Salles de concert et d'opéra | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Salles de concert et d'opéra

Salles de concert et d'opéra. Les plus anciennes références à un endroit ayant abrité une manifestation musicale au Canada se trouvent probablement dans les numéros des 29 novembre et 24 décembre 1764 de La Gazette de Québec, qui annoncent la tenue de danses à la Salle de concert.
Les plus anciennes références à un endroit ayant abrité une manifestation musicale au Canada se trouvent probablement dans les numéros des 29 novembre et 24 décembre 1764 de La Gazette de Québec, qui annoncent la tenue de danses à la Salle de concert. Cet édifice (ou du moins son nom) ne survécut pas très longtemps et les concerts à Québec, dans les deux dernières décennies du XVIIIe siècle, se déroulèrent dans des lieux aussi divers que le Thespian Theatre, la Marchant's Coffee House, la Taverne de Frank, l'Hôtel de Ferguson et la Nouvelle Salle des spectacles. Au théâtre Patagon eut lieu en 1805 la première représentation à Québec de Colas et Colinette de Quesnel. Les noms des endroits où se donnaient les concerts à Montréal suggèrent de semblables expédients : le grand salon de M. Cushing, la salle de réunion de M. Frank, le Dillon's Hotel et la Salle de spectacle. Le théâtre Royal et le Masonic Hall furent des lieux de divertissement publics à Montréal au XIXe siècle. Il y eut un Halifax Theatre dans les années 1790 et, de la fin du siècle à la Confédération, cette ville put se vanter d'avoir un théâtre Royal. Saint-Jean, T.-N., eut son Amateur Theatre et sa Globe Tavern. Certaines de ces salles n'étaient sans doute guère plus que des baraques en bois menacées par le feu. L'histoire rappelle, entre autres, l'incendie qui détruisit le théâtre Saint-Louis à Québec lors d'une représentation en 1846 et celui qui rasa le Masonic Hall de Montréal au cours d'un récital de chant en 1833.

L'accroissement de la population et de la richesse dans la seconde moitié du XIXe siècle favorisa la construction d'auditoriums plus solides et, en général, assez élégants (notamment le Saint Lawrence Hall de Toronto, érigé en 1850 et rendu à sa fonction première et sa splendeur d'antan en 1967). Bien que, selon les critères modernes, ceux-ci fussent des salles de récital et non des salles pour orchestres symphoniques, certains atteignaient des dimensions considérables.

Le nom le plus fréquemment associé à de telles salles fut celui d'académie de musique. L'une d'elles, construite à Québec en 1852 par Charles Baillargé, un des architectes des édifices originels du Parlement à Ottawa, compta parmi les plus belles salles en Amérique du Nord. Elle fut détruite par un incendie en 1900. Cette appellation se rencontre aussi à Ottawa, Sorel (Québec), Toronto, Montréal et Halifax (voir Académie de musique, pour celles de Montréal et de Québec). Suivant le modèle de Londres, Toronto et Montréal érigèrent toutes deux un Crystal Palace, en 1858 et 1860 respectivement. La musique résonna souvent dans l'enceinte du Saint Patrick's Hall (1867) à Montréal et du Shaftesbury Hall (1872) à Toronto. Tout comme plusieurs salles similaires dans d'autres villes, elles servirent non seulement pour la musique mais aussi pour des assemblées politiques, des bals, des pièces de théâtre, des conférences, des spectacles de chant, de musique ou de variétés et, à l'occasion, pour l'opérette et l'opéra. Tara Hall à Québec, utilisé tout d'abord pour des événements non musicaux, se mit à servir régulièrement de salle de concert vers le tournant du siècle. Il finit par être éclipsé par d'autres salles avant sa destruction, en 1918, vraisemblablement par le feu. Les représentations d'opéras étaient encore rares à l'époque (voir Opéra et opérette - Représentation), mais le mot évoquait le comble de l'élégance en matière de divertissement et il y eut ainsi plusieurs salles « d'opéra » où il ne s'en donna jamais aucun. Des « opera houses » s'ouvrirent à Ottawa (v. 1874), Toronto (1874), Montréal (1875), Kingston (1879), Winnipeg (1883) et Vancouver (1891). Le nom fut même attaché aux nouveaux théâtres construits dans des villes plus petites, allant de Nelson (C.-B., 600 places) à Yarmouth (N.-É., 850 places), ainsi que dans des endroits éloignés comme Dawson City (Yukon), Canmore (Alb.) et Indian Head (Sask.). Les 43 « opera houses » du Canada énumérées dans Julius Cahn's Official Theatrical Guide 1905-1906 incluent celles de Nanaimo (C.-B.), Portage-la-Prairie (Man.), Arnprior, Gananoque, Mount Forest et Petrolia (Ont.) et Charlottetown (Î.-P.-É.) [Le livre ne mentionne aucune des salles d'opéra du Québec]. Des « grand opera houses » existaient déjà dans de nombreuses villes ontariennes : Barrie, Brockville, Chatham, Collingwood, Hamilton, Kingston, London, Ottawa, Port Hope, Saint Catharines et Toronto (où Emma Albani chanta pour la première fois un opéra complet devant un auditoire canadien, le 13 février 1883). Saint Thomas en eut une nouvelle, de même que Dunscombe. Les plus vastes salles mentionnées par Cahn - Kingston, London, Stratford et Toronto - avaient entre 1500 et 1900 places.

Alors que la plupart des salles d'opéra et de concert de la fin du XIXe siècle furent démolies, détruites par le feu ou transformées en cinémas (avec les changements de nom appropriés), quelques-unes furent rendues à leur splendeur d'antan et rebaptisées « opera house », par exemple celle de Barkerville, C.-B., en 1958. À Cobourg (Ont.), Victoria Hall, avec son auditorium de 300 places, avait retrouvé en 1980 son élégance de 1860. À Petrolia (Ont.), un des nombreux Victoria Halls du Canada fut restauré durant les années 1970. Deux salles ont conservé leur nom depuis leurs débuts : la Gravenhurst Opera House (Ont.) - son style remonte à 1915 environ - et l'Opéra Haskell. L'opéra de 700 places d'Orillia (Ont.), érigé en 1895 et reconstruit en 1916 après un incendie, servit de cinéma jusque dans les années 1970. Au début des années 1990, des restaurations étaient en cours pour qu'il redevienne une salle de spectacle.

Une nouvelle ère commença avec le Massey Music Hall (Massey Hall). Ouvert à Toronto en 1894, il était conçu expressément pour des exécutions d'orchestres symphoniques et de sociétés chorales et volontairement inadaptable aux représentations dramatiques. On l'utilisa par contre pour des ralliements et autres types d'assemblées. Un bel exemple de mécénat, Massey Hall demeura longtemps unique parmi les auditoriums canadiens, faisant l'envie d'autres centres par ses dimensions, sa commodité et ses qualités acoustiques. Montréal eut une salle conçue spécialement pour les concerts, le Queen's Hall, construite en 1880, mais elle était beaucoup plus petite. Elle devint un théâtre en 1891 et fut détruite par le feu en 1899. Dans la même ville, le Monument national, construit de 1891 à 1894 et dont la destination principale n'était pas les concerts, en abrita néanmoins plusieurs. Il était encore en usage en 1990 et les travaux de restauration progressaient pour son centenaire (1993), mais il fut endommagé par un incendie en 1991. Malheureusement, Massey Hall n'institua pas de norme. Malgré la prospérité du début du XXe siècle, la construction d'auditoriums déclina, l'Auditorium de Québec faisant exception. Ouvert en 1903, il devint plus tard une salle de cinéma sous le nom de théâtre Capitol. Quand les anciennes formes de divertissement comme le vaudeville firent place au cinéma, beaucoup de théâtres et de salles d'opéra ayant accueilli des orchestres et des chorales furent convertis en salles de projection - par exemple l'Orpheum à Vancouver, construit en 1927 pour un public friand de vaudeville et transformé en cinéma dans les années 1930. (Dans ce qui peut être considéré comme un heureux progrès dans la vie musicale au Canada, l'Orpheum fut retransformé en salle de concert en 1977 pour accueillir l'Orchestre symphonique de Vancouver). Le Royal Theatre de Victoria, construit en 1913 pour le vaudeville, commença à abriter l'Orchestre symphonique de Victoria en 1943, même après qu'une modernisation, en 1946, le transforma en cinéma. Des rénovations (1982-89) lui ont permis à nouveau d'accueillir le théâtre et la musique. Le Capitol Theatre de Nelson (C.-B.), fut construit en 1927 et restauré en 1988. Le Walker Theatre de Winnipeg, une des plus belles salles en Amérique du Nord au moment de sa construction en 1907, prospéra jusque dans les années 1930. Après avoir été transformé en cinéma, il était en restauration au début des années 1990. Le Temple Theatre de Brantford (Ont.) inauguré en 1919 et rebaptisé Capitol 10 ans plus tard, fut restauré en 1989 pour devenir le coeur du Sanderson Centre for the Performing Arts. Le Pantages Theatre de Toronto, qui ouvrit ses portes en 1920 pour devenir l'Imperial en 1930, retrouva son nom et sa beauté d'antan en 1989. Toujours à Toronto, les théâtres superposés Elgin et Winter Garden ouvrirent en 1914, principalement pour le vaudeville. Le Winter Garden, au-dessus, ferma en 1927. L'Elgin devint un cinéma vers la fin des années 1920 et ferma complètement en 1981. Sous les auspices de l'Ontario Heritage Foundation, les deux établissements furent restaurés entre 1984 et 1989. D'autres salles furent rasées, par exemple le théâtre Russell à Ottawa en 1928. La Grand Opera House de Toronto (qui succcéda en 1880 à l'édifice détruit par un incendie six ans plus tôt) fut démoli en 1927. Le Capitol Theatre, de Cornwall (Ont.), qui ouvrit ses portes en 1928, fut démoli en 1991. Durant quelque 50 ans - de la Première Guerre mondiale aux années 1960 - plusieurs des concerts et des représentations d'opéra (sinon la majorité) eurent lieu dans des salles inadéquates par leur nombre de places, les dimensions de leur scène, leur acoustique et leurs locaux de répétitions. Certains orchestres jouaient dans des cinémas le dimanche, jour où les projections étaient interdites, notamment l'Orchestre philharmonique d'Ottawa au théâtre Capitol. L'Orchestre des CSM joua dans une salle d'école secondaire, l'auditorium Le Plateau. Entre autres invraisemblances du même ordre, on retrouve aussi les représentations du Metropolitan Opera en tournée dans ces temples du hockey que sont le Forum de Montréal et le Maple Leaf Gardens de Toronto, ainsi qu'un récital de Nelson Eddy à l'Osborne Stadium, à Winnipeg. Dans les villes plus petites, les églises, les salles paroissiales, les cinémas et les auditoriums d'écoles secondaires ont été les principales structures d'accueil des concerts du XXe siècle. L'obstacle aux représentations symphoniques et lyriques que constituait le manque de salles appropriées est un triste chapitre de l'histoire de la musique au Canada. Parmi les événements positifs, on doit noter l'ouverture d'une splendide salle de récital, l'Eaton Auditorium, à Toronto en 1931, et la construction de salles jumelles à Calgary et à Edmonton, les Alberta Jubilee Auditoriums, ouverts en 1957. D'autres salles furent érigées entre 1920 et 1960 : l'auditorium Darke Hall à Regina (1929), le Winnipeg Auditorium (1932), le Queen Elizabeth Theatre à Vancouver (1959) et l'O'Keefe Centre à Toronto (1960). La Poudrière, près de Montréal, peut se vanter d'avoir un passé unique : à l'origine un bâtiment pour entreposer la poudre à canon, construit en 1822 sur l'Île Sainte-Hélène, fut converti en théâtre en 1957. On a pu y entendre de la musique de chambre, des récitals et des opéras dans des productions modestes La prospérité relative des années 1960 ainsi qu'un regain d'initiative et de fierté civique engendré par les préparatifs du centenaire de la Confédération en 1967 expliquent la construction de nombreux édifices de prestige dans tout le pays. Plusieurs d'entre eux illustrèrent un nouveau concept : le centre des arts d'interprétation ou centre culturel, ensemble d'édifices rattachés conçu comme une unité architecturale, doté de deux salles ou plus, de dimensions et de fonction différentes, allant du récital et des conférences au concert, au théâtre et à l'opéra. De tels complexes renferment souvent des musées, des galeries d'art, des bibliothèques, des planétariums et des restaurants. Les exemples les plus fameux sont la Place des arts de Montréal (première salle ouverte en 1963, les deux autres, en 1967), le Centre des arts de la Confédération de Charlottetown (1964), l'Arts and Culture Centre à Saint-Jean, T.-N. (1967), le Manitoba Centennial Concert Hall, Winnipeg (1968), le Saskatoon Centennial Auditorium (1968), le Centre national des arts d'Ottawa (1969) et le Grand Théâtre de Québec (1971). D'autres belles salles de concert ouvrirent leurs portes dans les années 1970 : le Saskatchewan Centre of the Arts à Regina (1970), le Saint Lawrence Centre à Toronto (1970), la salle de concert de la Winnipeg Art Gallery (1971), le Rebecca Cohn Auditorium (centre des arts de l'Université de Dalhousie, 1971) et la Hamilton Place (1973). Les années 1980 virent naître le Centre in the Square de Kitchener (1980), le Roy Thomson Hall de Toronto (1982), le Calgary Centre for the Performing Arts (1985) (maintenant EPCOR Centre for the Performing Arts), le Thunder Bay Community Auditorium (1985), le Centrepoint Theatre de Nepean, Ont.(1988, voir Ottawa), ainsi que le Keyano Theatre de Fort McMurray (1990). En juillet 1989, un amphithéâtre de 2000 places intérieures et 8000 places extérieures fut inauguré à Joliette, Québec (voir Festival international de Lanaudière). Ailleurs également, les universités ont construit des salles qui sont devenues de hauts lieux de la vie musicale de leur ville, notamment le MacMillan Theatre et le Walter Hall à l'Université de Toronto, la salle Pollack et la salle Redpath à lUniversité McGill, le Western Manitoba Centennial Auditorium à l'Université de Brandon et le Concert Hall à l'Université de Victoria. L'Université Concordia a inauguré une salle de 600 places en 1990 et l'UQAM inaugura sa nouvelle salle Pierre-Mercure en 1992. En 1979, la Ville de Montréal a mis au point le concept des Maisons de la culture. On en comptait 13 en 1991, la principale étant la Chapelle historique du Bon-Pasteur qui présentait fréquemment des événements musicaux. En 1991 également, on discutait de la construction d'une maison de ballet et d'opéra à Toronto et d'une nouvelle salle de concert à Montréal. Bien que la communauté musicale s'entendait sur leur nécessité, leur édification restait incertaine en raison du climat politique et économique.

Voir aussi Aréna de Montréal, Centennial Hall (London, Ont.), Centre d'arts Orford, Concerts, L'Ermitage, Grand Theatre (Kingston), Hart House, Her (His) Majesty's Theatre, Malkin Bowl, Mechanics' Hall (Montréal et Toronto), Music Gallery, Ontario Place Forum, Orchestres, Palais Montcalm, Parc Sohmer, Rainbow Stage, RIDEAU, Royal Alexandra Theatre, Salle Tudor, Salle Windsor, Théâtre de Société, Théâtre Orpheum (Montréal), Théâtre Saint-Denis et Theatre Under the Stars.

Les articles de l' EMC sur les villes peuvent aussi être consultés relativement aux salles de concert et d'opéra. Plusieurs universités disposent de salles de concert dont il est question dans les articles sur ces établissements (voir Universités). Voir également Boîtes à chansons, Canadian National Exhibition, Coffeehouses, Disco, George's Jazz Room, Le Patriote, Riverboat.

Lecture supplémentaire

Liens externes