émettent un grand taux de dioxyde de soufre, d’oxyde d’azote et de mercure, substances que l’on associe à une variété de troubles de santé comme la bronchite, les maladies pulmonaires, et un taux élevé de mortalité infantile. À l’échelle planétaire, environ 800 000 morts par année sont liées directement à la combustion du charbon. En Canada, quelque 7 700 morts prématurées sont causées chaque année par la pollution de l’air, dont la combustion du charbon est un facteur important.

Comment le Canada compte-t-il éliminer l’électricité au charbon?

En raison de ces enjeux de santé et environnementaux, certaines provinces, dont la Nouvelle-Écosse, l’Ontario, le Manitoba et l’Alberta, ont choisi au cours des dernières années de limiter ou d’éliminer leur utilisation du charbon. En Ontario, par exemple, on a complètement remplacé le charbon dans la production d’électricité. La décision est draconienne et le changement, impressionnant : pas plus tard qu’en 2000, environ 26 % de l’électricité générée en Ontario provenait du charbon. Peu à peu, des centrales ont fermé, et ce chiffre est passé à 19 % en 2007, puis à 8 % en 2010. En avril 2014, la toute dernière centrale au charbon, à Thunder Bay, ferme ses portes. L’Ontario devient par le fait même la première région d’Amérique du Nord à éliminer complètement le charbon de sa production d’électricité. Un petit nombre d’usines d’acier et de ciment y demeurent toutefois autorisées à faire la combustion du charbon. Cela inclut notamment l’aciérie ArcelorMittal Dofasco à Hamilton, la huitième installation industrielle émettant le plus de gaz à effet de serre au Canada.

L’Alberta s’est quant à elle récemment engagée à éliminer l’utilisation du charbon à des fins d’électricité d’ici 2030. L’initiative fait partie du Plan de leadership sur le climat présenté par la première ministre néo-démocrate Rachel Notley en 2015. Grâce à cette stratégie, le gouvernement albertain utilise les recettes de la taxe sur le carbone industriel pour subventionner la transition des entreprises énergétiques vers le gaz naturel et les énergies renouvelables.

La Colombie-Britannique, le Québec, l’Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve-et-Labrador, le Nunavut, les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon, quant à eux, n’utilisent pas l’énergie au charbon.

En 2018, le gouvernement fédéral libéral de Justin Trudeau propose une série de changements aux régulations qui paveraient la voie à l’élimination complète de l’énergie au charbon d’ici 2030 au Canada. L’année précédente, le Canada et le Royaume-Uni ont cofondé l’Alliance Énergiser au-delà du charbon, qui représente plus de 70 gouvernements, entreprises et organisations soutenant l’élimination rapide de l’électricité à partir du charbon.

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