Diffusion de musique | l'Encyclopédie Canadienne

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Diffusion de musique

La contribution du Canada à la RADIODIFFUSION ET À LA TÉLÉDIFFUSION est digne de mention. À Montréal, la station XWA (maintenant CIQC) est l'une des premières au monde (mai 1920) à offrir un programme régulier.

Diffusion de musique

 La diffusion de musique est la transmission de la musique par la radio AM et FM, par les réseaux et les stations de télévision, ainsi que par satellite. Tous les modes de diffusion ont des services en français et en anglais, et sont financés par des organismes privés ou publics. Le réseau FM stéréo est un des plus grands réseaux de qualité au monde pour la diffusion de la musique. En général, la diffusion de la musique est plus importante à la radio qu'à la télévision. L'évolution de la diffusion de la musique au Canada se divise en quatre périodes : avant 1936 (année de fondation de la Société Radio-Canada); de 1936 à 1952 (arrivée de la télévision); de 1952 à 1975 (date de l'établissement d'un réseau FM stéréo pancanadien); et de 1975 à aujourd'hui.

La contribution du Canada à la RADIODIFFUSION ET À LA TÉLÉDIFFUSION est digne de mention. À Montréal, la station XWA (maintenant CIQC) est l'une des premières au monde (mai 1920) à offrir un programme régulier. Le 1er juillet 1927, jour du Jubilé de diamant de la Confédération canadienne, on inaugure un réseau transcontinental par une émission qui dure toute la journée et diffuse surtout de la musique. Au début des années 20, le Canadien National, présidé par sir Henry THORNTON, construit des studios de radio dans plusieurs villes du pays. Au milieu des années 20, des opéras de Gilbert et Sullivan sont diffusés au complet en studio, tout comme une série ambitieuse intitulée The Music Makers.

En 1927, le célèbre QUATUOR À CORDES HART HOUSE voyage d'un océan à l'autre pour le compte du Canadien National (et à bord de ses trains) et interprète pour la radio des quatuors de Beethoven. En 1929, le nouveau réseau entreprend la première série nord-américaine de concerts symphoniques radiodiffusés, donnés par des membres de l'ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE TORONTO sous la direction de Luigi von Kunits. Le Canadien Pacifique commence aussi à diffuser des concerts, mais la Crise des années 30 met fin à la participation des compagnies de chemin de fer à la diffusion nationale. Entre 1932 et 1936, la Commission canadienne de radiodiffusion, dirigée par le critique torontois Hector CHARLESWORTH, jette les bases de la radio publique au Canada. Celle-ci est cependant organisée à la hâte et mal appuyée par le gouvernement fédéral.

En 1936, on fonde la SOCIÉTÉ RADIO-CANADA (SRC). À la fin de la saison 1940-1941, la radio de la SRC, qui offre des services nationaux, régionaux et locaux dans les deux langues officielles, a déjà diffusé 600 concerts symphoniques (un grand nombre provenant des États-Unis), 2000 émissions de musique de chambre et 45 opéras entiers (dont ceux du Metropolitan Opera, encore diffusés aujourd'hui). En 1942, la SRC commande à Healey WILLAN et à John COULTER l'opéra radiophonique Transit Through Fire et, trois ans plus tard, l'opéra Deirdre of the Sorrows.

Durant cette période, les émissions canadiennes sont captées par les réseaux US Mutual, NBC et CBS. À cette époque, beaucoup d'émissions originales sont diffusées en direct, y compris des concours d'amateurs (Singing Stars of Tomorrow, à partir de 1943, et Opportunity Knocks, à partir de 1947) et plusieurs autres émissions mettant en vedette des artistes amateurs. De 1944 à 1962, la SRC dirige un réseau secondaire en anglais, le Dominion. La station CJBC de Toronto appartient à la SRC, mais toutes les autres sont des filiales privées.

La programmation du réseau secondaire est en général plus légère que celle du réseau transcanadien, bien que les orchestres symphoniques de Toronto et de Montréal y donnent le mardi soir des concerts suivis du CBC Concert Hall. Durant cette période, la SRC dispose d'orchestres de studio à Halifax, à Québec, à Montréal, à Toronto, à Winnipeg et à Vancouver, fournissant ainsi des emplois bienvenus aux musiciens locaux. À la fin des années 40, la SRC est le plus important employeur de musiciens en Amérique du Nord. La musique qu'elle diffuse va de la symphonie à l'opéra, en passant par la musique légère et la musique populaire. Les stations privées présentent des musiciens locaux, et de nombreux chanteurs et musiciens populaires font leurs débuts à ces émissions de radio. En général, c'est la SRC qui diffuse le plus de musique.

En septembre 1952, la SRC inaugure son service de télédiffusion. Au cours de ces premières années, la télévision de la SRC est créatrice et aventureuse. D'importantes productions d'opéra et de danse sont montées à Toronto par Franz Kraemer, Vincent Tovell et Norman CAMPBELL, et à Montréal par Pierre MERCURE (dont la série L'Heure du concert, diffusée sur le réseau français, est l'une des plus remarquables jamais réalisées en Amérique du Nord). Plus les coûts augmentent, forçant la SRC à économiser en achetant des émissions importées, plus la production d'émissions de télévision canadiennes diminue, surtout dans le domaine musical. Certaines émissions spéciales font toutefois leur marque, comme la présentation par le Ballet national de Cendrillon, de Prokofiev, réalisée par Norman Campbell en 1966, et l'opéra Louis Riel, d'Harry SOMERS, réalisé par Franz Kraemer en 1969.

Bien que les téléspectateurs soient nombreux et que la radio privée limite ses horizons, la musique continue à prendre de l'essor à la radio de la SRC de 1952 à 1975. Les compositions de style jazz ou populaire de Phil NIMMONS (Toronto), de Neil CHOTEM (Montréal) et de Lance Harrison (Vancouver) sont très appréciées. Les émissions de musique de chambre sont aussi diffusées à profusion. L'Orchestre symphonique de la SRC, le seul orchestre symphonique radiophonique en Amérique du Nord, est actif de 1952 à 1964 et présente de nombreuses oeuvres modernes, en laissant une place de choix aux compositeurs canadiens. La réputation grandissante de l'Orchestre attire Igor Stravinsky à Toronto au début des années 60 pour la célébration de son 80e anniversaire. Un soutien exceptionnel est accordé aux compositeurs canadiens pendant cette période : on interprète leurs oeuvres, on en commande de nouvelles, et on engage des commentateurs comme John BECKWITH, Somers, Norma BEECROFT, Mercure et François MOREL. Le réseau anglais commence à produire ses propres séries de disques stéréo, d'abord pour la diffusion, puis pour la vente.

Après 1975, l'usage accru du disque et de la bande magnétique apporte de profonds changements à la diffusion musicale. Les émissions en direct ou enregistrées en studio cèdent la place aux émissions à contenu varié présentées par un animateur. Les réseaux radiophoniques sont réorganisés au milieu des années 70 et, pour la première fois, un réseau FM stéréo national de qualité technique supérieure est inauguré. La radio AM continue d'offrir une programmation qui s'adresse au grand public. Quant à la radio FM, elle présente surtout de la musique et évite généralement les genres populaires, sauf les formes les plus sérieuses du jazz. Au début, la programmation est composée environ à 75 p. 100 de disques, rarement canadiens. Au début des années 80, cependant, les programmateurs de la SRC ont déjà recommencé à diversifier le contenu des émissions en utilisant de nouveau les techniques de diffusion en direct à l'occasion d'émissions spéciales et en faisant rayonner la musique en tant que forme d'art.

Les émissions locales en direct sont nombreuses, mais à partir des années 50, la radio privée adopte le palmarès et les enregistrements étrangers, ce qui l'empêche de contribuer au développement de la musique au Canada. Le secteur privé est cependant à l'origine d'une initiative digne de mention, la Canadian Talent Library, conçue et réalisée par Lyman Potts pour la Compagnie de diffusion Standard. Cette initiative consiste à enregistrer, exclusivement à des fins de diffusion, des disques qui présentent principalement des compositions originales et des artistes canadiens.

Au début des années 70, le CONSEIL DE LA RADIODIFFUSION ET DES TÉLÉCOMMUNICATIONS CANADIENNES (CRTC) établit de nouvelles règles sur les services à la population et sur le contenu canadien, ce qui stimule la production musicale et les groupes populaires canadiens. De nouvelles vedettes canadiennes font leur apparition (Anne MURRAY, Bruce COCKBURN, Burton CUMMINGS, The GUESS WHO), créant un phénomène semblable à celui, déjà bien avancé au Québec, des CHANSONNIERS (Gilles VIGNEAULT, Pauline JULIEN et Robert CHARLEBOIS), qui sont déjà des vedettes consacrées depuis plusieurs années.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement fédéral établit son Service international (principalement la radio sur ondes courtes), supervisé par le ministère des Affaires extérieures bien que les émissions soient diffusées par la SRC. En 1968, le service devient l'entière responsabilité de la SRC et est rebaptisé Radio Canada International (RCI) en 1972. RCI réalise des centaines d'enregistrements et les distribue à un niveau international. En 1977, RCI inaugure sa série Anthologie, dont chaque coffret présente en plusieurs disques la musique d'un compositeur canadien. En tout, 39 coffrets sont produits pendant le projet, qui se termine en 1991.

La diffusion de la musique est essentielle à la vitalité de la musique au Canada. Les nouvelles technologies et l'évolution des goûts en modifieront la forme et le style, mais la diffusion continuera de jouer un rôle important en amenant la musique au public.

Voir aussi MUSIQUE POPULAIRE.

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