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Culture politique

La culture politique s'entend des opinions, des attitudes et des valeurs qu'ont à l'égard de la POLITIQUE les personnes qui forment une collectivité. Il y a deux approches traditionnelles à l'étude de la culture politique.

Culture politique

La culture politique s'entend des opinions, des attitudes et des valeurs qu'ont à l'égard de la POLITIQUE les personnes qui forment une collectivité. Il y a deux approches traditionnelles à l'étude de la culture politique. L'approche axée sur les personnes examine les valeurs et les attitudes personnelles; le recours aux sondages y est fréquent. Comme la culture politique ne se prête à aucune mesure directe, les questions visent à dégager les opinions pertinentes des répondants. Malheureusement, il est toujours possible que les questions posées ne prennent pas tout à fait le pouls de la population et qu'elles ne mesurent pas de façon satisfaisante les concepts à l'étude.

L'approche axée sur les institutions comporte une analyse de documents pour cerner le comportement collectif des institutions politiques. Elle adopte trois démarches distinctes. Dans la première démarche, les universitaires tentent de décrire une culture politique en s'appuyant sur l'observation et l'analyse du comportement politique tel qu'il se manifeste par la voie d'une constitution, de la législation et de la structure du gouvernement. Dans la deuxième, on s'appuie sur une analyse des caractéristiques géographiques, démographiques et socio-économiques de la société étudiée. Dans la troisième, l'examen porte sur les facteurs historiques dont un système politique est l'aboutissement. Les deux théories les plus en vue en matière de culture politique découlent de l'approche systémique. Selon la première théorie, la culture politique au Canada repose sur la tension entre les deux groupes culturels fondateurs : les francophones et les anglophones. Selon la seconde théorie, les membres des deux cultures fondatrices et les immigrants ultérieurs en provenance d'autres cultures ont créé ensemble une nouvelle culture politique distincte.

Au Canada, il est utile de parler des « couches » de la culture politique, bien qu'elles ne se laissent pas facilement délimiter. La première couche de valeurs politiques englobe l'adhésion des Canadiens au régime parlementaire et démocratique, y compris le principe voulant que, en politique, le processus décisionnel obéisse aux voeux de la majorité. Ce principe admet toutefois des exceptions, comme l'attestent l'appareil fédéraliste, le BILINGUISME et la CHARTE CANADIENNE DES DROITS ET LIBERTÉS. Le rôle légitime des intérêts divergents est reconnu dans la société canadienne, mais il est entendu que, si un compromis ne peut être atteint, la majorité doit l'emporter. En outre, en application du principe de la majorité, toute décision politique peut être modifiée si la majorité se ravise. L'adhésion à la démocratie parlementaire suppose aussi l'appui de l'égalité politique, à savoir le principe de « une personne, une voix ». La souveraineté du peuple, la dernière caractéristique d'une démocratie parlementaire, s'exerce sous la forme de la tenue d'élections à intervalles réguliers et de la participation de la population au processus politique.

Sous-jacente à cette première couche se trouve une culture politique qui est propre au Canada et qui transcende les limites provinciales. Par exemple, les Canadiens tiennent à voter, mais participent peu à l'activité politique (voirPARTICIPATION POLITIQUE). On a suggéré que cette dichotomie spectateur-participant était propre à la culture politique canadienne. En outre, les recherches indiquent que la population canadienne appuie fortement le pouvoir politique et le leadership des élites. Contrairement aux Américains, les Canadiens préfèrent souvent miser sur l'intervention gouvernementale (une régie publique, par exemple), plutôt que sur le secteur privé, pour résoudre les problèmes économiques (voirRÉGIE PUBLIQUE; SOCIÉTÉ DE LA COURONNE).

Une autre caractéristique de la culture politique canadienne est le rapport approche-évitement que le Canada entretient avec les États-Unis (voirRELATIONS CANADO-AMÉRICAINES). Malgré le fait que les États-Unis soient le plus important partenaire commercial du Canada et un pays avec lequel la population canadienne partage plusieurs intérêts communs, nombre de Canadiens ont été frustrés par la façon dont les intérêts américains dominaient leur culture (surtout chez les anglophones) et leurs entreprises. Les Canadiens ont donc tenté de moduler ce rapport en mettant sur pied des institutions gouvernementales pour promouvoir la culture canadienne (voirPOLITIQUE CULTURELLE) ou en restreignant le mouvement de l'INVESTISSEMENT ÉTRANGER vers le Canada. L'ambivalence ressentie à l'égard des États-Unis a parfois contribué à unifier les Canadiens, tout en favorisant le développement de leur culture politique et populaire.

La troisième couche de la culture politique correspond à des attitudes qui sont propres aux Canadiens, mais qui leur permettent aussi de se distinguer les uns des autres. Plusieurs systèmes de croyances peuvent être alors à l'oeuvre. L'un veut que les francophones diffèrent des anglophones. Un autre, plus difficile à cerner, s'appuie sur les idées de développement économique et de diversité géographique. Ce dernier système de croyances correspond au RÉGIONALISME.

Au Canada, les différences entre la culture politique des anglophones et celle des francophones sont attribuables aux différences dans le mode de développement, le système éducatif, la religion et la langue des deux communautés. Par exemple, on observe que les Québécois tendent à se tourner vers Québec pour le leadership, tandis que les Canadiens anglophones au Québec se tournent plutôt vers Ottawa pour résoudre leurs problèmes. En outre, il est évident que des symboles, tels que le drapeau canadien et la monarchie, sont beaucoup moins populaires auprès des Québécois francophones qu'auprès des anglophones.

Enfin, la confiance accordée aux hommes et aux femmes politiques et au gouvernement, ainsi que la perception de la sensibilité de ce dernier aux besoins de la population, varie grandement selon les régions où habitent les Canadiens. Toutefois, il est clair que certaines régions du pays, notamment l'Ouest canadien et le Québec, ressentent à l'endroit du gouvernement fédéral un sentiment d'aliénation qui date de longtemps et qui est profondément enraciné.

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