Don McKellar | l'Encyclopédie Canadienne

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Don McKellar

Donald McKellar, C.M., acteur, scénariste et réalisateur (né le 17 août 1963 à Toronto, en Ontario). L’une des vedettes les plus célébrées et prolifiques au Canada, Don McKellar connaît le succès en tant qu’acteur, scénariste et réalisateur, et ce, au cinéma, à la télévision et au théâtre, jouant souvent plus d’un rôle dans la même production. D’une personnalité aussi laconique qu’excentrique, il est surtout connu pour ses rôles non conventionnels et sa contribution à des films indépendants uniques et visionnaires. Il occupe une place importante dans le mouvement Toronto New Wave (Nouvelle vague torontoise), collaborant avec Bruce McDonald et Atom Egoyan dans des films tels que Roadkill (1989), Highway 61 (1991), The Adjuster (1991) et Exotica (1994). Il est lauréat du Prix de la jeunesse au Festival de Cannes pour son premier film à titre de réalisateur, Last Night (1998), et remporte un Tony Award pour la comédie musicale The Drowsy Chaperone, qu’il coécrit. Il est membre de l’Ordre du Canada et remporte plusieurs prix Génie et Écrans canadiens.
Don McKellar au Festival international du film de Toronto, 2010.

Jeunesse et éducation

Don McKellar fréquente l’école secondaire Lawrence Park Collegiate Institute à Toronto, où il développe sa passion d’acteur dans les productions scolaires. Il travaille comme clown lors de fêtes d’anniversaire pour enf

ants et devient un ami proche de son camarade de classe Bob Martin, avec qui il collaborera tout au long de sa carrière. Il étudie ensuite l’anglais et le théâtre à l’Université de Toronto, mais abandonne juste avant la fin de ses études pour se consacrer au théâtre de façon professionnelle.

Début de carrière

Don McKellar est le cofondateur de la troupe itinérante Child’s Play Theatre, un projet qui lui permet de rencontrer la comédienne Tracy Wright, venue passer une audition pour une de ses pièces. Il entreprend avec elle une longue relation personnelle et professionnelle. En 1989, en compagnie de Tracy Wright et Daniel Brooks, Don McKellar met sur pied le collectif de théâtre d’avant-garde Augusta Company, qui présente une série de pièces expérimentales.

Collaborations avec le Toronto New Wave

Don McKellar fait ses débuts en tant que scénariste et acteur en 1989 dans Roadkill, le premier long métrage réalisé par Bruce McDonald. Bien que relativement mineur, son rôle de tueur en série excentrique lui vaut une nomination aux prix Génie dans la catégorie du meilleur acteur dans un second rôle, ainsi qu’une nomination pour le meilleur scénario. Le film remporte le prix du meilleur long métrage canadien au Festival international du film de Toronto (TIFF). Il obtient une nomination aux prix Génie dans la catégorie du meilleur acteur pour son rôle dans Highway 61 (1991), de Bruce McDonald, pour lequel il est à nouveau scénariste. Dans ce film, considéré comme la suite spirituelle de Roadkill, Don McKellar prend la route dans un voyage aussi noir que drôle qui comprend une histoire de trafic de drogue ainsi qu’un cadavre gelé. Highway 61 est le premier de plusieurs films dans lesquels Don McKellar incarne des antihéros non conventionnels et excentriques.

À la suite de Highway 61 et The Adjuster (1991) d’Atom Egoyan, Don McKellar étudie la réalisation au Centre canadien du film. Son film de fin d’études est Blue(1992), un court métrage mettant en vedette David Cronenberg dans le rôle d’un fabricant de tapis qui devient une victime de ses fantasmes sexuels. Don McKellar revient ensuite à la scénarisation, et écrit avec François Girard le scénario de Thirty-Two Short Films About Glenn Gould (1993). Réalisé par François Girard et mettant en vedette Don McKellar dans un petit rôle en tant que promoteur de concert, cette biographie novatrice et applaudie au sujet du musicien canadien Glenn Gould prend la forme d’une série de vignettes permettant de capturer la complexité et les excentricités notoires de ce dernier. Le film est sacré meilleur long métrage canadien au TIFF et remporte quatre prix Génie, dont celui du meilleur film. Don McKellar obtient une nomination pour le scénario.

Don McKellar livre ensuite l’une de ses meilleures performances dans Exotica d’Atom Egoyan (1994). Jouant le rôle de Thomas, propriétaire homosexuel d’une boutique d’animaux exotiques, Don McKellar incarne la naïveté et la curiosité enfantines du personnage dans un film marqué par un jeu de pouvoir entre les protagonistes. Son interprétation lui vaut le prix Génie du meilleur acteur dans un second rôle. Don McKellar fait équipe encore une fois avec Bruce McDonald en 1994 pour l’adaptation de Dance Me Outside, le drame autochtone de W.P. Kinsella. L’année suivante, il joue un petit rôle aux côtés de Tracy Wright dans When Night Is Falling, un film de Patricia Rozema qui raconte l’histoire d’un triangle amoureux homosexuel.

Mettant en vedette Mia Kirshner (à gauche) et Don McKellar, le film Exotica d'Atom Egoyan étudie les thèmes de l'aliénation, de l'isolement et des responsabilités interpersonnelles sur fond de thriller érotique.
Don McKellar (à gauche) et Valerie Buhagiar (à droite) se donnent la réplique dans la comédie Highway 61, racontant l'histoire d'un couple excentrique qui parcourt le Sud profond pour y livrer des drogues avec Satan à leurs trousses.

Le violon rouge (1998)

Don McKellar collabore avec François Girard sur le scénario de l’ambitieuse coproduction internationale Le violon rouge (The Red Violin), dans laquelle il tient un petit rôle aux côtés d’une distribution diverse comprenant Samuel L. Jackson, Greta Scacchi, Colm Feore et Sandra Oh. Cette épopée se déroulant sur trois siècles remporte huit prix Génie et neuf prix Jutra (maintenant appelés les prix Iris), dont ceux du meilleur film et du meilleur scénario aux deux galas, et obtient également une nomination aux Golden Globe dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. En 2002, dans le cadre d’un sondage mené auprès des lecteurs du magazine Playback, Le violon rouge est choisi troisième meilleur film canadien de tous les temps.

Twitch City (1998, 2000)

Don McKellar écrit ensuite le scénario de Twitch City, une série télévisée réalisée par Bruce McDonald dans laquelle il joue un rôle. D’abord diffusée en six parties sur les ondes de la CBC en 1998, elle est reprise pour une deuxième saison en 2000. Cette satire portant sur un groupe de Torontois marginaux met en vedette Don McKellar dans le rôle d’un accro de la télévision, ainsi que Molly Parker et Daniel MacIvor, jouant ses colocataires dont la patience est mise à rude épreuve. Devenue depuis série culte, Twitch City est considérée selon le magazine Maclean’s comme l’un des plus grands hommages télévisuels au petit écran.

Faits marquants depuis 2000

Don McKellar continue d’occuper une place singulière dans des productions canadiennes de premier plan, telles qu’eXistenZ de David Cronenberg (1999), waydowntown deGary Burns(2000),The Event de Thom Fitzgerald (2003),Clean d’Olivier Assayas (2004), Monkey Warfare de Reginald Harkema (2006), les séries télévisées Slings and Arrows (2003-2006) et Odd Job Jack (2003-2007), ainsi que les miniséries historiques Trudeau (2002), où il joue aux côtés de Colm Feore, et Prairie Giant : The Tommy Douglas Story (2006), diffusées à la CBC.

Don McKellar consacre plusieurs années à l’écriture du scénario de la coproduction internationale Blindness (2008), adaptée du roman de l’écrivain portugais José Saramago, lauréat d’un prix Nobel, et réalisée par le cinéaste brésilien Fernando Meirelles. Rappelant Le violon rouge pour sa portée ambitieuse et Last Night pour sa vision dystopique, le film présente une métaphore inquiétante de l’aveuglement volontaire qui afflige le monde. Dans Blindness, Don McKellar joue le rôle du voleur, un personnage secondaire, aux côtés de Julianne Moore, Mark Ruffalo, Gael García Bernal, Danny Glover et Sandra Oh. Bien qu’il divise d’abord la critique et les spectateurs lors de sa présentation en ouverture du Festival de Cannes, Blindness a droit à un accueil plus favorable après avoir fait l’objet de quelques retouches pour sa première nord-américaine au TIFF.

Don McKellar joue ensuite aux côtés de Lisa Ray et Seema Biswas dans Cooking with Stella (2009), de Dilip Mehta, et collabore avec Bruce McDonald sur le scénario de This Movie is Broken (2010), une histoire romantique se déroulant pendant un concert du groupe Broken Social Scene. Il joue également dans Trigger, de Bruce McDonald (2010), aux côtés de Tracy Wright, dont ce sera la dernière performance, et de Molly Parker. De nombreuses personnalités du monde du cinéma de Toronto se rassemblent pour travailler sur ce projet né d’une passion, présenté à l’inauguration du centre culturel TIFF Bell Lightbox lors de l’édition 2010 du festival.

Don McKellar joue dans de nombreuses autres œuvres, dont Scott Pilgrim vs. the World (2010), une adaptation de bande dessinée filmée à Toronto et mettant en vedette Michael Cera, Republic of Doyle (2011), une série télévisée d’Allan Hawco, Zoom (2015), un film présentant un mélange de scènes réelles et d’animation et mettant en vedette Alison Pill et Jason Priestley, ainsi que Window Horses (2016), un film d’animation d’Ann Marie Fleming, avec Elliot Page et Sandra Oh.

Carrière de réalisateur

La réalisation la plus importante de la carrière cinématographique de Don McKellar est sans doute l’écriture et la réalisation de son premier long métrage, Last Night (1998), dans lequel il tient le rôle principal et pour lequel il remporte le Prix de la jeunesse au Festival de Cannes. Cette comédie noire raconte les dernières heures avant l’apocalypse, à l’aube du nouveau millénaire, et met en vedette certaines des plus grandes personnalités du cinéma canadien, y compris Sandra Oh, Tracy Wright, David Cronenberg, Callum Keith Rennie, Sarah Polley, Jackie Burroughs et Geneviève Bujold. Faisant fi des nombreuses conventions de science-fiction et dépourvu d’effets spéciaux, Last Night met l’accent sur un jeu d’acteurs discret et une trame narrative quelque peu étrange qui mène vers une finale empreinte d’émotions. Cette année-là, Don McKellar se retrouve en compétition avec lui-même lors des prix Génie, alors que Last Night fait face au Violon rouge. Last Night remporte trois prix, dont le prix Claude Jutra (maintenant le prix Écran canadien pour le meilleur premier long métrage). Don McKellar obtient une autre nomination aux prix Génie la même année pour le court métrage Elimination Dance (1998), réalisé avec Bruce McDonald et Michael Ondaatje.

Don McKellar revient à la réalisation avec Childstar (2004), dans lequel il joue le rôle d’un aspirant cinéaste canadien qui devient le chauffeur d’un enfant tenant la vedette d’une production hollywoodienne filmée à Toronto. Le film reflète l’état du cinéma canadien à l’ère de la mondialisation. Bien qu’il reçoive des critiques moins élogieuses que celles de Last Night, Childstar obtient une nomination aux prix Génie pour le scénario de Don McKellar.

Don McKellar réalise la série télévisée Michael : Tuesdays & Thursdays (2011), diffusée sur les ondes de la CBC, et sa suite intitulée Michael : Every Day (2017). Il réalise également une nouvelle version divertissante du film québécois La grande séduction (2013), cette fois basée à Terre-Neuve. La version de Don McKellar engendre les meilleures recettes de tous les films canadiens de langue anglaise en 2014, et obtient quatre nominations aux prix Écrans canadiens. La série Sensitive Skin, diffusée à HBO (2014-2016) et mettant en vedette Kim Cattrall, vaut à Don McKellar des prix Écrans canadiens pour sa performance dans un rôle principal ainsi que pour sa réalisation.

The Drowsy Chaperone

En 2006, la comédie musicale The Drowsy Chaperone, présentée à l’origine au Toronto Fringe Festival en 1998, connaît un succès fulgurant à Broadway et vaut à Don McKellar un prix Tony.

Vie privée

En janvier 2010, Don McKellar épouse sa partenaire de longue date, Tracy Wright, suite au diagnostic de cancer du pancréas de celle-ci. Ils resteront ensemble jusqu’à la mort de Tracy Wright, en juin de la même année.

Importance

Malgré ses réussites, Don McKellar demeure fidèle à ses racines, ancrées dans le cinéma indépendant canadien. Lorsqu’un journaliste du magazine Maclean’s lui demande pourquoi il ne s’est pas installé à Hollywood, il répond : « Je trouvais qu’il était plus courageux d’essayer d’être une vedette de cinéma au Canada. Mais c’était à une époque où les gens croyaient à l’idée du cinéma canadien, et je ne suis plus sûr que ce soit encore le cas ».

En 2016, Don McKellar est nommé Membre de l’Ordre du Canada pour sa « contribution à la culture canadienne en tant qu’acteur, auteur et réalisateur ».

Prix et récompenses

Prix Génie

  • Meilleur acteur dans un second rôle (Exotica), (1994)
  • Prix Claude-Jutra pour la réalisation d’un premier long métrage (Last Night), (1998)
  • Meilleur scénario (Le violon rouge), (1998)

Prix Écrans canadiens

  • Meilleure réalisation dans une émission ou série comique (Sensitive Skin), (2015)
  • Meilleure performance d’un acteur dans un rôle principal dans une série (Sensitive Skin), (2015)

Writers Guild of Canada

  • Meilleur scénario (Twitch City), (1999)
  • Long métrage (Blindness), (2009)

Festival international du film de Toronto

  • Mention spéciale du jury – Meilleur court métrage canadien (Blue), (1992)
  • Meilleur premier long métrage canadien (Last Night), (1998)

Vancouver Film Critics Circle Awards

  • Meilleur réalisateur— Film canadien (Childstar), (2005)
  • Meilleur acteur — Film canadien (Childstar), (2005)
  • Meilleur acteur — Film canadien (Monkey Warfare), (2007)

Autres

  • Prix de la jeunesse (Last Night), Festival de Cannes (1998)
  • Meilleur long métrage de l’Ontario (Last Night), Sudbury Cinefest (1998)
  • Prix de l’OCIC (Last Night), Festival du film de Mar del Plata (1998)
  • Meilleur scénario (Le violon rouge), Prix Jutra (1999)
  • Directors’ Week Award – Best Director (Last Night), Festival du film Fantasporto (1999)
  • CinemAvvenire Award – Meilleur court métrage international (Elimination Dance), Festival du film de Turin (1999)
  • Meilleur réalisateur pour une comédie — Film (Last Night), Canadian Comedy Awards (2000)
  • Meilleur court métrage narratif (Elimination Dance), Festival du film Cinequest de San José (2000)
  • Meilleur livret d’une comédie musicale (The Drowsy Chaperone), Tony Awards (2006)
  • Livret exceptionnel d’une comédie musicale (The Drowsy Chaperone), Drama Desk Awards (2006)
  • Meilleure comédie musicale (The Drowsy Chaperone), New York Drama Critics’ Circle (2006)
  • Prix pour l’ensemble de son œuvre, Chlotrudis Awards (2007)
  • Meilleure réalisation – Long métrage (The Grand Seduction), Prix de la Guilde canadienne des réalisateurs (2014)
  • Prix de l’excellence créative (CFC Award for Creative Excellence), Centre canadien du film (2016)
  • Membre, Ordre du Canada (2016)