Ferguson, Maynard | l'Encyclopédie Canadienne

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Ferguson, Maynard

Ferguson se rend aux États-Unis en 1948 et travaille tour à tour avec les grands orchestres de Boyd Raeburn, Jimmy Dorsey et Charlie Barnett jusqu'en 1950. C'est au cours de son engagement avec Stan Kenton (1950-1953) qu'il connaît ses premiers grands triomphes.

Ferguson, Maynard

 (Walter) Maynard Ferguson. Trompette, flügelhorn, trombone à pistons, chef d'orchestre, compositeur (Verdun [Montréal], 4 mai 1928, Ventura, Cal., 23 août 2006). Dans son enfance, Ferguson étudie le piano et le violon (sa mère est violoniste); il joue de ce dernier instrument dans un court métrage de Fox-Movietone. Après avoir opté pour la trompette à neuf ans, il fait partie à l'adolescence d'orchestres de danse dirigés par Stan Wood (saxophoniste), Roland David et Johnny Holmes (le frère aîné de Ferguson, Percy, saxophone baryton, joue également avec Holmes) et étudie au Conservatoire de musique du Québec à Montréal (1943-1948) avec Bernard (Benny) Baker. Ferguson se fait aussi entendre fréquemment à la radio de la SRC où il interprète notamment Serenade for Trumpet in Jazz, œuvre écrite à son intention par Morris Davis. Tandis qu'il dirige son propre orchestre dans la région de Montréal et à Toronto au milieu des années 1940, Ferguson attire l'attention de chefs d'orchestres des États-Unis. Comme le rappelle Paul Bley (The Gazette, Montréal, 28 octobre 1978) : « Maynard ouvrait toujours le spectacle et jouait trois octaves plus aigu à la trompette que tout autre musicien... il fallait voir les musiciens de passage rester bouche bée. »

Ferguson se rend aux États-Unis en 1948 et travaille tour à tour avec les grands orchestres de Boyd Raeburn, Jimmy Dorsey et Charlie Barnett jusqu'en 1950. C'est au cours de son engagement avec Stan Kenton (1950-1953) qu'il connaît ses premiers grands triomphes. Il se classe en tête, catégorie trompette, lors du vote de popularité des lecteurs de Down Beat (1950-1953). Il fait ses premiers enregistrements sous son propre nom en 1950 chez Capitol, dirigeant l'orchestre de Kenton de l'époque.

Après avoir joué de 1953 à 1956 dans des orchestres de studio de Hollywood pour 46 trames sonores de films sous contrat avec Paramount, et enregistré avec de petits groupes (le sien et d'autres), il forme le Birdland Dreamland Band pour se produire au cabaret de jazz new-yorkais Birdland. Cet ensemble constitue le premier de plusieurs petits big bands (12 ou 13 musiciens) avec lesquels Ferguson effectue des tournées jusqu'en 1965, se faisant entendre à des festivals, au cabaret et en concert. Il se tourne ensuite pendant quelque temps vers des formations encore plus petites - se produisant et enregistrant néanmoins à l'Expo 67 avec un grand orchestre et un sextuor, tous deux composés de musiciens montréalais. Notons parmi les instrumentistes américains bien connus qui, à une époque, font partie de l'orchestre de Ferguson Chick Corea et Chuck Mangione.

Fin des années 1960 - années 1970

Ferguson séjourne un an en Inde, où il s'adonne à la méditation et donne des conférences sur la musique, puis se fixe en Angleterre en 1968. C'est avec un orchestre britannique de 17 instrumentistes, qui combine les conventions orchestrales du jazz et la vigueur rythmique du rock, qu'il regagne et même surpasse sa popularité antérieure. L'orchestre fait des tournées en Europe et ses débuts nord-américains en 1971; son enregistrement de MacArthur Park est populaire au début de la décennie. Ayant choisi de s'établir à New York en 1973, Ferguson remplace graduellement les musiciens anglais par de jeunes instrumentistes américains et réduit de nouveau l'orchestre à 13 membres. Il joue également de la trompette en solo lors des cérémonies d'ouverture des Jeux olympiques de 1976 à Montréal. Son enregistrement de Gonna Fly Now, thème du film Rocky, connaît un vif succès sur 45 tours (selon les critères de la musique pop instrumentale) en 1977-1978; le thème du film Battlestar Galactica, en 1978, remporte un succès moins éclatant. Son album Conquistador se vend à plus de 500 000 exemplaires aux États-Unis.

Années 1980 à 2000
Au milieu des années 1980, après s'être fixé à Ojai, Cal., Ferguson réduit encore la taille de son orchestre pour en arriver en 1987 à un septuor de fusion du nom de High Voltage. En 1990, cependant, il dirige un nonet de style plus traditionnel, la Big Bop Nouveau Band; il dirige cet orchestre jusqu'en 2006. Ses fréquentes tournées, qui l'amènent à voyager huit mois par année dans les années 1990 et plus tard, incluent des représentations aussi loin qu'au Japon et en Australie.

Performances canadiennes
Bien qu'il vive pendant plusieurs décennies à l'extérieur du Canada, Ferguson fait de nombreuses représentations canadiennes. Il se produit à des émissions de télévision de la SRC comme Parade et In the Mood et, avec son orchestre, il joue au Festival de Stratford en 1958, dans de nombreuses salles de concert (Massey Hall, Place des Arts, Centre national des Arts, etc.), au Canadian Stage Band Festival (MusicFest Canada), régulièrement au début des années 1980 à l'Ontario Place et, en 1982 et 1990, au Festival international de jazz de Montréal (FIJM). Plusieurs Canadiens font partie de ses orchestres, parmi lesquels la chanteuse Anne Marie Moss, le saxophoniste ténor Georgie Auld et les trombonistes Rob McConnell et Phil Gray. Kenny Wheeler, pour sa part, compose et signe des arrangements pour l'orchestre britannique de Ferguson.

Réception critique
Si la virtuosité spectaculaire de Ferguson dans l'extrême aigu du registre de la trompette (où il atteint aisément le contre-ut à l'octave) et le style insolent et toujours spontané de son orchestre le font connaître au-delà du monde du jazz, ils lui valent aussi d'être considéré avec un certain dédain par la critique. À part le FIJM, l'orchestre de Ferguson participe rarement aux festivals de jazz en plein essor au Canada dans les années 1980. Cependant, il se produit dans le cadre du Festival international de jazz d'Ottawa en 1999 et lors du Toronto Downtown Jazz en 2002. Sa tendance à l'exhibitionnisme - ses notes élevées grandiloquentes, son choix, pendant plusieurs années, d'un extrait d'I Pagliacci comme rappel - amène certains milieux à le considérer comme un simple showman et à le rejeter; certains critiques signalent un manque de nuance ou de subtilité dans ses interprétations. Néanmoins, la plus grande part de son activité dans le cadre d'un petit groupe révèle un improvisateur aguerri, dont la facilité dans les notes aiguës s'avère un élément bien intégré d'un style expressif et lyrique. Leader inné, Ferguson montre qu'il est capable de former et modeler un ensemble de jeunes musiciens, et de lui transmettre son énergie et son enthousiasme, qui sont considérables.

Ferguson reçoit plusieurs distinctions : son intronisation au Temple de la renommée Down Beat (1992) et au Juno Hall of Fame (1997); le prix Oscar-Peterson du FIJM (1999) et une nomination à l'Ordre du Canada (2003). Une biographie, MF Horn : Maynard Ferguson's Life in Music, paraît en 1997. Le Rowan University Institute of Jazz Studies du New Jersey porte son nom.

Concepteur d'instruments
En plus de la trompette et du flügelhorn, Ferguson joue du trombone à pistons, du trombone basse, du cor baryton, du cor français, et du saxophone soprano avec son orchestre, ainsi que deux cuivres hybrides - le Firebird (combinaison de trompette à coulisse et à pistons) et le Superbone (combinaison de trombone à coulisse et à pistons) - qu'il a créés pour la compagnie Holton-Leblanc des É.-U.

Publications

Maynard Ferguson, « My early days in music », Coda (juin 1959).

« Wanna play high notes? How to keep from losing your footing », Down Beat (juillet 1993).

Discographie

Jam Session : 1954; EmArcy MG-36009 et Trip TLP-5525.

Hollywood Party : 1954; EmArcy MG-36046.

Dimensions : 1954, 1955; EmArcy MG-36044 et Trip TLP-5507.

Octet : inclut Auld saxophone ténor; 1955; EmArcy MG-36021.

Around the Horn : 1955, 1956; EmArcy MG-36076 et Trip TLP-5558.

Birdland Dreamband : 1956; Vik LX-1070.

Birdland Dreamband vol. II : 1956; Vik LX-1077, repiqué avec Vik LX-1070 en 1987 sur CD Bluebird 6455-2-RB.

Boy With Lots of Brass : 1957; EmArcy MG-36114.

Message from Newport : 1958; Rou S-52012.

Swingin' My Way Through College : 1958; Rou S-2508.

Message From Birdland : 1959; Rou S-52027.

Maynard Ferguson Plays Jazz for Dancing : avec Moss voix; 1959, 1960; Rou S-52038.

Newport Suite : 1960; Rou S-52047, repiqué avec Message From Newport sur 2-Rou RE-116.

Let's Face the Music and Dance : 1960; Rou S-52055.

Maynard '61 : 1960 ou 1961; Rou S-52064.

Straightaway Jazz Themes : 1961; Rou S-52076.

Maynard '62 : 1962; Rou S-52083.

Si! Si! M.F. : 1962; Rou S-52084, repiqué avec Maynard '61 sur 2-Rou RE-112.

Maynard '63 : 1963; Rou S-52090.

Message From Maynard : 1963; Rou S-52101.

Maynard '64 : 1963; Rou S-52107.

The New Sounds of Maynard Ferguson : 1963; Cameo S-1046.

Come Blow Your Horn : 1963; Cameo S-1066.

Colour Him Wild : inclut McConnell trombone; 1964; Mainstream M-56031, repiqué sous le titre de Dues sur Mainstream MRL-359.

Blues Roar : 1965; Mainstream M-56045, repiqué sous le titre de Screamin' Blues sur Mainstream MRL-316.

The Maynard Ferguson Sextet : 1965; Mainstream M-56060, repiqué sous le titre de Six by Six sur Mainstream MRL-372.

Ridin' High : 1967; Enterprise S13-101, aussi paru sous le titre de Freaky sur Atlantic 264-4008.

Maynard Ferguson Sextet : avec John Christie sax alto, Barley sax ténor, Maiste piano, Fasano contrebasse, Page batterie; 1967; RCI 264.

Maynard Ferguson and His Orchestra : inclut Danovitch sax alto, Barley et Ayoub sax ténor, Landry vibraphone, Romandini guitare, Maiste piano; 1967; RCI 265.

Maynard and Gustav (Brom) : 1968; Supraphon 115 0716.

Maynard '69 : 1969; Prestige 7636, aussi paru sous le titre de Trumpet Rhapsody sur BASF MB-20662

The Ballad Style of Maynard Ferguson : 1968; CBS 63514.

M.F. Horn : 1970; Col SC-30466.

Maynard Ferguson : 1971; Col SC-31117.

M.F. Horn II : 1972; Col KC-31709, repiqué avec M.F. Horn sur 2-Col CG-33660.

M.F. Horn III : 1973; Col KC-32403.

M.F. Horn IV and V : Live at Jimmy's : 1973; 2-Col KG-32732.

Chameleon : 1974; Col KC-33007.

Primal Scream : 1975; Col PC-33953.

Conquistador : 1976; Col PC-34457.

New Vintage : 1977; Col JC-34971.

Carnival : 1978; Col JC-35480.

Hot : (1979); Col JC-36124.

Best of Maynard Ferguson : (1980); Col JC-36361.

It's My Time : (1980); Col JC-36766.

Hollywood : (1982); Col FC-37713.

Storm : 1982; Palo Alto PA-8052.

Live from San Francisco : 1983; Palo Alto 8077.

Body and Soul : 1986; Black-Hawk BKH-50101.

High Voltage : 1987; Intima 73269.

High Voltage 2 : 1988; Intima 73360.

Big Bop Nouveau : (1990); Intima 73390.

These Cats Can Swing : 1995; Concord Jazz CD-4669.

One More Trip to Birdland : 1996; Concord Jazz CCD-4729.

Maynard Ferguson Presents Christian Jacob, avec John Patitucci et Peter Erskine : 1997; Concord Jazz CCD-4744-2.

Brass Attitude : 1998; Concord Jazz CCD-4848-2.

Maynard Ferguson Presents Time Lines : The Christian Jacob Trio : 1999; Concord Jazz CCD-4801-2.

MF Horn VI Live at Ronnie's : 2006; Maynard Ferguson Music.

En plus de donner des détails particuliers sur les microsillons énumérés ci-dessus (titres, interprètes, dates exactes et lieux de l'enregistrement, rééditions, etc.), l'ouvrage Maynard Ferguson : A Discography d'Edwin Harkins (publié à compte d'auteur, San Diego 1976) donne la liste des enregistrements de Ferguson avec Georgie Auld, Charlie Barnett (quelque 60 titres répartis sur 16 microsillons), Louis Bellson, Milt Bernhart, Elmer Bernstein, Buddy Bregman, June Christy, Chris Conner, Jimmy Dorsey, Francis Faye, Russ Garcia, Stan Kenton (quelque 140 titres entre 1950 et 1956, une centaine répartis plus tard sur 18 microsillons par la Creative World de Stan Kenton), Sal Salvador, Bud Shank, Dinah Washington, Ben Webster et autres La compilation inclut aussi les titres de 46 trames sonores de films Paramount auxquelles Ferguson participe comme interprète (1953-1956).

Bibliographie

Leonard FEATHER, « Lots of brass », Down Beat, XXV (6 févr. 1958).

G. HOEFER et Gene LEES, « The man who broke the band barrier », ibid., XXVI (1eroct. 1959).

Ira GITLER, « Maynard Ferguson : a new appraisal », ibid., XXVII (29 sept. 1960).

Herb WONG, « Maynard Ferguson : "out of the exosphere and back on the scene" », ibid., XL (8 nov. 1973).

Roy BELCHER, éd. « Maynard Ferguson: The Second Set », (juin 1976), sans lieu.

Edwin HARKINS, Maynard Ferguson: A Discography (San Diego, 1976).

Martin MELHUISH, « Maynard Ferguson », AudioScene Canada (fév. 1977).

Arnold Jay SMITH, « Maynard Ferguson : conquistador of double high C », Down Beat, XLIV (6 oct. 1977).

Scott YANOW, « Record Review Interview : Maynard Ferguson », Record Review Magazine (août 1979).

David FARRELL, « Maynard Ferguson », Canadian Musician (déc. 1979).

Lee UNDERWOOD, « Maynard Ferguson : rocky road to fame and fortune », Down Beat, XLVII (juin 1980).

Jack LITCHFIELD, Canadian Jazz Discography : 1916-1980 (Toronto 1982).

Zan STEWART, « Maynard's changes », Down Beat, LII (sept. 1985).

John GILMORE, Who's Who of Jazz in Montreal: Ragtime to 1970 (Montréal 1989).

Scott YANOW, « Back to bop », Down Beat, LVII (avril 1990).

John TOWERS, « Maynard Ferguson: John Towers reviews the career of the controversial bandleader and high-note specialist », Jazz Journal International (août 1995).

Daniel CAUDEIRON, « Maynard Ferguson », The Record (10 mars 1997).

William F. LEE, MF Horn: Maynard Ferguson's Life in Music (Ojai, Cal., 1997).

Greg SUTHERLAND, « Into the stratosphere: A profile of Maynard Ferguson », Jazz Report(été 1997).

Mark MILLER, « Ferguson still flying now », Globe and Mail (19 juil. 1999).

-The Miller Companion to Jazz in Canada (Toronto 2001).

Lecture supplémentaire