Cyclone Regina

Cyclone ou tornade?

Bien qu’à l’époque il ait été qualifié de cyclone, l’événement météorologique anormal qui frappe Regina le 30 juin 1912 est plus précisément décrit comme une tornade. Le terme cyclone est habituellement utilisé pour désigner de l’air tournant et se déplaçant vers un centre de basse pression (dans l’hémisphère nord, cette rotation est presque toujours dans le sens inverse des aiguilles d’une montre). Une tornade est une circulation cyclonique à petite échelle. Par conséquent, bien qu’il ne soit pas inexact d’appeler l’événement « cyclone de Regina » étant donné sa taille, il est plus précis de dire que c’était une tornade.

Taille de la tornade

Il est difficile de mesurer avec précision la force exacte du cyclone de Regina pour plusieurs raisons. D’une part, en 1912, il n’y a pas de méthode universellement reconnue pour mesurer les tornades. Les limitations technologiques de l’époque, combinées au fait que la tornade frappe les gens de Regina par surprise, font en sorte qu’il est impossible de mesurer avec précision la vitesse du vent. Et donc, les estimations de la taille et de l’échelle de la tornade sont des hypothèses basées sur les rapports des témoins oculaires, sur les dommages causés, et sur d’autres caractéristiques qui ont depuis été comparées aux tornades pour lesquelles des données scientifiques plus précises sont disponibles. En se basant sur les informations dont ils disposent, les météorologistes suggèrent que le cyclone de Regina était une tempête de niveau 4 sur l’échelle de Fujita, ce qui veut dire que les vitesses de vent étaient d’entre 330 et 410 km/h.

Le saviez-vous?
Alors que les météorologues évaluent le cyclone de Regina comme une tempête de niveau 4 sur l’échelle de Fujita, le Canada et les États-Unis utilisent maintenant l’échelle de Fujita améliorée pour évaluer la gravité des tempêtes. Adoptée au Canada en 2013, l’échelle EF est une version améliorée de l’échelle de Fujita, que le météorologue américain d’origine japonaise Tetsuya Theodore Fujita a développé dans les années 1960. Les deux échelles utilisent un système de notation à six niveaux. Cependant, la version améliorée offre des estimations plus précises de la vitesse du vent, en plus d’autres améliorations. Cette version améliorée n’a été utilisée que pour évaluer les tornades survenues depuis sa mise en œuvre; toute tempête survenue avant avril 2013, incluant les événements historiques comme le cyclone de Regina, a conservé sa cote de l’échelle F jusqu’à présent.

Aperçu

Le 1er juillet 1912, l’édition du The Morning Leader (le prédécesseur de l’actuel Regina Leader-Post) rapporte que dimanche le 30 juin 1912 :

…le calme paisible de l’après-midi du sabbat avait mené des centaines de personnes à chercher du réconfort aux abords du lac. Des centaines d’autres erraient sans but dans les rues, et allaient et venaient dans les parcs. D’autres se prélassaient à l’ombre relativement fraîche de leurs maisons, ou certains étaient accablés par la chaleur du soleil. Tous regardaient avec espoir les nuages croissants qui se rassemblaient au sud, espérant une brise fraîche ou deux.

Les résidents de Regina, une communauté de 30 000 habitants à l’époque, ont orné la ville de 1000 drapeaux en préparation de la fête du Dominion (maintenant appelée la Fête du Canada).

Vers 16 h 50, les nuages qui s’étaient accumulés lentement et silencieusement au sud de la ville se transforment en une tempête qui se déplace rapidement. Cette tempête apporte de la pluie, de la grêle, et des vents violents. La tornade se forme à environ 18 km au sud de Regina et fait son chemin à travers plusieurs fermes avant de se déplacer vers le nord à travers la ville. Comme le rapporte le The Morning Leader, « jamais dans l’histoire d’une ville saine, optimiste, et grandissante de l’Ouest ne s’est produite une catastrophe aussi épouvantable et aussi paralysante dans son horreur. » Bien que la tornade n’ait été au sol que pendant six minutes et qu’elle ait été d’une largeur d’environ 150 mètres, elle creuse un chemin de destruction allant de 300 à 400 mètres de largeur, et d’environ neuf pâtés de maisons en longueur. Ceux qui se trouvent tout juste à l’extérieur de la région affectée peuvent assister à la destruction dans une sécurité relative. Le Morning Leader décrit la réaction de choc et de perplexité des habitants de Regina envers la tornade, écrivant que les gens riaient et « regardaient avec amusement les farces étranges du démon de la tempête », par exemple un baril roulant dans la rue manquant de peu de frapper un homme courant pour s’abriter.

Le Morning Leader continue son activité malgré la tempête, listant les noms des morts et des blessés, donnant des instructions au public de la part des autorités, et donnant des détails sur les efforts de nettoyage, de restauration et de reconstruction de la ville.

Étendue de la destruction

Le cyclone de Regina tue 28 personnes et fait près de 300 blessés. De plus, environ 2500 personnes se retrouvent sans domicile, et près de 500 édifices de la ville, dont plusieurs achevés que tout récemment, sont détruits. Le fait que la tornade ait été accompagnée de pluies torrentielles et de grêle fait probablement en sorte que de nombreux bâtiments sont sauvés de la destruction totale en raison des incendies qui éclatent suite à la tempête. Parmi les principaux édifices endommagés ou détruits par la tornade se trouvent le bureau gouvernemental des échanges téléphoniques, la gare de marchandises du chemin de fer Canadien Pacifique, la Metropolitan Methodist Church, la Knox Presbyterian Church, le YMCA et le YWCA, ainsi que la toute nouvelle bibliothèque centrale de la ville, qui vient d’ouvrir six semaines avant la tempête. L’estimation des dommages matériels causés par la tornade varie de 1,2 million à 5 millions de dollars (environ 30,5 millions à 128 millions en dollars de 2022).